21.1 - Le siège de Xu Fahn

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Vers la fin de l’après-midi, Nash, Flint et Shayne étaient arrivés à destination. Comme ils l’avaient prédit, l’entrée du village était surveillée par des individus louches, armés et recouverts d’armures. À l’intérieur des limites du village, on pouvait voir un petit nombre de rebelles qui circulaient devant le grand entrepôt de Xu Fahn. Nash estima que ces criminels avaient emprisonné les villageois à l’intérieur de ce bâtiment.

Lorsque le chariot s’arrêta en face du village portuaire, l’un des deux gardes à l’entrée du village interpella Nash. L’autre s’approcha derrière lui.

— Hé ho, le cocher ! Vous ne devriez pas rester ici, fit celui-ci. On vous donne une minute pour repartir, sinon je serai forcé de sonner l’alarme.

— Oh, mais nous ne sommes que de simples marchands d’armes et de breloques en tout genre, dit Nash. Votre chef aurait-il besoin de marchander avec nous ou devrions-nous reprendre la route ?

Il s’était mis une grande chemise à carreaux rouge et marron avec un long chapeau de paille. Flint n’avait pas l’habitude de le voir si décontracté. Il lui jeta un regard du coin de l’œil et esquissa un sourire.

— Nous avons déjà tout ce dont nous avons besoin au village, merci quand même, répliqua le deuxième individu, plus strict que l’autre.

— Vous voulez dire que vous avez vandalisé ces pauvres gens ? se risqua de dire le capitaine, qui employait un ton légèrement insolent. Mais que c’est triste… ! Rien ne vaut le bonheur d’acquérir des objets de grande valeur avec son gagne-pain quotidien. Dommage que vous soyez trop entêtés à ne pas vouloir ce qui se trouve dans notre marchandise. Peut-être auriez-vous pu trouver quelque chose à offrir à votre épouse, ou bien à votre sœur.

— De toute façon, nous ne resterons pas ici éternellement, jugea le premier rebelle. Peut-être devrions-nous les laisser entrer… Qu’en dis-tu Sam ?

Celui qui n’avait pas encore parlé était un individu plus court, il haussa les épaules. Flint à l’intérieur du chariot semblait étonné d’entendre son oncle négocier avec les rebelles. Nash avait toujours été doué pour s’adapter à n’importe quelle situation, niveau relations par contre… Flint était persuadé que son oncle était encore puceau et qu’il n’avait jamais essayé la moindre drogue. Cependant, le blond était loin de se douter que celui-ci avait déjà eu beaucoup de problèmes avec l’alcool, au point que son père avait été contraint de s’en mêler.

Nash était peut-être un peu plus vieux que son neveu, ça ne l’empêchait pas d’être coincé. Par contre, Flint aimait passer du temps en sa compagnie et apprendre de lui. Le capitaine de la Septième Brigade avait ce talent d’improviser à peu-près tout et rentrer dans la peau d’un personnage lorsque c’était nécessaire. Son expertise pour l’infiltration, se déguiser et agir de la sorte lui avait valu le surnom du Caméléon.

Flint aspirait à ressembler un peu plus à son oncle, car cela pourrait lui servir un jour, quand il deviendrait capitaine de sa propre brigade. Il ressentait pour Nash beaucoup de respect, mais le considérait aussi comme son plus grand adversaire. Même s’il avait un objectif secondaire à cette mission, une tâche donnée par son père ; Flint savait que ceci était une occasion en or pour lui d’apprendre du meilleur brigadier.

Tranquillement, les deux gardes accompagnèrent le chariot à l’intérieur de la ville et ils leur montrèrent un grand espace près d’un bâtiment où ils pourraient s’installer avec leurs marchandises. Il n’y avait que Flint avec Nash.

Shayne avait décidé de sortir du chariot un peu plus tôt avant qu’ils n’arrivent en ville et se jeta dans un grand buisson avec Nox. Il avait espoir d’entrer au village pendant que les deux Markios distrairaient les rebelles. Il comptait se frayer un chemin jusqu’aux prisonniers et les libérer. Son capitaine lui avait donné l’ordre de ne tuer personne, si possible et d’assommer ceux ou celles qui le repéreraient.

