91.1 - Le mage et l'éclaireur

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Au milieu de la nuit, Wyatt se leva avec une migraine. Il avait oublié de mentionner à son meilleur ami qu’il avait une faible tolérance à l’alcool. Au bout de la deuxième canette, il ne se souvenait plus de ses actions. Il se demandait ce qui s’était passé pour qu’il se retrouve ainsi dans une tente et non à la plage. Bella n’était pas avec eux, ce qui voulait dire qu’elle s’était couchée ailleurs.

Le mage s’assit et bailla. En face de lui, Scottie Sanders était réveillé depuis une heure déjà et s’était croisé les bras. Seule la petite lampe à huile près de l’entrée de la tente, éclairait le binôme. Le jumeau n’était pas de bonne humeur.

— Euh… que s’est-il passé ? demanda Wyatt, à moitié endormi.

— Tu ne te souviens même plus du baiser forcé ? grogna son meilleur ami.

L’éclaireur fronça des sourcils, alors que le mage secoua la tête. Wyatt ne se souvenait pas de cet incident.

— Tu m’as avoué être pan après ta crise, puis tu m’as roulé une pelle, bouda Scottie. Fallait-il vraiment que tu changes ton mal de place pour me faire de la peine ? Connard. Je ne serais jamais ta relation passagère.

Wyatt rougit et cligna des yeux. Il remarqua qu’il avait dormi avec ses lunettes au visage. Celles-ci étaient toutes crassées. Il s’empressa de les nettoyer alors que son ami se tenait toujours devant lui.

— J’ai… vraiment fait ça ? demanda-t-il.

— Bah ouais ! T’as passé plusieurs minutes à chialer du rejet de Luna, puis vers la fin, tu m’as… Pffft… Laisse tomber. Ça n’a plus d’importance.

Scottie se leva et se prépara à sortir de la tente. Son meilleur ami le retint par la main et le tira vers lui pour le rattraper dans ses bras.

— Hé ho ! Je ne suis pas un jouet… bouda le jumeau.

— Tu ne seras jamais une relation passagère avec moi, fit Wyatt. Banane...

— Eh… c’est mon expression, ça.

— Scottie, on a vécu plein de choses toi et moi ces dernières semaines… On s’est tellement rapproché dernièrement que je ne pourrais pas imaginer ma vie sans ton amitié… Alors s’il te plaît, dis-moi qu’on pourra rester amis… Je n’ai pas envie de te perdre toi aussi.

L’éclaireur soupira, puis l’observa du coin du regard.

— Luna ne t’a pas abandonné, idiot, formula-t-il. Elle ne t’aime juste pas comme toi tu l’aimes… Tu n’as pas à t’en faire, tu finiras bien par trouver quelqu’un, rien que pour toi. Et ne compte pas sur moi pour être ton plan cul pour te défouler.

— Qui a parlé de sexe ? répondit son ami, choqué. Enfin… c’est vrai que tu es mignon et tout, mais je ne te ferais jamais ça sans ton consentement…

— Ce n’est pas ce que ta langue me disait, hier soir…

Scottie fronça des sourcils et pinça le nez de Wyatt entre deux doigts.

— Ouille… couina le mage. Désolé…

— Tu m’as vraiment fait de la peine, tu sais ? continua le jumeau. Essaie de te mettre dans ma peau, une minute. J’ai développé des sentiments pour toi, en pensant que tu étais hétéro, tout ce temps. Puis hier, tu m’apprends que tu es pan’. T’as un sacré culot, Silverwind…

— Je m’excuse…

— Mais en même temps, c’est quoi les chances pour que notre brigade ait autant de queers dans ses rangs ? Le Conseil voulait vraiment qu’on soit à notre aise, hein ?

Wyatt se gratta la joue, embarrassé.

— À vrai dire… expliqua le mage. Tu n’es pas le premier à savoir pour moi. Luna l’avait déjà deviné avant tout le monde. Elle est très perspicace, tu vois ? Puis… j’ai tout dévoilé à Flint et Gabriel, il y a un an… Ils m’ont promis que j’aurais toujours une place dans leur groupe, peu importe mes attirances…

— Ah, donc ce n’est pas si secret que ça, dans le fond.

— Les autres ne savent pas encore, ni Estelle, ni Kylie…

Scottie se dégagea de son meilleur ami, puis s’agenouilla devant lui vers lui, pour le serrer dans ses bras. Il lui fit une bise sur la joue.

— Une fois que tu sortiras du placard complètement, tu te sentiras mieux, dit-il. Crois-moi. On passe tous par là.

Puis, Scottie remarqua que son collègue de travail l’observait en silence. Ce dernier rougissait timidement. L’éclaireur discernait mal les couleurs, à cause de l’obscurité. La lampe à huile se trouvait directement derrière lui et agrandissait son ombre, sur la toile de leur tente. Il songeait l’éteindre bientôt, avant de provoquer un incendie.

— Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda Scottie, pour briser le silence. T’ai-je fais du mal ?

— En fait… c’est stupide, je sais… mais crois-tu qu’un jour… on pourrait… s’essayer, en couple ? Je ne dis pas, maintenant… Mais quand je me serais sorti Luna de la tête… J’aimerais qu’on… puisse… bah… tu sais…

— Ne plonge pas si vite dans le futur, andouille, s’esclaffa son ami. T’es mignon, mais rien ne dit que je serais libre dans quelques mois.

