Comme la rose

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NDA : Cette nouvelle a été écrite à l'occasion d'un défi exceptionnel proposé par quark30 sur wattpad pour la lutte contre l'homophobie et la transphobie. Merci.

Je rentre chez moi sous le choc. C’est la première fois que je me prends ça dans la figure. En fait, je pensais jusque-là que ça n’arrivait qu’aux autres, que je n’étais pas concerné. Mais je le suis.

Je pousse la porte de la maison, cherchant Damien du regard en espérant qu’il partage mon incrédulité. Je suis obligé d’aller jusqu’à la petite terrasse à l’arrière, notre seul accès sur l’extérieur pour le trouver. Il est plongé dans des dossiers.

« Je viens de me faire traiter d’enculé, dis-je.

— On est dans le sud. C’est un signe de ponctuation, me répond-il sans me regarder.

— Enculé de pédé, ça fait beaucoup de ponctuation pour une seule phrase. »

Il relève enfin la tête.

« Hum. Laisse-moi deviner, le charmant gamin de nos voisins, quatorze ou quinze ans et qui semble répéter bêtement ce que son père dit.

— Il t’a déjà insulté ?

— Une fois. »

Je marmonne un « sale gosse ». Non mais sérieusement, la jeune génération n’est pas censée être plus ouverte que la vieille. Que ma grand-mère ne comprenne pas, que mes parents ne comprennent pas, je veux bien mais un gamin de quinze ans, qu’est-ce qu’il connaît de la vie pour avoir déjà des préjugés et de la haine ?

« Tu as répondu quoi ? demande Damien.

— Tu voulais que je réponde quoi ?

— Des jolis signes de ponctuation aussi. Faut se conformer aux us et coutumes locales. Je l’ai traité de petit branleur, ça avait l’air de convenir parfaitement. »

Je hausse les épaules, je n’ai pas la répartie intégrée. C’est Damien qui sait parler dans notre couple. Même sur certaines questions indiscrètes, il arrive à remettre les gens à leur place. Mais il le fait avec une telle tristesse dans le regard que je sais que ça le blesse encore plus.

Moi, je n’y arrive pas encore. Je suis hétéro, je n’ai pas à vivre ça. Correction, j’étais, je ne le suis plus.

Je passe la main dans ses cheveux qui sont un peu trop longs, peut-être cinq ou six centimètres à tout casser mais je sais désormais qu’il trouve ça trop.

« Tu fais prairie sauvage ? C’est ton côté écolo ? plaisanté-je.»

Il se laisse aller sous ma caresse quelques secondes puis replace ses cheveux que j’ai décoiffés.

« Je vais tenter le coiffeur en bas de la rue. Il fait barbier aussi, précise-t-il pour moi. »

Il me regarde et sourit.

« Et ce serait pas du luxe. Je suis pas sûr de trouver ta bouche au milieu de toute cette forêt.

— Laisse-moi aider. »

Je le tire vers moi, il se lève. Même là, je dois encore me courber un peu pour l’embrasser. Il n’est pas si grand et c’est un euphémisme. C’est un de ses complexes. Pas le premier, pas le dernier.

Je l’embrasse et dans ces moments-là, j’oublie quelques secondes avant de me rappeler que c’est un homme que j’étreins. J’hésite alors mais je sens sur mes lèvres la même sensation de toujours. On est peut-être deux corps mais c’est surtout deux âmes qui résonnent, qui s’attirent. Et ce depuis tant d’années. C’est ça que j’ai fui.

Je passe la main dans mes cheveux et je souris de les sentir venir à rebrousse-poil sur mes doigts.

« Non, c’est joli. Faut que je m’habitue, biaise-t-il pour ne pas dire qu’il n’aime pas. »

Il penche la tête, frotte sa barbe et ajoute :

« C’est très court quand même. »

Je ne lui dis pas que c’est le but, je ne dis pas que si j’avais pu, j’aurais coupé encore plus court. Et pendant quelques mois, ça me console, ça me suffit. En quelque sorte, Damien existe, là, quelque part. Puis, je croise mon reflet et je me rappelle.

Cassez-vous, enculés ! À mort les pédés !

