66.3 - Luna et Wyatt

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Ils hochèrent tous leurs têtes, respectivement.

— Oh merde ! Ça ne m’aide vraiment pas… Déjà qu’il y avait toutes ces rumeurs sur nous, à la capitale… Je suis confus…

Flint s’approcha du mage et baissa son regard vers lui. Wyatt lui arrivait à quelques centimètres au-dessus des épaules. Scottie le dépassait aussi d’un pouce. Le blond posa une main sur son épaule et essaya de le réconforter.

— Ne t’en fais pas, dit-il. Le plus important, c’est de savoir comment toi tu te sens en rapport à tout ça. Est-ce qu’elle te plaît, au moins ?

Les joues du mage rougirent tellement que celui-ci avait peur de disparaître dans une combustion spontanée, ce qui serait ironique puisqu’il était un spécialiste de l’eau.

— B… bien sûr qu’elle me plaît… C’est que… répliqua Wyatt, nerveusement. Enfin… Je m’étais fait à l’idée qu’elle ne m’aimerait jamais et… J’ai fini par tourner la page… Comprenez-moi… j’ai toujours des sentiments pour elle, mais je ne pensais pas que c’était réciproque. Nous travaillons ensemble depuis maintenant quatre ans et je me suis beaucoup amusé en sa compagnie. J’ai tant appris à ces côtés… et même si je suis plutôt maladroit contrairement à elle, Luna ne m’a jamais abandonné et m’a toujours encouragé…

— Et ça, est-ce qu’elle le sait ? questionna Gabriel.

— Bien sûr ! Je ne cesse de lui dire à quel point elle est très importante à mes yeux et à quel point j’ai beaucoup de respect pour elle… Mais… Enfin, je ne lui ai jamais raconté mes sentiments amoureux, mais elle sait tout le reste.

Il déglutit et commença à se ronger les ongles.

— Et si on s’entraînait un peu ? suggéra Gabriel qui s’approcha de Flint et du mage. Tu as tendance à mieux réfléchir à tes affaires personnelles après avoir dépensé un peu d’énergie. Je suis partant pour te servir de cible.

— Eh, mais ce n’est pas bête, comme idée, dit le mage qui claqua des doigts. Éloignons-nous un peu et…

— Il en est hors de question ! trancha le capitaine qui les interrompit. Nous devons partir d’ici un quart d’heure environ et je ne veux pas que cela cause de dégâts à votre équipement. Aussi, nous aurons besoin de tout ton mana, Wyatt, si nous devions croiser ce dragon. Vos sortilèges seront primordiaux à notre survie…

— Pas besoin de t’énerver, bouda le colosse. Je comprends pourquoi tu dis cela, mais n’oublie pas que Luna a des potions avec elle.

— Nous devons les conserver pour notre mission, insista son mari. Troyd et ses acolytes vont sûrement nous mettre des bâtons dans les roues, lorsqu’ils apprendront notre arrivée à Lanartis. D’autant plus que nous ne savons pas si Perséphone se trouve à ses côtés.

Il s’était croisé les bras et se tapait les doigts, de chaque côté. Il réfléchissait en cet instant à la meilleure approche à suivre pour confronter son oncle. Selon lui, il était nécessaire de ne rien gaspiller et de rester sur leurs gardes, puisqu’ils s’approchaient de la capitale.

Gabriel s’avoua vaincu. Toutefois, il retourna son attention vers le mage et déclara :

— Je t’offrirais bien de faire une partie de bras de fer, mais bon… Tu connais déjà ma puissance. Que dirais-tu d’une partie de cartes ?

— On n’a pas tellement le temps pour ça, mais merci.

— Dans cas, mettons son esprit à l’épreuve avec un petit tour de passe-passe, proposa Scottie qui s’approcha d’eux.

Le jumeau de Kylie Sanders avait une pièce d’or dans la main et transportait trois gobelets de l’autre. Il s’installa sur le trottoir près de l’écurie et invita Wyatt à faire de même, mais devant lui.

— Ah ! Je connais ce jeu, dit le mage. Ça devrait être facile !

Motivé à se changer les idées et à gagner contre le petit tour de Scottie, il s’installa en face de lui et se concentra sur la pièce d’or. Flint, Gabriel et Shayne observèrent alors Scottie. Les bras du jeune homme se mirent à bouger dans une vitesse hallucinante, à un tel point que Wyatt en eut le tournis. Lorsqu’il eut terminé, le jumeau lui fit un petit sourire.

— Maintenant, dis-moi où se trouve la pièce, dit-il.

— Là ! formula Wyatt qui pointa le gobelet à sa droite.

Scottie le renversa. C’était vide. Il leva ensuite celui du milieu pour lui dévoiler la pièce. Le mage se prit les cheveux et ébouriffa ces derniers, de frustration. Il souffla des narines.

— Encore, grogna celui-ci.

Son interlocuteur rusé recommença la partie et cette fois, Wyatt pointa le verre à gauche. La pièce se trouvait dans celui de sa droite. Ils recommencèrent une bonne dizaine de fois et à chaque fois, il s’était trompé de gobelet. Blasé, le mage se recouvrit le visage de honte.

