49.2 - L'intervention divine

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En quelques secondes, le corps du mage de Perséphone s’enflamma et il cria à l’agonie avant de disparaître dans un tas de cendres. Randell Tabris venait d’être tué dans une combustion magique, dernier cadeau de son élève qu’il venait de poignarder.

— Ne jamais sous-estimer la magie du sang, formula Artael, dans le vide, qui s’était promis de ne jamais en abuser. Heureusement pour moi, je connais cet élément assez bien pour m’en servir, en cas de dernier recours… Après tout, c’est toi qui m’a tout appris, mon maître. Je promets que plus jamais je ne m’en servirais… Adieu.

Sur ses mots, le président s’agenouilla. Les mains magiques avaient disparu à la mort de Randell. Le survivant gémit de douleur, mais s’empressa à retirer le poignard de son ventre. Il grimaça de dégoût et jeta l’arme de côté. Ensuite, il appliqua un sort de soin sur sa plaie ouverte. Une fois sa blessure refermée, il s’adossa contre un mur et s’allongea sur le dos, épuisé. Les disciples et brigadiers continueraient à combattre un peu partout à Baldt, alors qu’il reprendrait des forces. Ce fut avec une foi aveugle qu’il espérait que sa famille en viendrait à bout avec les envahisseurs.

¤*¤*¤

La tête de Serenity roulait toujours à travers le hall et se faisait frapper dans tous les sens par les démons ou bien les brigadiers qui combattaient dans tout ce chaos. Elle criait à qui voulait l’entendre qu’elle voulait qu’on la ramasse. Toujours vivante à cause de sa magie démoniaque, la Déesse Perséphone avait pris le contrôle de la tête tranchée. Elle se sentait forte et puissante, malgré le fait que cette tête soit séparée du corps qu’elle avait conservé durant de nombreuses années !

Il lui faudrait trouver une nouvelle carapace pour y transmettre cette partie de son âme. Si elle voulait vaincre ses ennemis, c’était la seule option qui s’offrait à elle. Ce membre ne lui servirait à rien. Puis, tout à coup, le lien qui l’unissait avec Randell Tabris fut rompu. Son mage, loyal serviteur et celui qui avait préparé cette invasion depuis plusieurs mois, venait d’être tué.

Entre les rafales de flammes et les coups d’épées échangés entre Shayne et lui, Troyd ressentit la détresse de sa déesse. Il donna un coup de pied dans le ventre du général et se mit à courir en direction de la tête.

— Ils l’ont tué… gémit Perséphone entre les mains de son protecteur. Ils ont tué mon prêtre ! Ces salauds ! Troyd, partons !

— Votre corps ne va pas tarder venir dans cette dimension ! Soyez patiente, ma reine ! s’exclama le tyran à sa déesse.

— JE VENGERAI SA MORT !

Troyd se mit à courir à travers les brigadiers, les démons et les disciples, il transportait la tête sanglante ; Shayne se lança à leur poursuite. Cassandra et Luna suivaient le général avant même que Troyd ne soit arrêté à la porte d’entrée par un Gabriel Markios énervé et au regard d’assassin.

— Tasse-toi de mon chemin, gros lard ! aboya l’homme.

Troyd lança la tête de Serenity dans les airs et s’élança en direction de Gabriel, afin de planter son arme dans le bras du colosse - ou du moins il s’essaya, car le gros brigadier avait déjà attrapé l’arme de celui-ci, d’une main et cassa cette dernière en morceaux.

Sous l’air abasourdi de Troyd, il reçut aussitôt un coup de poing dans la figure de la part du colosse et il se retrouva au sol. Ensuite, il se fit piétiner par le guerrier qui entrait dans une colère noire.

— Euh Gab, pas besoin de l’amocher autant, dit Luna qui observait son ami pratiquer sa revanche sur l’homme qui avait tué leur capitaine.

Gabriel devint alors tel un boulet de canon et se laissa tomber sur Troyd, l’écrasant avec toute sa masse et sa puissance, son coude lui servit d’arme qu’il entra dans le corps de son adversaire afin de lui faire perdre le souffle. Enfin, son poids lui servait à quelque chose ! Il était tout fier de son œuvre, sous les regards ébahis de ses camarades. Ensuite il lui donna d’autres coups de poings en pleine figure.

On pouvait entendre Gabriel hurler à travers tout le couloir :

— JE VAIS TE TUER !

La tête animée de Serenity était tombée de l’autre côté de la porte d’entrée. Elle roula en bas des marches du palais ; elle se lamentait et criait à qui voulait bien l’entendre pour qu’on lui vienne en aide, jusqu’à ce qu’une jeune servante sortie d’un coin sombre pour l’attraper. Elle avait de la difficulté à reconnaître la personne qui venait de la ramasser, tellement son visage était recouvert de sang.

— Narcissa, ma jolie rose noire, est-ce toi ? demanda Perséphone, après avoir reconnu l’odeur de son parfum préféré.

— Oui, votre Excellence ! dit la servante.

— Très bien, partons ! Il n’y a plus rien pour nous dans cette ville.

— Mais où est passé votre si joli corps ?!

— Quelque part dans le palais, mais je n’en ai plus besoin pour très longtemps ! Ma véritable figure charnelle va bientôt être des nôtres. Observe le ciel… Il y a déjà des déchirures dans le voile.

