14.2 - Le subterfuge de l'albinos

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Serait-ce possible que ce soit ce fameux système d’électricité hydraulique dont m’ont parlé certains brigadiers ? songea la guerrière. Ça expliquerait pourquoi les sous-sols sont équipés comme ça… Tout ceci doit sûrement couvrir l’énergie du palais et de la ville. C’est plutôt intéressant comme invention…

Elle calcula les risques de se faire frapper par les roues tournantes de l’engrenage, puis se dit que les chances étaient faibles pour qu’elle puisse se blesser. Cependant, elle ne souhaitait pas briser ce système, elle pouvait toujours fermer les fentes afin que l’eau cesse de couler temporairement, grâces aux manivelles qui se trouvaient un peu partout dans la pièce. Si elle voulait passer à l’action, elle n’aurait pas le choix d’attendre que tout le monde dorme, plus tard dans la soirée. Elle s’arrangerait pour trouver un chemin dans les égouts, reviendrait sur ses pas et réactiverait le mécanisme une fois terminé. Elle y réfléchissait, faisant les cent pas dans la pièce.

Mais est-ce réellement sécuritaire pour moi ? se dit Misaki. Ce risque en vaut la peine… mais peut-être serait-il plus facile à Yosuke et les autres d’infiltrer le palais durant la nuit… ? Je n’ai vraiment pas besoin de me casser la tête, à nous trouver des sorties secrètes… Ils auraient pu profiter de cette soirée afin de passer à l’action !

Après avoir jugé que ses recherches étaient sans issue pour ce soir, l’espionne décida de retourner à l’extérieur. Luna partit se cacher dans une salle vide, pendant qu’elle laissa la guerrière prendre la fuite. Ensuite, elle sortit et suivit celle-ci en silence. Elle avait récolté une information intéressante.

Si Luna avait appris quelque chose, ce soir-là, à part le comportement inquiétant de sa collègue de travail, c’était qu’elle s’était plutôt amusée à se faufiler dans les ténèbres. Maintenant, plus rien ne l’empêcherait de se déplacer un peu partout durant la nuit. Elle pourrait se rendre à la bibliothèque, afin d’aller y lire un bon livre, à la lueur des chandelles. Il ne lui manquait plus qu’une bonne machine à café et un petit coin douillet improvisé entre ses rangées de livres…

Oh arrête de ne penser qu’à tes livres, ma vieille ! se dit-elle en se tapant le front.

Il se faisait tard et les gens commençaient à revenir des festivités. Luna décida de se rendre aussitôt dans sa chambre. Lorsqu’elle remonta au rez-de-chaussée, elle pénétra l’ascenseur et arriva au premier étage, avant de se rendre discrètement chez elle. Il y avait un couple au fond du couloir, un homme et une femme qui s’embrassaient. Une fois dans son dortoir, Luna ôta sa cape, jeta cette dernière sur une table près de l’entrée, referma la porte derrière elle, la verrouilla, puis s’écrasa sur son lit où elle s’endormit aussitôt. Elle était exténuée.

À l’extérieur du palais, les activités continuaient dans la joie et les chahuts du peuple. Les musiciens avaient commencé à jouer de leurs instruments et la foule commençait à se faire un peu plus grande près des kiosques de fruits et légumes. Gretta avait vendu pratiquement tous ses paniers en surplus et avait dû retourner à sa ferme, pour chercher d’autres aliments. Cette fois, elle avait emporté avec elle un important stock de pommes rouges, fraîchement cueillis du verger, au matin. Ces fruits étaient la fierté de son mari, il adorait les pommes depuis sa tendre enfance.

Derek aidait sa mère à placer les paniers aux tables.

— Eh, Didi ? s’exclama alors sa sœur. Il me manque quelques fiasques de parfums… Ça te dirait d’aller en chercher d’autres ?

Le jeune homme efflanqué soupira, puis retourna chez lui avec une mine triste. Il croisa en chemin la brunette au bandeau qui discutait avec un homme étrange. Il le voyait souvent à la capitale, durant les fins de soirées, près des bars surtout. C’était le Markios que tout le monde détestait, à part le président. Il portait une longue cape rouge et empestait l’alcool. Derek prit peur et se figea sur place.

— Cessez de me toucher ainsi ! lança la demoiselle, qui se débattait entre ses mains puissantes et rugueuses. Vous ressemblez peut-être à votre frère, mais vous êtes loin de partager ses bonnes manières !

— Tais-toi catin… Viens faire joujou avec moi…

— Foutez-lui la paix ! hurla Derek, terrifié.

Le garçon fonça tout droit dans le général et le renversa.

Heeeeein ?! grogna le grand blond hirsute, confus.

Derek ne pouvait pas supporter cet homme. Toutes les fois qu’il le voyait, il repensait aux nombreuses occasions où il avait flirté avec sa sœur, ce qui rendait Mme Doyle furieuse. L’homme aux mauvaises manières était tellement ivre, qu’il ne comprenait pas ce qui se passait autour de lui. Derek profita de cette occasion pour lui donner plusieurs coups de poings au visage.

— Ça suffit ! lança une voix derrière eux. T’as assez joué.

Derek lâcha l’individu, puis retourna auprès de la demoiselle, légèrement sous le choc. Près d’eux s’étaient assemblés quelques gens de la foule, ainsi que le Conseiller Artael Markios. Ce dernier s’en venait des quartiers résidentiels, après une promenade.

— Il est triste de constater que tu n’apprendras jamais à te conduire comme un gentilhomme, Troyd, dit le conseiller. Tu ne me laisses pas le choix.

Il s’approcha de la brute qui commençait à se relever.

— La ferme, couillon ! grogna Troyd. Je fais ce qu’il me plaît !

Une fois debout, le jumeau mal élevé essuyait sa tunique en cuir poussiéreuse, toisa son frère et cracha à ses pieds.

— Je ne comprendrai jamais l’acharnement de Père à te garder en dehors des cellules, soupira Artael. Si ça ne tenait qu’à moi, on t’aurait exilé depuis longtemps de nos terres ou bien enfermé au vieux centre pénitencier du nord. Je persiste à croire que ça serait de meilleures solutions.

Cassandra et Derek, ainsi que des gens qui s’étaient approchés, écoutaient la conversation. Ils étaient fascinés par les comportements différents des jumeaux. Il y avait néanmoins quelques traits qui facilitaient la tâche de reconnaître qui était Artael et qui était Troyd.

Artael était toujours vêtu de vêtements simples et légers, il était modeste et poli envers tout le monde. De plus, il se rasait plus souvent et avait une longue chevelure qui lui descendait jusqu’aux hanches, souvent attachée avec un ruban ou un élastique. Ses prétendantes en ville le comparait parfois à un ange. Troyd avait une chevelure plus courte, moins soignée. Il se rasait rarement et était beaucoup plus musclé que son frère. Il avait quelques cicatrices visibles près de ses bras et de ses jambes, sur son dos et son torse. Son apparence était beaucoup plus bordélique et endurcie que celle du conseiller, mais ce n’était rien comparé à son comportement misogyne et barbare. Leur visage était probablement la seule chose qui les liait.

Il a encore bu, constata Artael.

Troyd avait passé la plupart de la soirée, à mettre ses mains là où il ne fallait pas, pour avoir reçu plusieurs plaintes de la part de la gent féminine qui circulait dans les rues. Qui devrait l’arrêter encore une fois ? Son jumeau.

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