22.3 - La colère de Nash

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Alors qu’ils marchaient en direction du campement des rebelles, Ruby questionnait le jeune homme qui s’était joint à eux. La responsable du groupe n’avait pas insisté pour qu’il reparte, mais était quand même intriguée par la tournure de la situation. La nuit avait recouvert le ciel de son voile nocturne et le jeune homme était résolu à passer à l’action. Il n’était pas très bavard, mais semblait s’être attaché à la petite fille à qui il avait offert une poupée en porcelaine, un peu plus tôt.

— Tu peux toujours retourner chez toi si tu le souhaites, nous ne te retenons pas, dit l’un des rebelles qui s’était rapproché de Ruby et de Flint.

— Non, je reste, déclara Flint sur un ton résolu. Si mon oncle refuse de passer à l’action, dans ce cas je le ferai de mon plein gré.

Oui… mais est-il conscient dans quoi il s’embarque ? se dit la cheffe du groupe.

— Pas besoin de t’en faire, il a fait son choix, dit l’arbalétrier à sa supérieure.

— Conrad, répliqua la jeune femme. Ce n’est pas tous les jours qu’un brigadier quitte la capitale pour rejoindre nos rangs, alors excuse-moi si je suis sous le choc. Imagine si l’un des nôtres nous trahirait pour rejoindre leur brigade…

— N’est-ce pas ce que Misaki a fait ? demanda Flint. Elle a rejoint les brigades et en ce moment même doit négocier avec votre supérieur…

— Ah ouais… C’est quoi cette histoire de négociation, au fait ? interrogea Conrad. Tu l’as mentionné aussi à ton oncle, avant qu’il nous ait laissé partir du village.

— Mon père essaie de limiter les dégâts, alors il est parti en mission diplomatique avec votre ancienne partenaire, Misaki. Il espère parler avec votre chef. On devrait savoir comment ça s’est passé à notre retour à votre camp… Personnellement, j’ai confiance en lui. C’est pourquoi j’ai décidé de…

— Misaki a fait quoi ?! lança Ruby, incrédule.

— C’est une longue histoire… soupira Flint.

Il lui expliqua par la suite qu’elle leur avait tout dévoilé ce matin-là et qu’à partir de là, ils avaient dû diviser leur brigade en deux afin de protéger Xu Fahn, en plus d’envoyer des représentants au camp des rebelles. Étonnée, Ruby cligna des yeux.

— Je ne comprends pas, dit Conrad. Vous étiez au courant de tout ça, toi et ton oncle… ? Pour ton père, je veux dire.

— À vrai dire, nous étions incertains des plans de mon père après en avoir parlé, ce matin. Mais papa m’a parlé en privé après notre rencontre. Il m’a demandé de vous rejoindre parce qu’il planifie un truc… Nash de son côté est beaucoup trop coincé et suit les lois à la lettre, parce que c’est comme ça qu’on l’a élevé. On aurait pu éviter ce conflit à Xu Fahn si on avait mentionné Misaki et son histoire, mais je crois que ça aurait causé davantage de problèmes. Vous ne nous faisiez pas confiance lorsque nous sommes arrivés. Mon oncle a quand même entaillé Ruby… Les choses auraient pu être pires s’il n’avait pas refermé sa blessure.

— Maintenant que tu le dis, il est vrai que les chances auraient été contre vous, soupira la concernée.

— Mais faut avouer que ton oncle nous a bien eu avec ses sables mouvants, s’exclama l’arbalétrier qui pouffa de rire.

Il s’était fait amical avec Flint malgré le fait que plus tôt, ils auraient pu s’entre-tuer. Conrad Sanders avait passé une bonne partie des dix dernières années à travailler pour Daichi et son groupe, il avait perdu un œil lors d’un raid dans l’un de leurs nombreux campements. Depuis ce jour il avait appris à se servir de ses autres sens pour percevoir ce qui l’entoure. Ses enfants l’avaient beaucoup aidé durant sa réhabilitation, d’après ce que le blond avait retenu de leurs présentations.

Ce type doit être aussi grand que Gabriel, mais plus costaud que Shayne, jugea Flint qui le regardait de plus près.

Il avait la tête rasée. Un faible duvet poussait en dessous de son menton, ainsi qu’une petite barbe noire. Il avait l’air sévère, mais en fait il était jovial et aimait beaucoup faire la causette avec tout le monde.

