11.3 - Une matinée gênante

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Flint approuva d’un signe de tête, puis plaça sa serviette sur ses épaules. Ensuite, il enfila ses chaussettes et ses chaussures.

— Sinon… reprit l’elfe. Je sais que je mets mon nez où il ne faut pas… mais Gabriel… ce n’est pas commun qu’on soit autant attaché à quelqu’un comme lui, non ?

Le blond s’empourpra un peu. Il était sur le point de gronder l’elfe quand elle formula :

— Pour ma part, je trouve ça mignon. Je suis heureuse pour vous. J’espère que vous aurez un très beau mariage. Pas que je te juge, je dis juste que c’est la première fois que je vois quelqu’un aimer autant un homme aussi… nounours.

— Ouais bah… j’ai toujours eu un faible pour lui, d’aussi loin que je m’en souvienne. Gros bedon, petit bedon, c’est l’homme de ma vie. Je ne vois pas pourquoi je n’en profiterais pas, puisque c’est ce qui me convient.

— C’est bien, dans ce cas ! Je crois que mes voisines vous aimeraient. Elles sont marrantes et adorables. En plus, elles m’ont appris à jardiner.

Flint était un peu gêné par cette conversation. Il ne s’était pas attendu à ce que sa nouvelle collègue de travail vienne lui parler de sa sexualité, aussi facilement. Il se gratta derrière la nuque avant de se pencher et essuyer ses chevilles, encore un peu humides. Au moins, il se dit que Cassandra était déjà une bonne alliée. Une fois qu’il se releva, il examina l’expression de l’elfe et dit :

— Prête à repartir pour la capitale ?

— Plus ou moins, répondit-elle, un peu triste. Avec ce qui s’est passé hier, les pauvres kritziens ne vont pas célébrer la fête agricole. Je trouve ça dommage. Je me sentirai bête de retourner à Baldt et fêter, sachant que cette horrible tragédie s’est produite.

— Bah… C’est la vie… Comme je l’ai dit hier, nous allons faire en sorte que des ouvriers viennent les aider à tout reconstruire. Ils ont de la chance que Luna et toi étiez dans le coin. Leurs guérisseurs semblaient manquer d’expériences.

— Je dirais plutôt que c’est parce que mes techniques sont plus raffinées que celles de ccertaines personnes. Il est vrai qu’ils manquaient de concentration… Mais qui ne le serait pas, s’il s’agissait de soigner des gens qui nous sont chers ? En tout cas, je suis heureuse d’avoir pu les aider. D’ailleurs, ton fiancé a été épatant avec sa puissance… Jamais je n’ai vu d’homme aussi fort de toute ma vie !

Flint pensait qu’elle allait faire une remarque en rapport à sa puissance et leurs attirances mutuelles, mais elle n’en fit rien. Elle se contenta de sourire. Il hocha la tête, à cette dernière phrase. Peut-être que la guérisseuse avait compris qu’il était encore trop tôt pour discuter de leurs vies sentimentales.

Un instant plus tard, ils se dirigèrent devant l’étable, où Misaki était à bout de souffle après son entraînement avec le vampire. Shayne tenait son épée noire au-dessus de son épaule, affichant un petit sourire sournois dans le but de provoquer son adversaire.

— Je te trouve paresseuse, ce matin, dit-il simplement. Si tu comptes un jour défendre notre brigade, il te faudra nous montrer beaucoup plus de volonté que ça.

— Tu oublies que je suis différente de toi, répliqua sèchement la guerrière.

— Parce que tu es une femme, c’est ça ? Pauvre excuse ! Les femmes peuvent être aussi fortes que les hommes. De mon vécu, j’ai croisé le fer avec trois femmes beaucoup plus fortes que moi et jamais elles n’ont abandonné leur entraînement aussi lâchement que toi.

— Je ne parlais pas, de ma… féminité… mais du fait que… Laisse-moi reprendre mon souffle… ! Ouah… J’ai la tête qui tourne.

Misaki tenait à peine debout.

— Il faudra que tu concentres mieux ta respiration dans ce cas, mentionna le vampire. Tu mets déjà toute ton énergie dans tes mouvements, mais tu oublies l’essentiel : respirer. Règle numéro un : ne jamais arrêter de respirer !

— J’ai l’impression d’entendre l’ancien de mon village, ronchonna la jeune femme.

Flint et Cassandra observèrent la scène, amusés. Ils s’adossèrent à un mur de l’auberge et écoutaient la conversation de leurs collègues de travail. Flint se demandait si Shayne accepterait un jour de l’entraîner lui aussi. Il manquait de finesse en ce qui concernait le maniement de son épée. Cassandra de son côté avait vite compris ce que l’albinos insinuait par les différences entre elle et son interlocuteur.

— Ce qui fait que nous sommes différents, toi et moi, commenta Misaki, c’est que tu es un vampire et que tu viens de boire plusieurs litres de sang animal. Ça te donne un sérieux avantage sur tes adversaires. C’est connu que les suceurs de sang sont plus rapides et puissants après avoir bu !

Shayne sourit et opina du chef.

— Je vois où tu veux en venir, répliqua celui-ci. Je tâcherai de m’en souvenir la prochaine fois que tu voudras t’entraîner avec moi. Mon seuil de fatigue n’est jamais le même que celui des mortels. Le daim qui m’a nourri m’a donné suffisamment d’énergie pour rester réveillé une autre semaine.

La guerrière se redressa et plia son arme.

— Ça doit être étrange de ne jamais avoir envie de dormir, pas vrai ? demanda-t-elle.

— Au début, si… Mais on s’habitue avec le temps. Le plus important pour un vampire est d’apprendre à contrôler sa soif. Quelques litres suffisent pour me garder éveillé et en parfaite santé durant une semaine… plus j’en bois et plus ça augmente. Ce sang ne me sert pas qu’à rester éveillé, toutefois. Comme tu l’as deviné, ça augmente ma force et ma rapidité.

Flint décida de participer à la conversation :

— J’en conclus qu’hier, le steak de l’aubergiste ne t’a pas suffi.

— En effet, Flint. Je l’ai pris par politesse, mais normalement ça me prendrait au moins quelques litres de sang animal pour étancher ma soif. J’ai surtout pris ce steak comme un excellent dessert.

— Dans ce cas, n’oublie pas d’avertir mon oncle la prochaine fois. C’est lui qui paie tous nos plats, ajouta le blond avant de s’esclaffer.

Misaki sursauta lorsque Shayne interpella Flint. Elle n’avait pas remarqué que Cassandra et lui les observaient depuis un moment. Elle faisait une très mauvaise espionne, incapable de rester sur ses gardes. Peut-être était-ce mieux ainsi, les gens ne la soupçonneraient jamais de faire partie de l’association de rebelles…

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