32.3 - La bravoure de Misaki

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Misaki se dirigea alors vers le patio et commença à attacher les draps l’un après l’autre sur les bordures métalliques. Elle remarqua que l’individu était monté sur son balcon à l’aide d’un harpon lancé jusque-là. Lorsqu’elle jugea la corde improvisée assez longue, elle demanda à Estelle de descendre après elle, alors qu’elle demanda à Sakura de s’accrocher à son épaule droite. La plus petite des deux gamines hocha nerveusement la tête.

Une minute plus tard, on défonça la porte de la chambre alors qu’elles atterrissaient près des buissons à l’arrière du palais. Misaki conduit par la suite les deux enfants à l’église ; elle frappa de toutes ses forces à l’entrée principale jusqu’à ce que le Père Shalom vienne lui répondre. Elle lui laissa les enfants, s’excusa de devoir repartir et s’enfonça par la suite dans les ténèbres de la nuit. Le prêtre avait compris qu’elle traquait un ennemi de la ville et avait préféré ne pas lui poser de questions. Elle se cacha donc, pendant quelque temps, dans un coin sombre du quartier marchand.

Elle s’était trouvé un manche à balai qui traînait près de l’auberge, dont elle coupa le bout inutile avec un couteau bien tranchant, qu’elle gardait précieusement à sa ceinture. Pour le moment, elle était seule contre ces individus et ignorait ce qu’ils cherchaient. Ensuite, elle se cacha derrière un buisson de l’église, puis attendit tranquillement que quelque chose se produise. Elle vit alors trois individus sortir des pénombres, depuis le palais et le centre d’entraînement. Ils portaient de longues capes noires. Cassandra ne lui avait-elle pas parlé de ce genre d’individu… ?

Deux d’entre eux semblaient en parfait état alors que le troisième, inconscient, était transporté par ses confrères. Misaki jugea que c’était celui qu’elle avait assommé. La guerrière reconnaissait ces capes pour avoir entendu Nash, Shayne et Cassandra leur parler des représentants du culte.

Ce sont bel et bien eux, se dit la jeune femme. Mais que voulaient-ils dans ma chambre ? Cherchent-ils Yosuke ? Depuis quand la secte est-elle intéressée à lui ? Par tous les esprits, ne me dites pas qu’ils sont venus pour…

Elle cessa de réfléchir sur le coup et décida qu’il était temps d’agir, plutôt que de penser à n’importe quoi. Ces hommes méritaient une sévère correction. Ceux-là n’allaient pas l’empêcher de protéger cette ville durant l’absence de son mari et des brigades. Elle attendit donc le moment propice, pour sortir de sa cachette et massacrer les brigands avec son bâton de fortune.

Mince, j’ai oublié mon sac de bombes lacrymogènes dans ma chambre et mes shurikens, grogna Misaki pour elle-même. Tant pis, je vais faire sans…

Deux des adeptes s’approchèrent de la grande fontaine du marché public. Misaki remarqua que l’eau ne coulait pas ce soir. L’un d’entre eux se pencha et appuya sur quelque chose, la guerrière entendit aussitôt des cliquetis dans l’obscurité. La lune n’éclairait pas assez les individus pour qu’elle puisse voir d’où venait le mécanisme, mais comprit que l’un d’entre eux était en train de descendre un objet sous la fontaine.

Un passage secret ! se dit Misaki.

— Halte-là ! aboya-t-elle, avant de sortir de sa cachette, pour courir vers eux. Plus un geste, où je vous jure que ça va mal se terminer pour vous !

Le deuxième individu éveillé donna un coup de pied sur un morceau de la fontaine, on entendit un autre cliquetis avant que l’immense objet se refermait déjà. Misaki comprit que l’un d’entre eux s’était servi du passage pour transporter leur ami blessé. L’autre allait faire diversion. La guerrière bondit vers le mystérieux personnage et fit pivoter son arme devant elle. Il était équipé d’une hachette et remarqua cette dernière lorsqu’il para son coup. La lumière de la lune brilla sur l’objet métallique.

— Que faisiez-vous dans ma chambre ?! dit la jeune femme.

— Mêlez-vous de vos affaires !

— Mes affaires !? Vous étiez sur le point de tuer ma fille et notre invitée !

— La cible était votre mari.

— Pourquoi donc ?! Qu’est-ce qu’il vous a fait pour mériter un tel traitement ?

— Je ne vais pas perdre mon temps avec vous plus longtemps. Fichez le camp avant que je vous tue. Je vous préviens, je suis sérieux.

Comme toute réponse, Misaki lui planta le bâton dans le nez. Elle entendit un craquement, elle l’avait cassé. Elle visa cette fois les testicules de l’homme.

— Je vois, je vois, vous êtes forte, dit l’inconnu. Désolé mais parler avec vous est une perte de temps, je me casse, dit l’homme avant de reculer quelques pas.

— Attendez une petite minute, je n’ai pas encore terminé avec vous !

L’individu jeta à terre une bombe fumigène et s’éloigna alors que Misaki s’étouffait à cause de la fumée. Cependant, elle avait utilisé ce genre d’arme assez souvent pour comprendre ses effets et comment s’en séparer rapidement.

Ces enfoirés ont volé mes bombes, songe-t-elle en toussant.

Elle retint donc son souffle et courut dans la dernière direction où elle avait entendu du mouvement. Même si elle était consciente que toutes ces activités violentes étaient très mauvaises pour le bébé, la sécurité des autres était bien plus importante que tout le reste. De plus, elle mourrait d’impatience de connaître la raison pour laquelle ils recherchaient son mari.

— Dites-moi au moins pourquoi vous vouliez tuer mon mari ! cria la jeune femme , en pleine poursuite de l’étrange personnage.

— Mais vous allez me laisser ou quoi ?! Je vous ai dit que vous êtes une perte de temps ! Foutez-moi la paix ! lança l’inconnu qui fit tomber un tonneau de fruits et légumes dans la route, dans le but de faire tomber Misaki.

— Je n’abandonnerai pas aussi facilement, désolé ! répliqua cette dernière qui bondit par-dessus le baril.

Une femme ouvrit une fenêtre, au-dessus de sa boutique, après avoir allumé une lumière dans sa pièce.

Elle jeta un regard dans le vide et cria :

— Ce n’est pas fini ce boucan ?! Y'en a qui essaient de dormir ici !

La guerrière et le fugitif ne s’arrêtèrent pas pour autant. Au coin du quartier résidentiel, Misaki perdit la trace de l’homme. Elle lâcha un juron avant de faire demi-tour. Une fois revenue sur ses pas, elle ne s’était pas aperçue que quelqu’un l’avait suivie et elle se prit un coup de pelle derrière la tête. L’un des hommes qui était entré au passage secret sous la fontaine, avait fait demi-tour pour aider son acolyte.

Inconsciente, l’albinos ne serait plus un problème pour leur groupe. Toutefois, elle risquerait d’alerter leur présence dans la ville. L’inconnu se dit qu’il serait mieux pour eux de capturer cette femme, jusqu’à ce qu’ils reçoivent de nouveaux ordres de leurs supérieurs. Il traîna donc celle-ci jusqu’à la fontaine, réactiva le mécanisme du passage, puis glissa le corps inanimé de la guerrière à l’intérieur. Un instant plus tard, la ville de Baldt retrouva sa tranquillité nocturne habituelle.

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