68.2 - Sous les étoiles

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— Décidément, ils n’ont jamais quitté la phase de leur lune de miel, remarqua Misaki qui se taillait un cure-dent.

Luna et Cassandra approuvèrent d’un hochement de tête, toutes deux perchées au-dessus d’une marmite remplie d’un liquide opaque. Avant de se coucher, elles avaient décidé de remplacer les potions d’énergie qu’ils avaient tous utilisé, durant les derniers jours. Cet après-midi-là, ils s’étaient arrêtés à quelques reprises afin de récolter des herbes sauvages : ces dernières étaient d’excellentes qualités.

— Je les envie, à vrai dire, marmonna la magicienne. J’ai l’impression que je ne connaîtrais jamais le grand amour.

Elle leva sa tête en direction de Wyatt et Scottie, qui s’échangeaient quelques sortilèges offensifs mineurs. Elle retourna son regard vers l’elfe et l’albinos.

— À cause de l’incident du chou, je n’ai plus le courage de lui parler… avoua-t-elle. Je me dis que c’était un signe de la déesse et qu’elle voulait que je reste loin de lui.

— Sincèrement, je ne pense pas que ça soit divin, ton truc, rétorqua Misaki. Je pense surtout que vous êtes malchanceux.

— En même temps, c’est probablement un mal pour un bien.

— Pourquoi dis-tu cela ?

— Disons qu’Estelle s’intéresse beaucoup à lui dernièrement… Je n’aurais pas envie de créer de tensions entre nous.

— Je pense surtout que c’est parce qu’elle le voit beaucoup comme un mentor, non ? Peut-être serait-il mieux de lui en parler en privé…

Luna haussa les épaules. Elle observa Estelle et Kylie qui nettoyaient les chevaux. Dia les accompagnait et bavardait avec elles. Shayne était installé en face de la marmite et lisait un livre, éclairé par les flammes.

— Tu veux une guimauve ? demanda Misaki, qui essaya de lui changer les idées. Je commence à avoir la tête qui tourne, à force d’en manger.

— Non merci, mais peut-être que les autres en voudront plus tard.

— Très bien, je vais laisser mon sac près du feu de camp. Je crois que je vais aller me coucher pour la nuit. Bonne nuit, les filles.

La guérisseuse et la magicienne saluèrent leur amie. Shayne fit de même, d’un mouvement de la tête. Luna tourna donc son attention vers lui, puis jeta un coup d’œil rapide vers la brunette. Ils ne se quittaient jamais, dernièrement. Elle trouvait leur comportement louche. Habituellement, Cassandra ne manquerait pas une opportunité pour partager une tente avec sa meilleure amie. Ce soir, elle coucherait avec lui.

— Corrigez-moi si je me trompe, mais vous vous êtes beaucoup rapprochés dernièrement… n’est-ce pas ? demanda celle-ci.

— Euh, je ne vois pas de quoi tu parles, répondit Cassandra.

— Oh ça va, tu n’es pas une très bonne menteuse.

— Mais qu’est-ce que… ?

Le général ferma son livre et esquissa un sourire.

— Malgré le fait que tu sois une excellente observatrice et que tu arrives facilement à détecter quand une personne te ment, tu as toujours été incapable de garder un secret très longtemps, répliqua Cassandra. Donc, je vais te rendre service et te libérer de ce fardeau. Oui Luna, nous formons un couple… et depuis un bail.

Les joues de la magicienne s’empourprèrent alors qu’elle apprit cette nouvelle. Elle bondit de joie avant de regarder à la fois les deux elfes.

— Oh Athéna soit louée ! Enfin une bonne nouvelle ! Je suis trop contente pour vous ! On s’est souvent dit que vous finiriez ensemble, Wyatt et moi.

— Ah bon ? demanda Cassandra. Pourquoi ça ?

— Bah, disons que vous êtes tous les deux d’excellents traqueurs et passez beaucoup de temps à combattre côte à côte. D’autant plus que vous êtes des elfes de deux lignées différentes, mais vous avez tellement de points en commun, comme vos valeurs, votre sens de la justice et j’en passe ! Bref, on s’est dit que vous formeriez un joli couple.

— Eh bah… vous avez une sacrée imagination, vous les mages, fit Cassandra.

Luna s’esclaffa et poussa amicalement l’épaule de son amie brunette. Elle retourna ensuite son attention dans la préparation de leur potion.

— Ça fait du bien d’entendre ça, après la folle journée qu’on a eue, poursuivit-elle.

— J’apprécierais que tu n’en parles pas aux autres avant que nous le fassions, souhaita l’ex-mercenaire. On essayait de trouver le bon moment, mais aujourd’hui ce n’était pas possible.

— Je comprends.

La soigneuse mit une pincée de poudre dans la marmite et quelques bulles colorées en sortirent. Elle prit alors un petit éventail et répandit l’odeur de la potion dans sa direction. Il y avait une odeur de myrtilles et de fleurs.

— Notre préparation sera bientôt terminée, annonça-t-elle à la mage. Tu peux aller bavarder avec les autres, en attendant, si tu le désires.

— Je préfère rester, dit son amie.

— Très bien, dans ce cas, préparons les bouteilles vides. Je vais retirer la marmite du feu dans une quinzaine de minutes. Je refroidirais ensuite le liquide avec une douce brise. Je connais un sortilège très pratique pour cela.

