16.3 - La détresse d'une guerrière

5 minutes de lecture

Virgile pourrait simplement se montrer plus clément et modifier leur budget, mais il ne le faisait pas. Si c’était le cas, le Conseil pourrait probablement négocier avec les victimes de cette rébellion. Pour le moment, c’était impossible.

L’argent n’entrait pas comme le Conseil le souhaiterait et la majorité des sommes ramassées au palais, passaient entre les mains de Virgile et de son bras-droit, Randell. Toutes les recherches scientifiques étaient dispendieuses et le chef de la nation voulait s’assurer que le Conseiller Tabris ne manquait jamais de rien.

La plupart du temps, Troyd recevait des fonds de la part de son père et il dépensait la plupart de tout cet argent dans l’équipement des brigadiers et des soldats de leur armée. La priorité de leurs richesses passait d’abord et avant tout par ces trois individus, ce qui était très nombriliste de leur part. Ils s’en fichaient complètement.

Même si elle tremblait comme une feuille, Misaki continua son histoire.

— Je vous jure, sur la tête de mes ancêtres, que jamais je n’ai voulu qu’ils s’attaquent à Marcus Doyle ! poursuivit cette dernière. Je leur avais pourtant déconseillé d’employer une méthode létale pour combattre le système… Cependant, ils ont engagé un assassin pour semer la paniquer dans la ville. On lui avait donné l’ordre de tuer un conseiller au hasard. Ça aurait pu être vous, Monsieur Markios ou n’importe quel autre représentant du Conseil ! Lorsque j’ai réalisé qu’ils avaient décidé de passer à l’action, il était trop tard… J’ai le sang de cet homme sur les mains puisque je suis l’une des leurs… Mais j’ai ma fille… Sakura, qui est avec eux et mon mari… Je suis prise au piège, je ne sais plus vers qui me tourner face à un tel dilemme ! Ces gens veulent une guerre sanguinaire et moi je ne veux que la sécurité de ma fille !

Misaki était en larmes, elle expliqua ensuite à Nash et Artael, dans la rage et la peur, comment elle avait rejoint l’armée des rebelles, quelques années plus tôt. Elle leur raconta aussi comment elle était tombée sous le charme de Yosuke et qu’elle avait conçu un enfant avec lui. Elle leur dit toutes les misères qu’ils avaient vécues depuis que leurs villages avaient été attaqués par des pillards et des démons.

— Yosuke et moi on a survécu des années aux côtés de Daichi, le chef de notre groupe et graduellement, d’autres gens infortunés ont fini par s’ajouter à notre groupe… déclara l’albinos. Finalement on s’est tous regroupés dans les montagnes au sud de la province, et c’est là-bas que nous avons formé nos quartiers généraux. Tout ce que je voulais, c’était passer du bon temps avec ma famille et laisser toutes ces tragédies derrière nous… Mais Daichi en a décidé autrement. Lui et le reste de notre alliance ont décidé de passer à l’action et de mettre un terme au régime gouvernemental de la république… La plupart d’entre nous pensent que les élections sont truquées et qu’elles doivent changer…

— Voilà qui explique le troll des montagnes dans les bois, remarqua Nash qui repensa à leur confrontation de l’autre jour.

— Je sais, c’est en partie notre faute, soupira Misaki. Les créatures montagneuses n’ont pas apprécié qu’on s’installe chez eux et depuis notre arrivée là-bas ; ils ont commencé à migrer en dehors de leurs terres initiales. Ce troll devait sûrement être l’une d’entre elles. Si ça se trouve, le simple fait que nous vivons dans les montagnes aurait pu causer la destruction de tout un écosystème.

Misaki commençait à avoir la gorge sèche et se la racla à quelques reprises. Artael lui passa sa gourde d’eau. Après avoir pris une gorgée, la guerrière rougit timidement, puis remercia le conseiller.

— Malheureusement, les élections ne sont pas truquées, dit Artael. La population vote sans arrêt pour Virgile, car sa façon d’agir leur convient… Ça fait plusieurs fois que je tente de faire voter une loi comme quoi il serait impossible de faire plus de huit ans de présidence… Malheureusement, le Conseil vote toujours non, chaque fois que je ramène le sujet… Comme tu peux le voir, toutes les décisions prises à la république passent par le Conseil et tant qu’ils mangeront dans la main de cet homme, nous devrons endurer ce système…

— Ouais, mais il n’a pas de sens ! grogna Misaki.

Elle donna un coup de poing sur le bureau d’Artael avant de formuler :

— Vous ne vous rendez pas compte à quel point votre Conseil ne fait qu’exploiter les honnêtes gens, rien que pour enrichir ses putains de poches ?! Pendant ce temps, ma famille et moi on crève de faim, alors que votre ville est remplie de richesses ! Vous vous prenez pour des dieux, ou quoi ?! Vous êtes les plus riches de cette nation ! Essayez de vous mettre à ma place, deux secondes !

— Je sais… Je sais déjà tout ça, soupira Artael. Nous sommes dans une impasse.

— Mais… mais c’est en train de faire de ma vie un enfer ! En plus de ça, des innocents vont perdre leurs villes à cause de mon alliance… Je suis en train de perdre la tête ! S’il vous plaît… Faites quelque chose… Aidez-moi..­. Je vous en supplie…

Lorsqu’elle eut terminé son histoire, Misaki fondit en larmes une seconde fois et prit les mouchoirs que lui offrit son capitaine.

Artael se releva, puis se dirigea vers la fenêtre de son bureau avant d’y jeter un regard à l’extérieur. Il avait besoin de réfléchir un peu à tout ce qu’il venait d’apprendre durant les dernières minutes. Misaki ne semblait pas être une mauvaise personne, alors il serait inutile de la dénoncer au président et de l’emprisonner… Même qu’une idée commençait à germer dans la tête de celui-ci, pendant qu’elle essuyait ses larmes. Elle évita l’œillade de son capitaine.

Artael finit par se tourner vers la guerrière et retourna s’asseoir à son bureau. Il fallait trouver une solution à ce problème et ce n’était pas à travers le Conseil que les choses s’arrangeraient. S’il voulait changer les choses, il n’avait pas d’autre choix que d’y aller de sa propre initiative.

— La mort de Marcus Doyle est un regrettable incident, commenta le conseiller. Il n’est en aucun cas lié à votre identité. Vous n’avez fait que suivre les ordres de votre chef en rejoignant nos rangs. Je reconnais que ce que vous avez fait serait considérable d’une peine en prison à perpétuité, mais je ne suis pas mon père et je ne suis pas mon frère. Vous venez de nous faire gagner du temps et surtout de nombreuses vies. Bref, vous venez de me convaincre que…

— Ma fille… Mon bébé… coupa Misaki.

Elle sanglotait à n’en plus finir.

— Ne vous en faites pas pour votre enfant, dit-il. Nous n’avons pas l’intention de tuer qui que ce soit… Enfin, pas de mon côté. Croyez-vous qu’il est encore possible de négocier avec celui qui dirige vos troupes ?

— Je… Je l’ignore, Monsieur Markios.

— Je ne désire pas une guerre civile, tout comme vous, mais il est très important pour nous d’essayer de discuter avec votre supérieur.

Annotations

Vous aimez lire TeddieSage ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0