77.2 - Le mage et la loutre

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La punk se releva et retourna à sa forme d’armure sur le corps d’Estelle. Scottie de son côté fût aidé par la petite blonde afin de se relever. Ensuite, il se transforma en bâton magique. Estelle leva ensuite l’arme au-dessus de sa tête et lança un sortilège de rapidité à son groupe.

— Partons, dit-elle.

Wyatt et Nox hochèrent leurs têtes et ils s’éloignèrent rapidement vers le village de pêche. L’enchantement ne dura pas très longtemps, mais leur permis de s’éloigner des orques. Au bout de deux minutes, Estelle ne pouvait plus maintenir son pouvoir et dut boire sa dernière potion de mana liquide.

— Attention, Est'… dit Scottie. Ces ingrédients ne poussent pas par abondance.

— Je sais, mais c’est une question de survie, répliqua l’adolescente.

— Puise dans mon mana, dans ce cas ! ajouta Kylie.

— Mais vous êtes déjà épuisés ! insista leur amie.

— Ça ne fait rien ! déclara le jumeau. Nous avons promis de te protéger et nous tiendrons cette promesse ! Quand les Sanders font une promesse, ils la tiennent !

Estelle soupira. Les jumeaux étaient courageux. Ils remueraient ciel et terre, rien que pour aider leur amie et cela leur causait beaucoup de soucis. Elle les remercia mentalement, alors qu’elle suivait la panthère.

Le village portuaire n’était plus très loin. Ils seraient arrivés plus vite à dos de chevaux. Malheureusement, ils n’en avaient pas vu dans cette dimension depuis leur arrivée. D’ailleurs, ils n’avaient pas croisé de poules ou de vaches non plus. Les fermes avaient toutes été saccagées par les forces du mal.

L’atmosphère sinistre de Sylgea commençait à affecter le moral du groupe. Ils tournaient en ronds depuis des jours, car ils essayaient d’éviter de gros groupes de monstres. Les ingrédients de potions commençaient aussi à se faire rares, donc ils devaient se ménager lorsqu’ils utilisaient de la magie. Il leur fallait tenter une nouvelle direction. Tant qu’ils ne seraient que cinq, les déplacements seraient plus risqués.

L’estomac de Wyatt grogna. Contrairement à ses camarades qui avaient mangé sur la route, celui-ci n’avait rien consommé depuis plus de seize heures. Il se prit l’estomac et poussa un gémissement de douleur.

— Vous n’auriez pas un truc à grignoter, dites ? demanda-t-il faiblement.

Une main sortit magiquement de l’armure d’Estelle, elle appartenait à Kylie. La punk passa son sac de voyage au mage.

— Il y a un paquet d’amandes là-dedans, dit-elle. Je ne les ai pas touchés.

Le mage sursauta lorsqu’il vit le troisième bras pousser sur le corps de l’adolescente, mais accepta le sac de la musicienne. Il y trouva une petite boite contenant ce qu’il cherchait et la retira rapidement. Il l’ouvrit et remarqua qu’on avait déjà grignoté le tiers de celle-ci. Il en prit une poignée.

— Comment arrives-tu à faire ça, avec ta main ? demanda Wyatt à la jeune femme.

— Je ne sais pas, répondit-elle. J’y arrive, c’est tout.

— Même moi, je n’arrive pas à me transformer partiellement, dit la panthère. Bizarre…

— Assez parlé de moi, rajouta Kylie alors qu’elle retourna sa main dans l’armure. On doit trouver un abri et nous reposer.

— J’approuve, répliqua son frère. Je veux dormir…

Un quart d’heure plus tard, ils finirent par arriver au village abandonné. Plusieurs bâtiments avaient été saccagés lors du dernier combat, mais la cabane dans l’arbre où ils s’étaient réfugiés tenait toujours. Ils y grimpèrent, y compris Nox qui bondit sur une clôture, puis sur une branche de l’arbre avant de les rejoindre par une fenêtre. Ce dernier se lécha une patte en s’installa près des autres.

Ils étaient tous épuisés et pour cette raison, s’endormirent tous, blottis l’un contre l’autre. Il n’y avait que Wyatt qui resta réveillé. Celui-ci n’avait pas sommeil.

¤*¤*¤

Sa vision revenue à la normale, le mage avait enfilé ses lunettes. Il avait quitté la cabane dans l’arbre afin de fouiller un peu autour du village pour des boites en conserves ou bien des plantes comestibles. Il finit par trouver un vieux manoir dans lequel son groupe et lui n’avaient pas encore eu le temps de visiter. Celui-ci se trouvait au sommet d’une colline et avait sûrement appartenu à quelqu’un d’important, mais ne servait plus à rien. Il n’y avait pas de lumière à l’intérieur de l’immeuble. Pour cette raison, le jeune homme se dit qu’il n’y avait personne et qu’il pourrait y jeter un œil.

Alors qu’il sauta par-dessus la clôture qui protégeait le vaste jardin des créatures sauvages et sûrement des bandits, Wyatt constata qu’il n’était pas seul. Dans les hautes herbes, il entendit quelque chose ramper, puis disparaître dans un trou. Il vit de la terre sortir derrière quelques fleurs et comprit qu’il y avait probablement une taupe, tout près, ou bien une marmotte. Il décida de ne pas y prêter attention. Il s’approcha tranquillement de l’entrée principale du bâtiment.

