64.1 - Convalescence et complaisance

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Au milieu de la nuit, la côte de Flint réveilla celui-ci. Il s’était massé un peu, non sans gémir de douleur. Le sort de soin que lui avait appliqué Dia avait réparé sa fracture de son mieux, mais il reconnaissait que même la magie la plus avancée ne pourrait tout régler. Il alluma la lampe de chevet de son lit et pencha le regard vers sa blessure. Il remarqua que sa peau avait développé un gros hématome qui partait de sa poitrine et se rendait à sa taille. Il tenta de se relever mais poussa un petit cri de douleur. Il se mordit la main, afin de ne pas réveiller tout le reste de l’étage.

À côté de lui, son mari sursauta et se leva en vitesse. La louve qui dormait à leurs pieds, leva sa tête et se tourna vers son porteur. Lorsque Gabriel remarqua la peau colorée du blond, il grimaça de douleur pour lui.

— Chéri, il vaudrait mieux que tu ne bouges pas trop pour quelques jours, dit-il. As-tu besoin de la glace ? Je peux aller t’en chercher…

— Non, ça ira, mentit Flint qui ne voulait pas inquiéter son époux. Aïe…

La louve s’assied aux pieds du couple et pencha la tête d’un côté.

— Mince alors… Je croyais que mon sort de guérison allait fonctionner…

— Il a fonctionné, expliqua Flint. Seulement, j’ai levé des objets lourds par après et ça a affecté ma blessure… J’aurais dû… me ménager…

— Laisse-moi au moins soulager la douleur, implora-t-elle.

Il n’avait pas eu le temps de répondre que Dia lui lançait déjà un nouveau sort de guérison. Tranquillement, sa souffrance diminua. Il se rallongea à côté de Gabriel et lâcha un long soupir. Il n’avait guère envie de rester cloué au lit pour les prochains jours, mais se dit que ça serait mieux que de se fracturer encore une fois la côte. Lorsque tout le monde se réveillerait, il avait l’intention de demander à Cassandra de lui mettre un bandage autour du corps afin de solidifier ses côtes. Ils n’avaient pas les moyens de faire un plâtre, alors ils devraient improviser avec ce qu’ils avaient à bord du bateau. Peut-être que les gens de Cao Cao pourraient les aider ?

— J’aurais dû t’empêcher d’utiliser tes pouvoirs, ajouta la louve. C’était idiot de ma part de te suggérer tout ça…

— Mais non, Dia… De toute manière, ils avaient besoin de mon aide. Ces démons allaient éclater nos champs de force…

— Oui, mais là c’est ta côte qui en souffre par ma faute…

Dia pleurnicha, alors qu’elle enfuyait son mufle dans la main droite de Flint. Son porteur secoua la tête et lui caressa la nuque.

— De toute façon, le Capitaine Rodriguez n’a pas l’air de vouloir quitter l’île avant que les choses se soient améliorées pour les citoyens, dit le blond. Nous allons sûrement passer quelques jours ici et repartir pour Lanartis. Ça me donnera suffisamment de temps pour soigner cette vilaine blessure. Ne t’en fais pas pour moi…

— Tu sais ce que ça veut dire, par contre, mentionna Gabriel. Fini le sexe pour quelque temps. Pas tant que tu auras la permission d’un expert de la santé.

Flint ricana nerveusement après avoir posé son regard sur celui de son mari. Ce dernier ne plaisantait pas. Même qu’il fronçait des sourcils, l’air de le gronder.

— Pas besoin de rire comme ça, grogna le golem. Ta santé passe avant tout.

— Je sais… dit Flint. Pardon.

— Très bien, rallonge-toi, ma puce. Tu as besoin de sommeil.

Le blond se mit à rougir et obéit à son mari. Il se laissa alors glisser sous ses couvertures et remit sa tête sur son oreiller. La louve lui lécha la main et retourna se coucher aux pieds des deux tourtereaux.

Quant à Gabriel, il caressait la tête de l’animal. Il avait commencé à le faire, le jour où elle était devenue la partenaire de Flint. Ils la traitaient un peu comme leur chienne de compagnie. Le retour de Dia avait, comme qui dirait, réveillé de vieilles habitudes en eux. Elle appréciait d’être gâtée.

L’estomac du golem commença toutefois à gargouiller, ce qui le gêna.

— T’as encore faim, chéri ? demanda son partenaire.

— Je n’ai pas beaucoup mangé pour souper, hier. Tout ce stress à cause du village… ça m’a coupé l’appétit.

— Tu peux toujours bouffer Dia.

Flint plaisantait, mais la louve tourna son visage vers lui, boudeuse. Elle retourna ensuite son menton dans les mains de Gabriel.

— Allons, qui voudrait manger un si beau toutou ? mentionna le colosse qui chatouillait la nuque de Dia. Elle est toute mignonne.

La longue queue touffue de l’animal secoua dans tous les sens, une fois ces paroles entendues. Elle avait le comportement typique d’un chien de garde.

