92.3 - Le règne de la noirceur

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— Ah, c’est malin ! tonna Troyd. Maintenant je vais devoir attendre qu’elle se réveille pour la terroriser. Pfft… Vous êtes incompétent, ma parole !

— Je vous demande pardon, monseigneur… dit le garde qui s’agenouilla devant son roi. Je devais la calmer !

— Soit, je vous accorde une deuxième chance. Votre prochaine gaffe vous coûtera la vie, j’en ai peur. Tâchez d’être plus prudent, avec ma prochaine pute.

— Oui, votre Altesse !

Le garde qui avait manqué de respect au monarque, ramassa le corps inconscient de Misha Doyle et la traîna jusqu’aux chambres royales. Les autres demeurèrent silencieux en face de leur supérieur.

— Veuillez disposer, dit Troyd. Mais pas avant d’avoir ramassé ces insectes et nettoyé le plancher. Je veux y voir mon reflet. Me suis-je fait comprendre ?

— Oui, Votre Altesse ! répondirent les soldats en chœur.

Ils prirent tous la pose militaire qu’on leur avait enseigné afin de saluer le despote et ses supérieurs. Quiconque ne pourrait reproduire celle-ci en face de ces derniers, serait exécuté sur le champ.

Satisfait, le nouveau Roi de Lanartis allait enfin procéder à sa partie préférée de la journée : celle d’agresser sexuellement une innocente. Perséphone lui avait promis plein de vierges ; il en avait eu. Elle lui avait promis le royaume servit sur un plateau d’argent, elle le lui avait donné… mais temporairement. Le tyran avait tout fait pour que le plan de cette dernière fonctionne durant ces dernières années. Il pouvait enfin profiter de sa petite victoire personnelle avec la sixième victime de cette semaine.

Servir ses sujets n’était qu’un stupide prétexte pour se trouver une nouvelle victime, chaque soir. Les autres femmes avaient été faites prisonnières dans les chambres royales et il les avait faites ligoter, donc elles ne pouvaient s’enfuir, ni le battre. Parfois, il leur donnait à manger, mais négligeait celles qui lui manquait de respect. Misha Doyle serait donc sa sixième épouse. Il se sentait fier et approcha ses mains, l’une vers l’autre. Il se demandait laquelle des six engrosserait le meilleur bébé, car il y avait une autre raison pour laquelle il terrorisait toutes ces femmes : il désirait un héritier pour agrandir sa famille.

Pendant qu’il marchait le long du couloir, vers la chambre où la porte était grande ouverte. Il croisa le regard avec un vieil homme à la barbe blanche qui montait du premier étage. Celui-ci portait une grande soutane pourpre et l’observait d’un air sévère. Troyd lui sourit et s’approcha de lui.

— Quelles sont les nouvelles, mon vieil ami ? demanda le roi. Est-ce que notre dame est satisfaite de sa guerre ?

— Évidemment, Troyd. Je vois que tu t’es beaucoup amusé en mon absence.

Le vieil homme haussa un sourcil et pointa les chambres des victimes. Ils pouvaient entendre les cris des cinq femmes éveillées. Elles criaient toutes à l’aide.

— On partage, si t’en as envie, formula le chevalier des ténèbres. Elles sont toutes jeunes et bien en formes, si tu vois où je veux en venir…

— Sans façon, mais merci pour l’offre, répliqua son interlocuteur. J’ai passé l’âge de mettre mes parties dans celles des femmes, de toute manière. Et honnêtement ? L’idée de passer là où… ta chose est passée avant moi, me répugne.

Le vieillard pointa les bijoux de famille de Troyd.

— Pfft, Randell ! s’exclama le blond. T’es juste jaloux. Estime-toi heureux que t’es pratique à notre cause, parce sinon je ne te garderais pas au château. Tu serais beaucoup mieux utile avec les dieux sur le terrain, d’après moi.

— Je vais prendre cela comme un compliment…

L’homme qui se tenait devant l’ex-général de Baldt avait faussé la mort à de nombreuses reprises au cours de sa longue vie, la dernière fois fut lorsqu’ils avaient envahi Baldt, quatre ans plus tôt. Il avait vu son corps d’emprunt périr avec la magie puissante de son ancien élève, Artael Markios. Randell était le mage-conseiller officiel de la cour du Roi Troyd, mais ce n’était qu’à titre seulement. Sa véritable tâche jusqu’à cet instant avait été de vider l’enfer de toutes ses créatures, afin d’assister les dieux renégats dans leur quête. Deux jours plus tôt, il avait fait transférer les dernières gargouilles à travers les brèches et décidé de prendre une journée de congé. Le lendemain, il était de retour au château.

— Ça tombe bien que tu dises cela, cher ami, ajouta Randell.

— Ah bon ? Pourquoi donc, Randy ?

Le vieux mage soupira, comme à chaque fois que son allié l’appelait par ce ridicule surnom. Il le méprisait, mais au moins savait se rendre utile.

— Je pars, dit l’ancien conseiller de Baldt. Notre déesse m’a contacté ce matin-même et désire que je combatte à ses côtés.

— Oh, c’est qu’elle joue avec mes nerfs, la salope ! soupira le roi. En plus, elle ose me ficher ici, à me tourner les pouces… Elle m’avait promis la tête d’Artael et m’a dit que je serais celui qui la trancherait… J’espère qu’elle tiendra sa promesse.

— Chaque chose en son temps, jeune Markios. Ton tour viendra…

Le mage passa une main sur son menton fraîchement rasé et haussa un sourcil.

— Curieux… dit-il.

— Quoi donc ? questionna le despote.

— Mes liens avec l’enfer semblent s’être éteints. Je ne ressens plus son influence maléfique. Quelqu’un ou quelque chose est en train de jouer avec le voile.

Il fronça des sourcils alors qu’il frôlait quelque chose d’invisible dans l’air. Troyd n’avait jamais compris comment Randell était capable de sentir le voile de la magie, mais saisissait qu’il était le seul mortel capable de traverser les deux dimensions sans problème. Avec quelques disciples des renégats, il avait réussi à ouvrir de nombreuses brèches, suite à la capture des esprits élémentaires dans l’au-delà. Ils avaient enfermé ces derniers en enfer et cela avait grandement affecté les sceaux d’Aeglys.

Graduellement, les chamans et les sorciers ténébreux avaient appris à ouvrir et refermer les brèches d’eux-mêmes. Cela avait permis à Perséphone et ses acolytes de préserver les deux dimensions.

En ce moment même, ils avaient des agents qui travaillaient pour eux, au Saint Royaume. Ces derniers avaient brouillé leurs pistes depuis quatre ans et s’arrangeaient toujours pour que les rapports faits aux dieux de l’Olympe soient sans signe de danger. Troyd ignorait combien de temps cette supercherie allait durer, mais espérait qu’ils seraient prêts, le jour où ils déclareraient la guerre au monde spirituel.

— Bon bah… Ce n’est pas tout, mon petit père, mais j’ai une traînée à aller baiser, formula le roi. Je te souhaite une bonne route vers le champ de bataille.

Le tyran lui serra la main en gage de son amitié, puis s’éloigna vers la porte ouverte, d’où jaillissait la lumière. Le mage roula des yeux, puis se dirigea vers la salle du trône. Il était temps pour lui de partir de cette ville.

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