Je regarde le papier qu’on a glissé dans notre boite aux lettres.

« Au moins, y’a pas de fautes, remarque Damien. T’as vu, il a même accentué le A majuscule ?

— C’est encore le petit con, tu crois ?

— Bah, vu que je l’ai vu devant la maison avec sa bande de copains, c’est fort possible. Et c’est pas la première du genre que je reçois.

— Qui disaient ?

— T’as vraiment pas envie de savoir. »

Je froisse le mot entre mes mains. Je regarde Damien, il est impassible. Il a toujours été le plus calme de nous deux. En apparence seulement, parce que la colère s’écoule en lui comme un torrent de lave souterrain. Je sais qu’il bout d’une certaine façon. Depuis des années et des années, sans rien dire. Il me reprend le mot des mains et le défroisse pour le poser sur la commode. Il ne laisse rien passer, rien. Je sais qu’il fera un tour à la gendarmerie dans la journée.

« Je pensais que c’était tranquille ici, plaide-je. Pas de famille réacs, pas de connaissances un peu limitées.

— Non, on échange juste la peur de certains contre la connerie des autres, c’est tout. Bienvenue dans mon monde, fait-il.

— Super…, dis-je avec platitude. »

Il m’attrape par les hanches et m’attire contre lui, avant de caresser mes fesses pour me rapprocher encore plus. Il aime caresser mes fesses et ça me perturbe désormais.

« Désolé, s’excuse-t-il. Mais oui, les cons, on va se les coltiner.

— T’inquiète, je vais m’y faire. »

Il secoue la tête.

« On ne s’y fait jamais vraiment. On aimerait que ce soit simple et ça ne l’est pas. Et quand les insultes s’arrêtent, il y a encore les questions, l’incompréhension et la curiosité. Et les regards surtout, toujours, tout le temps.

— C’était comme ça ? Cette dernière année ? Sans moi ?

— Non. »

Il hausse les épaules.

« Ça a été pire. »

Et je n’étais pas là. Damien ne m’en tient pas rigueur. Il s’est senti abandonné, rejeté de ce qu’il était au plus profond de lui. Mais il ne m’en veut pas, il « peut » comprendre comme il le dit. Alors je m’en veux pour nous deux.

« Maintenant que vous êtes mariés, faut penser aux enfants.

— On verra. »

Je réponds toujours ainsi, sans vraiment m’impliquer, gardant tout. On verra. C’est le mot du plus tard que j’emploie depuis des années. On verra. Tant que tu tiens, tant que ça va encore.

« Bah, vous vous êtes mariés pour faire de bébés, c’est la suite logique. Faut te rappeler comment on fait ? rigole sa cousine. »

On s’est marié parce qu’on s’aime. Depuis des années, on n’a jamais aimé aussi fort. C’était une évidence. Comme un amour de livre, de poème. Tellement que je m’oublie.

Je me demande si, comme la rose, il me découvre un jour un autre nom, une autre couleur, il m’en aimerait tout autant ? Je garderai malgré tout le même parfum.

« Sérieux ? Damien, sérieux ?

— On n’est pas des monstres, répond-il.

— Non mais je suis pas pratiquant. Le tendez l’autre joue, j’ai du mal. »

Le gamin des voisins est dehors sous la pluie depuis plusieurs heures, devant chez lui. Vu les bourrasques de vent, il est à peine abrité par la marquise au-dessus de la porte.

« Quand je suis allé lui demander s’il avait besoin d’aide, il m’a encore traité d’enculé.

— Y’a rien de faux non plus dans l’énoncé. »

Je me raidis. C’est un truc donc je n’aime pas qu’on parle. Damien me pousse à aller en parler à un psychiatre, pour faire le point sur tout ce que je ressens. J’irai, un jour. Mais je ne suis pas prêt. J’ai écumé les sites internet pour savoir si c’était normal ce que je ressentais, j’ai lu les témoignages, peu nombreux, comme si on ne devait pas en parler. J’essaie de trouver une voix qui pourrait poser les mots sur ce que je vis mais ça n’est jamais tout à fait ça.

