24.1 - Un moment de répit

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Novembre était arrivé.

Quelques jours après la révolution, les choses recommençaient à suivre leurs cours normaux dans la ville, à l’exception des nouveaux bâtiments qui étaient en train d’être construits au quartier résidentiel. Certaines personnes dans les rangs des rebelles avaient rejoint le nouveau conseil formé par Artael Markios et celui-ci incluait déjà Daichi Hatsuki, l’ancien chef de la rébellion.

Au centre du cimetière de la ville, on avait fait édifier un monument historique où l’on avait enterré plus de quarante personnes qui avaient perdu la vie au cours de ce conflit – alliés ou ennemis, ainsi que le cadavre du défunt président.

Sur la fosse commune, on y avait écrit : « Que leurs âmes puissent reposer en paix, pour le bien qu’ils ont apporté à notre république. »

D’autres citations avaient été ajoutées ici et là, ainsi que les noms de toutes les victimes de cet événement. On pouvait y trouver de nombreuses fleurs à chaque jour qui s’écoulait. La capitale était en deuil, mais aussi rempli d’un sentiment de renouveau. Les choses allaient changer.

Même Gretta Doyle, qui avait fini par accepter la mort de son mari, avait décidé qu’un peu de changement ne lui ferait pas de tort. Elle avait vendu sa ferme et décidé de devenir une marchande ambulante avec sa fille. Derek avait opté pour rester à Baldt, car il souhaitait devenir brigadier et rendre hommage à son père qui avait autrefois été l’un des leurs.

Misha n’avait pas apprécié d’abandonner son frère, mais savait qu’il avait trouvé sa voie. Elle espérait en apprendre davantage sur les parfums durant son voyage avec sa mère. Elle désirait aussi se trouver quelqu’un avec qui passer le reste de sa vie, si la chance lui souriait. La famille Doyle avait donc été séparée, mais n’en était pas décousue pour autant. Ils s’étaient faits la promesse de s’écrire des lettres régulièrement et de se tenir au courant de toutes leurs nouvelles.

— Adieu, mon fils, avait dit Gretta à son enfant. Nous te ferons savoir comment notre trajet se sera passé lorsque nous serons arrivées à Lanartis.

— Soyez prudentes sur la route, avait répliqué celui-ci avant d’embrasser sa mère et sa sœur sur leurs joues. Je vous aime.

Le cœur gros, Derek s’était rendu au palais présidentiel afin d’y poser sa candidature aux bureaux administratifs. Il fut accepté aussitôt. Artael l’avait rencontré la journée même pour l’assigner à la Première Brigade qu’il avait reconstruite suite au départ de son frère aîné. Troyd était toujours recherché pour trahison à la république. Un nouveau capitaine dut être nommé et Ruby avait obtenu ce poste. Cette dernière avait vaillamment combattu aux côtés de Flint et de Conrad alors qu’ils étaient arrivés du campement avec les rebelles.

L’arbalétrier avait obtenu une place dans la même équipe, en compagnie de ses enfants adolescents qui étaient restés aux montagnes, durant l’occupation de Xu Fahn. D’autres personnes avaient été sélectionnées pour les rejoindre. Artael leur avait donné comme première mission d’escorter des ouvriers à Kritz afin d’aller les aider à réparer l’église délabrée de leur communauté.

Artael se fichait des dettes et des commentaires des anciens conseillers. Il devait absolument s’assurer du bien-être de ses sujets coûte que coûte. Afin d’aider l’économie, plusieurs des anciens rebelles s’étaient installés à la capitale et avaient ouvert des fermes et des boutiques.

Au beau milieu de décembre, plusieurs des constructions furent terminées. La population de Baldt avait décuplé. Pour cette raison, on avait fait agrandir l’auberge du quartier marchand et on en avait créé une autre au sud de la ville, puisque les touristes se faisaient de plus en plus nombreux.

Alors que tout le monde récupérait de cet incident ; Nash et Flint, qui s’étaient disputés à maintes reprises depuis Xu Fahn, recommençaient à discuter… bien que l’atmosphère était parfois toxique entre eux.

— Tu aurais dû m’écouter, lui reprocha Nash, une fois, alors qu’ils dînaient tous deux avec les autres membres de la Septième Brigade.

— Non, répliqua sèchement Flint. Toi, tu aurais dû m’écouter. Ces gens avaient besoin de notre aide et tu leur as tourné le dos. Et puis de toute façon, papa était dans le coup. Si tu as une personne à accuser, c’est lui, pas moi !

Misaki, qui en avait marre que l’oncle et le neveu se chamaillent tout le temps, prit son bâton et les frappa l’un après l’autre derrière la tête, comme une mère stricte qui grondait ses petits. Cela avait surpris tout le monde.

— Ça suffit, vous deux ! Ce qui est fait, est fait ! grogna-t-elle. Nash, les intentions de Flint étaient nobles, essaie de comprendre qu’il a fait ça parce qu’il se sentait mal pour ma cause.

— Oui, mais je… commença Nash.

— Je m’en fiche ! Flint a quand même agi de son plein gré ! Tu devrais avoir honte de t’en prendre à lui ainsi, alors qu’il ne voulait que notre bien !

Le capitaine rougit et ravala sa fierté. Misaki ne s’arrêta pas là pour autant, elle se tourna vers le blond et le fusilla du regard.

— Et toi… soupira-t-elle. Arrête de prendre ton oncle pour un imbécile ! On le sait tous que tu désires avoir ta propre brigade, mais Nash fait de son mieux à chaque jour pour gérer les choses ! Tu n’imagines pas à quel point tu lui mets beaucoup de pression sur le dos ! Je te suis reconnaissante pour ton aide durant le conflit, mais s’il te plaît, essaie de lui ficher la paix, un peu ! On en a marre de vous voir vous chamailler tout le temps ! Ça affecte nos missions en plus !

Elle pointa Luna et Cassandra qui étaient silencieuses, à l’autre bout de la table. Luna semblait agacée par le comportement de Nash et de Flint, mais Cassandra était dévastée que leur relation ne s’arrangeait pas. Gabriel de son côté préférait ne pas se mêler de cette rivalité, il commençait honnêtement à en avoir marre, lui aussi.

— Je… je comprends, dit Nash. Je suis désolé que vous vous soyez tous sentis mal à cause de notre comportement.

Flint approuva, puis se mit les mains derrière la tête.

— Je vais faire un effort, dit-il. Pardon, mon oncle.

— Moi de même, répliqua le capitaine.

— Très bien… Recommençons à manger, dit Misaki qui se rassied.

Le reste de ce dîner se déroula en silence, bien que le malaise ait provoqué quelques fous rires entre l’oncle et son neveu, ainsi que le reste du groupe.

— De vrais gamins, expira Luna qui se recouvrit le visage, exaspérée.

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