5.3 - Le camp

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— Je t’accompagne, rajouta Luna, à l’attention de l’elfe.

— Parfait, donc je vais vous confier cette tâche, commenta Nash. Maintenant il faudrait allumer un feu de camp, mais il ne faut pas qu’il soit trop encombrant. En plus de nos rations pour le voyage, nous pouvons pêcher du poisson dans la rivière avec nos armes… À moins que j’utilise l’un de mes pouvoirs, mais ça risquerait de compliquer les choses.

— Je peux m’en charger, répondit Flint. Gabriel peut s’occuper du feu de camp. Il ne reste plus que Misaki, Shayne et toi.

— Je m’occuperai donc d’aller chercher du bois pour le feu, avec Gabriel, compléta son oncle. Ça ne devrait pas nous prendre longtemps.

Misaki décida d’aller rejoindre les autres filles qui s’éloignaient déjà. Shayne se porta volontaire pour aller chasser, un peu plus loin. Ils se mirent tous au travail.

Pendant que les membres du groupe se séparaient à leurs tâches respectives, Flint descendit le long de la pente menant à la rivière et prépara son épée au cas où il trouverait du poisson à entailler, comme un chiche-kebab. Enfin une tâche qui lui permettrait de se rendre utile ! Concentré, il s’avança dans les eaux légèrement vaseuses et écouta attentivement les bruits des ruisseaux. Cette méthode de pêche était très difficile, mais il savait comment embrocher ses adversaires… Toutefois, c’était moins évident de trouver une cible qui circulait sous l’eau et de l’attraper. Il se dit que Cassandra serait mieux placée pour attaquer ces poissons, avec des flèches.

Shayne, quant à lui, traversa la rivière avec Flint, mais le quitta à mi-chemin pour prendre une direction opposée. Il disparut derrière un large buisson et le blond crut le voir bondir en direction d’un tronc d’arbre. Le mercenaire n’était plus à portée de vue.

Derrière Flint, Nash creusait un peu la terre afin de préparer le feu dont ils se serviraient pour cuire leurs aliments. Ensuite, il s’éloigna pour aller ramasser de grosses pierres, qu’il déposa autour du grand cercle qu’il venait de tracer.

Gabriel revenait déjà avec quelques branches, recouvertes de feuilles mortes, rouges et orangées. Il déposa tout ça dans le trou, puis retourna en chercher d’autres. Le gros barbu était toujours de mauvais poil parce que son supérieur l’avait empêché de manger avant leur départ. Toutefois, il avait apprécié sa sieste dans la calèche.

Finis la chaude température de l’été, se dit-il. Ça tombe bien, parce que je ne supporte pas la chaleur… Bon sang ! J’ai faim ! Mon estomac n’arrête pas de gargouiller !

Il se massa le ventre, alors que ce dernier n’arrêtait pas de gronder. Il avait à peine mangé, durant la matinée et sur l’heure du dîner. Il avait tellement été nerveux à l’idée de rencontrer tous les autres brigadiers de son équipe, qu’il n’avait pas été capable d’avaler quoi que ce soit. Maintenant, il maudissait son anxiété.

Il n’avait qu’une idée en tête, en cet instant, et c’était de mettre la main sur une part de tarte qu’il avait fait sauver par le cuisinier du réfectoire. Il regrettait d’être parti avant le souper. Il espérait que ce que cueilleraient les dames allait suffire avec leurs autres rations. Peut-être devrait-il rejoindre Shayne ou Flint, une fois qu’il aurait terminé de ramasser les branches… ?

Il s’approcha d’un petit arbre mort et le fracassa d’un coup de hache bien placé.

De son côté, Flint perdait déjà patience. Voilà trois poissons qui lui filaient entre les doigts. Les embrocher avec son épée n’avait pas fonctionné, alors il s’était dit qu’il tenterait sa chance avec ses mains. Il se sentait stupide… en plus d’être trempé.

