28.1 - La vengeance de la magicienne

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Le marché abondait de gens cet après-midi-là. Depuis les nombreux changements exercés dans la capitale, les touristes commençaient à s’accumuler. Flint avait de la difficulté à se retrouver dans la foule. Il y avait trop de gens autour de lui. Il essayait de se changer les idées après l’incident au bureau de son père.

Foutu Nash, fulminait-il. Jamais capable de me ficher la paix !

Malgré tout, il regrettait son geste. Il s’en voulait d’avoir frappé son oncle et encore plus de s’être comporté comme un lâche. Il recherchait Cassandra et Misaki après s’être rendu au centre d’entraînement, afin de leur demander pourquoi Shayne les avaient convoqués pendant la matinée. Il avait dîné seul et avait demandé à Gabriel de le laisser se retirer des autres pour réfléchir. Mais en ce moment, il avait besoin de voir un visage amical. Il ne voyait ni l’elfe, ni l’albinos nulle part.

Il décida donc d’aller faire un tour à l’église, où il traînait régulièrement afin d’y passer du temps avec la petite Estelle, la gamine qu’il avait rencontrée à Xu Fahn. Celle-ci était orpheline et on l’avait emmené à Baldt afin que les religieux en prennent soin. Elle avait toujours la vieille poupée de Gwen en sa possession. Flint jugeait que la gamine devait avoir au moins douze ans, mais qu’elle était assez grande pour comprendre certaines choses. Elle avait la parole facile et adorait jouer à des jeux de cartes avec lui ou bien des jeux de sociétés.

Le Père Shalom avait remarqué qu’elle n’arrêtait pas de parler de Gabriel et lui sans arrêt. Il se demandait si c’était une bonne idée de la laisser fréquenter ces brigadiers. Il n’était pas contre à l’idée que Flint et Gabriel soient ensemble, mais il ne voulait pas qu’Estelle se fasse à l’idée qu’ils viendraient un jour l’adopter. Il avait besoin de quelqu’un qui serait là en tout temps pour cette enfant, et savait qu’avec les Markios, ça ne serait pas facile. Malgré ses doutes, Flint vint ce jour-là et apporta une petite robe rose pour la poupée d’Estelle, qu’elle avait baptisée Magalie.

— Flint ! couina l’adorable gamine en sautant à la taille de son héros. Merci pour la robe ! Je t’adore, tu sais ?! Mag' va être heureuse !

Flint rougit, puis chatouilla la nuque de l’enfant. Plus le temps s’écoulait depuis leur rencontre, plus il ressentait le besoin d’être près d’elle, afin d’en prendre soin. Il détestait la voir ici dans cet orphelinat, mais savait qu’elle ne manquait de rien sauf une famille. Bien qu’elle se soit fait élever par les anciens rebelles, elle n’avait rien d’une sauvage et n’avait envie que d’une chose : s’amuser et se faire des amis. Il versa une larme qu’il essuya rapidement.

La petite remarqua la réaction du jeune homme, puis le regarda d’un drôle d’air. Elle n’était pas habituée à le voir si triste.

— Qu’est-ce que t’as, Flintounet ? dit-elle. Pourquoi tu fais la sale bouille ?

— Des affaires de grandes personnes… expliqua celui-ci.

— Je n’aime pas ça quand tu es triste, ça me fait de la peine.

— Ça m’accable davantage de savoir que personne n’est encore venu t’adopter. Ni tous les autres d’ailleurs… Vous méritez d’avoir une famille.

