Chapitre 17 : Un adieu définitif ?

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Alors que Galahn parvient à soutirer des informations aux soldats thessaloniens sur l’endroit où sont retenus Ren et Merry, Binks se propose de les aider. C’est alors que Nicos débarque à son tour, afin de solliciter l’aide de Shizza.

Shizza et Galahn, accompagnés de Nicos se dirigent vers la maison d’Ajax.

- Que s’est-il passé Nicos ?

- Rui est devenu fou ! Ajax m’a demandé de venir te chercher pour que tu le raisonnes.

Ils arrivent devant la demeure du chef. La porte d’Ajax claque. Shizza pénètre précipitamment dans la maison. Il tombe directement sur Rui, son grand frère, ficelé et pendu par les pieds, en train de s’agiter dans tous les sens :

- Rui ! Q... Qu'est-ce que tu fous attaché ?!

- Shizza ! Libère moi ! C'est le vieux qui m'a eu !

Ajax, accompagnés de deux hommes du village, Sakis et Haris grimaçant et essoufflés, prend parole :

- Arrête de me traiter de vieux ! Et tu ne m'as pas laissé le choix, tu n'en fais qu'à ta tête.

- Que s’est-il passé ? demande Shizza.

- On a dû s’y mettre à plusieurs pour le contenir. Toi qui es le plus censé des trois, tu pourrais peut-être le raisonner ? Même attaché, il ne peut pas rester tranquille !

- Libérez-moi ! Je vais aller lui régler son compte à ce gars ! vocifère-t-il.

- Demain, j'irai à nouveau demander grâce au prince. Si on te laisse faire Rui, tu te précipiteras là-bas et non seulement tu te feras tuer, mais ils mettront leur menace à exécution ! rétorque Ajax.

- J’vais pas les laisser l’exécuter ! Et pour l'armée, on verra bien après ! Détachez-moi ! hurle-t-il.

- Tu n'as vraiment rien dans la tête ! Pourquoi crois-tu que ton frère s'est rendu ?!

Mais Rui n’a que faire des paroles d’Ajax:

- Arghhh ! Libère moi, le vieux !

- Qui-est ce que tu traites de…

Ajax est interrompu par Shizza :

- Il y a du nouveau, le vieux !

Le chef marmone un bruit d’agacement, il n’aimait pas ce surnom qu’ils avaient pris pour habitude de lui donner :

- Ne me dit pas que tu es allé fouiner à la taverne ? C’est dangereux !

- Ils vont exécuter Ren à l'aube ! lâche le jeune homme.

- Quoi ?! s'écrient-ils tous.

- Ce n’est pas possible ! La situation est grave ! Il n’y a donc aucun moyen de régler cela par la discussion ? se désole le chef.

Rui, encore plus furieux, s’agite dans tous les sens :

- Je dois y aller ! Le vieux ! Arghhhh !

- Attendez, ce n'est pas tout, poursuit Shizza, j'ai rencontré un aventurier à la taverne, il s'appelle Galahn, il va nous venir en aide. Il sait où Ren et Merry sont détenus.

À ces mots, l’aventurier qui était resté sur le pas de la porte pénètre dans l’enceinte. Tout le monde fait silence. Ajax et Galahn se fixe un bref instant :

- On s’est déjà croisé n’est-ce pas ? lance-t-il au chef de Munt.

- Dans une autre vie peut-être, lui répond ce dernier.

L’ex-commandant avance de quelques pas tout en jetant un regard dans la pièce, scrutant toutes les personnes qui s’y trouvent :

- Je vois, élude-t-il, le temps presse. Je vais faire court. Ceux que vous recherchez sont retenus prisonniers à…

Il n’a pas le temps de finir sa phrase que Rui, toujours suspendu, se balance en arrière puis se projette en avant à la surprise de tous :

- Rui qu’est-ce que tu fous ?! s’exclame Shizza.

- Tu vas me dire où ils sont ?! hurle-t-il tandis qu’il se lance vers Galahn prêt à lui donner un coup de tête.

Mais ce dernier esquive aisément et le jeune homme s’en va cogner le plafond avant de revenir à sa position initiale.

- Espèce d’imbécile ! Il est en train de nous le dire, calme-toi ! vocifère Ajax.

- Il est timbré ce gosse… déclare Sakis d’un air découragé.

Mais Galahn en éclate de rire, à la surprise générale. Et cela faisait bien longtemps qu’il n’avait ri de la sorte :

- Tu n’es pas ordinaire, petit.

- Rui ! C’est mon nom !

- Rui… J’ai l’intention d’aller délivrer ton frère, seul.

- Quoi ?! s’exclame Shizza.

Ajax prend la parole :

- C’est un bon raisonnement. Il n’est pas d’ici, s’il se présente devant les théssaloniens comme un aventurier de passage, il n’y aurait peut-être pas de représailles contre notre village, n’est-ce pas ?

- C’est exact, rétorque l’aventurier. Par contre, je dois vous prévenir. Votre frère ne peut plus rester ici, sinon mon implication n’aura servi à rien et ils attaqueront cette bourgade.