Lorsqu’il ouvrit la porte, il remarqua qu’il faisait très sombre dans le hall d’entrée. Il sortit une lampe-torche de son sac et illumina la pièce. Celle-ci était poussiéreuse et il n’y avait pas la moindre trace d’habitant, à part quelques insectes et une chauve-souris qu’il avait effrayée, lorsqu’elle le vit. La bestiole s’envola et sortit, puisque la porte était grande ouverte.

— Comment est-ce entré ici, ça ? se dit-il pour lui-même.

Il ne s’attarda pas à cette question. Le plus important était de trouver de la nourriture et des objets qui lui permettrait à lui et son groupe de survivre. Affamé, il ne fit même pas attention et oublia de fermer la porte. Il fonça dans une pièce, au hasard et chercha pour une cuisine. Après avoir tourné en rond dans un salon, il fit demi-tour et explora un couloir. Il en profita pour pousser des portes ici et là, puis finit par trouver une salle à manger où il vit une grande table avec une nappe de soie. Son propriétaire avait dû être riche, de son vivant.

— C’est étonnant que personne ne soit venu voler ces trucs, mentionna-t-il dans le vide. On pourrait camper ici, quelque temps…

Il continua ses recherches et trouva enfin un garde-manger où étaient entreposés des objets périmés, ainsi que des boites de conserves et plusieurs aliments qui pouvaient encore être consommés. Il y avait un poêle à bois où il pouvait faire cuir ce qu’il désirait, mais ce n’était pas le bon moment pour lui de cuisiner. Il ramassa ce qu’il put et le mit dans son sac. Ensuite, il rebroussa chemin jusqu’à l’entrée du manoir et referma la porte derrière lui. Il traversa donc les hautes herbes, encore une fois, mais cette fois, se retrouva face à une petite créature qui l’observait, en face de la clôture.

— Qu’est-ce qu’une loutre peut bien faire loin des rivières ? dit le mage pour lui-même. La pauvre… Elle doit avoir faim… Mais je n’ai pas de poissons avec moi…

— Une loutre ? Ha… On se parle tout seul, jeune homme ? prononça une petite voix.

— Hein ? Qui va là !? fit Wyatt qui tourna sa tête dans tous les sens.

— C’est moi ! Droit devant…

— Qu’est-ce que… ?

Le jeune homme reçut un jet d’eau en pleine figure. Il secoua la tête et remarqua que cette attaque venait d’être lancée par la petite loutre qui se croisait les pattes avant, alors qu’elle se dressait sur celles d’en arrière.

— Tu voyages avec mon frère et tu n’es même pas capable de reconnaître un autre esprit élémentaire ? Pitoyable, dit la petite bestiole.

— Mais… je… marmonna Wyatt, confus.

— Écoute, mon bonhomme, soupira l’animal. Normalement je n’aime pas m’associer aux humains, mais puisque la déesse le désire... je ne vais pas passer par quatre chemins. Je suis Belladonna ou Bella, pour faire plus court. Je suis un esprit des eaux et Athéna t’a choisi comme porteur. Je suis disponible, donc si tu le souhaites, je serais ta partenaire de combat ! Toutefois, tu devras me protéger en tout temps.

— Mais j’hallucine… tu oses me parler sur ce ton ? Débrouille-toi sans moi.

Le mage décida d’ignorer l’esprit élémentaire et jeta son sac par-dessus la grille avant de sauter par-dessus la clôture.

— Hé ! couina la loutre. C’est pourtant un privilège d’être choisi par ma déesse !

L’animal passa par un trou de la clôture et se mit droit devant le jeune homme.

— Oserais-tu désobéir à ta créatrice ? Elle qui a tant besoin de tes services ? dit-elle. Tu sais ce qu’on dit des gens qui osent se moquer d’une déesse, on—

— Mets-la en sourdine, trancha Wyatt.

Belladonna grogna et fouetta les fesses du mage avec deux jets d’eau bien placés. Celui-ci sauta dans les airs et poussa un cri de douleur. Il frotta son arrière-train avant de toiser la loutre méchamment. Il était au courant que la plupart des esprits élémentaires avaient des caractères étranges, mais celle-là était insupportable.

— Si tu oses m’interrompre encore une fois, je vais t’arracher la langue ! hurla-t-elle.

Wyatt claqua des doigts et un bloc de glace recouvrit le corps de la bestiole, ce qui ne laissa que sa petite tête pour respirer. Elle souffla des narines.

— Ha ha… Très marrant ton petit jeu, dit-elle sarcastiquement.

— Content qu’il te plaise, parce que tes services ne m’intéressent pas. Trouve-toi un autre porteur. Je ne travaillerais jamais avec une petite peste dans ton genre.

— C’est comme tu veux, mais tu vas le regretter… dit-elle avant de lui sortir la langue.

— J’en ai que faire de tes menaces.

Le mage se pencha ensuite pour ramasser ses affaires et se prépara à rejoindre la cabane dans l’arbre, quand la loutre se mit à lâcher des jurons et à sautiller sur place, avec espoir de défaire sa prison de glace. Elle cracha même de l’eau en direction du jeune homme pour se venger, mais tomba à la renverse. Furieuse, elle se tourna à quelques reprises jusqu’à ce qu’une petite main fourchue l’empoigne. Celle-ci appartenait à un gobelin.

— À L’AAAAAAIDE, ON VA ME TUER ! brailla le petit mammifère.

— Mais non, je ne vais pas te tuer, remarqua Wyatt qui secoua sa tête. Juste t’abandonner quelque part pour que t’arrêtes de me suivre et—

— RETOURNE-TOI, S’IL TE PLAÎT ! hurla Bella. J’AI BESOIN DE TOI !

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