Chapitre 15 : Le fauteur de troubles capturé.

6 minutes de lecture

L’an 726, Continent Ouest, île d’Ithaque, à Munt :

Tandis que Ren raccompagne le petit Nicos au village, il est témoin d’une scène affligeante.

Choqué, il laisse tomber les bûches par inattention. À travers le rassemblement des villageois, il apperçoit Mery, en pleurs, retenue par des soldats ainsi qu' Ajax en train de se faire battre.

Une rage folle s’empare alors du jeune homme.

- Qu’est-ce que tu as ? demande Nicos avant de tourner son regard vers la même direction, …Grande Sœur ! hurle-t-il en se précipitant vers eux.

Mais à peine a-t-il entamé sa course qu’il sent un courant d’air jaillir derrière son dos : C’était son ami qui s’était élancé furieusement vers les assaillants.

- Ren ! s’écrit le petit garçon.

Le jeune homme surgit comme un fou furieux par-dessus la calèche, parquée en plein milieu de la voie, et se retrouve nez-à-nez avec trois gardes.

Les fantassins n’ont pas le temps de comprendre ce qu’il se passe. Ren enchaîne d’un coup de pied sur l’un suivis d’un autre sur le second avant d'assener une droite au troisième, les envoyant au tapis.

- Ren ?! … Ne fait pas ça ! crie Ajax en haletant.

- Oh non pas encore l’un d’eux ! s’écrient l’un des habitants.

- Il va nous faire tuer ! s’exclame un autre.

- Le sacrifice de notre chef et de Mery n’aura servi à rien ! s’indigne un troisième villageois.

À Munt, ils sont connus depuis tout petits, pour s’attirer des ennuis. La fratrie a toujours eu le don de se mettre dans des situations rocambolesques et dangereuses. Même si tous savaient qu’ils n’étaient pas mauvais, ils craignaient chaque action provenant de l'un des trois frères terribles.

Ren ignore, comme d’habitude, les paroles proférées par Ajax et les villageois. Fou de rage, il se défoule sur les soldats.

Ces derniers remarquent vite qu’il ne s’agit pas d’un garçon ordinaire et dégainent leurs épées. Mais il est étonnement très habile et doué au combat.

Le jeune homme change de stratégie et enchaîne les feintes. Pris entre deux ennemis, il a le réflexe de s'abaisser au bon moment, laissant ces derniers s'embrocher eux-mêmes. S'en suit une attaque à la lance par le flanc gauche. Il n'a pas le temps de souffler, qu'il se redresse, puis esquive le coup en tournoyant sur lui même. Le soldat en perd son équilibre tandis que la pointe assérée de l'arme s'en va blesser un de ses compagnons. Les mouvements du jeune homme sont légers, et ses pas d'esquives rappellent aux soldats ceux d'Ajax. Il les met en déroute un à un sous les yeux ébahis du capitaine de la garde et du prince : en quelques instants, plusieurs soldats tombent à terre.

- Ce gamain ! Il a la même aisance que le vieil homme ! s’étonne Alaros.

Ren s’avance vers le capitaine et le prince, jetant un coup d'oeil sur les deux soldats à leur cotés retenant la grande sœur de Nicos :

- Que se passe t-il ici ? Mery ! Le vieux ! Qui sont ces gars ?! vocifère t-il.

- Toi, qui es-tu ? lui retourne le capitaine Alaros.

D'un regard enragé, le jeune homme réplique :

- Je m’appelle Ren, et vous avez intérêt à avoir une bonne excuse sinon... ! profère t-il en craquant ses doigts.

- Ne…fais... pas ça… conjure Ajax, sous les yeux inquiets des habitants.

- Huhuhu, eh bien il y a des spécimens surprenant dans ce trou perdu ! Vois-tu, je te ferais remarquer que tu t’adresses au prince de Thessalia. Tu devrais t’incliner avant d’ouvrir la bouche ! hausse t-il le ton.

- Et alors qu'est ce que tu nous veux ? reprend-il, d'un ton désinvolte, donnant l'air de s'en ficher du statut de son interlocuteur.

Le prince, tout d'abord irrité par son attitude, garde son calme et poursuit : 

- Dans mon immense bonté j’ai fait l’honneur à cette gueuse de devenir ma concubine en l’achetant à ses géniteurs. Ce vieux sot que tu vois là a profité de mon amabilité, j'epère que tu te montreras plus malin, lance t-il d'un air narquois avant d'ajouter : Rend toi et je te donne ma parole que tu ne mourras pas, promet le jeune noble, tout sourire.

Mais cette explication ne fait que rendre le jeune homme encore plus enragé :

- N'as-tu pas honte ? Les gens ne sont pas des marchandises que vous les nobles pouvez acheter comme bon vous semble. Ordure !

- Ren... gémit la jeune fille apeurée, visiblement émue par ses paroles.

Un court silence s'installe, la tension est palpable. Le prince venait de se faire insulter.

Face à cet outrage, l'expression jovial sur le visage de Junon de Phéres se change en colère :

- Qu'est-ce que ?! Espèce de sale paysan comment oses-tu ? Tas d'immondices, tu vas regretter tes paroles ! vocifère le prince qui en perd son langage.

- C'est toi la seule pourriture que je vois ici ! lui répond Ren, en le pointant du doigt.

- Comment oses-tu ? Tuez-le ! réplique le jeune noble par réflexe.

- Votre altesse, je m’en occupe ! assure Alaros.

Ce dernier, épée en main se place entre Ren et le prince :

- Approche morveux !

Ren reste silencieux et l'observe un court instant.

- Espèce de gueux, je brulerai ton village pour ton insolence ! menace le prince en tirant Mery par les cheveux vers lui, faisant hurler cette dernière.

- Mery ! Lâche-la ! Je vais te dégommer la face ! rage le jeune homme.

- Non ! Tu vas tous nous …

Ajax n’a pas le temps de terminer sa phrase que Ren se rue sur le capitaine.

Ce dernier lève son épée et s’apprête à lui assener un coup. Mais le jeune homme, qui arrive à pleine vitesse sur lui, se laisse glisser et évite de peu le coup de lame en passant entre les jambes du capitaine. Il arrive devant le prince.

- Où est-ce qu’il est passé ? s’exclame le capitaine de la garde en se retournant.

- Sale vermine ! Ton insolence sera sévèrement punie ! Je vais…

Sans attendre que le prince ne termine sa menace, Ren sert le poing et balance une droite monumentale, de toutes ces forces et de toute sa hargne, creusant la joue du jeune noble. Le coup emplie de rage le fait valser, emportant un garde sur son chemin et fracassant la porte de la maison de Mery et ses parents.

Le bruit du coup résonne dans tout le village.

- Non !!! Qu’as-tu fait ? s’indigne Ajax.

Les villageois en restent sous le choc. Il avait eu l'impudence d'agresser un prince, ce qui revenait à défier l'autorité même de l’illustre roi de Thessalia. Il suffirait d'un seul mot de la part d'une personne de son rang, et Munt serait rasée de la carte.

- Votre altesse ! s’écrit Alaros, alarmé.

- Arghhh ! hurle-t-il de douleur. Tuez-le ! Tuez-le ! Tueeez-le... s'époumone-t-il avant de perdre connaissance.

Tous les soldats à disposition se relèvent avant d'encercler Ren, pointant leurs lances vers lui, tandis que le capitaine tourne sa lame en direction de la fille :

- Rend toi ou nous décréterons ce village comme rebelle, l’accord commercial sera rompu et la grande armée de Thessalia viendra tous vous massacrer !

- Ren... Qu'as-tu fait ? gémit Ajax en essayant de se relever.

- Le vieux… Je ne pouvais pas rester les bras croisés, regrette-t-il.

Il jette un coup d'œil sur les habitants tous affolés. Il savait qu'il pouvait se débarrasser des quatre ou cinq soldats devant lui. Il était habitué à se battre pour défendre ses deux petits frères Rui et Shizza et il était naturellement doué dans ce domaine. Il savait aussi que la fuite était possible et qu’il aurait pu les semer facilement dans la forêt. Mais il comprend vite que s'il n'en fait qu'à sa tête et qu'il refuse de coopérer, il condamnerait ses frères, Mery, le petit Nicos, Ajax et par la même occasion tous les habitants de Munt.

Le jeune homme finit par s'y résoudre et lève les bras en signe de reddition :

- Je me rends, ça suffit...

- Ren d’Ithaque, au nom de son altesse, le prince Junon de Phéres, tu es en état d’arrestation pour attentat envers la couronne de Thessalia. Tu seras jugé selon les lois thessaloniennes, par le prince lui-même. Emmenez-le ! ordonne le capitaine Alaros.

Retour au présent :

- Je vois… répond Galahn. Ceci étant dit quelque chose cloche… Pourquoi le prince en personne se chargerait d'un simple accord commercial de ce genre... Il y a anguille sous roche, pense t-il.

- Le vieux nous a averti des conséquences. Actuellement il essaye de raisonner mon autre frère, Rui, qui voulait aller le libérer de force ! Le problème c'est qu'on ne sait pas exactement où ils l'ont emmené... J'étais venu proposer à Binks de me laisser passer travailler à la taverne pour épier la conversation des soldats qui l'ont capturé ce matin... Et j'ai appris quelque chose de terrible : Demain à l’aube, aura lieu l'exécution de mon frère ! Je t'en prie... Aide-nous !

Annotations

Vous aimez lire Alsensei ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0