La naissance du monde

5 minutes de lecture

Au commencement se trouvaient simplement les ténèbres. Ni chaudes, ni froides, sans couleurs, dénuées de toute texture, de toute ambiance.
Rien ne vivait à ce moment-là pour décrire ce temps, cet endroit. Les mots que vous lisez actuellement ne sont que spéculations, hypothèses. Rien de sûr en somme. Des bribes d'idées ou de rêves plus ou moins fous...
Combien de temps écoulé ? Combien d'heures à venir?
Si quelque chose était prévu bien sûr.
Ce temps était comme le calme avant la tempête. Calme ayant toujours été, ou ayant toujours semblé être éternel.
Un calme presque angoissant, pas de son, ni même une mélodie ravivante.
De toute façon, que voulait-il dire ce mot, "ravivant"?
En ces temps quasi éternels où la vie d'une cellule n'aurait de but que l'errance et l'ennui, où seules quelques particules vides déambulaient ça et là, nues de pensées, les mots chauds et rassurants de la vie en général n'étaient d'aucune utilité.
Rien n'existait, alors ces citations n'avaient pas lieu d'être.
Si elles avaient une conscience, elles désespèreraient d'être aussi seules.

Mais un jour pourtant, il se passa quelque chose dans le vide neutre, qui allait bouleverser tout l'état de cet endroit, sans qu'on en connaisse l'origine.
Venues de part et d'autre de l'inconnu, trois petites poussières flottaient, tranquillement, dans une balade silencieuse, sans savoir qu'elles allaient tout changer.
Elles semblaient insignifiantes, comme ça, si petites et si ténues parmi le vaste Vide. Vide gobant en son sein sombre l'obscurité même, comme un serpent fou se mordant la queue.
Il n'y avait pas de notion de vitesse. Ces poussières étaient-elles rapides ou aussi lentes?
On ne pouvait le savoir quand elles-mêmes étaient perdues dans leur chemin en ligne droite.
Alors la trajectoire ne put être calculée, l'accrochage évité.

Ces trois petites poussières se rencontrèrent, peut-être, finalement, un peu fort pour la logique que nous nous faisons. Car après cela s'ensuivit une atmosphère encore plus pesante qu'avant. Comme si des milliards et des milliards d'êtres se fixaient avec un regard toujours plus noir.
Puis, pour la première fois, quelque chose fut généré de cette collision.
Cette chose était immatérielle et contrastait énormément avec les ténèbres.
Tout ce blanc silencieux qui naquit des trois poussières se diffusa le plus loin possible, avant de doucement diminuer pour se concentrer en un point précis.

Ainsi naquit la Lumière.

Cette Lumière mettait en évidence ce qui avait été caché depuis toujours.
De la collision étaient apparues énormément de choses, plus ou moins grosses, se balançant dans le vide spatial. Parmi les tons froids, les tons chauds prirent le dessus, tellement que certains blocs de pierre et de métaux devenaient torches de feu titanesques, créant encore d'autres collisions, d'autres torches, façonnant les formes, façonnant les endroits. Façonnant la température.

Ainsi naquit la Chaleur.

Deux concepts, la Lumière et la Chaleur, venaient de naître.
Deux drôles d'idées, qui transformaient tout.
Car ce qui sembla passer en quelques minutes de lecture prenait en fait des millions et des millions de millénaires à se construire.
Certaines des grosses boules incandescentes s'étaient éloignées pour illuminer tout les recoins de l'univers, gardiennes de la Lumière, gardiennes de la Chaleur, douceurs nouvelles, douceurs persistantes, et, près de l'une d'elles, une bille de terre.

