64.2 - Convalescence et complaisance

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— Par contre, Kylie et Scottie me rappellent un peu qui nous étions, à l’époque, continua le golem. Je crois que nous ferions mieux de garder un œil sur eux. Conrad est venu me voir, le jour où on a appris qu’ils feraient partie de notre équipe. Il était inquiet pour nous, car il savait qu’ils sortent de l’ordinaire.

— Moi je les aime bien, dit Flint. La jumelle me fait rire et son frère est adorable, bien qu’un peu timide. Je crois qu’ils ont beaucoup de potentiel, tout comme notre fille. Shayne compte les entraîner un peu plus, quand il ne sera pas trop occupé. Je l’aiderais, si je peux.

— Ils n’ont pas l’air déstabilisés par ma présence, au moins ça, indiqua la louve.

— Mais qui le serait ? réagit Gabriel. Hein ma belle ?

Il lui prit cette fois les joues et lui fit un bisou sur le nez. Elle lui lécha le visage et retrouva son comportement de chien. Il la prit alors dans ses bras, la versa sur le dos et lui fit une caresse sur le ventre. Dia était aux anges, alors qu’elle se faisait traiter comme une petite princesse. Elle adorait plus que tout se fait gâter ainsi.

— Tu m’as manqué toi, dit-elle, heureuse.

— Héhé, je t’adore aussi, fit le colosse.

Un peu jaloux, Flint bouda et secoua la tête. Il allait se lever lui aussi pour aller jouer avec la louve, mais sa côte lui faisait trop mal pour faire quoi que ce soit. Il décida de fermer la lampe de chevet et ferma les yeux.

— Je vais essayer de dormir un peu, si ça ne vous dérange pas.

— Parfait, dit le golem. Je vais aller me préparer un truc à manger et je reviens.

Gabriel baissa sa tête vers la louve qui se trouvait toujours dans ses bras.

— Tu peux venir si tu veux. Si un marin te voit, on dira juste que t’étais une chienne errante qu’on a trouvée près du village. Ils n’y verront que du feu.

— Parfait ! fit Dia. Je sais très bien jouer le rôle d’un husky blanc !

— Tu sais japper au moins ?

— Euh… ouaf ?

Flint se tapa le front.

Ah ce qu’ils peuvent être débiles, ces deux-là… pensa-t-il.

¤*¤*¤

Trois jours après la fermeture de la brèche, soit le 30 mars 3918 AD, le bateau du Capitaine Rodriguez n’avait toujours pas quitté l’île. La reconstruction du village de Cao Cao était plus importante que la livraison de leurs marchandises. Quant aux membres de la Septième Brigade, ils se dirent que Troyd devrait attendre. Il y avait encore des démons qui rôdaient dans les parages et ils se portèrent volontaires pour les traquer et les tuer durant les jours qui suivirent.

Ce jour-là, d’autres bateaux étaient arrivés vers la fin de l’après-midi. Il s’agissait des représentants de la république qui venaient assister les ouvriers. Avec eux se trouvaient quelques guerriers et mages que le Président Artael avait envoyé afin de travailler pour les villageois. Même si l’île était indépendante, il leur fallait un moyen de se défendre. Pour cette raison, on leur avait offert des postes permanents.

Tout ça faisait l’affaire de Rodriguez qui comptait repartir pour Lanartis, d’ici la fin de la journée. Il demanda donc à son équipage, ainsi qu’aux membres de la Septième Brigade de se préparer. Beaucoup de temps s’était écoulé. La plupart de leurs clients ne seraient pas content d’apprendre la raison pour laquelle ils étaient si en retard.

Flint se sentait un peu mieux, mais ne se promenait pas tellement en dehors du bateau. Sa côte lui faisait moins mal. Finalement, il n’avait pas eu besoin de rouleau, ni de plâtre autour de sa blessure. Il s’était contenté d’avaler plein de comprimés pour lutter contre le mal. Ces derniers avaient été préparés au soin de Cassandra qui s’y connaissait dans l’art des médicaments naturels.

Dia se promenait désormais aux côtés de Flint ou bien de Gabriel. L’équipage du bateau avait d’abord été sous le choc, mais la louve se comportait tellement comme un véritable chien qu’ils avaient fini par accepter sa présence. Le colosse allait même jusqu’à se vanter à tout le monde que c’était son nouvel animal de compagnie. Les autres membres de son groupe jouaient tous le jeu.

— Ah, enfin ! s’exclama Kylie, alors qu’elle était penchée au bord d’une rambarde. On va pouvoir partir de cette île !

