89.2 - Shayne et Cassandra

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Je n’en sais rien, fit Nox. Elle est difficile à cerner…

Je pensais que tout était réglé entre nous.

Laisse le temps régler tout ça. Lorsque les choses se seront calmées, elle viendra vers toi. Elle a besoin de calme, d’après moi. Cette dimension nous rend tous nerveux. Il y a tant de choses que nous ignorons de ces terres. Sans oublier que le danger qui nous guette est constant.

Le vampire souffla des narines et regarda le plafond poussiéreux.

— Tu as raison, dit-il à haute voix. Je vais attendre.

Il n’avait pas besoin d’attendre longtemps, car quand il s’approcha de la porte de la cuisine, il fonça accidentellement Cassandra qui était partie se chercher une tisane. Elle échappa la tasse par terre et toisa le vampire avec mépris.

— Oh c’est malin ! s’exprima-t-elle. Regarde où tu mets les pieds, andouille !

— Je ne l’ai pas fait exprès ! Nous en sommes à combien de ruptures maintenant ? Quatrième ? Cinquième ? Combien de fois vas-tu rompre avec moi ? J’en ai marre que tu joues ainsi avec mon cœur !

— Je… je…

Shayne ne lui laissa même pas la chance de répondre. Il poursuivit :

— Tu es la seule femme qui me rend complètement fou ! Ton odeur me donne envie de rêver, ta voix me donne des frissons et tu es adorable… Mais tu me traites constamment comme une ordure parce que j’ose faire mon travail ! Tu me juges sans cesses parce que je consomme de la viande crue et du sang ! Tu n’arrêtes pas de me traiter comme un monstre alors que tous les autres ont acceptés mon vampirisme depuis belles lurettes ! Si tu veux mon avis, Cassandra, ce n’est pas moi le problème mais c’est toi ! Tu es trop exigeante !

Elle le gifla et le poussa contre un mur. Nox préféra ne pas s’en mêler. Il reprit sa forme de panthère et s’éloigna discrètement vers le salon. Shayne était assez grand pour se débrouiller sans lui.

— Oh toi… oh toi… marmonna l’elfe.

Elle était au bord des larmes. Celle-ci lui pointait le torse de façon accusatrice.

— Une gifle ? dit le vampire. Et quoi encore ? La prochaine fois, tu me donnes un coup dans les parties ? C’est très mesquin de ta part, Appleseed !

— Tu vas te taire oui ? C’est fini nous deux ! Nous n’avons rien en commun…

Elle pleurait. Elle secoua sa tête et fit volte-face.

— Nous… nous sommes trop différents… couina celle-ci. Cette relation ne nous donnera rien… Nous méritons mieux que ça. Moi, un homme qui ne me fera pas peur et toi une femme qui t’accepteras tel que tu es.

— J’envisageais de me marier avec toi un jour et de fonder une famille, déclara le vampire donc la voix était en train de se casser. Je pensais enfin d’avoir trouvé quelqu’un avec qui j’aurais pu vivre le parfait bonheur…

— Arrête ! Nous ne sommes ensemble que depuis quelque temps seulement ! Comment pouvais-tu planifier tout ça en avance ?!

— Parce que j’ai toujours voulu de toi, depuis tout ce temps ! Dès la première fois où j’ai posé mes yeux sur ton visage, mon cœur s’est mis à battre à une vitesse folle dans ma poitrine. Le jour où je t’ai vu t’asseoir avec nous à la salle de rencontres… J’ai tellement voulu te parler et apprendre à te connaître ! Au fil des semaines que nous avons passés ensemble, je suis tombé amoureux de toi, mais tu n’en avais que pour Nash et pour notre travail… Finalement j’ai tout laissé tomber.

Cassandra essuya ses larmes et se tourna vers lui.

— Pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé ? questionna-t-elle.

— Parce que j’avais peur de toi… Et j’ai toujours peur de toi…

Il avait les lèvres tremblantes alors qu’il lui disait enfin ce qu’il avait sur le cœur.

