100.2 - Une déclaration troublante

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Le teint blafard de l’elfe vira légèrement au vert lorsqu’elle posa cette question.

— Je n’arrive plus à consommer quoi que ce soit sans me sentir malade… Et pourtant j’ai si faaaaaaaaim…

— Essaie de boire beaucoup d’eau et si tu peux, prends des vitamines qui ne seraient pas nocives pour les bébés. Il doit bien en avoir dans notre pharmacie…

— Ne t’en fais pas pour moi… toutes les végétariennes et les végétaliennes connaissent leurs vitamines par cœur. Mais est-ce normal que j’ai des envies de steak saignant ? C’est répugnant…

— Blâme ton petit ami, plaisanta la guerrière. Je parie que l’un de vos gosses a encore la mutation du vampirisme dans son système…

Cassandra recouvrit sa bouche, elle avait envie de vomir.

— Oh arrête… râla-t-elle. Je sens que je vais être malade…

— Pardon, répliqua Misaki. C’était pour rire.

L’elfe n’était pas du tout impressionnée, même que ses oreilles pointues baissèrent alors qu’elle grimaçait de dégoût.

— Au moins, toi tu n’as pas cette envie de manger des cornichons trempés au beurre de cacahuète, soupira Misaki.

— Ah… ça me semble appétissant comme idée…

— C’est meilleur avec la variante sucrée. Tu devrais demander à Wyatt s’il en a encore. Ça fait un bail qu’on l’a vu en préparer.

— Ça ne fait pas assez longtemps que nous sommes ici, mais ça vaudrait quand même la peine d’essayer…

— Ne va pas le retrouver tout de suite, par contre. Scottie et lui font des culbutes sur son lit, si tu vois où je veux en venir.

La brunette cligna des yeux et sursauta.

— Non ? Vraiment ? Ils sont en train de le faire ? Raconte !

L’albinos s’esclaffa de voir son ami changer d’humeur aussi rapidement.

— Je crois que tu devrais leur demander toi-même, quand on les verra.

— En tout cas, ça m’étonne d’apprendre qu’ils l’ont enfin fait. Ça faisait des semaines que je pariais avec Luna à savoir quand ils allaient enfin passer à l’acte. J’ai bien peur qu’elle me doive vingt pièces d’or.

— Ah bon ? Elle a parié sur quoi ?

— Moins d’un mois. De mon côté, je lui ai dit que ça se passerait deux mois après notre arrivée. Elle disait qu’ils sauteraient à l’eau plus vite… Bah, tu sais quoi ? J’ai gagné ! Le problème, c’est que l’or ne vaut rien ici…

— Demande-lui d’être ta servante pour une semaine. Elle ne pourra dire non à une jeune femme enceinte, quand même…

L’elfe roula des yeux.

— Elle a horreur des gosses, dit-elle. Je n’ai pas hâte de la voir avec mes futurs bébés. Déjà qu’elle a une phobie des crèches…

— Pourtant, elle a bien gardé mes enfants en compagnie de Wyatt, par le passé…

— C’est vrai, mais c’est parce que Sakura et Yuki ne sont pas comme les autres.

L’albinos fronça des sourcils.

— Ils ont quoi mes petits ? bredouilla-t-elle.

— Je veux dire qu’ils sont sages comme des images ?

— Ah, je vois. En effet, ils peuvent être très calmes.

L’ancienne rebelle posa son regard sur le manuel d’instruction des portails et le pointa brièvement.

— T’en es où dans ta lecture ? questionna-t-elle.

— J’ai terminé de lire les dernières pages, expliqua son amie. Ça m’a pris deux semaines, mais je crois que j’ai enfin compris comment ça fonctionne. Nash a déjà appris tout cela bien avant nous. C’est lui qui a monté le prototype dans les sous-sols, d’ailleurs. Apparemment, il y a un mode spécial qui pourrait nous mener à des mondes correspondant à toutes nos préférences. Une fois là-bas, nos bagues enregistreront automatiquement les coordonnées.

— Nos préférences… ? Où veux-tu en venir ?

— Bah, il existe des milliards de possibilités, en fait. Par exemple, nous pourrions voyager sur une version d’Aeglys qui serait entièrement en noir et blanc ou bien une seconde version où tous les bâtiments seraient faits avec des friandises. Le système des portails nous permet de nous téléporter là où il nous est impossible de se rendre à pied. Seuls les experts connaissent toutes les coordonnées importantes, j’ai cru comprendre. Le reste se fait avec l’imagination.

— C’est flippant comme concept…

— Les dieux voulaient s’amuser, d’après moi. Avoir passé des milliards d’années à veiller sur les âmes des innocents, ça ne devait pas tout le temps être évident. D’après Nash, c’était une sorte d’échappatoire à leur routine.

— Je vois où tu veux en venir…

— Oh ! Ce n’est pas tout… En fait d’après ce manuel d’instructions, nos corps s’adapteraient en conséquence de chaque monde que nous visiterions. Par exemple, si nous devions visiter une planète entièrement aquatique, il nous pousserait des nageoires, des écailles et probablement des queues de poisson. Tous nos effets personnels seraient alors stockés dans nos bagues.

— Ha… c’est très ingénieux comme concept…

L’albinos était très intéressée à entamer un voyage de ce genre, cependant, leur portail avait encore quelques défauts à régler, même si Cerbère avait réussi à s’en servir, ce matin-là. Ils avaient tous les plans ; toutefois, ils avaient besoin de l’énergie de tous les éléments afin de régulariser la magie de la machine.