Tel un fauve, le vampire se faufila derrière la calèche et se cacha derrière quelques barils qu’on avait entreposés près de l’entrée du village, avant bifurquer dans une petite ruelle sombre où il se tint à l’écart des gens qui circulaient à la lumière du jour. Nox, sous sa forme d’épée, l’aidait de son mieux. Il lui signalait si quelqu’un était tout près ou bien le cachait dans les ténèbres pendant quelques secondes.

Shayne finit par bondir au toit d’un immeuble. Il humait l’odeur des humains du village. Leur arôme avait été déplacé en abondance vers ce qui semblait être l’entrepôt de Xu Fahn. Là-bas, les pêcheurs mettaient les poissons qu’ils avaient récoltés pour ensuite les revendre à travers la république, à travers différents moyens de transports. Shayne comprit que les rebelles avaient emprisonné la majorité des villageois à l’intérieur de ce dernier afin de ne pas les perdre de vue.

Le vampire ignorait que Nash avait déjà deviné leur localisation. D’ailleurs, le brigadier ténébreux jeta un coup d’œil du côté de son capitaine et de Flint qui déchargeaient leur voiture de certains objets. Ils étaient entourés d’une dizaine de rebelles qui s’étaient approchés après qu’ils les avaient vus arriver.

Le mercenaire s’accroupit sur le toit de la maison pour éviter les regards des gens. Il bondit sur un autre toit, puis un troisième, jusqu’à ce qu’il atteigne le haut du bâtiment qui servait de boutique de vêtements pour femmes. Le magasin était situé tout près de l’entrepôt.

Il faudrait donc qu’il y entre sans être vu, au risque de provoquer la panique chez les rebelles… il devrait ensuite avoir recours à la violence. Ce n’était pas ce qu’on souhaitait. La discrétion était très importante.

Flint avait déjà vendu une lampe à l’un des individus qui l’avait remarqué après qu’on avait déposé l’objet au sol. Son oncle quant à lui venait de conclure une affaire avec une jeune femme armée de dagues. Elle venait d’acquérir une paire de gants en laine qui pourraient lui servir cet hiver. Nash s’assura de garder Dia à sa ceinture, celle-là n’était pas à vendre, bien qu’elle ait attiré les regards de certains curieux.

— C’est une belle arme que vous avez là, dit la jeune femme aux gants. Où l’avez-vous trouvée ? Je jurerai n’avoir jamais vu une lame aussi pure…

— Elle a été faite par des amis, on me l’a offerte en cadeau pour mon anniversaire, mentit Nash.

— En tout cas, ils se sont servis des meilleurs matériaux qui soient, car dans ma famille, la plupart d’entre nous ont grandi entourés d’armes. Mon père était forgeron, ma mère était cordonnière et mon frère a été l’apprenti de mon père avant de prendre la relève.

— Dans ce cas je vous envie ! expliqua le capitaine. Je n’ai pas les mains d’un artisan, mais je me suis toujours demandé ce que ça faisait de manipuler du fer chaud et de manier tout ça avec un marteau.

— Oh, ça prend de nombreuses années de pratiques avant d’être aussi bons que mon père mais un jour j’ai réussi à forger ma propre épée. Le seul problème est que je n’ai jamais été capable de l’utiliser, je n’étais pas assez forte. J’ai vite compris que les armes courtes… c’était mon style. Je n’ai jamais développé la même consistance physique que mon frère, donc je me contente de fabriquer des objets pour le moindre… pratiques et de nombreux accessoires qui pourraient servir à tout le monde. Fourchettes, cuillères, couteaux, marmites, etc. C’est l’une de nos sources de revenus les plus importantes d’où je viens. On envoie souvent plusieurs de nos hommes à la république pour marchander, lorsque que c’est possible.

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