57.1 - Un vent de changement

6 minutes de lecture

— Je suis crevé, soupira Flint qui s’écrasa sur son lit.

— Quelle journée… ajouta Estelle, qui s’assit à côté de lui.

Le blond tourna son visage vers sa fille et lui mit une main sur l’épaule.

— En tout cas, tu t’es battue comme une grande. Je suis fière de tout ton cheminement.

La fille du capitaine rougit timidement et sourit.

— Allons, je n’ai fait que suivre les conseils de Luna et Wyatt…

Flint secoua la tête et serra Estelle contre lui. Elle gloussa et prit les mains de son père, tendrement. Maintenant adolescente, Estelle Markios était en âge de travailler. Récemment, elle avait intégré la Septième Brigade et son père était toujours leur capitaine. Elle s’entendait déjà avec les anciens membres, à son plus grand bonheur.

Au fil des dernières années, elle avait appris à contrôler les éléments et compris rapidement qu’elle n’avait pas d’élément propre à elle, tout comme Gabriel. Toutefois, elle arrivait à lancer des sorts ; ce qu’il ne pouvait pas faire.

— Ne sois pas si modeste, déclara une voix forte en face de Flint et Estelle.

Ils levèrent leurs regards et ils virent Gabriel s’approcher du lit. Il portait son armure en fer et sa grosse hache par-dessus ses épaules. Recouvert de sueur, le golem avait besoin d’une bonne douche. Il souriait de voir son mari et sa fille discuter ainsi.

— Il faut dire que tu fais une très bonne cible, plaisanta le Flint.

Le colosse roula des yeux et secoua la tête.

— Ce n’est pas parce que je suis résistant aux sorts élémentaires que tu dois te moquer de ma condition, chéri, répliqua celui-ci.

— Oh, mais je ne me moque pas ! Je dis seulement que tu es un adversaire redoutable.

Il lui fit un clin d’œil complice. Gabriel ne put s’empêcher de sourire.

— Pfft… idiot, formula-t-il, sur un ton qui se voulait affectueux.

Flint lâcha sa fille et s’allongea sur le lit.

— Qui prend sa douche en premier ? demanda celui-ci.

— Papa en a plus besoin que nous, répondit Estelle.

— Mouais, ça schlingue là-dedans… mentionna le colosse.

Il tira sur son armure par le collet et rajouta :

— Je vais devoir envoyer tout ça aux forgerons.

— Encore ? demanda Flint. Ce ne serait pas plus simple de changer d’armure ?

Le golem secoua la tête et commença à déboutonner son plastron. Il avait laissé son heaume et ses gants à l’entrée de leur chambre. Aussitôt le haut de sa cuirasse enlevée, une forte odeur envahit la pièce. Flint et sa fille se bloquèrent les narines rapidement. Gabriel se gratta l’arrière de la tête, embêté.

— Beurk ! Range-moi ça, Papa, couina la petite blonde.

— Je vais mourir, plaisanta Flint, quoi qu’il fût en train de tourner au vert.

— Vous ne m’encouragez tellement pas, riposta Gabriel. Bonjour l’esprit familial.

En quatre ans, la chambre du couple s’était fait agrandir par les architectes du palais. On avait fusionné celle-ci à la pièce d’à côté, afin de leur offrir une petite cuisine et une pièce supplémentaire où Estelle pouvait dormir à son aise et y passer du temps, en toute intimité. Ils n’avaient plus besoin de descendre au réfectoire pour leurs repas, mais le faisaient quand même, par habitude. Parfois, ils invitaient des amis à venir manger à leur appartement. Le tout était épousseté par les servantes.

— Sinon… dit Estelle qui se tourna vers Flint. C’était quoi le truc que tu comptais m’annoncer, après l’entraînement ?

— Ah, ça ? Bof, rien de grave. Il va y avoir quelques changements dans les équipes. Le Conseil nous a assigné, ce matin, deux membres de la Première Brigade.

— Ça ne fait pas un peu trop à gérer ? questionna Gabriel.

Celui-ci avait éloigné son armure pour la ranger dans leur coffre.

— Allons, ce n’est pas la fin du monde si nous sommes neuf, répliqua le grand blond. De toute manière, nous sommes tous dans la même galère avec le nombre de nouvelles recrues qui augmente chaque mois.

— J’imagine que tôt ou tard, Shayne va devoir engager de nouveaux capitaines, n’est-ce pas ? mentionna le golem.

— C’est ce qui s’est dit lorsque j’ai assisté à la session de ce matin.

L’adolescente fronça des sourcils ; son père blond était en train de l’ignorer. Elle tapota sur son épaule, afin d’attirer son attention.

