Chapitre 4 : Requiem sous le claire de lune.

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Le Continent Ouest ou monde civilisé, au royaume de Cendria :

Alors que deux des trois individus suspects se dirigent vers le palais, l'unité envoyée par le Roi tombe droit dans le piège qui lui a été tendu au bar. Alfréus et Guilford succombent à l'attaque surprise du troisième complice.

Tandis que deux de ses frères d'armes viennent de périr, Fehnral, encore sous le choc, fait à présent face à leur meurtrier :

- Mes compagnons... Tu as... balbutie-t-il.

Il arrive cependant à reprendre le dessus sur les sentiments contradictoires assiégeant son esprit :

- ... À l’attaque ! Ne restez pas plantés là !

Les soldats hésitent quelques secondes, mais finissent par s'élancer sur l'assassin, la peur au ventre.

L'ennemi ne bouge pas. Mais à peine se retrouve-t-il à porté de leurs armes, que des bruits semblables à un souffle d'air résonnent dans la pièce. En trois coups de lame, le colosse les élimine tous. Il esquisse un léger sourire narquois puis jette l'épée recouverte de sang, qu'il avait subtilisée à Guilford, aux pieds du chevalier. Une sorte de provocation envers ce dernier qui venait d'envoyer ses soldats face à une mort certaine. Désormais il ne reste que lui face au colosse.

Cet homme était d'un tout autre niveau et rien ne semblait pouvoir l'arrêter.

- Mes hommes… Ce n'est pas possible ! s'exclame Fehnral, contemplant la mare de sang qui s'écoule des corps sans vie de ses amis.

Il ressent un pincement au coeur à la vue du jeune soldat chétif qui l'admirait tant.

- Tu vas me le payer, enflure ! rage-t-il

- Haha Haha ! À vous trois, vous m'auriez peut-être posé de légers problèmes et notre combat aurait pu attirer l'attention sur moi, mais désormais, tu n'as aucune chance.

- Espèce de... réplique Fehnral avant de se ressaisir.

Je ne dois pas céder à la colère... Il est rapide et très puissant, il ne laisse également presque aucune ouverture... Mais bon sang d'où sort-il, ce gars ? pense-t-il, en dégainant son épée.

Son expérience du combat le rappelle à l'ordre. Le chevalier sanglant sait que laisser libre cours à sa haine pourrait lui coûter la vie. Il serre fermement son épée. Un halo lumineux émane de son corps :

- Qui es-tu et pourquoi en veux-tu au roi ?

- Un homme déjà mort n'a pas besoin de réponses, réplique-t-il, le sourire en coin.

- Soit, tu vas regretter tes actes, sale rat ! Goûte à la puissance de ma lame vengeresse, je te ferai payer pour tes crimes impardonnables, pour mes compagnons ! déclare l’homme à l’armure rouge.

Il s’élance à pleine vitesse. Son aura s'intensifie à son paroxysme, aveuglant presque les autres clients du bar qui observaient la scène, paralysés par la peur.

- Prend ça : « Lame sanglante » !

Son aura rougeâtre se concentre sur son épée, rendant son tranchant encore plus dure que l'acier. Chaque fois qu'il utilisait cette technique, le sang coulait, d'où son nom. Il envoie d'entrée sa botte secrète et touche son adversaire de plein fouet.

Ce dernier n'ayant pas esquissé un seul mouvement d'esquive, garde cette expression d'amusement sur son visage jusqu'au bout.

- Non, ce n'est pas possible ?! s’écrit Fehnral.

Et pour cause , sa lame se brise avant de se planter dans le sol.

L'aura gigantesque qui se dégageait du colosse, face à lui, était devenu tellement oppressante, qu'elle suffisait à en glacer d'effroi plus d'un. Même un guerrier de la trempe du chevalier ne pouvait se dérober à ce sentiment d'angoisse qui allait crescendo.

Le chevalier baisse lentement les yeux vers son bras droit et s’aperçoit soudainement qu'il gît à ses pieds :

- Arghhh ! Ce n'est pas possible ! Mais qui es-tu ? Sale monstre !!!

Il ne l'avait pas réalisé directement, sous le coup de l'adrénaline, embrumant son esprit. Mais le fait de voir son bras dans cet état réveille soudainement ses sens.

Il fait un pas en arrière. Les yeux écarquillés, hurlant de douleur tandis que le sang gicle de son membre sectionné.