Une bille terreuse. À sa création elle était rouge lave. Aujourd'hui, cette bille devenue planète, elle était bleue, parsemée de petites taches brunes comme du chocolat, plus ou moins grosses qui se suivaient pour certaines, ou qui étaient seules dans leur coin au milieu de leur immense territoire azur.
Et sur ces petites tâches de terre brune, en s'approchant, était visible une multitude de couleurs.
Du marron, de l'ocre, du jaune, du rouge, et dépassant de la terre et de la poussière, du vert clair, du vert plus foncé, du bleu vert, du vert émeraude...
Et, en colonies entières dans les profondeurs molles des sédiments, le retour de l'émeraude, et l'arrivée du rouge rubis, du bleu lapis, de l'éclat du cristal et du quartz, du violet améthyste, du doré côtoyant l'argenté...
L'éclat des étoiles était comme reproduit sous terre par l'éclat des diamants.
Tant de richesse dans les couleurs, même si beaucoup étaient cachées. Tout cela embellissait cette petite planète.

Et quand la nature eu prit ses droits, d'autres choses vivantes vinrent fouler la Terre après avoir nagé dans tous les océans.
Timidement, lentement et prudemment, des créatures primaires marchaient de l'eau à la terre, s'imprégnant de la force de cet élément vital et ancestral.
Quand certains restaient seigneurs des eaux, et d'autres maîtres de la terre, le reste s'en allait vers le ciel en comptant les vents.
Et tous vécurent ainsi en harmonie, suivant une logique naturelle de règne, de chaîne alimentaire et de cycle de la vie.

Ainsi naquit la Vie.

La Lumière.
La Chaleur.
La Vie.

Trois concepts nés de trois infimes petites poussières, qui hériteront de ces noms, devenant, dans la culture de cette planète pleine de vie, les Créateurs.
Lumière, Chaleur et Vie.
Ces poussières avaient changé l'univers, pas à leur échelle. C'était un changement colossal. Et ça n'allait pas s'arrêter de sitôt, une si belle création née d'une situation si anodine ne pouvait être stoppée d'un coup.

Surtout que la Terre des Couleurs était la première à changer, car quatre créatures se levèrent, en face à face, et sans aucune animosité entre elles.
Un chien sauvage, un serpent ailé, un oiseau avec toutes les couleurs de la Terre, et une larve.
La larve de sa petite taille voulant s'élever comme les autres, le serpent lui donna la capacité de voler, le chien sauvage la force, et l'oiseau les couleurs.
De larve petite et fragile on arriva à un papillon géant aussi lumineux que le soleil.
Les Quatre se remirent à leur contemplation.
- Je suis Pattedyr, fit le premier. Je commanderai aux bêtes à fourrure donnant mamelles après la naissance de leurs petits. Je fais partie des mammifères.
On s'inclina devant lui.
- Moi, je suis Krybdyr, je commanderai ceux qui se servent de la Chaleur de la Lumière pour vivre et courir, qui pondent et qui vivent face au danger dès la sortie de l'œuf. Je suis un reptile.
- Et moi je suis Tori, l'être qui a reçu les couleurs de la terre. J'aurai à mon commandement les êtres volants plumé, qui eux, s'occupent de leurs progéniture dès la sortie de l'oeuf. Les oiseaux.
Le dernier être, ou plutôt la dernière, s'avança. Sa voix, contrairement aux trois autres qui étaient puissantes, caverneuse pour Krybdyr, était fluette, douce comme la brise du matin.
- Je m'appelle Nabi, et je voudrai commander et guider les êtres à plus de quatre pattes, avec ou sans corps dur, volant ou rampant. Je suis un insecte qui veut prendre soin de ceux que vous n'avez point cité.
Une dernière fois ils s'inclinèrent. Ils se devaient Respect.
Ils devinrent les Uhdras, des supers dieux, ici pour guider leur famille, les aider à vivre, à se défendre, à évoluer.
Ainsi la vie prit réellement son cours, pendant des temps et des temps.
Les Uhdras avaient nommé nombre de terres, de continents et d'îles.
Mais ceux que nous retiendrons aujourd'hui sont quatre continents, qu'ils se décidèrent à baptiser comme étant Azraée, Cians, Kuldras et Isia.

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