— Bah, je ne m’en plains pas. C’est sûr que j’aimerai avoir un papa ou bien une maman, ou bien les deux… Mais bon, je t’ai toi… Puis j’ai Sœur Sarah et Père Shalom… Puis j’ai Sœur Agnès et Sœur Louisa… Frère Bertrand… Ils sont tous gentils avec nous. Mais ils sont fatigués, la plupart du temps et auraient grand besoin qu’on les aide davantage…

— Pas étonnant, vous êtes au moins une bonne vingtaine de gamins…

La conversation avec Estelle se faisait naturellement. Elle était très mature pour son âge, même s’il lui arrivait de donner des surnoms aux gens qu’elle appréciait ou bien de jouer avec sa poupée, à la marelle, se promener à l’extérieur et piétiner dans la bouette ou bien dans la crasse. Elle s’entendait aussi bien avec les garçons qu’avec les filles et avait une personnalité facilement adaptable, d’après ce qu’avait entendu Flint. Bientôt, elle serait adolescente.

— Nounours n’est pas avec toi aujourd’hui… Vous vous êtes disputés ? demanda l’enfant qui penchait la tête d’un côté.

Elle parlait évidemment de Gabriel.

— Non, non, répondit Flint. Il va bien. C’est moi qui ai fait une bêtise. J’ai eu une dispute avec mon oncle… Ça va bien se passer, je crois…

— Suffit de lui faire des excuses, pas vrai ? Tante Ruby me dit toujours qu’il faut apprendre à pardonner et s’excuser lorsque c’est possible… Ça n’empêche pas qu’elle se soit impliquée dans cette grande bataille, il y a des mois…

— Tu es vraiment trop intelligente pour ton âge, tu sais ? Mais trop mignonne…

— Hihi ! On me le note souvent.

Flint souleva Estelle qu’il mit sur ses épaules. Elle était très légère, donc il n’avait aucun problème à la promener ainsi. Normalement, c’était Gabriel qui la promenait de cette façon. Elle adorait les hauteurs et le simple fait d’être au-dessus du golem lui donnait une allure de championne. Flint signala au prêtre qu’il allait se promener avec l’enfant au quartier marchand, après avoir laissé la petite robe à poupée à une nonne qui irait la mettre dans la chambre des enfants. Le Père Shalom lui accorda cette sortie, mais voulait qu’elle revienne pour l’heure du souper. Flint accepta. Il était habitué à ce genre de couvre-feu avec lui, même s’il trouvait tout cela injuste.

Pendant qu’il marchait à l’extérieur, Estelle se plaça en califourchon sur ses épaules et plaça son menton sur la tête de celui-ci.

— Dis, ma puce, demanda Flint. Te souviens-tu de tes parents ?

— Pas vraiment… Tante Ruby m’a dit qu’ils sont morts quelque temps après ma naissance. Je n’ai jamais eu la chance de les rencontrer. J’ignore si elle m’a dit un mensonge pour me protéger… Ça m’embête beaucoup d’ailleurs.

— Moi je n’ai jamais connu ma mère. J’avais mon papa et mon oncle, puis j’avais aussi cette relation compliquée avec Gabriel.

— Pas de maman, ça doit pas être évident… Mais tu es toujours vivant aujourd’hui, donc la déesse veille sur toi, c’est Sœur Sarah qui me l’a dit !

— Et que penserais-tu si tu avais deux papas à la place d’un seul ?

— Euh… Je l’ignore… À vrai dire, cette idée est un peu bizarre, mais je vous aime bien Nounours et toi.

— Ah, ça me fait chaud au cœur… Au moins, ça me donne espoir qu’un jour je pourrai peut-être adopter un enfant et l’élever avec mon mari.

— Pourquoi pas maintenant ? Qu’est-ce qui vous en empêche ?

Flint haussa des épaules, mais il savait déjà la réponse.

— Notre mode de vie est trop imprévisible pour toi, Estelle. Tu finirais par te lasser de nos absences et on perdrait sûrement nos droits de gardes.

— Je suis assez grande pour m’occuper de moi-même…

— Oui, c’est sûr que tu es plus mature que la plupart des gamines de ton âge, mais ça ne veut pas dire que tu es assez grande pour vivre toute seule. D’ici quelques années, tu pourras vivre comme tu le souhaites… Mais pour le moment les gens vont devoir veiller sur toi.

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