Je vais finir par vous attraper, maudites pestes ! hurla-t-il, mentalement.

Il s’éloigna un peu du camp. Il valait mieux pour lui de se rendre vers un endroit où les poissons ne seraient pas effrayés par les bruits humains. C’est pourquoi il remonta à la surface du sol et se promena le long de la rivière.

Un peu plus à l’est, les trois demoiselles du groupe commençaient déjà leur cueillette de fruits, de noix et de champignons.

— C’est plutôt marrant, tout ça, dit Cassandra à Luna. Cette collecte d’aliments me rappelle ma jeunesse. Mon père m’emmenait souvent en forêt, où il m’a enseigné comment survivre dans la nature. Au départ, je trouvais ça lassant. Aujourd’hui je comprends enfin ce qu’il voulait insinuer par : « Un jour, ce que je t’ai enseigné finira par te servir. » Il avait raison, tout compte fait.

— Il a l’air d’un chic type, ton père, dit Misaki qui avait rempli sa chemise de noisettes et de champignons.

— Oh, il est gentil, mais aussi sévère. Il a toujours fait en sorte que je sois saine et sauve, c’est déjà ça. De plus, vous le saviez déjà, mais c’est lui qui m’a enseigné comment chasser, même si je ne mange plus de viandes depuis quelques années.

— Chanceuse. Je n’ai pas eu la chance d’être élevée par un père. Je n’avais que ma mère jusqu’à l’âge de douze ans et la famille de mon meilleur ami. Maman est morte d’une maladie rare, dans son sommeil… Je ne me souviens pas du nom… Nous n’avions pas de médecins spécialisés pour ce qu’elle avait…

Cassandra jeta un coup d’œil rapide vers sa collègue de travail, choquée. Ensuite, elle retourna son regard vers l’avant car elle trouvait sa réaction impolie.

— Oh, Misaki… dit l’elfe, chagrinée. Je ne savais pas…

La guerrière haussa les épaules et secoua la tête, avant de poursuivre.

— D’ailleurs, c’est aussi pour cette raison que j’ai commencé à voyager, dit-elle. Je voulais trouver les traces de mon père qui est aussi aventurier. Maman disait qu’il avait quitté les îles, un soir, et qu’il n’était jamais revenu. Elle était toutefois persuadée qu’il était vivant. Si un jour, je le retrouve… Je compte bien lui glisser un mot sur l’abandon de son épouse et de sa fille… Ça ne se fait pas d’abandonner sa famille ainsi !

Misaki fulminait de rage après avoir prononcé cette dernière phrase. Elle prit une grande respiration et se calma aussitôt.

Cassandra baissa son regard, consternée par ce qu’elle venait d’entendre. Elle ressentait la colère et la tristesse de sa nouvelle camarade. C’étaient deux émotions qu’elle n’aimait particulièrement pas.

— Je souhaite pour toi de retrouver ton père, répondit l’elfe. Ce n’est pas comme si j’avais eu l’opportunité de rencontrer mes parents biologiques, alors…

— Oh… Pardonne mon impolitesse, dit Misaki. Je ne souhaitais pas te faire de la peine. Seulement, j’en avais beaucoup sur la conscience…

— Ce n’est pas grave. J’ai fini par accepter depuis longtemps que mes parents avaient probablement bien fait de m’abandonner à Aöryn. Sans quoi, je n’aurais jamais appris ce que sont la tolérance et la charité, ainsi que tous les talents de mon père adoptif. C’est un mal pour un bien, comme on dit.

Misaki mit une main compatissante sur l’épaule de Cassandra.

— Je vais donc te répéter que tu viens de me dire, dit-elle. J’espère que tu retrouveras ta famille. Non parce que t’as forcément besoin d’eux, mais parce que tu mérites de connaître tes origines.

Cassandra lui sourit et poursuivit sa recherche de champignons comestibles.

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