J’aime Damien mais je ne suis pas homosexuel. Et oui, je commence tout juste à apprécier d’être pénétré mais je n’irais surtout pas le dire à n’importe qui, diplôme de docteur ou pas. Mon machisme bien ancré prend un coup de pelle à chaque fois que les doigts de Damien s’amusent dans mon corps. Et dernièrement, il y a eu plus et mon machisme de connard s’est fait la malle, outré que j’ai pu apprécier. Parce que c’était Damien.

J’efface l’historique de navigation, reléguant ces questions dans un ailleurs qui n’existe que pour moi en entendant sa voix qui m’appelle.

« Déborah ? Débo ? Ah, t’es là… »

Je referme l’écran de l’ordinateur.

« Prête pour aller faire un tour à vélo ?

— Carrément, j’suis chaud !

— À moins que tu te sois faite greffer une paire de couilles, ma chérie, t’es chaude. »

Il hausse et sourcils et son sourire taquin apparaît au milieu de sa barbe. Il se penche sur moi et m’embrasse avant que son visage ne s’enfouisse entre mes seins.

« Et tu l’es toujours, ma belle. »

Il ne saura jamais à quel point son geste me heurte, à quel point il me nie.

Donc, j’ai un petit con de voisin, tout dégoulinant de pluie, sur le tapis du salon. Je corrige, un petit con pro manif pour tous, qui s’amuse à m’insulter de tous les noms dès que je passe à moins de dix mètres de lui. Est-ce que j’ai pitié ? Absolument pas. Est-ce que je l’aurais laissé se geler le cul dehors ? Oui. Mais Damien est bien trop gentil pour ça.

« Tiens, ça devrait t’aller, dit mon conjoint en apportant une pile de vêtements au gamin.

— Je m’habille pas en pédé, rétorque le petit con.

— Désolé, j’ai pas de vêtements pour petite merde, réplique mon mari. »

Oui, bon, sa gentillesse a des limites vite trouvées.

« Tu veux te geler, comme tu préfères ! »

Damien jette les affaires sur le fauteuil à côté du gamin et l’ignore royalement. Il faisait déjà ça avant. Mais ça lui va encore mieux maintenant. On a vraiment l’impression qu’il s’en bat les couilles de ce qu’on peut dire, penser ou faire. Même le fait que le gamin respire ou pas lui semble parfaitement indifférent. Au bout d’une longue minute, le gamin prend la pile de vêtements du bout des doigts.

« En haut, première porte à gauche, fait Damien comme s’il lui donnait l’heure et que ça lui coûtait. »

Ai-je déjà dit que j’adore mon homme ? Je l’adorais déjà avant mais maintenant, le voir vraiment être lui, c’est juste incroyable.

« C’est pas super féminin comme tenue, me dit-il.

— Et ? Je suis bien habillé quand même, dis-je.

— Ouais, enfin, le bermuda, les converses, c’est pas classe. »

Je le fixe.

« Parce que tu comptais mettre des chaussures cirées, toi ? Te fous pas de ma gueule ! »

Même dans ma façon de parler, je ne me gêne plus, je laisse parler Damien de plus en plus souvent. Il lève les mains pour me calmer.

« Tant que tu te sens bien, moi, je m’en tape de ce que tu portes. Ma mère va en faire une syncope mais c’est pas grave.

— Tu toucheras plus vite l’héritage ainsi, plaisanté-je. »

Dans ma tête, je sais qu’il y a quelque chose en train de changer. Peut-être que lui aussi le sent. Mais on n’en parle pas. Pas encore.

Alors, je ne veux pas dire que j’avais raison mais j’avais raison.

« Je te dis que c’est le petit con, dis-je à Damien alors qu’il débarrasse la porte métallique du garage de ses inscriptions.

— Laisse faire les flics, me répond-il.

— Ils en avaient rien à foutre. »

Damien secoue la tête.

« C’est pas vrai, ils ont pris la plainte, que voulais-tu qu’ils fassent d’autre ?

— Arrêter la bande de petits branleurs qui te pourrit la vie depuis que tu es installé ici ?

— Et les envoyer au bagne de Cayenne ? »

Je grommelle. Damien est pour l’éducation des cons. Je ne dis pas, dans l’idée, c’est bien, dans la pratique, j’aimerais bien que ce soit pas moi qui m’y colle en fait.