- Oui, malheureusement, cela va de soi, lui répond Ajax.

- Tu comptes me convaincre de rester ici pendant que Ren est en danger ?! s’emporte le jeune garçon ligoté, hors de question !

- C’est à vous de voir. Vous pouvez rester vivre à Munt, et dans ce cas on ne doit plus vous apercevoir en ma compagnie ou en celle de votre frère. Mais si vous décidez de m’accompagner, vous serez compromis et vous devrez quitter définitivement l’île. Il n’y aura pas de retour en arrière possible, les prévient l'aventurier.

- On le suivra partout ! hurle Rui sans hésiter.

- Bien dit, nous sommes inséparables ! rajoute Shizza.

À ces mots emplis de détermination, Ajax semble résigné :

- Je sais que je ne peux pas vous retenir…

Il fait signe à l’un des deux hommes de détacher Rui.

- Mais tu vas arrêter de gigoter, Oui ! hurle Sakis.

- Dépêche –toi ! crie le jeune garçon qui remue dans tous les sens.

- Mais tu vas te calmer, Oui ! s’emporte-il en prenant un coup accidenté.

- Attends… je vais t’aider Sakis, propose le deuxième homme à contrecœur.

Pendant qu’ils dénouent ses liens, le petit Nicos qui était resté muet tout le long de la discussion, s’approche du chef et de l’aventurier, d’un air inquiet :

- Qu’arrivera-t-il à ma sœur ? demande-t-il

- Elle n’a pas levé la main sur le prince mon garçon, je m’assurerais qu’elle puisse rester dans ce village, tu as ma parole ! lui répond Ajax.

- Tu ne nous as toujours pas dit où ils se trouvent, Galahn ? demande Shizza.

L’ex-chevalier s’empresse de répondre :

- Votre frère et votre amie sont détenus près du temple d’Athéna, au pied du mont Panargias. Le problème est que pour y accéder, il faudra passer par Stharvos, là où les troupes thessalonienes ont monté leur campement. Nous devrons nous montrer discrets, sans oublier que le temps nous est compté.

Tout à coup, quelqu’un toque à la porte grande ouverte :

- J’suis prêt. On peut y aller, annonce Binks.

- Binks ! Que fais-tu ici ? s'étonne- Ajax.

- Chef ! J'leur donne un coup de main. J'vous expliqerai plus tard.

- Bien bien bien ! s’exclame Rui en craquant ses mains, en route !

- Rui… prononce Nicos d’une voix faible.

Le jeune homme pose la main sur la tête du petit garçon inquiet et lui dit tout sourire :

- Ne t’inquiète pas. Je la ramènerai saine et sauve, je te le promets !

- Soyez prudent vous deux… Galahn je te les confie, dit le chef.

L’ex-chevalier hoche de la tête. Et les voilà partis, avec Rui en tête de file :

- Hihihi ! À plus, le vieux, les amis ! les salut-il d’une main levée, tout en s’éloignant.

- Prenez bien soin de Nicos ! rajoute Shizza.

Ajax avait une drôle d'impression, comme un arrière-gout de déjà-vu. Il avait la sensation qu'ils ne remettraient plus les pieds dans cet endroit. Le chef était ému à l'idée de ne peut-être plus revoir ces trouble-fêtes, qui malgré les problèmes qu'ils causaient régulièrement, animaient cette petite bourgade de par leur insouciance. Une émotion qui s'entremélait avec un autre sentiment. En effet, il ne pouvait s'empêcher de ressentir de la fierté en même temps. Eux qui avaient connu une terrible tragédie dans ce même village, il y a quatre années, étaient parvenus à surmonter cette épreuve et à garder, malgré tout, ce sourire contagieux, partout où ils passaient. Ils allaient terriblement manquer à tout Munt.

Au centre d’Ithaque, entre Stharvos à l’est et Khanaara à l’ouest, s'étend un vaste domaine : le palais du légendaire roi Odyseus et de la reine Pénélope. Alors que nos héros se mettent en route pour Stharvos, des dizaines de troupes se mobilisent devant l’entrée de la demeure royale. Tous attendent un homme : Laetos.

Ce dernier se prépare à aller contempler une dernière fois son peleton.

Il dépose une missive dépliée sur sa commode, finit d’ajuster ces gantelets, puis porte son heaume à la tête. Le voilà fin prêt. Il se dirige vers le balcon, au-dessous duquel se sont regroupés les soldats. Ces derniers s’empressent d’exécuter un salut protocolaire à sa vue. Près de la balustrade, un homme se tient à ses côtés. Laetos lui adresse quelques mots :

- Capitaine Geros, on vient de me signaler que les délégations sont en approche.

- Affirmatif ! Ils ont pénétré la mer Ithaquienne et seront là d’ici peu de temps. De notre côté, les préparatifs sont terminés.

- Bien, bon travail, rétorque-t-il d'un air satisfait tout en jetant un oeil à ses troupes, nous pouvons commencer.

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