84.1 - Métamorphoses

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Le 11 avril 3918 AD, Flint et ses associés s’étaient assez reposés à leur camp pour reprendre la route. Il fut décidé qu’ils diviseraient la Septième Brigade en trois équipes afin de partir à la recherche des esprits élémentaires d’Athéna.

Flint, Gabriel, Luna, Giotto et Dia étaient partis au sud, où Éclipse avait été vu pour la dernière fois. Shayne, Cassandra, Lucas et Misaki avaient opté pour la région de Drokaï afin de traquer la panthère. Finalement, Wyatt, Estelle, Scottie, Kylie et Bella étaient partis au nord, afin de former une alliance avec les survivants de ce monde obscur. Tous avaient un objectif important à accomplir.

Ils savaient tous qu’ils ne se reverraient pas avant un certain temps, alors ils avaient profité de cette matinée-là afin de s’encourager dans leurs démarches.

Ni l’un, ni l’autre ne savait s’ils réussiraient leurs tâches. Cependant, ils avaient tous comme objectif final de se retrouver au nord du continent, d’ici le 18 avril. Ils s’étaient donnés une semaine pour accomplir leurs tâches respectives, après quoi ils devraient rebrousser chemin.

Flint avait observé les groupes de Shayne et Wyatt partir avant de se tourner vers ses compagnons de route. Il espérait que les pouvoirs de Dia et Giotto leur permettraient de retracer la chauve-souris. Ils devaient y aller.

— Est-ce que vous avez ramassé tout ce dont vous aviez besoin ? demanda le capitaine à ses coéquipiers. Nous ne pourrons pas nous arrêter avant quelques heures.

— Nous nous sommes lavés, on a fait nos besoins, tout baigne, remarqua Luna.

— As-tu au moins pris la peine de t’excuser auprès de Bella ?

Il faisait mention de ce qu’elle avait fait, deux jours plus tôt. Elle avait évité l’animal comme la peste, même si elle avait voulu passer du temps avec son meilleur ami. Le petit sourire espiègle de la magicienne s’effaça aussi rapidement qu’il était apparu.

— On ne pourrait pas la faire bouillir dans une marmite, plutôt ? suggéra-t-elle. Je parie que ça se mange bien, de la viande de loutre.

— Ce n’est pas l’envie qui me manque, mais bon, on a besoin d’elle, râla la louve.

— Mais à quoi votre mère a-t-elle pensé en la créant ?

— Je l’ignore, mais n’oublie pas que les réincarnations ne sont pas toutes les mêmes. Autrefois, elle était douce et généreuse sous sa précédente apparence. Malheureusement, il semblerait qu’elle ait tout oublié…

— Je compatis à ta souffrance, ma chère…

Luna se pencha vers Dia et lui caressa le menton.

Flint roula les yeux et secoua la tête.

— Pas besoin d’être si dramatiques, vous deux, remarqua-t-il.

— Ouais, ouais, répliqua la magicienne. As-tu besoin que je te file quelques potions pour ta ceinture ? J’en ai plein dans ma sacoche.

— Volontiers. Wyatt et toi vous êtes surpassés, hier. Même Cassandra ne s’attendait pas à ce que vous en fabriquiez autant.

— Bah, c’est un peu normal, non ? continua la jeune femme qui haussa les épaules. On savait qu’on devait reprendre la route, alors on en a profité.

— Ouais… la maudite route…

Le blond souffla des narines et retourna son attention sur le chemin auquel ils marchaient. Il était irrité, car il ne reverrait pas sa fille avant une autre semaine, cependant il était heureux de la savoir saine et sauve. Il s’était souvenu, ce matin-là, à quel point il avait été fier quand elle avait pris la décision de devenir brigadière. Elle lui avait fait cette déclaration l’été dernier, peu de temps avant son seizième anniversaire. Gabriel avait hésité quelques jours, avant d’accepter le fait que sa petite fille grandissait et qu’il ne pourrait pas la protéger éternellement.

Tellement de choses s’étaient déroulées depuis cette période paisible. L’adolescente apprenait de nouvelles techniques de combat quotidiennement et devenait de plus en plus forte. Flint était fier de sa petite Estelle. La savoir déjà si loin, lui brisait le cœur. Bien sûr, Gabriel lui tenait compagnie ; cela n’empêchait pas au capitaine de rêver du jour où ils retourneraient chez eux.

— Qu’est-ce qui ne va pas, chéri ? demanda le golem, qui remarqua la triste mine de son mari. Tu ne digères pas les champignons, n’est-ce pas ?

Flint secoua la tête, puis esquissa un petit sourire à son époux.

— Ce n’est rien, Gab, dit-il. Seulement, mon père a intérêt à nous donner des vacances payées quand tout cela sera fini.

— Je te rejoins là-dessus, cinq sur cinq, répliqua Luna. On n’a beaucoup bossé, dernièrement. Pourchasser ton oncle, ce n’est pas de tout repos…

— Surtout si nous avons besoin de l’aide des esprits élémentaires, gloussa le colosse. Mais dites-vous que nous en avons déjà quelques-uns de notre côté. Les choses ne peuvent que s’améliorer, d’après moi.