La servante leva son regard vers le firmament étoilé de la nuit. Bien qu’il y eût de la fumée un peu partout dans la ville, Narcissa dut admettre que Perséphone avait raison. D’étranges déchirures lumineuses avaient toute son attention, elles étaient d’une faible blancheur et évoquaient les rayons de la lune. Un peu partout, au-dessus de la capitale, les brèches qui séparaient les deux dimensions commençaient à devenir de plus en plus grandes.

Pendant ce temps, à l’intérieur du palais, Flint avait passé les dernières minutes à retrouver les créatures élémentaires converties par la magie noire de Perséphone et à les exorciser. Leurs pouvoirs étaient affaiblis, mais ils étaient enfin de retour à eux-mêmes. Leur énergie vitale avait été absorbée par Perséphone durant le court moment qu’elle les avait portés.

Le grand blond commençait toutefois à s’affaiblir. Ses ailes disparurent au moment où il transforma Windy à sa forme initiale, c’était la dernière créature qu’il sauva. Toute l’énergie spirituelle qu’il avait reçue à cause de l’intervention divine de son oncle était en train de disparaître.

— Que se passe-t-il ?! se dit Flint, déstabilisé.

— Je n’arrive plus à ressentir la présence d’Athéna dans ma tête, gémit la louve entre ses mains. Je perds des forces…

— Dia ? Toi aussi ? Merde…

— Je vais bien… Ne t’en fais pas… Je suis seulement étourdie…

Quant à Gabriel, celui-ci s’arrêta de frapper Troyd lorsqu’un phénomène étrange se produisit sous ses yeux. L’armure de ce dernier était en train de disparaître en fumée, le laissant en sous-vêtements. Ce drôle d’incident le laissa perplexe. Il se leva et regarda Troyd, à moitié nu. Le guerrier bedonnant était fier de son coup et se tapa le torse, alors qu’il montrait à ses camarades qu’il avait réussi à mettre la main sur la pire crapule de toute l’histoire baldtienne.

Le tyran ne comprenait pas pourquoi son armure avait disparu. Les forces spirituelles qui l’avaient entouré jusque-là, l’avaient quitté. Il était couvert de bleus et saignait du nez et ne sentait plus la moindre partie de son corps, mais il était beaucoup plus préoccupé par la disparition soudaine de son équipement que tout le reste. Il paniquait qu’on le voit ainsi, sans vêtements.

Dégoûté par celui qui partageait le visage de son beau-père, Gabriel lui donna enfin un coup de pied solide dans la tête. Troyd perdit connaissance. Le colosse ordonna qu’on enferme le traître dans les cachots, alors que plusieurs démons prenaient déjà la fuite. Un phénomène inhabituel avait changé l’ordre des choses.

Pendant ce temps, les disciples eux aussi comprenaient qu’ils avaient perdu ce combat contre les brigadiers et les gens de la ville. Plusieurs d’entre eux demandaient déjà d’être épargnés, alors que d’autres suivaient les démons en dehors de la ville.

Luna tenta de faire apparaître une flamme du bout de ses doigts et comprit que les forces spirituelles avaient gravement été affectées.

La magie s’est volatilisée, réalisa-t-elle, surprise.

— Dia ? fit Flint lorsqu’il vit que son arme reprenait sa forme animale.

— Je ne ressens plus le lien qui relie notre monde au Saint Royaume, dit-elle.

— Quoi ? Comment ça ?

— Il a été brisé… Quelqu’un ou quelque chose a brisé le flux d’énergie spirituel qui circule entre nos mondes… De ce fait, je ne peux plus utiliser mes pouvoirs…

— Et les démons dans tout ça, pourquoi s’enfuient-ils ?

— Probablement parce que la résurrection de Perséphone a été repoussée, proposa Nox qui écoutait la conversation.

Le blond hocha la tête, à cette affirmation, mais continua :

— Pensez-vous qu’Athéna y soit pour quelque chose ?

— Je ne crois pas que ça soit elle… dit Cassandra.

L’elfe s’approcha du reste du groupe, Windy sur son épaule.

— Du moins, si ce que vous me dites d’Athéna est vrai, votre déesse ne vous aurait pas fait un coup pareil, rajouta-t-elle. Surtout pas aux esprits élémentaires, puisque Windy et les autres sont nos gardiens.

Luna essayait toujours de lancer des sorts, ce fut sans succès.

Dans un chaos inquiétant, les brigadiers essayaient de comprendre ce qui s’était produit durant les dernières minutes.

Pendant ce temps, à l’extérieur du palais, une servante tenait entre ses mains une tête complètement morte. Celle-ci avait cependant un sourire narquois, et descendait les marches du palais alors qu’elle riait aux éclats.

— Ce nouveau corps me convient parfaitement, merci pour ton sacrifice, ma belle ! pouffa-t-elle. Ton père savait ce qu’il faisait en te créant ! Je ressens déjà toute cette force qui pourrait me servir !

Les ricanements se firent de plus en plus fort alors que le nouveau corps de Perséphone s’enfonçait à travers l’obscurité de la nuit. Pendant ce temps, les premiers rayons du soleil commençaient à s’élever à l’horizon.

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