Les gamins passent en vélos ou en scooter et j’entends les éclats de rire. Ce qui me fait chier, c’est que j’ai appris hier, au commissariat, que c’était la deuxième plainte pour dégradation que déposait Damien. Peu avant que je le retrouve. Sauf que cette fois, les petits cons ne s’étaient pas contentés de peindre la porte, ils étaient entrés dans la maison et avaient saccagé le salon pendant une de ses absences.

« Ce n’est pas possible. Tu peux pas me faire ça. Tu peux pas nous faire ça, putain ! »

Ce sont ses premiers mots. Il ne s’arrête pas là et continue.

« Arrête tes conneries, Débo ! Je vois bien que t’as la tête farcie d’idioties ces derniers temps mais arrête ! »

Mon mal-être, ma recherche éperdue de moi-même, des conneries, des idioties.

« Ce n’est pas contre toi, dis-je doucement. C’est pour moi.

— Et bien, ce sera sans moi ! Je peux pas ! Tu es ma femme, pas autre chose ! »

Je m’attendais à ce que ce soit difficile, je ne m’attendais pas à ce que ce soit violent.

« Je pourrai être ton mari, rétorque-je. C’est juste un nom, un mot, ça ne change pas qui je suis, ce qu’on a entre nous.

— Oh parce que me demander de t’appeler Damien, ça ne change pas qui tu es ? »

J’ai toujours été Damien, ce nom est dans ma tête depuis des années. Quand on me demande comment je m’appelle, c’est le premier nom qui me vient en tête avant de m’obliger à prononcer l’autre.

C’est un petit con, poussé par ses potes, qui a franchi le mur du jardin. Un petit con, qui a entendu toute son enfance qu’on était des déviants, des monstres. Et Damien plus que tous les autres. Il casse une vitre de la porte d’entrée. J’ai toujours détesté cette porte non pleine, comme une invitation à la forcer. La clé est restée à l’intérieur, sur la serrure et il n’a qu’à la faire pivoter pour entrer, croyant qu’il n’y a personne. Il appelle ses potes restés plus loin.

Ils ont dû me voir charger la voiture aujourd’hui et se dire qu’on partait en week-end. Sauf qu’il n’y a que moi qui suis monté dans la voiture, le temps de rentrer voir mes parents. Ils ne veulent pas recevoir Damien chez eux, c’est un non catégorique. Damien me pousse quand même à maintenir le lien avec eux, il peut remplir le rôle du méchant de l’histoire, il s’en fout. De toute façon, déjà avant, ma mère avait remporté la palme de la belle-mère affreuse. À la limite, je préfère encore qu’il s’évite les commentaires désobligeants de ma famille. Et leur obstination à le mégenrer.

Il a fait sa transition ici, loin des regards de tous, loin de moi, et a enduré bien pire quand il a commencé à travailler et sortir en se faisant passer pour un homme. Non, correction, il ne se faisait pas passer pour, il était un homme, son corps n’était juste pas raccord. Même moi, je ne suis pas encore sûr de comprendre ce qu’il s’était passé dans sa tête et je fais encore des maladresses.

Même moi, je me suis enfui alors. Pour quelques jours, quelques mois, une année.

J’ai enlevé mon alliance aujourd’hui. Nous avions choisi, j’avais choisi des alliances totalement identiques. Hormis la taille, aucune d’entre elles ne fait plus femme ou homme. Une de toutes premières fois où je n’ai plus pu jouer mon rôle.

Je dis enfin mon nom à voix haute, je prends depuis quelques mois des hormones et j’en vois les changements. Ceux qui sont les plus rapides ne sont pas ceux que tout le monde croit.

J’enlève mon alliance et la pose sur le rebord de l’évier alors que mon reflet dans le miroir commence enfin à m’appartenir. Parfois, je l’imagine encore apparaître derrière moi, le sourire au milieu de la barbe folle et puis je me rappelle que c’est fini.

J’ai le cœur déchiré mais je comprends. Ou je veux faire semblant de comprendre. Moi aussi, j’ai du ressentiment malgré tout. Je croyais qu’il m’aimait pour ce que j’étais, pas ce que je paraissais.

