Tristesse

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"Ne pas confondre tristesse et mélancolie. La tristesse nous ronge ; la mélancolie nous cultive."

Victor Henri

Le sang jaillissait, à tel point que Marie n'arrivait pas à l'arrêter. Les cris de douleurs de son compagnon faisait écho dans la grange et Harold se tenait devant eux, le visage fermé. Joseph, qui tenait toujours Adélaïde par le bras, ricanait. La jeune femme déchira une partie de sa jupe et fit un garrot afin d'éviter que le jeune homme ne perde plus de sang. Son bras le brûlé et il avait une sensation de malaise, conséquence de tout le sang qu'il avait perdu jusqu'ici. Alors qu'elle finissait le bandage, son père se mit à marmonner des choses incompréhensible et incohérente. Il commença à faire les cent pas et lorsque sa fille se redressa, il la regarda, serrant les poings et la mâchoire, le visage si rouge que ses veines en étaient devenu visible. Dans un accès de folie, il se jeta sur elle, la frappant une première fois au ventre, puis au visage. La jeune maman s'écroula, le souffle coupé, lorsque le maître des lieux se positionna au-dessus d'elle afin de la rouer de coup :

— Comment oses-tu ? Tu ne peux pas m'avoir fait ça ! Non ! cria-t-il. Tu n'es pas ma fille ! Tu ne peux pas l'être !

Ovide se jeta sur lui et le fit tomber au sol. Le Remington tomba de son étui mal fermé et glissa sous la table. D'un mouvement vif, Joseph accouru vers elle et la ramassa. Malgré son âge, sa rapidité surpris tout le monde et, alors qu'il la braqua sur Ovide, Adélaïde s'interposa. Une décharge retentit dans la pièce, qui sonna Jospeh, néophyte des armes à feu. La servante s'écroula, sans même dire un mot. Elle avait été touchée au cou. Alors qu'elle se vidée de son sang par terre en suffocant, le jeune homme couru sur le vieux serviteur et le frappa si fort qu'il lâcha le revolver. Ovide en profita pour lui remettre un coup de coude, malgré la douleur, et Jospeh tomba au sol. Voyant son maître toujours aux côtés de sa fille, il poussa l'arme vers lui avant de se faire de nouveau molester par le garçon. Harold posa sa main sur son cracheur de plomb, et Marie prit son bras. Voyant sa fille se débattre à nouveau, le maître se débattit afin de la faire lâcher prise mais la jeune fille était bien décidé à ne pas abandonner. Bougeant ses bras dans tous les sens, elle griffa son père à plusieurs reprises, lui criant d'arrêter. Harold dégageât d'un mouvement brusque sa main et un deuxième coup partit. Les cris de Marie cessèrent et son père la regarda, le visage apeuré :

— Mon... Mon bébé, bredouilla la jeune femme. Tu as tué mon bébé ! cria-t-elle en montrant son ventre plein de sang.

— Non... Non, ce n'est pas possible ! s'écria le quinquagénaire qui devint tout blanc.

— Tu es un... Un... Comment as-tu pu faire ça ?

— Ma fille ! Non, ce... Ce n'était pas voulu ! C'était un accident ! hurla l'homme en lâchant son arme.

La jeune femme se mit à sangloter, agonisant dans son sang et celui de son enfant. Harold se positionna à ses côtés, clamant son innocence. Ovide, lui, regarda la scène les yeux grands ouverts, complètement figé. Joseph peina à se relever et se contenta de ne plus sourire. Le père, fou de chagrin, se tourna vers son gendre :

— C'est de ta faute ! C'est toi qui l'a tué ! Toi seul ! Si tu n'avais pas été là, tout ceci ne se serait pas passé ! Je vais te tuer ! hurla-t-il en se jetant sur lui.

Le jeune homme se fit bousculer de plein fouet, tombant sur la table derrière lui et étalant tous les outils sur le sol. Alors que son adversaire s'approchait de nouveau dangereusement de lui, il saisit une pince et la lui planta dans une jambe. Profitant d'un court moment de répit, il accourut vers le Remigton et le pointa vers son beau-père. Jospeh, voyant le danger, lança un marteau sur le jeune homme et s'avança vers lui. Le tapant dans sa blessure, le garçon cria tant son supplice était grand. Il put se rendre compte au dernier moment de l'attaque surprise de son ennemi pour tirer au juger dans sa direction. Touché dans le cœur, le vieil esclave s'effondra.

— Il ne reste que vous... dit Ovide à son opposant étalé au sol. Vous n'êtes qu'un... Misérable. Je devrai vous tuer mille fois pour vous faire comprendre ce que j'endure actuellement mais même là, vous ne pourrez réellement comprendre ma douleur.

— Tais-toi ! Tu m'as tout pris ! Tue-moi ! Tue-moi sale nègre ! Fais ce pourquoi tu es venu ! Tu voulais me prendre ma fille depuis le début et voilà que c'est fait ! Je n'ai plus rien désormais ! Alors tue-moi ! Ne me laisse pas dans un monde comme celui-ci !

— Je devrai vous laisser vivre pour vous faire souffrir plus encore jusqu'à la fin de vos jours. Pour que vous viviez avec sa mort sur la conscience jusqu'à la fin ! Mais vous ne faites que détourner les yeux ! Vous ne voulez pas voir la vérité en face ! Ce n'est pas moi mais vous, qui l'avez tué !

— Assez ! Assez ! Je t'en prie...

— Je devrai vous laisser vivre, coupa Ovide. Mais mon cœur hurle de douleur et me supplie de ne pas le faire. Il ne me dit qu'une seule chose : "Vengeance".

Il leva son arme et tira à bout portant au visage du quinquagénaire. Les morceaux de sa chair se déchirèrent et la balle traversa ses tissus, ses os et ressortit en plusieurs éclats si petits qu'il en serait impossible de retrouver le calibre exact. Le corps s'écroula, au milieu de tous ces outils dont il s'était servit pour faire du mal pendant tant d'années. Ovide se rapprocha de Marie :

— Tu étais l'amour de ma vie... Pourquoi m'as-tu caché notre enfant ? Pourquoi... sanglota-t-il. Je n'ai pas su te protéger. Je... Je... Désolé. J'aurai tellement voulu te rendre heureuse. Connaître notre enfant... Notre pauvre enfant... Non... Je dois rêver, tout ceci est un cauchemar, ce n'est pas possible, non, non, non ! hurla-t-il. Excuses-moi, mon amour.

Il se releva péniblement et tituba vers la sortie. L'air frais remplissait alors ses poumons et le jeune homme regarda au loin, à l'Est, la lumière du soleil qui commençait lentement à éclairé le domaine. Les cris de dizaine d'hommes qui avançaient vers lui le sortirent soudainement de ses pensées et c'est le cœur lourd, qu'Ovide quitta la grange, s'enfuyant loin de cet endroit.

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