Chapitre 22 : La missive secrète.

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Alors que les deux frères se séparent afin d’augmenter leur chance de semer les gardes, Rui se retrouve au poste de commis en cuisine au sein même du palais suite à un malentendu. Après s’être fait sermonner par les cuisiniers pour sa désinvolture, il se voit confier la tâche de la plonge par ces derniers.

Tandis que chacun est concentré sur son activité, quelque chose vient les troubler assez vite.

Un fracas retentit, puis un deuxième suivit d’un autre encore…

- Qu’est-ce que c’est que ce bruit ?! se plaint l’un des cuisiniers.

Ils se retournent en chœurs et poussent un cris d’étonnement : il va nous faire tuer !

En effet, Rui, habitué à vivre dans la nature depuis son plus jeune âge, n’avait jamais fait la vaisselle. Il se contentait de plonger les assiettes dans le seau d’un air nonchalant, avant de les jeter dans le carton à ses pieds, sans se rendre compte qu’il était en train de toutes les casser.

- Ça suffit ! Dehors ! lui intime un cuisinier.

- Attends ! C’est une catastrophe ambulante mais on ne peut pas le virer dès le premier jour, Mr. Alberan va nous accuser de mal faire notre travail, s’inquiète un autre.

- Tu as raison… j’ai une idée qui nous dédouanera de toute fautes, annonce un troisième compère, il suffit que le valet voit de lui-même l’incompétence du nouveau…

Ni une ni deux, Rui se retrouve à arpenter les couloirs du palais, poussant une table de service contenant l’encas de l’archonte.

Il arrive à l’endroit indiqué, pousse la porte, sans toquer, puis pénètre dans la suite privée de l’archonte. Personne en vue.

Le jeune homme regarde vite fait autour de lui. Une chambre aussi spacieuse que luxueuse. Un grand lit recouvert de soie, posé sur un sol tapissé de fourrure qui se mariait assez bien aux murs ornés de trophées de chasse et de diverses babioles entreposées sur de beaux meubles bien charpentés. Parmi le mobilier, un grand bureau, disposé au centre de la pièce, attire son attention. Il s’avance vers ce dernier avec sa table de service.

Au même moment, arpentant les couloirs, l’archonte Longius, accompagné d’un garde du corps, discute avec son valet :

- Je vois qu’il y a peu de gardes aujourd’hui, Alberan ?

- Archonte, veuillez m’excuser c’est de ma faute. La cité est en alerte. Des individus auraient réussis à pénétrer nos murs. J’ai jugé bon d’envoyer des renforts aux thessaloniens, pour montrer que nos troupes ne restent pas les bras croisés, s’explique-t-il.

- Décidemment, il est bon d’avoir un valet qui en a dans la tête, le complimente-t-il.

- Je vous en remercie mon seigneur, rétorque-t-il.

- Déjà que le polémarque a réquisitionné la moitié de mes hommes, et que je dois m’occuper de ce prince… il ne manquait plus que des gêneurs ! s’écrie l’archonte.

- Ne vous inquiétez pas, j’ai suivis vos instructions à lettre en cas de danger. Ces intrus se feront appréhender d’ici peu, assure-t-il.

- Si tu le dis mon cher Alberan… d’ailleurs le capitaine Alaros m’a fait savoir qu’ils devaient régler une petite affaire avant de revenir avec le prince ici.

Tout en discutant, ils arrivent devant les appartements de l’archonte. Ce dernier ouvre la porte. Un court instant de silence s'intalle. Les regards gênés de Rui et Longius se croisent, une poignée de secondes :

- Oh excusez-moi, j’ai dû me tromper de chambre ! réagit-il instinctivement en voyant le jeune homme assit dans le bureau en train de s’empiffrer.

Il referme aussitôt la porte et continue sa marche. Alberan, confus ne comprend pas ce qu’il vient de se passer. Il n’avait pas eu le temps de jeter un coup d’œil dans la pièce pour apercevoir la personne à laquelle l’archonte s’était adressé, mais une chose était sûre, c’était bien la chambre de Longius :

- Euh … balbutie le valet.

- J’espère que le banquet en l’honneur du prince et son escorte sera prêt à temps pour l’accueillir, continue-t-il avant de s’arrêter net : une seconde, qu’est-ce qu’il vient de se passer ?!

L’archonte se rend compte qu’il vient de s’excuser auprès d’un inconnu mangeant sa collation dans son bureau.

Il se précipite dans ses appartements suivit par le valet et son garde du corps. Longius pénètre dans la pièce en toute hâte et trouve Rui face au bureau, la table de service devant lui avec le plateau repas rabattu de son couvercle, comme si rien ne s’était passé.

L’archonte semble perdu.

- Est-ce que vous allez bien, Maître ? demande Alberan.

- Oui, c’est surement la fatigue qui me joue des tours, réplique-t-il.

Il s’avance vers son bureau, prend place puis fait signe à Rui de lui amener sa collation.