— Ah ouais… Les nouveaux brigadiers, reprit Flint. Il s’agit des jumeaux Sanders. Les enfants de Conrad, à vrai dire. Tu les connais, non ?

Le visage d’Estelle se crispa de dégoût. Elle ne pouvait pas supporter la jumelle et son caractère très provocateur. Quant au jeune homme, celui-ci ne devrait pas lui causer de problèmes. La blonde avait déjà échangé brièvement avec lui, par le passé, mais n’aimait pas se tenir près de sa sœur. Elles ne s’entendaient pas du tout.

— Scottie, je veux bien, remarqua l’adolescente. Mais Kylie ? Plutôt mourir que de devoir me l’endurer durant nos missions.

Son père blond soupira.

— Je sais, cette jeune femme n’est pas très appréciée de la gent féminine, à cause qu’elle flirte beaucoup avec elles… Cependant, cette jeune femme a besoin d’encadrement. Son père ne sait plus quoi faire d’elle, alors il aimerait que Gabriel et moi, puissions lui donner un coup de pouce. Elle refuse de s’adapter… Elle est très anarchiste. Conrad s’est dit que d’autres gays pourraient l’aider à se trouver une place à Baldt. Ruby a besoin d’un congé des jumeaux, donc c’est à nous de les accueillir.

— Il nous fallait plus que ça, soupira Estelle. Une Troyd au féminin.

Estelle tenait ce sarcasme de son enseignante, Luna Kelly. Elle n’avait plus rien de la petite fille adorable qui passait son temps à jouer à la poupée. Plus le temps avançait et plus elle devenait une jolie demoiselle, avec la langue bien pendue. Son entourage avait fait en sorte qu’elle devienne une adolescente éduquée et sarcastique. Par moments, ses parents se demandaient ce que ses mentors pouvaient bien lui enseigner pour qu’elle ait développé une telle attitude.

— De nouveaux amis ne devraient pas te faire de mal, ajouta Flint. Tu passes trop de temps en compagnie de Luna et Wyatt. Ça va te faire du bien de rencontrer d’autres jeunes. J’espère que tu feras ta part pour qu’ils se sentent bien…

— Suis-je obligée de devenir leur amie ? protesta la petite blonde.

— C’est pour ton bien, insista Gabriel.

Celui-ci s’était déplacé au bureau, en face de leur lit. Il ramassa du linge propre et se dirigea vers la salle de bain, où il comptait prendre sa douche.

— Mais Papa ! se plaignit Estelle. Cette meuf m’exaspère !

— C’est quoi ce langage ? dit alors Flint, au regard confus.

— Du verlan, rouspéta l’adolescente.

Elle se croisa les bras et tourna son regard dans une direction opposée de celle de son père blond. Celui-ci trouvait que son attitude lui paraissait soudainement familière, comme s’il avait déjà rencontré quelqu’un comme ça, par le passé. Depuis quatre ans, son mari et lui avaient des trous de mémoires en ce qui concerne l’invasion du culte de Perséphone. C’était comme si quelqu’un avait trafiqué leurs souvenirs.

— Verlan ou pas, ce n’est pas comme ça qu’on t’a élevé, petite, remarqua Flint. Essaie de ne pas dire ce genre de mot en présence de ta famille, d’accord ?

C’était à un moment pareil que l’adolescente avait envie de lui répondre une remarque blessante, néanmoins elle ne dit rien. Elle aimait toujours son père, même si par moments elle n’appréciait pas la plupart de ses décisions. Pour elle, être associé à Kylie Sanders était une sentence de mort.

— Si au moins, elle pouvait se casser, comme l’a fait Troyd, marmonna Estelle.

— Qu’est-ce que t’as dit ? interrogea Flint.

— Rien, rien ! mentit sa fille.

Elle se leva et s’éloigna vers sa chambre. Elle désirait se laver, à présent. Il y avait des douches communes pour les brigadiers, au centre d’entraînement situé près du palais. Elle comptait s’y rendre. Il y avait des compartiments séparés, ce qui permettait à plusieurs personnes de se laver en même temps.

Flint plissa les yeux lorsqu’elle sortit de leur appartement. Elle avait adopté cette habitude de faire des messes basses de Gabriel. Cela inquiétait l’inquiétait. Tous deux avaient tendance à inquiéter les autres, à cause de ce tic.

Puisqu’il n’avait pas envie de prendre sa douche plus tard, il enleva son armure en cuir qu’il laissa tomber près du lit et se ramassa du linge propre. Un moment plus tard, il entra à l’intérieur de sa salle de bain pour aller rejoindre Gabriel sous la douche. Il passa aussitôt ses doigts sur la poitrine de son partenaire…

Annotations

Vous aimez lire TeddieSage ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0