61.1 - En route pour Archenwald

7 minutes de lecture

Le lendemain, Flint se promenait au couloir des dortoirs en pleine forme et heureux de profiter de cette magnifique journée afin de s’en remettre des derniers jours. Il croisa Shayne Wolfe qui sortait de sa chambre, celui-ci la partageait avec Cassandra.

— Bien dormi ? demanda le capitaine.

— Je ne dors jamais, répondit le vampire.

— Ah oui… j’avais oublié. Et notre amie, comment va-t-elle ?

Une voix féminine répondit à la place du général.

— Je vais bien, merci, répliqua-t-elle.

C’était la guérisseuse. Flint n’était toujours pas habitué à la voir avec une chevelure aussi courte. Ses oreilles pointues étaient un peu plus petites que celles du vampire, mais attiraient l’attention du capitaine.

— J’espère que Gabriel et moi, on ne vous a pas trop dérangés, cette nuit… Nous dormions en face de vous, après tout…

Il pointa la chambre derrière lui ; la porte était grande ouverte.

— On commence à en avoir l’habitude, remarqua le vampire.

Il roula des yeux, alors que Cassandra gloussa.

— Et où se trouve-t-il ? demanda celle-ci.

— Il est parti se laver, mentionna Flint. Ensuite nous comptons aller manger.

— D’après l’équipage du bateau, nous n’arriverons pas à l’île de Cao Cao avant cet après-midi, ajouta Shayne. C’est plus tôt que prévu, mais ça devrait le faire. Nous devrions profiter de cette occasion pour régler le conflit entre Estelle et Kylie.

— Je ne pense pas qu’on devrait intervenir, dit Cassandra derrière lui. J’ai déjà essayé d’adoucir tout ça, hier. Donnons-leur une période d’adaptation. Si rien ne change d’ici une semaine, nous devrons régler ce problème autrement.

Le capitaine et le général hochèrent la tête en même temps. Ensuite, Gabriel sortit d’une pièce, habillé avec des vêtements plus légers que la veille. Flint remarqua qu’il avait utilisé une huile à la vanille dans son bain. Il adorait cet arôme.

— Bon matin à vous ! s’exprima le golem aux trois autres. Prêts pour une autre magnifique journée ?

Flint gloussa alors que le général et la soigneuse s’échangèrent un petit sourire. Ils avaient deviné pourquoi il était de bonne humeur. Après une partie de jambes en l’air, Gabriel était toujours ainsi. Shayne et Cassandra avaient fini de compter le nombre de fois que le capitaine et son mari avaient baisé, au cours de leurs missions. Ils n’arrêtaient pas de dénier qu’ils le faisaient, mais on les entendait tout le temps.

— Bonne journée à toi aussi, répondit Cassandra.

Flint avait déjà pris son bain, un peu plus tôt. Il décida d’accompagner le golem aux cuisines et salua les deux elfes, alors que ces derniers restèrent au couloir.

Le général avait envie de discuter avec son amie guérisseuse. Ils prirent une direction opposée à celle du couple et sortirent sur le pont. Il y avait peu de gens réveillés à cette heure du matin. Les brigadiers avaient l’habitude de se lever très tôt, afin de faire leurs tâches à travers la ville de Baldt ou bien d’entreprendre des missions qui recommandaient beaucoup de temps et de patience.

— C’est toujours aussi étrange de quitter notre ville et de s’en tenir à notre horaire habituel, remarqua Cassandra. J’aurais profité de ce congé pour me reposer, mais j’ai bien peur que mon cerveau ne puisse pas être en mesure de coopérer avec moi.

Elle bailla, cependant, et s’appuya sur la bordure la plus près pour observer l’eau de la mer. Le vampire se plaça à côté d’elle, avant de mettre ses mains dans ses poches.

— Tu devrais aller te chercher un café, proposa Shayne.

— Non, ça ira. Je suis toujours comme ça quand je me réveille…

Elle se tourna toutefois vers lui, inquiète.

— Sinon, as-tu suffisamment de sang en toi pour survivre, quelque temps ? questionna cette dernière.

— Ça ira, dit-il. Si jamais il me venait l’envie de mordre quoi que ce soit, on n’aura qu’à pêcher du poisson. Je pourrais m’abreuver avec quelques-uns d’entre eux, jusqu’à ce qu’on arrive à une île ou sur le continent.

— Du poisson ? J’ignorais que tu pouvais te nourrir avec ça.

— Ça n’a pas le même goût qu’un bon daim, mais je survivrais.

Cassandra n’aimait pas trop l’idée qu’on puisse torturer une créature vivante sous ses yeux. Toutefois, à force de travailler aux côtés du vampire, il lui était arrivé de devoir le nourrir, par moments. Elle avait traqué quelques animaux sauvages comme des lièvres ou bien des perdrix, afin de s’assurer qu’il ne perde pas connaissance. Il lui arrivait rarement d’avoir besoin d’aide. Parfois, un simple oubli était suffisant pour rendre Shayne malade.

— La bonne nouvelle, c’est que je ne produis pas de venin, comme la plupart des vampires, remarqua Shayne. Vous n’aurez qu’à cuir le reste du poisson pour vous.

Cassandra grimaça de dégoûts. Ce n’était pas très hygiénique. Le vampire pouffa de rire alors qu’il observait son expression.