Pour ne pas prendre de risques, Nash avait donné naissance à de nouveaux esprits élémentaires et s’était servi de son propre sang pour les créer. Seuls les dieux ou les anges expérimentés pouvaient engendrer ces dernières de façon si spontanée. Le Roi de l’Olympe avait appris comment faire grâce aux nombreuses notes qu’Athéna lui avait laissées, au sous-sol de leur maison.

— As-tu parlé de tout ça aux autres ? interrogea Misaki.

— Pas encore… pourquoi ? fit Cassandra.

— J’imagine déjà les têtes de Flint et Gabriel, une fois qu’ils auront tout entendu. Tu sais comment ils sont… Une visite sur un monde tiré tout droit de leur imagination nous causerait sûrement des cauchemars…

— Connaissant ces deux-là, ça serait sûrement une planète où vivraient exclusivement de gros hommes gays et poilus, aussi lubriques qu’eux.

Les deux amies essayèrent de se retenir, mais éclatèrent de rire si fort qu’elles interrompirent l’entraînement de Shayne et de Dia avec les nouvelles recrues. Le général afficha un air sévère dans la direction des demoiselles et secoua sa tête. Ces dernières s’excusèrent, puis retournèrent à l’intérieur de la maison. Cassandra décida d’aller s’allonger un peu, tandis que l’albinos décida d’aller faire un tour au sous-sol.

Après sa douche, Wyatt s’essuya et enfila ses lunettes après s’être nettoyé avec une longue serviette. Devant lui, Scottie était en train de se brosser les dents. Ils avaient tous deux passé un agréable après-midi ensemble et il était temps pour eux d’aller souper avec leurs camarades. Après avoir lancé leurs draps au lavage, le jeune couple avait décidé d’aller se doucher. Ils en avaient profité pour se laver mutuellement et jouer sous l’eau. L’éclaireur avait été le premier à sortir du bain.

— Ça m’a fait tellement de bien, cette journée… dit Scottie. J’en avais besoin…

Wyatt passa derrière lui et lui donna une tape sur la fesse droite.

— Et moi, je me suis bien amusé, déclara son amant.

Le mage se leva un peu sur la pointe de ses pieds pour embrasser la joue droite de son partenaire. Ensuite, il le contourna un peu pour l’entourer avec ses bras. Il posa son menton sur l’épaule du jumeau.

— T’es si beau, mon cœur… s’exprima Wyatt.

— Arrête, je suis maigre et blanc comme un drap…

— Moi, je te trouve adorable.

— Je préférerais changer mon apparence avec l’une de ces machines étranges. Peut-être qu’avec un teint plus bronzé… ?

— Chut… Tu es bien comme tu es.

Le mage bécota la nuque de son interlocuteur qui frémit de plaisir. Il passa ensuite ses mains sur le torse légèrement velu de Scottie.

— Ça t’a plu, ce qu’on a fait ? demanda Wyatt.

— Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si excitant

Scottie gloussa puis tourna son regard vers son confident et l’embrassa sur les lèvres. Ils se caressèrent les cheveux et reculèrent contre un mur, puis se séparèrent afin de continuer leurs préparations. Le repas du soir était presque près et il leur fallait simplement enfiler des vêtements pour ensuite sortir de leur chambre. Wyatt était nu comme un ver, le jumeau était déjà en short et portait un tee-shirt rouge avec une tête de squelette blanche qu’il avait emprunté à sa sœur. Les deux tourtereaux se sentaient bien, en harmonie.

— Sinon… commenta Scottie, j’ai cru remarquer que tu sembles plus grand que d’habitude. Est-ce normal ?

— Ah, ça ? C’est probablement parce que j’ai joué un peu avec les panneaux de configurations, ces derniers temps. Je me suis un peu amusé avec mon apparence, pour rigoler. Hier, j’ai pris l’apparence de Shayne, par exemple. C’était marrant.

— Shayne ? Mais pourquoi lui ?

— T’as pas vu ses cicatrices ? Il est tellement balèze !

— Mouais… je l’avoue. Mais je ne suis toujours pas à mon aise avec ces machines.

— J’en ai profité pour corriger ma vue. Les lunettes que je porte sont des fausses avec des filtres protecteurs.

— Ça par contre, c’est de la triche.

Scottie s’esclaffa et ébouriffa les cheveux de son partenaire.

— Tout est de la triche sur Célestia, remarqua son interlocuteur. Mais bon, ça fait du bien de simplement s’amuser.

— Je l’avoue… mais n’oublions pas que nous sommes en mission. Athéna compte sur nous, après tout. J’espère que nos amis sauront quoi faire…

— Ne t’en fais pas pour Nash et les autres. Ils sont les plus brillants de notre groupe. Ils ont bien fait de demander l’avis de Luna, en tout cas. Elle nous a déniché d’excellentes recrues, ces derniers jours.

— Estelle et ma sœur m’ont confessé qu’elles ont besoin de vacances. Elles commencent à être épuisées par tout ce filtrage.

— Ça fait quand même trois jours qu’elles nous remplacent, Misaki et moi. On a travaillé plus longtemps que nos amies avec les ordinateurs et elles se plaignent déjà ? Petites natures…

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