11.1 - Une matinée gênante

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Nash se réveilla aux premières lueurs de la matinée. Il partit rejoindre Cassandra et Luna au rez-de-chaussée, après s’être rhabillé. Cette fois, Shayne n’était pas avec eux pour le repas. La chasseuse lui expliqua qu’il était parti chasser dans les bois. Flint et Gabriel n’étaient pas encore descendus de leur chambre. Katja avait déjà servi les deux jeunes femmes. Le capitaine remarqua que l’albinos n’était pas avec elles et qu’elle avait quitté leur chambre. Était-elle partie avec Shayne ?

— Où est Misaki ? demanda Nash qui s’installa devant l’adolescente.

— Elle est allée rejoindre les chevaux dans l’étable, lui dit Luna. Elle a dit qu’elle avait besoin d’un peu de temps, seule.

— Je vois… Avez-vous bien dormi ?

— Pour être honnête, je n’ai pas été capable de m’ôter l’écroulement de l’église de la tête, durant une bonne partie de la nuit, déclara Cassandra.

— Et moi, disons que c’est un peu gênant… grommela le capitaine.

Bien entendu, Nash faisait mention du comportement des deux fiancés qui l’avaient tenu réveillé. Il avait même fait un cauchemar où il s’était retrouvé ligoté à une chaise, les yeux bandés, pendant que le jeune couple faisait l’amour près de lui. Au moment où Flint était en train de jouir, son oncle s’était réveillé de justesse.

La femme de l’aubergiste mit alors une assiette d’œufs et de saucisses devant le jeune homme avant de s’exprimer sans gêne :

— Bah, ils ont fait l’amour votre blondinet et le gros balourd, pas vrai ? Mon mari leur a passé des capotes avant qu’on aille pioncer !

Nash qui était sur le point de prendre une fourchetée de son déjeuner, laissa tomber son ustensile et afficha un air abattu au reste du groupe. Cassandra et Luna éclatèrent de rire alors que la brave dame qui travaillait à l’auberge se demandait si elle avait dit quelque chose de travers. Elle semblait habituée aux folies de ses clients, donc son mari devait l’être encore plus. Elle s’excusa et retourna à l’arrière du comptoir, pour aller servir un autre client ; toujours de bonne humeur.

— Pas un mot de tout ça lorsqu’ils vont descendre, ordonna le capitaine aux deux demoiselles qui gloussaient comme des pies.

— J’imagine déjà ta tête, en les entendant faire leurs trucs, dit Luna, amusée. De notre pièce, on arrivait à les entendre un peu, mais à voir ta sale tête, ils t’ont fait vivre une nuit blanche, pas vrai ?

— Tu ne veux même pas l’imaginer…

— En parlant du chat, marmonna Cassandra qui observait les escaliers.

Flint descendit les marches avec une expression décontractée, sifflant un petit air. Nash enfouit son visage dans ses mains ; il marmonnait des bouts de prières. Dia lâcha un soupir télépathique que seul son porteur fut capable d’entendre. Elle trouvait que son protecteur était beaucoup trop tendu. Flint était habillé de la même façon que la veille, sauf que ses vêtements étaient maintenant froissés.

Sa chemise déboutonnée dévoilait son torse légèrement musclé, une barbe commençait à paraître sur son menton et ses cheveux étaient décoiffés. Il avait une serviette autour des épaules, qu’il avait ramassées dans un tiroir et un savon.

Il salua le groupe d’un grand sourire, puis sortit à l’extérieur pour aller se laver près de la rivière. Il n’y avait pas d’eau chaude à Kritz, alors les gens du village devaient se contenter de ce qu’ils avaient. La froide température forçait de plus en plus les citoyens à chauffer leur eau dans de grands chaudrons ou dans des bassines en céramique que la plupart avaient la chance de s’acheter à la capitale. Flint n’avait pas l’air de se soucier de la froideur des eaux ; il aimait prendre des douches glacées. Cela éveillait son esprit.

Gabriel ne tarda pas à descendre à son tour, en robe de chambre. Il était un peu bougon à l’idée de se réveiller si tôt, mais savait qu’ils devraient repartir avant le dîner. Donc il s’installa à table, puis commanda un gros bol de gruau avec des toasts.

Luna esquissa un sourire et tourna son regard vers le golem. Elle ressentait les yeux de couteaux de son capitaine.

— Au fait, Gabriel… C’est qui de vous deux qui domine l’autre ? demanda Luna.

— LUNA ! aboya Nash, qui bondit hors de sa chaise.

Il toisait la petite, choqué.

— C’est Flint, répondit tout simplement Gabriel avec un sourire. Ça ne parait pas, avec ma grosse bedaine et ma grandeur, mais il me baise comme un dieu.

Nash blanchit comme un drap, et s’assit à nouveau. Il était découragé par le comportement de son groupe, en public.

— Je vais être malade, soupira-t-il. S’il vous plaît, veuillez ne pas parler de ça pendant qu’on mange…

— Mais c’est qu’il est prude, le Tonton, taquina la magicienne.

— Tais-toi, s’il te plaît…

Nash perdit son regard dans son assiette d’œufs et de saucisses.

— Sans vouloir vous vexer, Monsieur Markios, nous sommes tous entre adultes ici, dit Cassandra. Il est vrai que Luna est toujours une mineure, mais elle est loin d’être innocente. Si vous saviez toutes les histoires qu’elle me raconte lorsque vous avez le dos tourné… vous n’auriez plus un seul cheveu sur la tête !

Luna se mit à rougir, légèrement choquée que Nash l’apprenne ainsi.

— Quand même, nous sommes dans un lieu public, gronda leur supérieur. Tâchons de rester polis, organisés et surtout de ne pas nous comporter comme des bêtes. Nous pouvons nous estimer heureux que Katja et son mari soient de bonnes personnes, car ce n’est pas tout le monde qui accepterait que des étrangers fassent l’amour dans leurs draps… et surtout pas un couple homosexuel… Désolé Gabriel.

— Bof… fit le golem, qui haussa les épaules.

Il savait que Nash avait raison sur ce point. Les gens de leur région, en général, n’étaient pas habitués à la présence des couples gays qui s’affichaient si ouvertement que Flint et lui. Il n’était pas du tout offensé ; quoiqu’un peu gêné d’avoir parlé de ses préférences sexuelles en présence des deux dames.

— Tout le monde le fait, Nash ! râla Luna. Grandis un peu…

— Je n’ai pas de leçon de morale à prendre d’une enfant !

— Je te défends de me traiter de la sorte !

Cassandra haussa des épaules et se dit qu’elle ne devrait probablement pas se mêler de cette dispute familiale. Elle les voyait beaucoup comme un père et une fille, ces deux-là. Luna lui avait expliqué la veille que Nash comptait beaucoup à ses yeux et que c’était le seul modèle masculin qu’elle voyait comme un parent, à part Artael Markios. Sinon, elle se considérait comme une orpheline émancipée.

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