— Je plaisantais, bien sûr, ajouta-t-il. Toutefois, si je les tranche aux bons endroits, je n’ai qu’à couler leur jus dans un verre et boire ce que je peux.

— C’est répugnant, comme idée.

— Désolé.

— Mais bon, si ça peut t’aider à vivre, pourquoi pas ?

Il haussa des épaules. Elle retourna son attention à l’océan.

— Au moins, toi tu n’as pas à t’en faire d’attraper le scorbut, continua celle-ci. Je ne t’ai jamais vu attraper la moindre maladie d’un mortel, depuis tout le temps qu’on connaît. Pas même une grippe.

— Ça me fait penser que Flint déteste les fruits et les légumes…

— Je suis certaine que Gabriel s’en occupera.

— D’aussi loin que je m’en souvienne, il ne mange que des pommes.

— Dans ce cas, on a intérêt à s’assurer que personne ne tombe malade durant notre voyage vers Lanartis. Préviens-moi si jamais tu te sens faible. J’essaierais de te trouver du poisson frais.

Shayne secoua sa tête négativement, et repris :

— Merci, mais ça ne sera pas nécessaire.

Le vampire leva l’une de ses mains de ses poches et déplaça celle-ci au-dessus de la mer. Aussitôt, des vrilles ténébreuses sortirent de ses doigts et se rendirent jusqu’à l’eau. Cassandra haussa un sourcil, elle se demandait ce qu’il faisait, mais quelques secondes plus tard, il tira sur les vrilles et un poisson sortit de l’eau pour atterrir à ses pieds. La pauvre bête bondissait sur le bois. L’elfe recula d’un pas, effrayée par ce qu’elle venait de voir.

— Comme tu peux le voir, je n’ai pas besoin de canne à pêche, expliqua Shayne. Cependant, je sais que tu es végétarienne et que tu n’aimes pas la violence… mais j’ai besoin de me nourrir… Donc…

Son interlocutrice hocha la tête et fit volte-face. Le vampire se pencha alors et ramassa le poisson, pour y planter ses crocs. La chasseuse se sentit mal à l’aise, tandis qu’elle entendit les succions, derrière elle.

Lorsqu’il eut terminé, il jeta ce qui restait à la mer et essuya la bouche. Ce n’était pas assez pour le nourrir, mais il en pêcherait d’autres au cours de la matinée.

— Ce sort… est-ce que tu t’en sers souvent ? demanda la soigneuse.

— Oui, dit-il. Je peux donner la forme que je souhaite à ma magie, afin de m’en servir comme appât.

— Je trouve ça cruel, mais je comprends…

Le vampire s’approcha de son amie et lui passa une main par-dessus l’épaule. Elle saisit l’occasion pour se retourner vers lui et se blottit contre son torse. Malgré l’odeur de poisson, elle se sentait bien en sa présence.

Shayne et Cassandra profitaient enfin d’un moment bien mérité pour s’enlacer et se bécoter sur la nuque ou bien la joue. Puisqu’ils étaient seuls, autant en profiter. Ils avaient été très occupés par le travail durant les années qui avaient suivi la restructuration du Conseil. Ils étaient partis en missions ensemble tellement de fois qu’ils avaient fini par développer des sentiments, l’un pour l’autre. Tranquillement, ils avaient commencé à flirter et à s’envoyer des mots doux. Ce n’était que dernièrement qu’ils avaient eu le courage de sortir ensemble.

— Crois-tu qu’on devrait leur dire, pour nous ? demanda la guérisseuse. Nous n’aurions plus à nous cacher…

— Seulement si tu es à l’aise avec ça, répliqua le général.

— Flint se doute déjà de notre relation.

Elle gloussa et embrassa le guerrier sur la joue. Elle ne pouvait pas supporter son haleine de poisson, alors elle évita sa bouche.

— Bah, on peut toujours le laisser se poser des questions, quelque temps, tu ne crois pas ? proposa Shayne. C’est amusant de le voir se rincer l’œil…

— Oh, mais quel vilain ! s’exprima Cassandra, sarcastiquement.

Elle lui donna une petite tape sur le torse, du revers de la main.

— Le pire c’est que t’aimes ça, poursuivit cette dernière.

Le vampire rit et serra la dame. Il huma son parfum. Elle sentait la groseille et le lilas. Il avait pris l’habitude d’être un peu plus ouvert, avec elle. À force de fréquenter le reste du groupe, il avait développé son sens de l’humour, mais ne l’exprimait pas tout le temps.

— Que veux-tu que je te dise ? mentionna Shayne. J’ai toujours su qu’il avait bon goût. Il ne sait pas ce qu’il manque…

Il bougea ses biceps rapidement et celle-ci rougit timidement.

— Pfft ! Ce que tu peux être idiot, parfois… pouffa celle-ci.

Il l’embrassa sur le front.

Ensemble, ils admirèrent le lever du soleil : l’une des raisons pourquoi ils s’étaient levés, ce matin-là. Il n’y avait rien de plus romantique, d’après Cassandra. Elle adorait aussi observer ce dernier se coucher. Les reflets de l’étoile flottaient déjà sur l’eau, alors qu’elle regardait les constellations.

— Merci de m’avoir accompagné, dit-elle.

— Ça m’a fait plaisir, ma douce Cassie.

¤*¤*¤

Annotations

Vous aimez lire TeddieSage ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0