— Lui au moins, il sait comment parler aux dames, s’exprima Dia. Oh, gratte-moi plus bas, s’il te plaît…

Gabriel lui gratta le torse et elle se mit à taper de la patte inférieure gauche, sur le lit. Un réflexe qu’elle avait développé quand elle était dans les vapes. Il se pencha alors vers elle pour lui donner une bise sur le front.

— Heureux de te retrouver parmi nous, ma belle, dit-il. On devrait célébrer ça, demain. Si jamais j’ai le temps, je te cuisinerais un bon steak saignant.

— Oh, Gabou, t’es un amour ! couina la louve.

— De rien, ma chérie en sucre…

Flint se recouvrit le visage des mains, embarrassé.

— Vous allez me rendre malade, avertit ce dernier.

Il enfouit son visage sous sa couverture et essaya de se rendormir.

Gabriel fit une dernière bise à Dia avant de se lever du lit. Il était à moitié nu, et ne portait que des sous-vêtements. La louve remarqua qu’il avait un peu changé en quatre ans. Son ventre et sa poitrine étaient un peu plus ronds, mais il était beaucoup plus musclé aux bras et aux jambes. Il assumait parfaitement ses nouvelles rondeurs et cela ne semblait pas déranger le reste de son groupe.

Dia avait aussi constaté que Flint était beaucoup plus musclé qu’avant. Tous deux avaient évolué, chacun à leur façon.

Tout ça lui avait fait réaliser à quel point les choses avaient changé. Pour elle, seulement un mois s’était écoulé. Elle avait l’impression qu’un détail important lui avait été arraché de ses souvenirs. Cela l’embêtait.

— On a disparu longtemps, pas vrai ? dit-elle, inquiète.

— Quatre ans, quand même… C’est beaucoup, répliqua Gabriel.

— Tout le monde a changé, à part moi…

— Mais non, même pas vrai.

Elle secoua la tête et s’assit sur le lit.

— Estelle est désormais adolescente et travaille pour vous, commenta celle-ci. Shayne a une barbichette, Flint est aussi musclé que Nash l’était avant de mourir, et toi… Disons que… Bref… Tu vois où je veux en venir. J’ai l’impression qu’on m’a joué un très mauvais tour et je ne comprends plus rien…

Gabriel baissa son regard vers son ventre massif et le caressa des deux mains.

— Mouais, j’étais plus mince que ça, la dernière fois que tu m’as vu, avoua-t-il. Mais ça ne change pas que nous sommes toujours les mêmes personnes.

— Tu m’as l’air de t’être complètement épanoui, en tout cas.

— Tu trouves ? Je suis toujours aussi timide d’enlever mes vêtements en public… mais je ne te cacherais pas que j’ai toujours apprécié mes formes.

— Je ne parlais pas de ça, mais du fait que tu t’adresses à tout le monde avec un sourire aux lèvres. Avant, c’était à peine si tu pouvais entretenir une conversation avec des inconnus.

— Oh…

Il rougit et hocha la tête.

— Je crois qu’à force de fréquenter Shayne et les autres, j’ai fini par développer une meilleure estime de moi-même, répliqua-t-il.

— Et Flint est devenu aussi responsable et respectable que son oncle, ajouta Dia. Ça m’étonne quand même… J’ai l’impression d’être tombée dans une réalité différente de celle que j’ai quittée.

Le blond écoutait la conversation en silence. Il n’avait pas éteint sa lampe de chevet parce qu’il n’avait pas sommeil. Cependant, ce qu’elle disait lui faisait réfléchir au parcours qu’ils avaient emprunté pour changer autant.

Il était vrai qu’ils faisaient tous deux beaucoup plus de musculature qu’avant, mais Flint se sentait toujours bizarre lorsqu’on le comparait à son oncle.

— Allons, qu’est-ce que tu racontes, Dia ? demanda-t-il. Je n’ai pas tellement changé. Il est vrai que je suis un peu plus mature qu’avant, mais je suis toujours le même casse-pied que les conseillers ne peuvent pas supporter.

— Et pourtant, tu as désormais la brigade dont tu as toujours rêvé, déclara son mari. Ça t’aura pris du temps à t’adapter, mais tu t’es très bien débrouillé depuis ce jour. Même Shayne a reconnu que tu as beaucoup mûri.

— Peut-être, mais la plupart des gens qui travaillent pour mon père me détestent.

Flint s’esclaffa.

— Il faut dire que tu étais vraiment un cas spécial, il y a quelques années… ajouta le colosse. Heureusement pour nous, tu as appris de tes erreurs…

Le blond lui fit une grimace. Il conservait malgré tout un côté enfantin qui resurgissait seulement lorsqu’il était entouré de ses meilleurs amis. Il faisait désormais de son mieux pour éviter de se retrouver au centre des nombreuses controverses qui entouraient sa famille.

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