— J’abandonne, grogna-t-il. Tu es trop doué.

— Ouep ! s’exclama Gabriel. C’est un vrai ninja, ma parole !

Scottie pouffa de rire avant de se mettre les mains sur les jambes.

— Je n’irais pas jusque-là, mais je retiens tout ça de mes nombreux entraînements avec Yosuke-sensei et Misaki-san.

Sensei et san ? répondit Flint. On vous entend souvent prononcer les honorifiques des îles, mais j’avoue n’avoir jamais demandé à Misaki ce qu’ils veulent dire…

— C’est un truc culturel. Ça s’apprend. Sensei signifie aîné ou mentor, san est employé pour respecter une personne, peu importe son âge.

— Il dit vrai, confirma Wyatt. Durant mes années d’archivistes à Xu Fahn, les professeurs m’ont beaucoup enseigné sur la culture des îles. Le président aussi connaît plusieurs mots de leur langue.

— Oui, je m’en souviens, ajouta Gabriel. J’étais là le jour où il a formé une alliance avec Daichi. Ça remonte à loin, tout ça…

— Papa m’a appris quelques mots, mais je n’ai jamais été capable de retenir une phrase complète, avoua Flint avec une triste moue.

— Bof, ce n’est pas comme si tu en avais besoin pour survivre, remarqua son mari.

Gabriel passa derrière lui et l’entoura avec ses bras, avant de poser sa tête près de son épaule. Il commença à l’embrasser sur la nuque. Le capitaine trémoussa de plaisir lorsqu’il ressentit le golem contre lui.

— Hé ho, il y a un meilleur endroit pour ça, fit le vampire avant de rire.

— Tu peux te joindre à nous, si tu veux, plaisanta le colosse.

— Eh, sans façon, mais merci pour l’offre.

Ils gloussèrent jusqu’à ce que le colosse ressente un museau lui frôler la cheville. Il baissa la tête. Dia était revenue de sa promenade à l’extérieur du village.

— Ah tiens, notre chienne est de retour, dit-il.

Ouaf ! fit la louve qui remuait la queue gaiement.

— Cette mascarade ne fonctionnera pas tout le temps, vous savez ? formula Flint. Tôt ou tard, on va devoir la dissimuler à nouveau.

Arrrou ? couina Dia qui se laissa tomber sur le dos, les quatre pattes en l’air.

Le blond secoua la tête. Gabriel le laissa se pencher et l’observa qui flattait déjà le ventre de l’animal. Quelques villageois leur avaient posé la question, un peu plus tôt, à propos de l’identité de la bête. Ils avaient tous insisté que c’était un husky blanc. Dia adorait sa liberté et n’hésitait pas une seconde de se comporter comme un véritable chien domestique.

— Mais c’est vrai que tu joues très bien ton rôle, ma cocotte, déclara Flint. Même que je te trouve plus adorable que d’habitude.

— Hi hi hi, gloussa l’esprit. Merci.

Elle se releva et lécha son porteur au visage avant de trotter vers la calèche. Elle grimpa alors aux côtés de Shayne qui lui caressa la tête.

— Décidément, elle en profite, remarqua Gabriel.

Pendant ce temps, Scottie retourna son attention sur Wyatt.

— Alors, tu t’es calmé ? lui demanda-t-il.

Ce dernier hocha la tête

— Oui… Je crois que je peux lui parler maintenant.

L’exercice de rapidité de Scottie lui avait fait oublier pourquoi il avait fait oublier son anxiété. Il se sentait prêt à affronter la magicienne, maintenant qu’il avait eu une bonne discussion avec les autres hommes de sa brigade.

— Que comptes-tu lui dire, dans ce cas ? lui demanda Flint. Quelque chose de romantique ?

Les joues de Wyatt rougirent. Il repoussa ses lunettes sur le haut de son nez et gloussa timidement.

Ce fut à cet instant que le groupe des filles revenait du marché. Elles portaient, pour la plupart, des sacs de provisions. Gabriel décida d’aller les aider pendant que Luna s’approcha de Wyatt. Ils s’échangèrent tous deux un regard maladroit, alors que certains de leurs amis les observaient discrètement.

— Ah tiens… il y a quelque chose de différent, chez toi, remarqua le magicien.

— Tu… tu trouves ? interrogea Luna, gênée.

Ils rougirent sur le coup et détournèrent leurs champs de visions dans des directions opposées. Ils étaient si embarrassés qu’ils n’arrivaient pas à prononcer ce qu’ils souhaitaient raconter.

Luna était sur le point de lui dire ce qu’elle avait sur la conscience, lorsqu’un chou tomba en bas du sac de Gabriel. Pour aider celui-ci, la magicienne se pencha nerveusement. Cependant, son meilleur ami fit de même et se cogna la tête durement contre cette dernière. À la grande surprise de tous, ils perdirent connaissance en même temps. Les autres brigadiers tournèrent leurs têtes en direction du golem, qui cligna des yeux, bêtement. Il n’avait pas remarqué les deux corps de ses amis, inconscients.

— Bah quoi ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ? gémit ce dernier, confus.

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