— Tu étais trop parfaite pour moi... Jamais un monstre tel que moi aurait pu te donner tout ce dont tu avais besoin. Je savais déjà que tu ne pourrais jamais être heureuse avec quelqu’un qui consomme autant de sang…

Il baissa son regard, déprimé.

— Et ce n’est pas par faute d’avoir essayé, mentionna-t-il. Par moments, je me laissais crever de faim pour ne pas te dégoûter…

— Par tous les esprits ! soupira-t-elle. Shayne, comment as-tu pu ?!

La guérisseuse était choquée par la confession du vampire.

— C’était donc ça, toutes les fois où je t’ai croisé au palais ? continua-t-elle. Quand tu étais tout pâle ? Tu jeûnais pour… moi ?

Il hocha la tête, faiblement.

— Oh mais il ne fallait pas ! s’exclama la brunette, horrifiée.

— Comprends-moi, Cassandra. J’étais fou de toi et je ne pensais qu’à une chose : t’impressionner. Mais j’ai vite compris que peu importe le nombre de fois où je me laisserais mourir de faim, que tu ne tomberais jamais amoureuse de ce que je suis. J’ai donc consacré les années suivantes à l’armée…

— Ne te laisse plus jamais mourir pour moi, tu m’entends !?

Elle lui donna des coups de poings dans la poitrine. Des larmes de rage coulaient le long de ses joues. Elle s’enfonça dans son torse et pleura encore plus fort. Elle se calma lorsqu’il l’entoura de ses bras musclés, pour la réconforter.

— Je t’aime tellement, imbécile ! gémit-elle. S’il fallait que tu meures, je ne te le pardonnerais jamais ! Mais tu m’énerves aussi avec toutes tes manies !

— Eh bien, c’est réciproque… Je t’aime autant que tu me rend fou…

Elle l’enlaçait alors qu’elle commençait à se calmer. Par réflexe, le vampire lui donna une bise sur le front. Ils restèrent ainsi quelques minutes, sans se dire quoi que soit. Peut-être était-ce mieux ainsi ? Le silence pouvait parfois régler bien des choses. Le général observa Cassandra un moment. Elle releva son visage et ils s’embrassèrent pendant quelques secondes. Il caressa sa longue chevelure qui sentait les groseilles alors qu’elle se laissait porter au rythme de son cœur.

Ils s’aventurèrent d’une pièce vide où ils se déshabillèrent. Shayne était déjà en train d’embrasser la demoiselle à la nuque, lorsque celle-ci ferma la porte derrière eux, assise sur un comptoir.

La jeune femme donna une petite tape sur le torse musclé du bel adonis à côté d’elle. Ils étaient allongés dans le grand placard à balai. La pièce était verrouillée de l’intérieur et ils étaient allongés sur sa cape.

— Tu en avais très envie, dit donc… ricana-t-elle.

— Et comment ! C’est sorti aussi vite qu’un canon !

— Et bien… je l’ai ressentie…

Complètement nus, ils profitaient de cet instant pour s’admirer mutuellement. Ils étaient enlacés l’un contre l’autre, face à face.

— M’en voudrais-tu si je t’ai mise enceinte ? interrogea le vampire, inquiet. Nous n’avions pas de préservatifs, cette fois…

— Pas du tout, dit-elle. Et puis, n’oublie pas que je prends la pilule…

— Oui, c’est vrai…

— Mais ça serait marrant de voir nos gosses courir partout, n’est-ce pas ?

Shayne s’esclaffa et caressa la chevelure de sa douce et tendre partenaire.

— Nous n’en sommes pas encore-là, mais bon…

— Honnêtement, je crois qu’on devrait consulter un bon thérapeute.

Elle baissa la tête vers le torse nu de son ami de cœur.

— Si nous voulons vraiment que ça marche entre nous, ça pourrait nous être utile, tu ne crois pas ? poursuivit-elle.

Il haussa les épaules.

— On peut toujours essayer, répliqua-t-il.

La brunette passa une main sur les petits poils qui avaient poussé sur la poitrine du vampire. Ils n’étaient pas visibles à l’œil nu, mais elle pouvait les ressentir. Un frisson lui parcourut le corps.

— Tiens donc, Gabriel a de la concurrence, plaisanta-t-elle.