— Alors j’ai intérêt à l’oublier et vite !

— Pourquoi ?

Scottie pencha sa tête, intrigué.

— C’est compliqué à expliquer… ajouta Wyatt. Tu m’excites, mais je ressens tellement d’affection pour Luna que… Merde… Pourquoi est-ce si compliqué ?

Le jumeau roula les yeux.

— Je vais prendre ça comme un compliment, dit-il.

— Oh tais-toi… grogna le mage.

Ce dernier le tira un peu plus vers lui et le serra dans ses bras.

— Je t’aime, dit-il. Ne l’oublie jamais. Qu’on soit en couple ou non, tu fais désormais partie de ma famille.

Scottie gloussa et esquissa un sourire.

— Et toi tu fais partie de ma famille, ajouta-il. Après tout, nous sommes des frères d’armes, qu’on le veuille ou non. Les brigades, c’est fait pour ça. Et je te mentirais si je te disais tout de suite que je ne ressens rien pour toi.

— Dans ce cas, ça te dit qu’on reprenne ce qu’on a fait hier ? proposa Wyatt.

Le jumeau lui donna une petite gifle sur le visage.

— Non, dit-il. Vilain toutou.

Le mage fronça des sourcils et lui fit une moue.

Arouu ? couina-t-il.

— Je sens que je vais le regretter… poursuivit son interlocuteur.

Il poussa le jeune homme à terre et se plaça au-dessus de lui. Il commença ensuite à lui bécoter la nuque, tandis que ses doigts exploraient son torse. Voilà plus d’une semaine qu’il fantasmait à l’idée de l’embrasser et de faire des trucs avec son camarade. Puisque Wyatt recherchait un moment d’intimité en cet instant, il ne pouvait plus se contrôler. Le mage était à sa merci. Au moment où il posa ses lèvres sur celles de son compagnon, le binoclard le retourna et changea de position avec lui. Ils se regardèrent tendrement, malgré l’obscurité.

— C’est trop rapide, non ? marmonna Wyatt.

— Chut…

Scottie caressa le duvet qui poussait au menton de son collègue. Ce dernier ne s’était pas rasé depuis deux semaines.

— Elle est douce, ta barbe, remarqua celui-ci.

— Es-tu sûr que c’est ce que tu veux… ? commenta le mage.

— On est jeune… on est fou… On n’a qu’une vie…

— Mais tu ne voulais pas de plan-cul…

— Qui a dit que c’en était un ?

— T’es trop bizarre…

Wyatt enleva son chandail, et révéla son torse légèrement musclé à son compagnon de route. Scottie se mit toucha ses pectoraux. Il souleva ensuite le chandail de l’éclaireur et remarqua qu’il avait perdu ses kilos en trop.

— Tiens donc, c’est parti, remarqua-t-il.

— Mon ventre ? demanda son ami. Bah ouais… À force de marcher, j’ai maigri. Et je ne suis pas le seul, d’ailleurs. Même Gabriel a l’air d’avoir fondu.

— Au moins une chose dont vous ne pourrez pas vous plaindre de ce voyage…

Ils s’allongèrent côte à côte pour s’enlacer et se bécoter. Scottie couina de plaisir quand son partenaire lui fit des chatouilles en bas du dos.

— Ah ha ! J’ai trouvé ton point faible, déclara l’intellectuel.

L’éclaireur esquissa un petit sourire moqueur et plaqua Wyatt au sol. Il se coucha à plat ventre sur le torse de son partenaire. Il plaça son oreille près de sa poitrine, un moment et écouta son cœur ; il battait à une vitesse hallucinante. Il sourit.

— Luna ne sait pas ce qu’elle manque, dit Scottie qui pouffa de rire.

— Pfft… Qu’elle aille au diable, cette briseuse de cœur.

— Allons, ça reste tout de même notre amie…

— Une amie qui n’a jamais été capable de faire tout ce que tu viens de me donner en l’espace de quelques minutes… Comment ai-je pu être si aveugle ?!

Scottie haussa les épaules. Il ressentait la peine et la douleur de Wyatt en lui. Lui-même se sentait mal car il avait l’impression de n’être qu’un outil pour lui faire oublier son chagrin. Néanmoins, il ne pouvait s’empêcher de vouloir être à ses côtés. Tous deux ressentaient une forte attirance, l’un pour l’autre.

— En tout cas, nous ne baiserons pas ce soir, dit le jumeau avant de lui tirer la langue. Le bas de mon corps n’est réservé que pour mon futur époux.

— Arf… Pourquoi joues-tu avec mes sentiments ?

— Parce que tu profites de moi.

— Touché… Je te demande pardon…

— Ça ne fait rien… Je ne t’aide vraiment pas, n’est-ce pas ?

— Tu me mêles plus qu’autre chose.

L’éclaireur se releva et se rhabilla. Il enfila ses chaussures et rampa vers la sortie de la tente ; tout en s’assurant de ne pas renverser la lampe à huile. Curieux, Wyatt s’assit et lui prit le poignet.

— Où vas-tu ? interrogea-t-il.

— J’ai besoin de prendre de l’air…

— Veux-tu que je t’accompagne ?

— Non, j’ai besoin d’être seul… Et toi, t’as besoin de réfléchir un peu à l’avenir…

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