Chapitre 5 : La loi du puissant, le dernier témoin.

8 minutes de lecture

Continent Ouest, Royaume de Cendria :

Tandis que la fête bat son plein, les hommes en capuche passent à l’action au palais, semant le chaos à travers leur pas.

Leur acolyte au bar souterrain n’en est pas en reste :

Alors que Fehnral tente de prendre ses jambes à son coup, son ennemi lui barre la route d’un air amusé. Le chevalier tombe fesses contre terre, dépité face à l'assassin de ses compagnons :

- Pathétique ! Est-ce là, la grande puissance des commandants du royaume de Cendria ? Haha Haha, tu es si pitoyable ! gouaille le colosse.

- Je t'en... Je vous en prie, épargnez-moi ! supplie Fehnral, renonçant définitivement à tout honneur.

À ces mots, l'ennemi arrête soudainement de s’esclaffer :

- Les faibles comme toi n'ont pas le droit à la miséricorde ! Ils ne peuvent que se prosterner devant les plus puissants. Toi qui abandonnes tout ce qui te définissait face à la mort, tu ne mérites aucune pitié !

Vexé par l’attitude déshonorante du chevalier, il lève son poing, prêt à en finir.

L’espoir s'amenuise. Fehnral entrevoit tout à coup une silhouette aussi lumineuse que le soleil : L’ombre de celui qui a traversé moult périples et défis avant de devenir le plus fort des chevaliers prend forme.

Aux portes de la mort, sa jalousie, et son égo s’envolent afin de faire place à un tout autre sentiment. En effet, il n'avait jamais accepté que Galahn soit son supérieur, tout comme il avait toujours refusé de reconnaitre l’écart de puissance entre eux. Mais à présent tout paraissait plus clair dans sa tête. Plus qu’un rival ou un obstacle sur sa route, pour la première fois il ressent quelque chose de totalement diffèrent :

- Mon commandant te vaincra… murmure-t-il.

Fehnral le sait, il ne peut plus se considérer comme l'un des cinq grands chevaliers après avoir délaissé son honneur et tenté de fuir, mais veut croire en celui qu'il qualifie dorénavant de parangon.

- Il me vengera ! Non...ils me vengeront ! Ils sont encore plus puissants que nous trois réunis ! Mes compagnons te feront payer tes crimes, et tu me rejoindras bientôt ! annonce-t-il avant d'éclater de rire et de sanglots en même temps.

- Haha Haha, nous verrons bien cela, rétorque le colosse.

Il abat son poing entouré d’aura et explose le crâne de Fehnral, éclaboussant la salle de sang. Le bruit de son crâne qui s’éclate retentit dans la pièce sous le regard horrifié des clients.

Trois des cinq commandants, avaient à présent péris dans l'assaut du bar souterrain.

Au palais, le deuxième assassin, venait de terminer sa tâche. Des cadavres jonchaient le sol un peu partout aux alentours de l'enceinte.

L'homme à la chaîne se dirige à présent vers le dernier survivant, un jeune soldat, figé de peur face à ce spectacle macabre :

- Cours. Vite ! Ou ta tête quittera ton corps avant même que tu ne le remarques.

À peine a-t-il finit de le menacer que le fantassin, traumatisé, entame la course de sa vie.

L’assassin esquisse un sourire. Il se retourne puis bondit vers l'entrée du palais. Il ne suffit que d'un instant, pour qu'il se retrouve à genou pour accueillir son maître :

- Est-ce que tu en as laissé un en vie ?

- Oui jeune maître, il est allé les avertir de notre venue.

- Bien. Dans la panique ils n’auront que plus de mal pour cacher la cible. Raal a probablement gardé les hommes plus coriaces auprès de lui. Dès qu'ils sauront que l'on arrive, ils vont sûrement se séparer. Il n'en sera que plus facile de les éliminer. Entrons ! dit-il d'un ton assuré.

Il enjambe les cadavres des gardes, tandis que l’homme à la chaîne se relève et le suit : Il est temps de s'en emparer ! rajoute-t-il d’un air joyeux.

