94.1 - Le plan des dieux

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Le 18 septembre 3917 AD, soit un lundi soir, le Roi Zeus et le Général Nash Markios marchaient côte à côte dans les jardins privés du souverain de l’Olympe. Ensemble, ils avaient combattu durant les dernières années, contre les nombreux démons qui avaient envahi l’énorme château des êtres divins. L’ancien capitaine était devenu un ange et avait travaillé pendant un temps pour la Déesse Athéna. Cependant, son père adoptif avait remarqué que ce dernier avait un talent inné pour diriger les gens.

Graduellement, Zeus fit intégrer Nash dans l’armée et il avait grimpé rapidement en rangs. Il le considérait à ce jour comme son frère d’armes et aussi son ami le plus loyal. Ils se parlaient de tout et se rendaient souvent à une taverne de la ville céleste, où ils partageaient des festins qu’on préparait à leur honneur, chaque fois qu’ils revenaient vainqueurs des champs de batailles.

Ce jour-là, ils célébraient leur victoire contre l’armée de Méphistophélès VIII, qui avait tenté de défoncer les portes du royaume. Le démon et ses soldats démoniaques avaient grimpé le long des murs qui séparaient le paradis et l’enfer du monde spirituel. Ensuite, ils avaient défoncé la grande clôture magique où Cerbère, le chien de garde à trois têtes, protégeait la porte d’entrée. Le pauvre molosse avait été blessé, mais avait sonné l’alerte à la ville céleste.

Rapidement, les démons avaient envahi la ville et tué plusieurs anges, mais Zeus et Nash, présents dans les parages, étaient passés à l’action. Les anges soldats les avaient rejoints rapidement et ils étaient parvenus à repousser leurs ennemis d’où ils venaient. Ils avaient perdu beaucoup de braves gens, ce jour-là, mais le camp ennemi avait payé de son sang – une majorité d’entre eux avait péri.

Au soir venu, Zeus avait demandé à Nash de l’accompagner à son jardin privé, derrière sa chambre. Il lui avait servi un verre de vin, pendant que le châtain s’était penché près d’un lit de lys blancs.

— Ah tiens… vous cultivez le symbole de ma nation, monseigneur ? demanda le général. Je ne savais pas que vous aimiez les lys blancs…

— C’est Athéna qui m’a demandé de les planter pour toi, mon garçon, expliqua le dieu. Elle savait qu’ils te plairaient. Je tenais à t’offrir ce jardin, puisque je sais que tu as commencé à aimer le jardinage, depuis ton arrivée parmi nous.

— Ah bon ? Pourquoi donc ?

— Je me fais vieux, à vrai dire… Je ne sais pas si tu as remarqué mes nombreuses rides, mais je compte bientôt prendre ma retraite. Il est temps pour moi de passer à autre chose. Le Conclave des dieux songe à me trouver un successeur et je crois qu’il serait temps pour moi de donner à mes amis, quelques souvenirs.

— Vous ? Vieux ? Vous dites n’importe quoi, Votre Majesté. Vous êtes l’homme le plus fort et le plus en santé que je connaisse en ce monde.

Le Roi de l’Olympe gloussa, une main en poche.

— Peut-être ai-je l’air d’un homme de quarante ans, sous tes yeux, mais j’ai plus de quatre mille ans, ajouta-t-il. N’oublie pas que nous conservons nos apparences jeunes grâce à la magie du Saint Royaume. J’étais moi aussi un ange, avant qu’on me nomme à la place de mon cousin.

— Je m’en souviens, répondit son interlocuteur. Athéna m’en a parlé quelques mois après mon arrivée. À vrai dire, ça m’a choqué lorsque j’ai appris que tout le monde ici pouvait devenir un dieu…

— En effet… Au début, les divinités étaient tous des individus choisis parmi nos progénitures, cependant les gens de nos factions sélectionnent désormais les proches des familles royales, s’ils n’ont pas de frères ou de sœurs, ou d’enfants. La plupart de mes frères sont tous morts, donc il n’y a personne de mon propre sang pour me remplacer. Athéna pourrait devenir la reine titulaire de l’Olympe, si elle le souhaitait, mais la Princesse Artémis pourrait aussi bien jouer le rôle.

— Oh… Je suis désolé pour Apollon, monseigneur… Lorsque j’étais l’assistant de votre fille, elle m’en parlait souvent.

— Je suis encore plus désolé que ses enfants aient fui le paradis… Ils devaient se sentir coupables, à sa mort. Je préférerais ne pas en parler, pour aujourd’hui.

— Très bien, je vous demande pardon.

Le vieux roi roula les yeux pendant qu’il remplissait sa coupe de vin qu’il avait déjà bu d’un trait. Il retourna alors son attention vers Nash.

— Pour la dernière fois, mon garçon, tu peux me tutoyer, déclara le Dieu de la Foudre. Nous sommes entre amis.

— Oh je sais, mais je me suis fait réprimander par votre garde du corps, la dernière fois que je l’ai fait près de lui…

Il pointa du regard l’ange imposant qui se tenait près de la porte de sortie vers le jardin privé qui poussait dans une serre intérieure. La pièce avait été jumelée aux appartements de Zeus, mais celui-ci avait fait construire une porte pour les invités et les citoyens de sa faction. Le roi appréciait de partager cet endroit avec ses sujets, mais n’avait plus envie de s’en occuper, dernièrement.