— Pfft, fit Shayne. Arrête, il a l’air d’un gros gorille contrairement à moi. Mais j’avoue que j’envie son torse bien garni…

Cassandra recula sa tête, confuse.

— Je ne parlais pas de la grosseur de sa poitrine, remarqua le général. Je parlais du fait qu’il est poilu… ! Tu sais ? Ça lui donne un côté très viril.

— Ah, je vois, dit-elle. Mais c’est vrai que ses seins sont assez gros. Bien plus gros que les miens. Ne lui dis surtout pas ça, mais j’en suis jalouse, parfois.

— Héhé, tu connais bien notre ami. Il le prendrait comme un compliment. Il ne le mentionne pas souvent, mais à cause de mon ouïe très développée, je l’ai déjà surpris en train de s’admirer devant la glace. Il était à moitié nu dans sa chambre et la porte était entrouverte. Quel imbécile heureux, celui-là…

— Ah bon ? Bah, ce n’est pas surprenant, à vrai dire. Flint et lui sont tellement exhibitionnistes que plus rien ne me choque venant d’eux.

Le vampire pouffa de rire.

— J’ai abandonné toute tentative de faire maigrir notre cher gros débile, soupira le général. Il insiste vraiment qu’il soit heureux comme ça. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il envisage peut-être de prendre encore du poids… Je n’en peux plus. Il va bouffer à en crever. Et ne le répète à personne, mais il est celui que j’apprécie le plus dans notre groupe. C’est un très bon collègue de travail et aussi un confident auquel je me suis beaucoup attaché au fil de ces dernières années…

Cassandra était déjà au courant que Shayne appréciait beaucoup la présence du colosse. Il ne lui en avait jamais parlé, mais elle les avaient souvent vu passé beaucoup de temps ensemble. Que ce soit en cuisines ou à la bibliothèque, ils avaient partagés beaucoup de moments entre amis, quand Flint avait été occupé.

— Gabriel est le membre le plus populaire de notre brigade, c’est un fait, remarqua Cassandra. Depuis l’invasion du culte au palais, il est souvent très demandé par les clients pour des livraisons ou bien pour servir de garde du corps. C’est à croire que sa réputation a changé du jour au lendemain. Avant, beaucoup se moquaient de lui et de sa timidité… Mais depuis que tu l’as pris en charge, il est devenu un homme neuf.

Shayne esquissa un sourire ; il était fier de constater qu’il avait au moins apporté un changement positif dans la vie du golem. Il se demandait si Nash serait fier d’eux, après tous les exploits que leur équipe avaient accomplis en quatre ans.

La guérisseuse profita de ce silence pour revenir sur un autre point :

— Sinon… pour ce qui est de Gabriel et ses formes… Je dirais que tout le monde a ses vices. Ça ne m’étonne pas qu’il ait lui-même une sexualité assez tordue, pour s’être marié avec Flint. De toute façon, ils sont assez grands pour faire ce qu’ils veulent sous la couette. Du moment que tout soit consentant...

— Penses-tu vraiment qu’il soit possible d’aimer autant les rondeurs, comme eux ?

— Bah ouais ? Il existe quelques personnes rondelettes dans mon village qui s’aiment comme elles sont. Les coutumes des gens d’Aöryn sont parfois très différentes à celles des humains, puisqu’ils sont aussi à moitiés-animaux.

Shayne cligna des yeux et répondit :

— Est-ce moi ou nos conversations sexuelles portent souvent sur Flint et Gab’ ? Suis-je en train de développer une attirance pour les hommes ?

— Tu plaisantes, j’espère ?!

Elle fronça des sourcils, peu impressionnée.

— J’avoue que Flint a un beau petit cul, plaisanta l’elfe basané. Ça ne me dérangerait pas de m’essayer avec lui. Je te laisse son mari, par contre.

— Eh ! fit-elle avant de rire. C’est pas gentil pour Gabriel.

Elle lui donna une tape sur l’épaule et ils s’embrassèrent.

— Ou sinon, on peut toujours leur demander de se joindre à nous, dans un ménage à quatre… Qu’en dis-tu ? proposa le général.

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