À la veille du nouvel an, la plupart des gens s’étaient rassemblés à l’église ou dans les rues afin de célébrer la création de leur monde et l’anniversaire de la Déesse Athéna. Flint et Gabriel avaient passé la soirée dans leur chambre, en toute intimité et bien au chaud, alors que Nash avait préféré souper avec Artael et Daichi où ils avaient discuté des affaires de l’état.

Luna et Cassandra visitaient Misaki à l’auberge rénovée. Cette dernière avait reçu la visite de sa fille et de son mari. Cassandra pouvait enfin rencontrer la gamine dont la guerrière lui avait tant parlé. Sakura avait le visage de sa mère, mais la même couleur de cheveux que son père, ainsi que ses yeux. Elle était petite, timide, mais charmante. L’elfe l’adora aussitôt.

— C’est qu’elle est timide, la petite, remarqua Cassandra qui se pencha en direction de Sakura. Elle est toute mignonne !

Sakura se cacha derrière sa mère, dans sa petite robe fleurie et tenait sa main, alors que son père se reposait, assis sur le lit de la pièce.

— Elle est normalement comme ça avec tout le monde pour les premières rencontres, expliqua la mère de la gamine. Sakura, je te présente de bonnes amies…

Misaki se tourna vers sa fille et la prit dans ses bras, afin de la mettre à la hauteur de Cassandra et de Luna. La petite examina l’elfe un moment, puis la magicienne, avant de se retourner contre la poitrine de sa mère où elle enfonça son visage, timidement. La magicienne gloussa, puis roula des yeux, alors que Cassandra sourit.

Shayne, de son côté, avait décidé de fêter le réveillon avec Kyran et quelques brigadiers, au réfectoire. Depuis la défaite de l’ancien président, il s’était rapproché des autres gardes du palais et s’était tissé plusieurs liens d’amitiés avec eux. Artael avait été si impressionné par sa maîtrise des armes et ses prouesses, lors du conflit, qu’il l’avait promu au poste de général de la nouvelle armée.

— Mais je… En êtes-vous sûr, Monsieur Markios ? avait demandé ce dernier au président par intérim. Qu’en est-il de mon devoir de protéger votre frère et votre fils ?

— Tu as fait de l’excellent travail jusqu’à présent, avait répondu son interlocuteur. Mais je crois que tes talents seraient mieux utilisés au sein de notre armée.

— Je vois… Je vais réfléchir à votre proposition et vous répondre dans les plus brefs délais, si ça ne vous dérange pas.

Il avait fini par accepter la proposition, quelques heures plus tard, malgré le fait que son ancien poste dans la Septième Brigade lui convenait toujours.

La réforme n’avait non seulement affecté les budgets et la politique, mais aussi l’armée. Désormais, quand on rejoignait les brigades, on devenait automatiquement soldats pour la république. Autrefois, les soldats étaient seulement affectés au palais et à la capitale. Maintenant, ils étaient responsables de toute la région. Voilà pourquoi on avait créé de nouvelles brigades. On avait aussi rajouté de nouveaux membres aux anciennes équipes et on leur avait donné de nouvelles responsabilités pour certains.

La famille de Ruby était venue s’installer à Baldt vers la fin de novembre. Quelques jours au début de décembre, ils avaient racheté la vieille forge du quartier des marchands et l’avaient rénovée. De temps à autre, on pouvait y voir la nouvelle capitaine de la Première Brigade, durant ses journées libres. Ruby aimait les aider ou bien leur servir de représentante à l’entrée de leur boutique. Baldt n’avait jamais été aussi vivante que depuis les premières années où l’électricité avait été découverte.

Le nouveau Conseil avait compris qu’il faudrait bientôt songer à répandre le système d’énergie dans d’autres villes et villages ; Artael avait donc fait adopter un projet de loi qui demandait aux gens de la capitale de redoubler d’ardeurs et de vendre un maximum d’articles aux touristes. Au bout de six mois, il récolterait une taxe dont il se servirait pour faire construire des panneaux d’électricités et d’autres systèmes hydroélectriques dans différents secteurs de la république. Certes, plusieurs se retrouveraient sans électricité durant les saisons froides, mais au moins le progrès dans leur région permettait de faire avancer les choses.

Parfois, certaines personnes parlaient en mal de l’ancien président en face d’Artael qui devait encaisser les insultes pour son père adoptif. Chaque fois, il leur répétait qu’il ne fallait pas en vouloir à l’homme qui avait été caricaturé par l’ancien Conseil, c’était surtout à cause d’eux qu’on avait fini par le traiter comme un démon. Lui-même, avait dû se rendre à l’évidence que Virgile n’avait plus toute sa tête durant les dernières années de sa vie et qu’on l’avait réduit à l’état d’un esclave.

Lorsqu’il avait mené les troupes des rebelles à la capitale, il avait ordonné qu’on siège la salle du Conseil et que personne n’en sorte sans son autorisation. Ce n’était pas du président dont il fallait se débarrasser, mais de ses acolytes et de ceux et celles qui le manipulaient.

Au mois de février, les choses s’étaient calmées et durant la campagne électorale, Artael avait mené un dur combat contre ses adversaires avant de remporter le poste de présidence avec quelques votes en plus. Il savait que certaines personnes ne l’avaient toujours pas pardonné d’avoir fait secouer les choses dans la capitale et l’avait ressenti lorsqu’on lui avait lancé quelques remarques acerbes durant l’un de ses nombreux discours.

— MEURTRIER ! avait crié une vieille dame, une ancienne du village.

Artael avait décidé d’ignorer ses paroles et poursuivi son monologue malgré tout.

Le Conseil était le même qu’il avait formé lorsqu’on l’avait nommé temporairement à diriger la nation. Tant mieux ! s’étaient dit plusieurs représentants des brigades. Le palais n’avait jamais été aussi vivant. Ça grouillait de monde partout, même que la bibliothèque n’avait jamais été aussi pleine. Luna fut engagée par Artael en tant que nouvelle bibliothécaire, mais celle-ci dû embaucher d’autres personnes pour l’assister dans son travail. Kyran de son côté avait été promu au poste de ministre des diplomaties étrangères, ainsi que membre du Conseil.