Ce dernier s’exécute. Il ouvre le couvercle de l’assiette et dépose le plat devant Longius. Une pâtisserie minuscule et quelques fruits subsistent. Rien à voir avec les copieux encas dont il est habitué : Toi, as-tu touché à mon plat ?

- Moi ? Pourquoi vous me demandez ça ? rétorque Rui.

- Qu’est-ce que ça veut dire ? Le nouveau ? s’écrie Alberan.

L’archonte voyant le jeune homme imperturbable face à sa question est un peu confus mais n’insiste pas plus. Il se munit de sa fourchette nerveusement, puis tente de piquer la pâtisserie lorsqu’elle disparait en instant, sous les yeux choqués des deux autres employés. Le seigneur relève les yeux :

- Tu viens de me voler mon dessert ? demande-t-il d’un ton sec.

- Hmm… pourqwa vous me dewmander cha ? répond le jeune homme la bouche pleine.

- Tu ne tiens pas à la vie pauvre fou ? intervient le valet tandis que le garde dégaine son épée.

- Espèce de… ! s’énerve le seigneur.

Il se lève brusquement en balançant l’assiette, lorsque tout à coup son irritation se change en effrois :

- … Où-est-ce que tu as trouvé ça ? demande-t-il en pointant du doigt un bout de papier taché ressortant d’une poche du jeune homme.

- C’est… oui, vous avez raison c’est de la sauce ! La preuve que tu es un voleur de nourriture ! s’écrie le valet tout fière.

- Idiot ! s’emporte l’archonte. Ce n’est pas ça, c’est le message…

À ces mots, les yeux d’Alberan s’écarquille. Il comprend tout de suite de quoi parle l’archonte : Arrête-le et rapporte-moi ce papier ! vocifère-t-il au garde.

- Hmm ? J’ai pas bien compris votre problème, mais merci pour la nourriture ! annonce Rui tout sourire, je dois filer à plus !

- Attrapez-le ! hurle Longius.

Le garde s’élance sur le jeune homme avec sa lame. Ce dernier ne tergiverse pas, il ramasse l’assiette en argent que l’archonte avait jeté par terre, et s’en sert comme bouclier pour parer l’attaque. Le soldat recule suite au choc, mais Rui enchaîne rapidement. Il lui envoi le couvert en plein visage, avant que ce dernier n’en tombe.

Le valet s’avance. Il serre son poing et ferme les yeux, ivre de colère :

- Tu as osé défier le seigneur de cette cité ! Je ne vais pas te laisser passer ! Tu vas apprendre à tes dépend que je ne suis pas un simple valet ! Je vais…

Rui ne prêtant pas attention à ces paroles, a déjà pris son chemin.

- Alberan ! Tais-toi et rattrape-le ! hurle l’archonte.

- Je… euh…comment ? ...tout de suite ! Veuillez me pardonner, dit-il tout confus.

Il se lance aussitôt à la poursuite du voleur qui l’a déjà distancé. Arpentant les couloirs et escaliers du palais dans tous les sens il en profite pour rallier chaque personne croisée à sa tâche. En quelques instants tout le manoir entre en ébullition.

Rui, quant à lui, était revenu sur ses pas. Il pénètre dans les cuisines :

- Lime ! l’interpelle-t-il.

Les cuisiniers, concentrés sur leur tâche jusque-là, ignorant la situation actuelle, s’étonnent de le voir revenir tranquillement :

- Tiens ! J’aurais parié qu’il allait provoquer une autre catastrophe ! s’écrie l’un.

- Oui, je m’attendais à voir Mr. Alberan débarquer en furie, commente l’autre.

Le jeune commis, Lime, vient alors à lui :

- Ah ! Tu es de retour… sans le plateau service… ? remarque-t-il d’un air inquiet.

- Oui ! Dis-moi, c’est par ou la sortie ? enchaîne Rui.

- Euh… tu prends le couloir à ta gauche puis la première à gauche encore, répond-il déconcerté avant de rajouter, pourquoi ?

- Merci ! Je dois filer d’ici, j’ai quelque chose de très important à faire, répond le jeune homme tout sourire, à la prochaine ! lance-t-il sous l’incompréhension de tous, avant de s’en aller en toute hâte.

Il ne faut pas plus de quelques secondes pour qu’Alberan se ramène à son tour, haletant :

- Avez-vous vu ce voleur ?! vocifère-t-il

- Quel voleur ? vous ne parlez pas du nouveau quand même ? demande l’un des cuisiniers.

- Qui d’autre ?! Vous avez quelque chose à vous reprocher ? rétorque le valet.

- Oh ! Non…non…il est surement parti par-là ! indique l’un des employés en montrant du doigt la gauche, avant de précise qu’il a demandé le chemin de la sortie.

Aussitôt dit, qu’Alberan se précipite dans la direction mentionnée, suivit par les gardes qu’il avait rameutés.

- Si jamais le contenu de cette missive sort de nos mursnous serions condamnés… s’inquiète-t-il.

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