Son ennemi était vraiment d'un autre niveau. Non... d'un autre monde même, surpassant l'échelle de puissance sur laquelle Fehnral s'était toujours basé. En l'espace d'une seconde, il avait encaissé la botte secrète du chevalier sanglant, l'impact du choc brisant la lame, et comme si ce n'était pas assez aberrant, s'était débrouillé pour lui ôter un bras sans que ce dernier ne le ressente.

L'assassin fait un pas en avant. Fehnral recule instinctivement d'un pas à son tour, comprenant à présent le fossé abyssal qu'il y avait entre eux. L'aura du meurtrier exerce sur lui une pression énorme, tel que le chevalier sanglant n'arrive plus à réfléchir. L'instinct de survie prend le dessus. Il ne pense désormais à rien d'autre. Il ne ressent plus qu'un seul sentiment face à son ennemi :

- Ne t'approche pas ! vocifère-t-il, plus fébrile que jamais, suant à grosses gouttes et claquant des dents.

Ces mots provoquent un large sourire de satisfaction sur le visage de son oppresseur. Il prenait un malin plaisir à voir le chevalier sanglant trembler comme une feuille. Il s'avance à nouveau d'un pas, tel le loup s’apprêtant à dévorer sa proie.

S'en est de trop pour Fehnral, lui qui s’était construit au travers de son orgueil, durant toutes ces années de dures labeurs, voit à présent tout son monde s’écrouler comme un château de cartes.

À bout psychologiquement, lui, le grand chevalier sanglant, un des cinq gardiens du royaume, perd toutes notions d'honneur et de bravoure.

Il tourne le dos à son ennemi et s'empresse de prendre ses jambes à son cou, se ruant vers la sortie :

- Je ne veux pas mourir, je ne veux pas mourir ! Pas comme ça ! Pas ici !

Mais malheureusement pour lui, sa tentative de fuite s'avère aussi futile qu'hilarante pour son assaillant. Une impulsion de la jambe et ce dernier est déjà placé entre Fehnral et la sortie, lui barrant la route. Le chevalier tombe fesses contre terre, dépité, le regard hagard et le visage pâle, montrant l'extrême effroi qui l'envahit à cet instant :

- ... Sale monstre ! Non! Tu n'es pas humain...Arghhh !

Pendant ce temps, les deux acolytes du colosse apparaissent devant le palais royal. Celui qu'ils surnomment ''jeune maître'' contemple le ciel : la lune était pleine, mais la voûte céleste commençait peu à peu à se recouvrir de nuages menaçants.

- On a deux minutes avant la relève. Nous ne devons laisser aucune trace de notre passage ne l'oublie pas, précise-t-il.

- À vos ordres jeune maître, je vais vous dégager le chemin, répond le second.

Et il se met en action, une lame à la main droite, une chaîne entourant le bras gauche. Il projette son aura, et l'intensifie. Puis, il s’élance, telle une flèche, et bondit vers la porte principale où se trouvent deux gardes. Une seconde suffit pour les assassiner sans aucun bruit. Et sans perdre son élan, il use de sa chaine pour se tirer vers deux autres gardes un peu plus à l'arrière, proche de la manivelle, qu'il élimine en un instant. Le mécanisme d'ouverture des portes est maintenant sous contrôle.

Mais ce n'est que le début de la danse sanguinaire. À peine a-t-il posé les pieds sur le sol, qu'il s'accroche d'un jet de chaîne au bord de la muraille, pour se propulser au poste de guet où sont stationnés les archers. Il enchaîne ses mouvements en un éclair, maîtrisant parfaitement son art, utilisant habilement ses armes et les corps de ses victimes comme poulie pour se propulser vers ses prochaines proies. Il ne lui fallait qu'un instant et qu'un coup de lame pour ôter une vie.

Au même moment, à l'interieur du palais, l'ambiance était aux antipodes de la réalité :

La princesse faisait son entrée dans la salle de bal accompagnée par Galahn. Elle était vêtue d'une robe luxueuse exacerbant sa beauté naturelle. Personne ne restait insensible à son charme, quoique l'on puisse lire la jalousie sur le visage de quelques femmes, tant la princesse attirait l'attention sur elle.

Tandis qu’Émi s'assied aux côtés du roi, les musiciens entament un air au violon. Une mélodie faisant danser les nobles avec beaucoup d'entrain, mais une mélodie qui se mariait aussi parfaitement avec le sinistre requiem que nous jouait le mystérieux assassin du haut des grandes murailles du palais royal : tandis qu'eux festoyaient et dansaient à leur grè, les hommes du roi tombaient un à un.

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