— Oh, ne t’en fais pas pour lui, répondit le dirigeant de l’Olympe. Cyrus est mon garde le plus loyal qui soit et aussi mon intendant. C’est lui qui s’occupe de mon image publique depuis plus de trente ans. Son prédécesseur était son père, vois-tu ? Mais celui-ci est mort en voulant me protéger d’une attaque terroriste au château. Le pauvre s’est pris un sort foudroyant dans le crâne…

— Oh… pauvre Cyrus… fit le châtain.

— Ne t’en fais pas pour lui, c’est un honneur pour ce garçon d’avoir pris la relève de son père. Toutefois, je me demande s’il va un jour se trouver une épouse… Il me semble si seul. Tu pourrais peut-être en faire ton ami ? Il n’est pas très bavard, mais il aime bien jouer aux cartes et boire un peu de bière, durant ses temps libres. Je suis certain que vous vous entendrez.

— Peut-être, mais j’ai une bonne section de l’armée qui m’attend quotidiennement. Les entraînements de nos soldats ne peuvent malheureusement pas attendre, avec tous les démons qui sont à nos portes.

— Je comprends et je t’en remercie… cependant…

Alors qu’il était sur le point de verser un peu de vin dans la coupe de Nash, qui avait déjà bu quelques gorgées, le dieu échappa la bouteille qui se fracassa au sol. Du sang venait d’éclabousser au visage du Général Markios. Ce dernier baissa son regard avec horreur et remarqua une lame cristalline qui venait de transpercer le torse du souverain. Zeus tomba au sol, affaibli, alors qu’une figure transparente passa devant Nash et s’éloigna vers la sortie. Il plissa des yeux et remarqua que c’était un sortilège qui rendait l’individu invisible.

— Votre Majesté ! hurla le châtain, pris au dépourvu. Cyrus ! Derrière vous ! Ne laissez pas cette chose s’échapper !

L’ex-capitaine de la Septième Brigade se pencha sur le corps de son supérieur et retira rapidement l’épée qu’on lui avait plantée dans le dos, en s’assurant de l’attraper avec un bout de tissus, pour ne pas y mettre ses empreintes digitales.

— Nash… formula le dieu, douloureusement. Cette… lame… contenait… un poison… mortel… Je ne peux… plus… bouger… mes membres…

— Oh non… pas ça… J’en ai déjà entendu parler… se lamenta son ami. Ne bougez pas, je peux vous sauver !

Il concentra toute son énergie du bout de ses doigts et essaya de se souvenir de la formule magique de guérison qu’il avait apprise lors de ses entraînements avec Athéna. Il trembla nerveusement, alors qu’un symbole sacré se traça au sol, autour du roi et lui. L’incantation permettait normalement de soigner toutes formes de poisons, de paralysants ou bien de malédictions, en plus de refermer les blessures.

— Non… fit le Roi de l’Olympe. Prends ma… main…

— Pourquoi ? Que voulez-vous que je fasse, monseigneur ?!

— Je n’en ai… plus pour très longtemps…

— Ne dites pas de sottises, Zeus !

Nash empoigna la main de son dieu, machinalement. Il ne savait pas pourquoi il le faisait, mais il agit à la demande de son supérieur. Sa vision s’embrouilla temporairement et il ressentit une puissante onde d’énergie lui traverser tout le corps. Toute la sagesse et la puissance du dieu passa dans son corps, alors que le Roi de l’Olympe s’épuisait à petits feux. Le général comprit avec tristesse ce qui venait de se passer. Zeus venait de renoncer à son rôle de divinité et venait de le lui passer. Le châtain se mit à jurer et à pleurer, lorsqu’il réalisa que son vieil ami était déjà mort, un sourire aux lèvres. Le poison l’avait tué en l’espace d’une minute.

Le 18 juin 3918 AD, soit le jour où la Septième Brigade était revenu à la vie, Nash Markios attendait ses vieux amis à la salle des portails, car il souhaitait les revoir avant de partir lui aussi pour Aeglys. Il était accompagné de Cyrus et de quelques gardes du corps, sans oublier les esprits élémentaires avec qui ils avaient déjà passé une bonne partie de la journée.

Le nouveau Roi de l’Olympe discutait avec un ingénieur de la grande salle lorsqu’il entendit des bruits de pas qui les interrompirent. Ce fut à cet instant qu’il reconnut Flint parmi eux. Dia s’était déjà approché du blond pour lui lécher une main. Le roi sourit, puisqu’il était heureux qu’ils s’entendent si bien.

— Salut tout le monde ! Je vous ai manqué ? lança-t-il, de bonne humeur.

Bien entendu, Flint et Luna foncèrent dans sa direction et furent interrompus par les gardes. Cyrus leur dit de garder leurs distances, car ils se tenaient devant le Roi Zeus de l’Olympe. Le dieu roula les yeux et soupira.

— C’est faux ! grogna le capitaine. Cet homme est nul autre que mon Oncle Nash !

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