Pendant ce temps, dans la salle de bal, un jeune noble discute avec la princesse :

- M'accorderiez-vous la prochaine danse, princesse ? demande-t-il, plein d'assurance.

Elle ne peut pas refuser. J'ai offert à la couronne un cadeau inestimable, avec ces purs sangs. De plus vexer un prince, un homme de mon rang, en lui refusant une danse serait très mal vu. Sans oublier que mon royaume est le principal fournisseur des denrées alimentaire à Cendria. Bientôt, j'épouserai cette sotte et je pourrai utiliser ses dons comme bon me semble ! Huhuhu ! J’érigerai mon empire ! fantasme-t-il.

- Euh je... balbutie-t-elle avant d'être interrompue.

Un soldat entre sauvagement, tout en sueur, le regard hagard et le souffle coupé. Son air apeuré ne présage rien de bon. Les musiciens s’arrêtent de jouer. La foule se tait instantanément.

- Qu'est ce qui lui prend ? Au moment où la princesse allait accepter ma proposition ! Je demanderai à ce vieux Raal de lui trancher la tête plus tard, ça lui apprendra ! enrage le jeune noble.

- Laissez... Laissez-moi passer ! J'ai un message urgent pour sa majesté ! aboie-t-il aux gardes postés devant le souverain.

Le roi hoche légèrement de la tête et lève sa main en signe d'accord. Les gardes s’exécutent de manière synchrone et baissent leurs hallebardes. Le jeune soldat se jette à terre et s'agenouille devant le roi en sanglotant :

- Votre majesté ! Nous sommes attaqués ! Les ennemis ont pénétré dans le palais... Toutes nos défenses, ainsi que les escortes des invités ont presque toutes été décimées ! s'exclame-t-il, les yeux noyés par un torrent de larmes et de désespoir.

- Quoi ?! Comment est-ce possible ?! demandent les chevaliers abasourdis, alors que la princesse pâlit en repensant à la vision.

Tandis que la panique gagne les invités, le brouhaha submerge la salle un court instant, avant que le roi, d'un signe de la main, ne ramène le silence :

- Pourquoi n'avons-nous pas entendu la cloche d'alerte ?!

- Ils se sont occupés des tours de guets... répond le soldat.

- Comment ? interroge le roi, surpris par cette réponse, toutes les tours ?

Un léger silence plane avant que le jeune fantassin apeuré, ne se décide à répondre :

- Oui votre majesté...

- Combien sont-ils ? enchaîne Raal, troublé.

- … Seulement...deux, Votre Majesté.

- Qu'est-ce que... Mais c'est absurde ! réplique Victoria avec hargne. Comment deux individus peuvent-ils prendre le palais aussi rapidement sans déclencher l'alarme ?

Les mots de Victoria enflamment rapidement les craintes des invités et le brouhaha général reprend de plus belle.

- Il...il... n'y a qu'un seul homme qui est intervenu ! L'autre attendait au dehors du palais... Je suis désolé ! crie-t-il, la tête baissée et le visage en pleurs.

Ses déclarations les laissent tous sous le choc.

- Cela suffit ! dit le roi en haussant le ton.

Tout la salle se tue immédiatement. Le monarque se tourne vers son chevalier et poursuit à voix basse :

- Galahn ! Les autres commandants ne sont pas revenus ?

- Non, aucun signe d'eux mon roi, regrette-t-il.

Sans hésiter, le monarque donne les directives :

- Victoria, occupes-toi des intrus. Galahn, je te confie la princesse. Passez par la porte de derrière et regagnez ses appartements, et... si la situation se complique met la princesse à l'abri. Sa vie est désormais ta priorité.

À ces mots, Galahn pose un genou à terre et porte son bras droit sur son cœur :

- Votre Majesté, je jure sur mon honneur, que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour la protéger, qu’elle sera en sécurité tant que je serais à ses côtés et que je donnerais ma vie pour elle s’il le faut, réplique-t-il en posant le bras droit sur son cœur.

Le roi hoche de la tête :

- Je m'en remets à toi !

