94.2 - Le plan des dieux

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— Ça va, Cyrus, répliqua Nash qui s’approcha du groupe. Ils sont avec moi. Ce sont les gens que nous devons escorter à Baldt.

— Mais Votre Altesse ! insista le grand ange aux allures sévères. Que faites-vous des protocoles ? Ces anges ne sont même pas formés pour servir notre cause !

— Et c’est là que tu fais erreur, mon ami. Il n’y a pas plus robustes et braves que les membres de la Septième Brigade. Je le sais puisque j’en ai fait partie.

Athéna fut la suivante à intervenir dans cette petite dispute.

— Du calme soldat, ajouta cette dernière qui s’approcha de l’ancien garde de son père adoptif. N’oublie pas pourquoi j’ai conçu cette planète à la base. C’était pour y former des guerriers, des mages et toutes sortes de gens disciplinés qui pourraient nous aider lors de cette guerre. Ils sont tous compétents et tu n’as rien à craindre.

— Un monde illégal… grogna Cyrus qui toisa la déesse, comme si elle avait insulté son honneur. Le Conclave n’a jamais approuvé votre geste.

— Ah bon ? Et moi qui croyais que ces transformations angéliques avaient été autorisées par notre cher Conclave… répondit la divinité, moqueuse.

Les joues du garde du corps rougirent. Il se redressa avec fermeté et se tut. Il n’était pas payé pour ses opinions et il le savait, cependant rien ne lui empêchait de désapprouver les choix de la princesse.

— Et sincèrement, sans l’intervention d’Athéna ici présente, je ne serais pas de ce monde et je ne serais pas le remplaçant du précédent Zeus, expliqua Nash, une main sur l’épaule de son protecteur. Laisse de côté tes préjugés un moment et tu verras, ces gens ne sont pas une menace.

Cyrus se mit à marmonner des bouts de phrases incompréhensibles et souffla des narines. Il avait la tête rasé, mais une fine barbe noire lui poussait au menton. Armé de la tête jusqu’aux pieds, le garde du corps s’en voulait toujours d’avoir manqué à son devoir quand l’ancien roi avait été assassiné. Il était rapidement devenu le protecteur de Nash qui avait accepté le titre de Zeus. Toutefois, son nouveau protégé insistait pour qu’on l’appelle toujours par son ancien prénom, en privé.

Le meurtrier avait été retrouvé et tué par Artémis, à peine fut-il sorti dans le couloir où se trouvait la chambre de son père adoptif. Il s’agissait d’un démon qui avait travaillé sous les ordres de Méphistophélès VIII ; il avait vengé la mort de son suzerain. C’était un caméléon monstrueux qui avait muté avec différentes influences maléfiques. Il n’avait rien d’un hybride ordinaire, comme ceux qu’on retrouvait sur Aeglys. C’était un véritable monstre, assoiffé de sang.

Le prédécesseur de Nash n’avait pas été la seule victime, ce jour-là : plus d’une dizaine d’anges furent assassinés pour que la créature puisse s’infiltrer dans la serre privée. Il avait profité de l’échange entre le Général Markios et son supérieur pour passer à l’action. Il aurait très bien pu s’en tirer avec tous ces meurtres, mais Artémis, déesse de la chasse, avait eu raison de lui et l’avait tué d’une seule flèche.

Évidemment, ces meurtres ne comptaient pas le nombre d’anges soldats qui furent tués lors de la confrontation avec l’armée démoniaque, ainsi que toutes les âmes innocentes. Une cérémonie mortuaire avait eu lieu le lendemain de cette terrible tragédie, afin de dire au revoir à ces gens et aussi pour remercier l’ancien Zeus de ses services. On avait brûlé le corps du père adoptif d’Athéna et répandu ses cendres aux quatre vents, selon sa demande personnelle dans son testament.

Nash avait passé devant le Conclave et ils lui avaient fait passer une formation, puisqu’ils avaient reconnu que les pouvoirs divins lui avaient été transférés. Pendant quelque temps, il avait même reçu la proposition d’abandonner ses fonctions de dieu et de laisser tout cela entre les mains d’un autre individu, choisi par les rois et les reines des diverses factions. Il avait refusé, car il avait pris la décision de remplir les tâches de Zeus en lui succédant.

— Je n’y crois pas, dit Flint, bouche bée. Ils ont fait de toi un dieu ?

Le capitaine s’était approché de son oncle, en état de choc. La louve avait repris sa forme d’épée entre ses mains, mais comprenait pourquoi son porteur se sentait ainsi. Elle avait eu la même réaction lorsqu’elle l’avait vu, un peu plus tôt.

— Zeus m’a transmis ses pouvoirs à sa mort, expliqua Nash. Longue histoire. Je t’expliquerais tout ça plus tard. Le temps presse malheureusement, et les troupes de nos ennemis sont en route pour la république de Baldt.

— Comment ?! s’exclama Shayne, qui sursauta. La ville est-elle en sûreté ?

— Ne t’en fais pas pour ça, Wolfe, répliqua le châtain. Quelques anges sont déjà postés près des portes de la ville. Notre messager Hermès a déjà livré un message au président, mon frère.

— Et un puissant bouclier magique a été lancé sur la capitale, ajouta Athéna. Aucun démon ne pourra pénétrer ces murs tant que nos mages seront sur place.

Pendant ce temps, Wyatt discutait avec Estelle.

— Tu ne trouves pas que cette déesse agit étrangement comme Luna ? formula-t-il. On dirait qu’elles ont le même caractère…

— Maintenant que tu le dis… marmonna la petite blonde. Il est vrai qu’elles ont une certaine ressemblance… J’aime bien son franc-parler.

— Ça par contre, c’est du Misaki tout craché.

— Mm hmm !

La divinité à la chevelure blonde gloussa, puisqu’elle avait l’oreille fine et qu’elle avait tout entendu de cette conversation. Tous les membres de la Septième Brigade avaient quelques traits de sa propre personne, comme la plupart des habitants d’Aeglys. Elle leur avait tous transmis ses valeurs, après tout. Certains croyaient en elle, d’autres préféraient Poséidon ou bien d’autres divinités. Le plus important selon la princesse était qu’ils étaient qu’ils s’entendaient tous bien.

— Dois-tu vraiment demeurer ici, Maman ? questionna Flint. Nous aurions grand besoin de tes services, là-bas.

— Je suis désolée, mais ça ne sera pas possible, répliqua-t-elle. Comme je l’ai déjà expliqué plus tôt, je suis en conflit d’intérêt avec le Conclave. Nous ne nous entendons pas très bien sur plusieurs points, ni avec le nouveau Zeus d’ailleurs. Mon père nous faisait confiance toutefois et pour cette raison, nous allons nous occuper d’Aeglys et de nos autres mondes avec une méthode plus avant-gardiste. La vieille époque est révolue, comme on le dit si bien, par ici.

— Vous êtes donc des réformistes ? demanda Luna, près d’eux.

— C’est ça, fit Athéna. Votre monde est justement un monde choisi par mon camp afin d’y entreposer les âmes errantes. Nous voulions y former les plus grands guerriers et mages qui soient, capables de nous donner un coup de main contre les démons. Bien entendu, nous avons dû faire tout ça dans le dos du Conclave, mais je ne regrette pas mon choix.

La déesse se tourna vers ses sujets et leur adressa son plus beau sourire.

— Je suis tellement fière de tous vos parcours, vous n’avez pas idée… avoua-t-elle. Je me sens comme une mère qui envoie ses petits à l’université, pour la toute première fois… Ah… pardonnez-moi, je suis émotive…

— Mine de rien, vous venez de briser l’image que je me faisais de vous, Votre Altesse, expliqua Luna. Vous êtes sympathique, en tout cas.

— Oh… ! couina la princesse. Tu es trop gentille !

La Déesse de l’Olympe s’approcha de Luna, plus petite qu’elle, et la serra dans ses bras. La magicienne ne s’était pas attendue à un tel câlin de la part de la dame céleste. Cependant, elle ne pouvait pas dénier qu’Athéna était très charismatique.

— Votre Altesse… marmonna Cyrus. Essayez d’être plus professionnelle, diantre…

— Vous, on ne vous a pas sonné, gronda cette dernière, qui le toisa méchamment. À la prochaine remarque, je vous licencie.

Le grand chauve déglutit et reprit sa position initiale.

— Tu as le droit de faire ça ? interrogea Flint. Après tout, Nash est le roi, désormais… Ça pourrait te mettre dans l’embarras…

— Ne t’en fais pas pour ça, expliqua son oncle. Notre faction fonctionne désormais un peu comme la république de Baldt. Elle est l’une de mes conseillères et j’agis un peu comme un président. Ça ne fait pas tellement l’unanimité avec la plupart de nos sujets, mais la transition se fera durant les prochains mois. Nous nous sommes dit que ça collerait mieux à la nouvelle image des dieux olympiens. Désormais nous procéderons par démocratie.

— Quelle honte… râla Cyrus.

— Qu’est-ce que j’ai dit ? insista Athéna.

— Aïe ! couina le grand chauve, alors qu’il reçut une tape derrière la tête, de la part de l’un de ses collègues.

Plusieurs gens dans la grande salle gloussèrent alors qu’ils observaient la scène ; les esprits élémentaires, y compris Nash, profitèrent de cet instant pour aller retrouver leurs anciens camarades de combats. Le châtain s’approcha de Flint en premier et le serra dans ses bras. Le capitaine se sentit si timide en présence de son oncle qu’il avait oublié où il était. Nash avait toujours eut l’habitude de provoquer en lui beaucoup d’insécurité et de jalousie.

Du calme Flint, se dit-il. Oui, c’est un dieu, mais ça reste ton oncle…

En cet instant, il éprouvait surtout de l’anxiété, car il était heureux de revoir celui qu’ils avaient tous perdus, quatre ans plus tôt.

— Regarde-moi ça ! s’exclama le Roi de l’Olympe. Tu as un corps d’athlète, maintenant ! Je vois que tu t’es mis à la muscu’ ?

— Euh… ouais… répondit Flint, tout rouge. Shayne m’a beaucoup entraîné depuis que… enfin… Mmm…

— Je comprends, ne t’en fais pas.

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