1/ Arbres et compagnies

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 À l’orée des bois, la basse cime des arbres n'empêchait qu’une partie du vent de traverser la forêt jusque dans les cheveux du bûcheron. Ses gestes étaient précis, ses coups puissants, ses mouvements témoignaient de son expérience. Une légère brise balayait régulièrement la chaleur ambiante et la sueur de l’homme.

 Ici, aucun arbre ne s’élevait à des hauteurs démesurées, la majorité côtoyant les cinq mètres de hauteur, ce qui n'excluait pas que leur tronc soit large et dur. Malgré le faible rendement de ce travail acharné, le bûcheron ne se décourageait pas. Les conditions étaient idéales pour le travail physique, au milieu de la verdure et du chant mélodieux des oiseaux dont le nid, heureux chanceux, n'était pas encore tombé avec un des arbres.

 Pour s’occuper mentalement pendant que son corps était à l’œuvre, presque machinalement tant l’habitude était ancrée, l’homme se laissait aller au cours de ses pensées, bien qu’elles fussent limitées. En effet, aucune ne partait bien loin, et tout tournait dans son esprit autour de lui, de son environnement, de sa passion, de son travail. Il se répétait, pour une énième fois, qui il était, ce qu’il aimait, ce qu’il détestait, toujours très primitivement, bien que quelques réflexions éclairs prouvaient une certaine intelligence, tout de même contenue dans un esprit sommaire.

 « Je me nomme Quinquati et je suis un humble bûcheron. Je suis venu couper du bois pour mon village, mais aussi observer la nature. J’apprécie mon boulot. Les arbres sont mes amis, et j’aime les abattre. Couper du bois est d’autant plus agréable que je le fais dans la forêt. Et je suis seul dans la forêt. Et j’aime profiter de la solitude. Les gens sont débiles et méchants. Certains non, mais quand même. Et aussi dans la forêt, il y a la nature. Et j’aime la nature ! