Chapitre 8 : Galahn entre en scène.

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Continent Ouest, Royaume de Cendria, dans les couloirs du palais royal :

Alors que Victoria sort sa carte maîtresse et s'élançe vers Kanon pour une ultime attaque, ce dernier, plein son sang froid, empoigne sa dague et d'une dextérité sans égale, la lui plante dans la poitrine :

- Alors meurs ! dit-il d'un ton très sec.

Victoria ne vit ni tristesse, ni joie dans le regard de Kanon. On aurait dit qu’il était presque dépourvu de sentiments, exécutant son geste machinalement.

Son aura se dissipe tandis que l'éclat de ses yeux se ternit. La vie est en train de la quitter. Elle s'efforce néanmoins de lancer une dernière parole, haletante, tandis qu'elle recrache son sang :

-...Galahn... Il vous arrêtera, déclare-t-elle, avant de rajouter à bout de force : Père, frère... Pardonnez-moi...

À ces mots Kanon retire la dague d'un geste sec. La jeune femme s'effondre, inconsciente. Une larme de regret perle sur sa joue refroidit.

- Tu t'es bien battue, admet-il en extirpant la pointe du fouet planté dans son épaule .

Malgré la vitesse à laquelle elle s'était lancée, Victoria, prise de court, avait modifié la trajectoire de son attaque au dernier moment en réponse à la contre-attaque de son adversaire. Il s'en était fallu de peu pour lui porter un coup critique, mais hélas, elle avait échoué dans son ultime tentative.

- Bien, je dois rejoindre le jeune maître. pense-t-il tout haut, en se tenant l'épaule ensanglantée.

D'un regard atypique, emplie de mélancolie, il jette un dernier coup d’œil sur le corps sans vie de la chevalière écarlate . Un air morne transparait sur son visage habituellement froid : Parfois, croiser le faire avec un adversaire de talent vaut plus que mille mots pour le comprendre. Tu étais une âme belle mais tourmentée et une guerrière farouche. Ce n'est pas de ta faute ni de la mienne. Tu as été trompée et tu t'es battu pour le mauvais camp. Je me demande parfois si un monde aussi perfide mérite d'être sauvé quand je vois un tel gachis... déclare-t-il songeur .

Un peu plus loin, dans les appartements de la princesse, Émi, voyant Galahn dépité, s’enquiert de lui :

- Que se passe-t-il ? Pourquoi fais-tu cette tête ? demande-t-elle en se rapprochant de lui.

- Je ne ressens plus son aura, elle serait... Il serre le poing, l’air anxieux, : je ferai tout pour que ta mort ne soit pas veine mon amie...

- Galahn... Tout va bien ? insiste-t-elle, confuse.

Le chevalier fixe la jeune fille un instant. Un bref moment de silence s'installe, avant que ce dernier ne réponde d’un ton sec :

- Princesse, je suis désolé de vous l'apprendre ainsi, mais je pense que Victoria a échoué et donc que votre père...

- Quoi ?!! s'exclame-t-elIe, choquée, il faut qu'on lui vienne en aide ! Je t'en prie... il n'est peut-être pas trop tard ! adjure-t-elle.

Sa mine paniquée contrastait avec l'air affligé de Galahn.

- Je ne peux pas vous laissez sans défense, je suis désolé. À l'heure qu'il est, vous êtes probablement la dernière héritière du trône… Mon devoir est de vous protéger, rabâche-t-il en baissant les yeux : J'ai donné ma parole à mon roi.

Alors que la princesse commence à réaliser qu'elle ne reverra peut-être plus jamais son père, sa prémonition ressurgit tout à coup, l'espace de quelques secondes, lui rappelant l'image de la dépouille de ce dernier :

- Ce n'est pas vrai ?! Non, pas lui ! s’écroule-t-elle, en larmes.

Tandis qu'Émi pleure son père, Galahn, garde son sang froid. Il repense à la situation et analyse les diverses possibilités :

- Les autres commandants n'ont plus donnés de signe de vie... Ils se seraient fait tuer eux aussi ?... La situation est critique, que faire ? Dois-je fuir avec la princesse ou lutter contre les enemis ? Non, la priorité c'est elle, c'est ma mission...

Tout à coup un grabuge vient le tirer de ses pensées :

- Quel est ce vacarme ?!

Dans les couloirs du palais, un bruit surgit soudainement, tel une explosion. Kanon, qui en est proche, se dirige immédiatement vers la source, au cas où il s'agirait de son maître. Il tombe néanmoins sur son autre compagnon qui vient de défoncer tous les murs sur son passage avant d’atterir à cet endroit, accroupi, tandis que le pilier qu’il avait utilisé, n’était plus que poussière.

- Toujours aussi brusque. Tu pourrais soigner tes entrées, reproche-t-il au colosse.

- Ne me prends pas la tête, et d'abord pourquoi ton visage est à découvert ? réplique-t-il.

- Héhé Héhé, ne t'inquiète pas. Tous ceux qui l'ont vu sont morts, affirme-t-il sereinement.

- Pareil de mon côté, j'ai fait le ménage.

Puis il regarde Kanon de plus près : Tu es blessé ? Haha Hah…

Mais il se ravise vite. Il s'arrête de rire immédiatement en voyant son compagnon s'irriter :

- Bon… Ça suffit, indique-moi le chemin, change-t-il de sujet.

- La salle de bal est par là, allons-y !

L'homme de grande taille se relève et le suit. Ils arpentent le couloir, repassant devant les corps inertes de Victoria et des soldats. Kanon en profite pour ramasser de quoi couvrir son visage. Ils ne tardent pas à arriver devant la salle en question. Un dernier cri de terreur retentit. Le colosse s'empresse de pousser les portes. Ils tombent sur leur maître qui en ressort :

- Suivez-moi !

- Oui jeune maître ! répondent-ils sans broncher.

Ils remarquent au passage, le sol tapissé de rouge. Des dizaines de cadavres jonchent le plancher, tandis que sur le trône se tient le corps inerte du roi : un véritable carnage, plus une once de vie ne résonne dans la salle de bal.

Avec tant de nobles et de membres royaux exécutés, il est désormais certain que cette affaire fera grand bruit. L'anonymat des assassins prenait tout sons sens.

Pendant ce temps dans les appartements de la princesse :

Les cris horrifiés provenants de la salle de bal, suivis du fracas des murs, semblable à une détonation, laissent place à présent au silence total. Plongée dans l'inconnu quant à ce qui se trame au sein du palais et repensant sans cesse à sa prémonition, Émi finit par craquer sous la pression :

- Galahn !!! le fixe-t-elle, en pleurant.

Le chevalier lui tend le bras :

- Princesse... Relevez-vous, nous devons partir, je...

- Non, laisse-moi tranquille ! répond-elle en balayant sa main tendue d'un revers.

- Princesse Émi ! vocifère-t-il.

- C'est de ta faute! Tu aurais pu éviter ça ! hurle-t-elle.

Mais le chevalier garde son sang froid :

- Si on ne se dépêche pas, on ne pourra plus s'enfuir. Je dois vous mettre à l'abri, soyez forte, pour votre père ! lui dit-il en lui tendant la main à nouveau : faites en sorte que son sacrifice ne soit pas vain ! Le peuple aura besoin de vous très bientôt !

À ces mots la princesse semble se calmer. Elle se remémore l'image de son père assis sur le trône ainsi que son devoir en tant qu'héritière. D'un regard déterminé, elle hoche de la tête et accepte l'aide du commandant en prenant sa main pour se relèver.

- Nous devons nous en al...

Un air d’étonnement le traverse un instant. Galahn se tait soudainement. Il ressent une présence proche d'eux.

Le chevalier se retourne directement vers la porte qui s'écrase tout à coup. C’était le colosse, qui venait de l'enfoncer d'un coup de pied sous le regard choqué d' Émi :

- Remettez-nous la princesse ! vocifère-t-il.

- Vous ! s’emporte-t-il d'un ton coléreux.

Mais ce sentiment de fureur ne lui fait pas perdre son sang froid pour autant : Il est trop tard pour s'enfuir... et passer par la fenêtre est impossible, nous sommes à plus de cent mètres du sol... et même avec mes pouvoirs je ne pourrais pas proteger efficacement la princesse en plein saut si l'un d'eux peut attaquer à longue distance...

Les deux autres individus pénètrent à leur tour dans l'immense pièce.

- Qu'avez-vous fait au roi et à mes compagnons ? demande le chevalier.

- Le roi ? Mon jeune maître s'en est occupé ! Quant à tes compagnons à la taverne, ils ne m'ont pas posé de grosses difficultés, avant de rajouter avec d'un léger sourire en coin : - Tu aurais dû voir comment ton ami en rouge m'a supplié de l'épargner, Haha Haha !

Le visage de Galahn se serre mais il ne dit pas un mot, ignorant ses provocations.

- Non ! s'exclame Émi qui tombe à genoux, en pleurs, criant de tout son coeur sa peine : Père !!!

- Alors tout le monde est...

Galahn s'en doutait déjà, mais il semble tout de même déconcerté par la nouvelle.

Il se reprend aussitôt. Il a une mission. Il doit protéger la princesse :

- Approchez ! vocifère t-il en faisant un pas en avant.

Le chevalier est plus résolu que jamais, ses compagnons Victoria, Alfréus, Fehnral, Guilford ne sont pas morts en vain, c'est à lui de les venger. Et tant que l'unique héritière du trône reste en vie, la possibilité d'un meilleur lendemain demeure encore.

- Jeune maître puis-je m'en occuper ? demande l’homme qui avait fracassé l'entrée de la pièce.

Son chef acquiesce d'un signe de la tête.

- Haha Haha ! Il parait que tu es le plus puissant des vermisseaux ? Donne-moi un combat digne de ce nom ! réclame-t-il.

Galahn reste impassible à ses mots.

Alors que ses deux complices restent devant l'entrée, éliminant toute possibilité de fuite, le colosse ne perd pas de temps. Il s'élance vers lui, le poing en avant, chargé d'aura, prêt à lui porter un coup violent, mais Galahn l’évite de justesse en basculant en arrière. Puis contractant ses muscles abdominaux, ses appuis bien ancrés au sol, il se redresse immédiatement vers l'avant tout en extirpant sa lame de son fourreau et lance la riposte :

- « Lightening Spear » !

Son corps s'entoure d'un halo de lumière se propageant sur son épée, allongeant même sa longueur.

Le chevalier abat sa lame à une vitesse fulgurante, déchirant le bas de la capuche de son ennemi qui évite de peu la contre-attaque, avant que tous deux ne se replient d'un bond en arrière.

Un échange très bref, mais qui en dit long sur le niveau des deux guerriers :

- Tu m'as surpris sur ce coup, admet son adversaire, tu es définitivement plus doué que les autres, Haha Haha ! se réjouit-il, tandis que se forme une légère écorchure sur sa joue.

- Hmm...?! s'exclame le chevalier, interloqué.

L'habit partiellement déchiré du colosse laisse entrevoir un symbole particulier : Une marque en forme de lune sur sa nuque.

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