— Ah ! J’éviterais de dire ce genre de chose, si j’étais toi, expliqua la louve. Ça porte malheur de toujours se fier aux esprits. Nous n’avons pas été mis au monde pour régler tous les problèmes après tout. L’humanité doit faire sa part des choses ! Sinon… j’apprécie le compliment.

Le capitaine approuva d’un hochement de tête, aux paroles de ses proches. Même si Dia et Giotto étaient avec eux, il restait sur ses gardes à cause des monstres. S’il avait appris une chose durant le début de son voyage, c’était qu’il ne fallait absolument pas sous-estimer Thanatos, ni son frère Hypnos. Tous deux étaient encore des êtres énigmatiques à ses yeux, mais il savait aussi qu’il pouvait donner une forme un peu plus tangible à leurs nouveaux adversaires. Comme l’avait expliqué Shayne, ce matin-là, ils ne pouvaient pas éliminer la possibilité que Perséphone travaillait avec eux.

— Je rejoins un peu l’avis de ma sœur, commenta la hache, attachée au dos du colosse. Toutefois, je ne peux m’empêcher de vouloir me rendre utile pour vous.

Contrairement à la louve qui se promenait à quatre pattes, près du blond ; l’esprit de la création avait opté pour se reposer sous sa forme d’arme. Il avait beaucoup chassé durant la matinée et en avait profité pour dévorer plusieurs créatures sauvages. À son retour au campement, il était tellement repu qu’il pouvait à peine bouger. Il maudissait secrètement Gabriel, car ce dernier avait une étrange influence sur sa propre faim. Le golem trouvait cela amusant.

La synchronisation avait toujours cet effet de mélanger certaines habitudes entre un porteur et son esprit élémentaire. S’il ne faisait pas attention, le dragon finirait avec une panse aussi grosse que son protecteur. Il n’en avait pas envie. Le colosse s’en fichait. Il avait passé plus d’un quart d’heure à caresser le bedon du reptile et à le traiter comme un gros chat. Étrangement, la créature aux écailles argentées s’était laissée faire… même qu’il avait apprécié de se faire gâter comme un animal de compagnie. Il tombait rapidement sous le charme de son porteur.

En vérité, le corps de la bête féroce avait complètement assimilé la personnalité de Riordan à celle de son grand-père. Ils ne formaient plus qu’un seul être. Le nouveau Giotto avait une personnalité un peu plus espiègle, bien que débrouillarde. Son côté gourmand venait cependant du golem. Il commençait même à se demander si une autre forme ne serait pas appropriée pour représenter sa nouvelle existence. Il préférait ne pas en parler ouvertement au groupe, mais Gabriel savait déjà que son ami pensait à tout cela.

— Sinon, dit Flint qui se tourna vers la hache. On n’entend plus tellement parler de ton petit-fils. Est-ce normal ?

— Ah bien sûr ! J’avais remarqué la même chose, déclara Luna.

— Ne vous en faites pas pour lui, déclara Giotto. Ou pour moi. Nous nous connaissons désormais assez pour comprendre qui nous sommes. Il vous parle en ce moment, comme je vous parle.

— Vraiment ? Ce processus s’est fait plus rapidement que je l’aurais imaginé, dit le capitaine. Heureux de constater que vous n’avez plus ce problème.

— Ça n’a jamais été un problème, rétorqua le dragon. Enfin… si… un peu. Mais bon, l’important est que nous savons désormais comment collaborer. Par contre, on se sent un peu à l’étroit dans ce corps. Il ne nous convient plus.

— Où veux-tu en venir ? demanda Dia.

La louve leva la tête vers la hache et recula vers lui.

— Tout simplement que l’apparence d’un dragon ne me convient plus, répliqua l’aîné des esprits. Comme je vous l’ai expliqué l’autre jour, je dois me développer une nouvelle identité, maintenant que Riordan et moi ne formons plus qu’un.

— C’est un peu comme Lucas, ton truc, non ? demanda Flint.

— Mais non ! Enfin… je ne sais pas… répliqua Giotto. Pour nous, les esprits élémentaires, il est normal de changer de corps et d’apparence afin que cela concorde avec notre personnalité et nos désirs. Ça n’a aucun rapport avec l’identité du genre…

— Pourtant, autrefois, tu étais une femelle, réfuta sa sœur. L’une de tes anciennes incarnations était une dragonne.

Les joues du dragon rougirent à travers son apparence d’arme.

— Oui, mais c’était il y a très, très longtemps ! grogna celui-ci.

— Tu étais curieux sur l’anatomie des femelles, avoues, plaisanta sa sœur.

— Tu vas te taire, oui ? Petite insolente…

Ils entendirent tous la hache grogner. Giotto se détacha du dos de son porteur et s’imagina immense, imposant et aussi fort que Gabriel. Rapidement, de longues pattes poussèrent de la boule, puis un museau en sortit. Une fourrure nacrée apparut. La gueule de la bête s’approcha de la louve et l’observa d’un air sévère. Ce n’était que quelques secondes plus tard que ses coéquipiers réalisèrent qui il était devenu.

— Oh ça alors ! T’es un ours polaire ! remarqua Gabriel.

— Mm ? fit celui qui devait être un dragon.

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