Ruby McFinnigan était un vrai garçon manqué. Elle n’avait rien de très féminin, comme Misaki, mis à part sa silhouette légèrement plus voluptueuse. Elle avait de jolis yeux d’un vert pétillant qui faisaient ressortir la rousseur de ses cheveux, attachés dans une courte queue de cheval. Elle portait une simple chemise en cuir avec un pantalon noir et de grandes bottes.

En pleine nuit, alors qu’ils marchaient loin de la forêt kritzienne, ils croisèrent un messager qui leur remit une lettre. On illumina cette dernière d’une torche, puis Flint vit qu’elle lui était adressée à son oncle et lui. Lorsqu’il lut celle-ci, il comprit que son père avait réussi son plan et par conséquent qu’il avait pris la bonne décision de rester avec les rebelles. Il s’agissait désormais d’une histoire qu’il serait fier de raconter à sa descendance un jour, s’il avait la chance d’être père.

Flint se perdit dans ses pensées un moment et expliqua la situation au reste du groupe. À cette nouvelle, Ruby s’exclama :

— Eh bah ! Quelle joie de savoir que nous avons désormais des alliés qui vont nous aider à la capitale ! Tu diras merci à ton père de ma part.

Conrad ne semblait pas du même avis, il semblait craintif. Flint savait qu’il avait raison de s’inquiéter, puisqu’ils avaient tous vécu un véritable calvaire dans cette association. Cependant, si son père était de mèche avec les rebelles, cela voulait dire que la révolution allait bel et bien avoir lieu et que bientôt, la république connaîtrait plusieurs changements. Le grand blond remercia le messager qui décida d’escorter le reste du groupe au campement. Lorsqu’ils arrivèrent aux tentes où les membres de la rébellion dormiraient cette nuit, Ruby alla présenter Flint à son chef Daichi.

Le chef des Rebelles reconnut aussitôt les airs de familles entre Flint et Artael, puis l’accueillit à bras ouverts, au grand étonnement du jeune homme qui ne s’attendait pas à cette réaction. Du moins, il devait s’en douter, son père avait fait bonne impression, comme toujours. Partout où le conseiller passait, les gens finissaient toujours par être de bonne humeur. Peut-être était-ce dû au fait que Daichi se sentait fin prêt à agir ?

— Alors, tu es le fils d’Artael… Enchanté de faire ta connaissance, dit-il, quand il lui serra la main. Ton père nous a fait la promesse de nous aider. Je ne pensais pas qu’il t’enverrait afin de nous assister.

— Ouais bah… il était convaincu qu’une révolution aurait lieu, alors il m’a ordonné de vous rejoindre, répliqua le grand blond. Par contre, je l’aurai fait même sans sa demande, si vous voulez mon avis.

— Ah… bon ? dit le leader des rebelles.

— Après ce qui s’est passé à Xu Fahn, la situation de vos camarades m’a ouvert les yeux. Je ne pouvais plus retourner chez moi après avoir appris dans quel état certains d’entre vous vivent.

Daichi sourit, puis mit une main sur l’épaule de celui-ci. Il était reconnaissant de recevoir l’aide du jeune homme. Il n’aurait su expliquer pourquoi, ni comment, mais les Markios avaient laissé une impression positive dans les rangs de la rébellion. Daichi se sentait comme si la chance allait enfin tourner en leur faveur avec des alliés dans la république. Il remercia Flint de son soutient, puis retourna dans sa tente.

Pour le reste de la soirée, Flint bavarda avec Daichi, Ruby et Conrad. Il leur expliqua d’où il venait, ce qu’il avait vécu depuis qu’il était jeune, ainsi que tous les agissements bizarres de certaines personnes au palais présidentiel et dans le secteur de la capitale. Lui-même avait remarqué que les choses ne tournaient pas rond à Baldt. Il n’aurait pas su expliquer, plus précisément, mais il savait cela devait avoir rapport avec les anciennes expériences faites avec l’ADN des esprits élémentaires.

Il évita de mentionner son fiancé, de peur qu’on s’en moque. Il avait pris la mauvaise habitude de parler de sa création à tout le monde, après tout, et essayait de changer cela afin de respecter celui-ci.

Pour les prochaines vingt-quatre heures, il devrait donc s’assurer de faire la connaissance des gens au campement et de discuter des stratégies avec les responsables du groupe. Comme la majorité des gens qui avaient rejoint le campement pendant cette soirée-là, il n’était pas près de se coucher tôt…

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