50.2 - Célébrations amères

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— Je ne m’inquiéterais pas pour les clones, dit Shayne. Si l’homme qu’on a capturé n’était pas le bon, il se serait désintégré comme tous les autres.

— Elle dit vrai, répliqua la crécerelle.

Windy était revenu s’établir sur la fontaine, un instant plus tôt. Elle avait aidé un brigadier à repérer une jeune femme blessée, puis aperçut un chien qui avait besoin de sortir d’un immeuble, à moitié effondré. Au bout de quelques minutes, elle était venue reposer ses ailes près du groupe.

— Si Troyd avait le fameux poison en sa possession, il ne serait pas débattu de cette façon pour qu’on empêche de l’emprisonner, ajouta Windy.

— Je n’en reviens toujours pas que cette chose soit si puissante qu’elle puisse désintégrer tout un corps, dit le général.

— Pourtant, elle n’affecte que les clones de leur armée, répondit Lusso. Il vaudrait mieux ne pas en parler en présence de Gabriel, hein… ?

Tous hochèrent à cette remarque.

— Quoique, notre ami est un golem considéré comme le prototype de ceux utilisés par leur armée, dit le général. Je doute qu’il soit vulnérable à ce poison, comme les autres… Son père avait probablement fait une modification sur ses créations, après qu’il se soit rendu compte que Gabriel ne répondrait pas à ses attentes. Si ça se trouve, Narcissa est la source du venin.

Misaki eut des frissons, juste à entendre le nom de la servante. Elle lui en voulait toujours pour avoir menacé les citoyens de la ville, alors qu’elle était sans défense. Bien qu’elle fût reconnaissante envers Flint de l’avoir sauvée, Misaki s’inquiétait pour le bien-être de Gabriel.

— Je n’aime pas qu’on parle de Gab de cette façon… dit-elle. C’est notre ami, ça me fait bizarre qu’on le compare à ces choses.

— Je sais, je sais… mentionna Shayne. Je suis simplement inquiet pour son avenir, comme celui des esprits élémentaires.

La louve pencha sa tête d’un côté, puis souffla des narines.

— De toute façon, on ne part pas pour très longtemps, dit-elle. Lorsque notre tâche sera terminée, nous reviendrons. Il y a d’autres esprits élémentaires en ce monde qui n’appartiennent pas à notre religion, mais ceux-là travaillent aussi dans le but de protéger le voile. Vous ne serez pas seuls très longtemps, je vous le promets.

Cassandra se gratta l’arrière de la tête après avoir entendu ce que venait de leur raconter la louve. D’autres esprits élémentaires ? D’autres religions ?

— Ah c’est vrai… J’avais complètement oublié l’église de Poséidon et des autres, dit l’elfe, fatiguée. Comment se fait-il qu’on n’ait jamais vu ces autres esprits ?

— Aeglys est partagé avec d’autres dieux, mais nous n’intervenons pas dans les affaires des autres religions, lui expliqua Windy. C’est comme ça qu’on nous a conçus, depuis la création de ce monde.

— Voilà pourquoi j’évite ce genre de conversation, expliqua le vampire. Trop compliqué pour moi.

— Il manque toutefois un esprit dans votre groupe, non ? questionna Cassandra.

— En fait, il en manque trois. Kelvin, Bella et Giotto, répondit Dia. Puisque Giotto est en phase de réincarnation et que Misaki porte en elle sa future forme, nous devrons compenser sans lui. Pour ce qui est des deux autres, ceux-ci devront bien se montrer, un jour ou l’autre.

Le vampire poussa un grognement et grinça des dents.

— Vous allez me causer une migraine, déclara-t-il.

La louve soupira avant de regarder ses frères et sœurs, puis décréta :

— Nous partons d’ici vingt-quatre heures. D’ici là, faites vos adieux à vos partenaires et aux autres gens du palais. On se donne rendez-vous ici, à l’aube.

Lusso grimpa sur l’épaule de sa partenaire de combat et l’observa avec tristesse. Il se souvenait à peine des dernières semaines, à cause de l’enchantement de Perséphone et s’en voulait de les avoir trahis. Il commençait à mieux connaître Misaki et son entourage, du moins, et aurait souhaité rester un peu plus à leurs côtés.

— Ça me dégoûte de devoir te quitter si tôt, dit-il avant d’agripper une mèche blanche de la jeune femme. On a tellement de trucs à se dire…

— Eh, pas touche, répondit-elle avant de repousser sa petite patte. Il est vrai qu’on a passé peu de temps ensemble, mais j’ai apprécié ta présence.

— Oh… merci, rajouta celui-ci, timidement.

Sakura couina, tout près de sa mère. Elle pointait Lusso avec intérêt.

— Tu veux jouer avec Tonton Lusso ? demanda sa mère.

Elle hocha la tête et sourit de plus belle.

Le chien de prairie n’avait pas l’air d’apprécier d’être sous l’emprise d’une fillette, mais se dit qu’il devrait coopérer, car cette enfant était aussi sa responsabilité désormais. Il bondit dans les bras de Sakura qui l’attrapa. Elle le serra alors ce dernier comme une poupée. Il grimaça de douleur et poussa un long soupire.

Vingt-quatre heures… hein ? se dit la louve. J’ai le don de prendre des décisions chiantes… mais en même temps, ce n’est pas pour une éternité.

Elle observa ses frères et sœurs s’en aller dans des directions opposées.

Encore fallait-il qu’elle annonce la nouvelle à son partenaire. Elle se sentait déchirée à l’idée de devoir quitter Flint, après tout ce qu’ils avaient vécu, ces derniers temps. Il lui rappelait Nash, avec quelques-unes de ses manières ; elle s’était très attachée à lui.

C’était avec la tête basse qu’elle se rendit lentement au palais présidentiel.

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