— Ouais, même si le décor va me manquer, dit Estelle qui se trouvait entre elle et Scottie. C’est quand même dommage que ces villageois aient tout perdu…

— On reviendra dans quelques mois, dit Scottie. La propriétaire des nouveaux bains chauds publics nous a promis à tous des places gratuites. J’ai hâte de les essayer…

— Dis plutôt que tu espères mater le cul de Shayne, hein ? plaisanta sa sœur.

Son frère la toisa d’un air sévère. Estelle rigola. Elle commençait à s’habituer à la dynamique qu’apportaient les jumeaux au groupe, ainsi que leur vulgarité. Tous trois étaient devenus inséparables et partaient souvent en promenades ensemble.

Les parents d’Estelle étaient soulagés de voir que leur fille s’était faite de nouveaux amis. Pour cette raison, ils n’avaient plus besoin de s’inquiéter quant aux nouvelles recrues. Le Conseil avait probablement visé juste quand ils les avaient envoyés avec eux. Artael, tout comme son fils Kyran, savaient que Flint et son groupe sauraient les remettre sur le droit chemin.

Luna et Wyatt se mêlaient parfois aux conversations du nouveau trio et s’entraînaient avec eux, au moins une fois par jour. Quand ils n’étaient pas avec eux, ils préparaient des potions magiques ou bien assistaient les autres brigadiers dans leurs nombreuses tâches. À part ça, ils vivaient dans leur petit monde.

— C’est vrai qu’il est assez beau, Shayne, avoua Estelle. Par contre, il est déjà pris.

— Arrête… Tu viens de briser mon beau rêve, couina Scottie.

— C’est la vie... Soit on est en couple comme mes parents, soit on est hétéro comme Shayne. Décidément, tu n’as pas de chance, mon pauvre.

Elle avait une sucette à bouche depuis quelques minutes. C’était sa troisième depuis ce matin-là. Le jumeau commençait à croire qu’elle allait se changer en friandise vivante, à force d’en consommer autant.

— Sinon, à part ta dent sucrée, on sait peu de choses de toi, mentionna Kylie. C’est quoi qui te motive à poursuivre cette carrière ?

Prise au dépourvu, la petite blonde se gratta la tête.

— Enfin… Je le faisais au départ pour suivre l’exemple de mes parents, mais maintenant je ne sais plus… répondit-elle. Je n’ai pas de bonne réponse à te donner à ce sujet… Je suis juste… là…

Son visage s’assombrit aux dernières paroles. Elle était sur le point de pleurer, lorsque la punk lui mit une main sur son épaule.

— Si ça peut te rassurer, moi non plus je ne sais plus trop ce que je fiche dans une brigade. Je le fais surtout parce que j’aime passer du temps avec mon frère sur la route. C’est moins ennuyant que de rester coincé derrière un maudit bureau. Pas vrai ? Tu me verrais en fonctionnaire ? Bah, moi non plus !

Estelle cligna des yeux un moment et essaya d’imaginer la jumelle dans des vêtements plus professionnels, avec un style similaire à celui de Kyran Markios. Elle pouffa de rire et secoua la tête.

— Oh ça non ! répliqua-t-elle. On a déjà mon oncle qui a l’air du cliché numéro un de tous les bureaucrates vivants sur cette planète. Ne suis absolument pas son exemple !

— Bah voilà ! Moi, j’aime la musique et j’aime une bonne baston ! Tu trouveras bien un truc qui te donneras envie de te lever tous les matins, comme mon frère et moi. Faut juste que attendre un peu. Laisse la nature faire ses choses, comme dit mon père.

— Je ne m’attendais pas à ce que tu me donnes ce genre de conseil, mais merci.

— Pas de quoi, ma belle ! Si tu veux d’autres conseils, je suis ton homme !

Elle monta ses pouces en l’air avec son plus beau sourire niais.

Estelle éclata de rire, tellement elle ne pouvait plus se contenir. Les jumeaux n’avaient pas cessé d’apporter du bonheur dans sa vie, depuis qu’ils étaient devenus amis. Elle regrettait de ne pas avoir pris la peine de mieux les connaître, avant ses seize ans.

— Cool, dit-elle. Mais n’oublie pas que je ne suis pas aux femmes, donc évite de flirter avec moi et je me tournerais vers toi, en cas de problèmes.

— Pas de problème, poulette.

Elle pointa ses index vers la blonde et claqua de la langue deux fois.

La petite blonde leva les yeux au le ciel et secoua la tête. Peut-être que certaines habitudes ne se perdraient pas aussi vite qu’elle ne l’aurait souhaitée. Au moins, elle savait enfin que Kylie ne lui voulait aucun mal.

— T’es folle, soupira le jumeau à sa sœur.

— Ouep ! Et vous m’aimez comme ça, dit-elle avant de se pencher sur la rambarde.

— Attention, banane ! Tu vas tomber !

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