Ils ont dit que Damien les avait surpris, qu’ils n’avaient pas su quoi faire, qu’ils avaient paniqué. Bande de connards. La panique ne m’a jamais fait frapper un homme jusqu’au sang. Ni l’obliger à se déshabiller sous la menace d’un couteau de cuisine sur la gorge pour dévoiler son corps et ce qu’il a entre les jambes. Comme si ça définissait qui on est.

Je tiens la main de Damien dans la mienne. Sa main, c’est encore la seule partie de son corps que je peux regarder sans avoir mal pour lui, il porte encore les stigmates de son agression partout sur le corps et profondément dans le cœur aussi. Il dort d’un sommeil chimique comme il le fait depuis que l’hôpital m’a appelé pour me dire que ma femme avait été amenée aux urgences. Avant que le terme urgences ne monte au cerveau, j’avais machinalement corrigé le « femme » en « mari », provoquant l’incompréhension de la secrétaire qui ne devait avoir sous les yeux que les vieux papiers de Damien.

J’éteins la lampe de chevet et me colle contre Damien qui marmonne. Je caresse ses cheveux courts qui partent dans tous les sens. Je m’en veux de ne pas avoir été là. Je m’en veux de l’avoir encore laissé seul. Damien a cette résilience qu’ont ceux qui ont trop affronté. Je ne pouvais pas savoir. Et c’est arrivé, on ne peut plus rien y faire. Voilà. Il a plus de séances chez le psy qu’avant et son sourire vacille par moment.

Alors je veux l’aimer davantage, je veux lui montrer que seul, il ne l’est plus. Je n’ai pas cessé d’aimer la personne que j’ai épousé. Son rire, ses habitudes sont toujours les mêmes. Ses baisers non plus n’ont pas changé. Mais il a fallu que je réapprenne à connaître cette personne, que nous retrouvions nos marques dans notre façon de vivre. Quelquefois, je me dis que moi aussi, j’ai transitionné. Grâce à lui, je suis passé de connard à mec bien. Je n’ai pas encore tout à fait fini, je pense.

Je ne dis pas que c’est facile. Ça ne l’est pas toujours. Certains jours, je regrette la facilité de ma vie d’avant. Je me sais égoïste, je l’étais d’ailleurs, profondément, à ne pas voir que Damien souffrait. Il a passé des années à se perdre par peur de me perdre.

J’ai douté jusque-là, à chaque pas, me demandant ce que je faisais, si je ne gâchais pas ma vie. Et puis maintenant, je me vois enfin et je peux me sourire. Je suis arrivé au bout de ce que je voulais faire. Et je me sens moi, enfin. Damien n’est plus une chimère, je suis Damien.

J’aurais voulu qu’il me voit. Mais je ne peux que lui dire au revoir maintenant, je le sais. Il n’a pas accepté ce que je ressentais, il n’a pas pu. Comme si tout l’amour n’avait été réservé qu’à elle. Comme si tout ce qui nous avait construit, nos discussions, nos rires, notre amour, ne venaient plus de moi.

Je peux encore comprendre mais j’ai du mal à pardonner. Certains mots ont été plus durs que d’autres, la façon dont il a nié mon existence pendant des mois avant de partir. « Les poignards qui ne sont pas dans les mains peuvent être dans les paroles. » Et c’est vrai.

J’ai entendu bien pire que ce qu’il m’a dit depuis que je suis ici. Je ne peux pas dire que je m’en fiche parce que ça me brise à chaque fois. Et que je suis seul pour l’endurer.

J’entends le tintement de la sonnette. Que vais-je trouver devant ma porte cette fois-ci ? Un oiseau mort, un rat crevé… ou des mots de haine ?

J’ouvre doucement. Il se dandine devant la porte. Cela fait plus d’un an qu’on se s’est pas vu. Je le vois s’arrêter sur mon visage, mon corps, mon allure. Il ne s’attendait sans doute pas à ce que ce soit si efficace.

« Salut, dis-je. »

Son sourire apparaît au milieu de sa barbe folle.

« Salut… Damien. »

NDA : Citation et référence de William Shakespeare.

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