Puis il hausse le ton, s’adressant aux invités à présent :

- N'ayez craintes, chères convives ! Victoria fait partie des cinq commandants, les guerriers les plus redoutables du royaume ! Elle ira résoudre le problème tandis que la garde royale s'assurera de votre protection !

À ces mots, la dizaine de gardes en armures lourdes, derrière lui, s’avance de quelques pas et tapent le sol du bout de leur hallebarde, faisant résonner le bruit des fracas de leur arme, en signe de détermination.

Les hôtes se détendent, certains se rassurent en se disant que la grande guerrière va régler le problème, et qu'ils sont en sécurité avec la garde royale. Pourtant, le roi Raal lui-même, Émi, Galahn et Victoria semblent nerveux, mais essaient de ne pas le montrer.

- J'aurais aimé combattre à tes côtés, soit prudente, confie Galahn à Victoria.

- Ne t'inquiète pas pour moi. Veille sur son altesse, je sais qu'elle est entre de bonnes mains, réplique la jeune femme en souriant, avant de le quitter.

La princesse échange un hochement de tête avec Vicotria puis s'avance vers son père, et lui fait une révérence :

- Faites attention à vous mon roi, dit-elle d'une voix tendre et calme.

Bien qu’effrayée, la jeune femme savait qu’elle ne devait pas laisser son affolement transparaître devant les invités.

Pendant ce temps, en plein centre-ville, dans le bar où s'est joué le théâtre d'une violence inouïe :

Les clients, encore choqués, ont du mal à réagir dans cette situation singulière. Un homme sans pitié, un monstre de puissance se tient à présent devant eux :

- Vous avez vu mon visage, or je ne peux laisser de témoins, leur annonce-t-il tranquillement.

À ces mots, certains se réveillent de leur torpeur.

Paniqués, ils tentent désespérément de trouver une échappatoire :

- Ayez pitié de nous ! On ne dira rien !

- Je vous en prie, j'ai une femme et deux enfants !

- Non ! Ecoutez, on peut trouver un arrangement... Je suis considéré comme un malfrat dans cette cité, et je ne porte pas les hommes du roi Raal dans mon cœur !

- Pathétique ! Je ne négocie pas avec les faibles ! vocifère le colosse.

Ignorant toutes suppliques, il se met au travail, faisant voler les têtes d'un simple revers de la main.

Tandis que les cris résonnent d'en bas, un jeune garçon venu attendre son père au dehors, dans la ruelle, ne peut s'empêcher d'être attiré par le bruit étrange provenant de la taverne. Il décide donc de descendre les marches, petit à petit, à pas de velours, bravant l'interdiction de son paternel : "Ne t'approches jamais du bar".

Mais la curiosité est bien trop tentante, juste un coup d'œil pense-t-il innocemment. Bien caché, il jette un regard discret dans la fente de la porte. Une scène traumatisante lui transperce les yeux : Son paternel est au sol, inerte, baignant dans son propre sang parmi tant d'autres, alors que ceux encore debout se font massacrer un par un.

Paralysé face à ce spectacle macabre, il rassemble néanmoins son courage. Il réussit à prendre ses jambes à son cou, serrant les dents pour ne pas hurler, les larmes aux yeux et le visage pâle dégoulinant de sueur.

Cependant, avant même qu'il n'ait le temps de s'éloigner, la porte grince derrière lui. Tandis que le dernier cri d'un homme retentit par cette nuit cauchemardesque, le jeune garçon se précipite vers la ruelle.

Pendant un instant, il est envahi par une sensation glaçante. Sans regarder derrière lui, il pense que le colosse se dirige vers la sortie. Il se précipite donc dans une des poubelles face à lui pour s'y cacher. Mais il n'a pas le temps de soupirer que l'agresseur sort tranquillement du bar.

- Tiens donc, j'ai cru entendre du bruit par là… dit -il en s'approchant des boîtes à ordures.

Artas est en panique totale. Transpirant abondamment, il bloque sa bouche et sa respiration à l'aide de sa main.

C'est alors que le meurtrier de son père, capable de ressentir les sensations ambiantes autour de lui, et donc l'angoisse, se penche vers la poubelle.

Annotations

Vous aimez lire Alsensei ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0