16.1 - La détresse d'une guerrière

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Misaki n’était pas restée dans la salle des serviteurs, elle s’était sentie inutile. Pour cette raison, elle s’était éloignée discrètement du groupe pendant les recherches et s’était dirigée à l’auberge. Les gens n’avaient même pas remarqué sa présence lorsqu’on avait annoncé la mort du conseiller et qu’elle s’était rapprochée des autres.

C’était le désordre là-bas. Elle jugea qu’elle n’avait pas sa place dans cette enquête. Pourtant, elle trouvait étrange que ce meurtre ait été accompli pendant qu’elle explorait les sous-sols. Peut-être avait-il eu lieu avant, qui sait ? Sûrement, on avait tué Marcus avant dix-neuf heures, car c’était durant ce temps où la guerrière s’était faufilée aux sous-sols.

Au crépuscule, elle avait remarqué qu’il y avait peu de gens dans l’établissement. Mais qui donc était responsable de ce massacre ?

Alors qu’elle entrait dans sa chambre, à l’auberge, la jeune femme remarqua que certains objets avaient été déplacés. La fenêtre était grande ouverte, les rideaux tirés, les draps sur le lit avaient été fripés et sur la table de chevet se trouvait une note qui lui était adressée. Il y avait un couteau planté au milieu. Elle referma la porte et s’approcha de la note après avoir allumé sa petite lampe, sur la table.

Elle lut ce qui suivit :

M.

Ne perds plus ton temps, nous avons décidé de saisir la capitale par la force. Ce soir nous avons décidé d’envoyer un message au Conseil, en tuant l’un des leurs. D’ici une semaine, nous allons employer les manières fortes pour leur faire comprendre que nous n’accepterons plus leur ignorance. Il est temps pour nous de réclamer nos terres. Attends-nous et rejoins-nous lorsque le temps sera venu. Je t’aime.

Y.

PS : Détruis ce message dès que tu le pourras.

Misaki poussa un grognement de dégoût et froissa le message dans ses mains. Elle n’en revenait pas. Daichi avait donc décidé de passer à l’attaque sans plus attendre. Au départ, il comptait envahir la capitale en réduisant le nombre de victimes si possible. Mais voilà des années qu’ils luttaient contre le président, qui ne répondait jamais à leurs demandes et qui les traitaient comme de la vermine. Elle avala sa salive et se laissa tomber sur le lit où elle avait déjà passé plusieurs nuits. Son cœur se mit à battre rapidement. Elle se sentait au bord de la panique.

Ne me dis pas que tu as des sentiments pour ces gens, Misaki ! se dit-elle. Tu savais bien que tôt ou tard, il te faudrait les trahir !

Mais pourquoi se sentait-elle aussi mal ? Ce n’était pas comme si elle s’était attachée au peuple de Baldt… Mais il était vrai que les hommes et les femmes de sa brigade avaient été gentils avec elle. Aussi, le Conseiller Doyle n’avait pas mérité un tel châtiment. Elle faisait face à un dilemme et ne savait plus comment réagir.

Tout d’abord, elle devait penser à Yosuke et sa fille… Ensuite, elle se souvenait des gens de la rébellion qui avaient tout perdu à cause de l’ignorance du Conseil. Elle n’oubliait pas qu’ils avaient tous perdu leurs terres, en plus d’avoir été pillés et envahis par les monstres. Les brigades n’étaient jamais venues les sauver. Misaki et son groupe avaient dû apprendre à se défendre, eux-mêmes.

Et les derniers survivants sur son île… ? Il était dit que quelques personnes qui étaient restées là-bas, avaient survécu et décidé de tout reconstruire, selon les ressources qu’ils avaient à leur disposition. Cependant, l’alliance des rebelles continuait toujours de se battre, afin de faire reconnaître leurs droits au gouvernement de la république.

Misaki soupira tandis qu’elle se rappelait le soir où elle avait pris la fuite de son île, avec Yosuke. Il y avait des barbares et des monstres, un peu partout qui avaient saccagé son village natal. Ils avaient abattu presque toute sa population, sauf quelques braves survivants qui avaient refusé de partir avec le groupe de Daichi.

Quelques années plus tard, l’albinos avait fini par passer au-dessus cette épreuve difficile, et elle s’était rapidement attachée à Yosuke. Ensemble, ils avaient conçu Sakura. Misaki n’avait pas décidé de rejoindre l’armée de Baldt simplement parce qu’elle comptait se venger. Au contraire, elle souhaitait simplement protéger sa famille, mais surtout sa petite qui n’avait jamais connu une vie meilleure.

La jeune femme ne pouvait pas blâmer Nash et le reste de sa brigade pour la négligence que son peuple avait subi. En même temps, elle ne se souvenait presque plus des événements de son enfance…

Elle revoyait encore le visage horrifié de Gretta, en deuil de son mari. Elle se sentit mal. Et si elle avait été à sa place ? Un frisson lui parcourut le dos.

Je dois me faire forte… Et prendre une décision, pensa la guerrière qui se leva pour aller refermer la fenêtre et les rideaux. Je vais être dans un sale pétrin, peu importe ce que je décide de faire… J’ai intérêt à trouver une solution et vite.

Elle s’éloigna ensuite aux toilettes rattachées à sa chambre et sortit un briquet avec lequel elle alluma le rouleau de papier froissé, dans le lavabo. Pendant que le bout de papier prenait feu, elle fit couler de l’eau du robinet afin d’étancher les flammes. Il ne restait plus que des cendres de ce message maudit… une note qui venait de lui faire réaliser à quel point les choses allaient bientôt changer pour elle… et probablement pour la république.

Au réveil, Nash se dirigea au bureau administratif accompagné de son frère qui avait à peine dormi cette nuit-là.

Artael avait reçu le compte rendu de la mission de Kritz, avant que Marcus Doyle ne soit assassiné. Il n’avait pas eu le temps de voir son frère, afin de lui en parler. Le conseiller était toujours agité par les événements de la veille. L’écroulement de l’église de Kritz ne l’aidait pas du tout. En plus, il était sans nouvelles du groupe des religieux, parti en voyage afin de répandre la bonne parole. Il craignait qu’avec toutes ces agitations, les pèlerins se soient fait attaquer par des monstres ou des brigands.

Nash ne portait que ses vêtements de civil pour rencontrer son frère. Il avait envoyé son armure en cuir et sa cape en réparation chez un artisan. Il allait faire rembourrer ses bottes, puisque la température commençait à se faire froide. Il portait une chemise blanche et un jean foncé, avec Dia, attachée à sa ceinture. Celle-là ne le quittait plus depuis qu’il l’avait trouvée.

— Quelles sont les nouvelles de ce matin ? demanda le capitaine, qui s’installait au siège devant le bureau de son frère aîné. Les coroners nous ont-ils contactés ?

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