— Je sais, tu m’en as déjà parlé.

Pendant ce temps, Wyatt et Scottie avaient terminé leur entraînement et marchaient en direction d’Estelle et Kylie. Luna remarqua que celles-ci s’étaient approchées des tentes après s’être occupé des chevaux. Dia, quant à elle, s’approcha du feu de camp afin de se coucher près de Shayne. Elle se croisa les pattes avant de s’y pencher.

— Quoi de neuf ? demanda Cassandra à l’esprit élémentaire.

— Rien en particulier, si ce n’est qu’Estelle nous a parlé d’un rêve étrange qu’elle fait régulièrement. Elle parlait d’une chauve-souris…

Luna grimaça de dégoût. Elle n’avait jamais aimé ce genre d’animal. Tout ça lui rappelait la fois où elle s’était aventurée dans les sous-sols de Kritz avec Nash.

— Encore ?! s’exprima l’elfe. On en a parlé l’autre jour, lorsqu’elle a fait sa crise.

Dia observa la chasseuse et dit :

— Je crois qu’il s’agit d’un membre de ma fratrie. Il essaie sûrement de communiquer avec nous, donc il passe par Estelle.

— Ah, donc tu ne le connais pas ? demanda Cassandra.

— Pas d’après mes souvenirs, j’en ai peur…

— Étrange… Il s’agit sûrement d’un nouvel esprit envoyé par Athéna.

Dia parut soucieuse un moment, puis se leva tranquillement.

— Je vais me coucher, j’ai besoin de réfléchir un peu, formula-t-elle.

— Bonne nuit, dans ce cas, répliqua Shayne.

La louve salua tout le monde et s’éloigna vers la tente de Flint et Gabriel. Elle passa par l’ouverture et disparut derrière celle-ci.

¤*¤*¤

Le capitaine et le colosse étaient enlacés, l’un contre l’autre, alors qu’ils étaient complètement nus sur le gazon près de la rivière. Ils venaient de passer un moment magique, sous l’eau. Par la suite, ils avaient exploré toutes les possibilités que leur avait apportées cette nuit ensorcelante. Le plus petit des deux hommes câlinait son nounours vivant et enfouit son visage dans son épaisse poitrine.

— Ta peau est si douce, remarqua Flint. Je t’envie.

— La tienne n’est pas si mal non plus, chéri.

— Mais non, elle est rugueuse ! À force de combattre et de m’entraîner, j’ai l’impression qu’elle est en train de devenir aussi coriace que la pelure d’une pomme de terre…

Gabriel gloussa, ce qui fit vibrer chaque partie de son corps.

— J’aime bien comment tu me touches, par contre, fit celui-ci.

— Je sais… C’est pour ça que j’aime passer des heures à te vénérer comme le dieu de la gloutonnerie que tu es… Je t’aime tant, tu n’as pas idée comment…

— Bah, nous sommes mariés depuis quelques années maintenant et nous sommes ensemble depuis quatorze ans, je commence à avoir une petite idée là-dessus…

Il pouffa de rire ; Flint roula des yeux.

— Tu me fais sentir comme un adolescent, chaque soir… fit le blond. J’ai l’impression que tu seras mon éternelle source de jouvence, jusqu’à ce qu’à ce que je sois vieux et sénile… Tu prendras soin de moi, hein ?

Il grimpa un peu sur son mari, de sorte qu’il puisse croiser ses bras autour de son bedon. Il observait Gabriel dans les yeux, avec un regard de chien battu.

— Toujours, répliqua le golem. Je ne sais pas combien d’années je vivrais, mais je te promets que nous serons toujours ensemble, toi et moi.

Flint se laissa tomber à nouveau sur le bras confortable et accueillant de son bien-aimé. Il entoura sa taille et respira un grand coup avant de laisser l’air sortir de ses poumons.

— Par contre… je dois avouer que c’est très étrange de te voir vieillir, avoua le golem. Je perçois désormais une ride sur ton front, quand tu n’es pas de bonne humeur et l’autre jour, j’ai remarqué que tu t’étais arraché un cheveu blanc… Puis, il y a moi… coincé dans cette apparence si jeune… J’en ai parlé à ton père et Kyran, tu sais ? Techniquement parlant, je devrais avoir le corps d’un vieux croûton en ce moment…

— Si tu étais un véritable humain, tu aurais probablement l’air d’un vieil homme dans la soixantaine… Mais tu ne l’es pas, chéri. Tu es un golem… Mon golem, rien qu’à moi… Et je me fiche que tu ne sois pas comme les autres, je ne t’échangerais pas pour tout l’or du monde… Je t’aime, peu importe ce que les autres disent.

— Oh, Flint… couina Gabriel.

Il tourna son visage vers lui, pour lui afficher un sourire attendrissant. Il avait l’impression de se retrouver, une dizaine d’années plus tôt, alors qu’ils avaient appris à se connaître en tant que jeune couple. Tout avait été si bizarre, nouveau, mais agréable. Le colosse rougit timidement, alors que le blond lui faisait des grattouilles dans sa barbe et des caresses sur le ventre.

— Ce que j’aime le plus de toi, par contre, c’est que tu fais le parfait toutou ! ajouta l’épéiste musclé, d’un air enjoué.

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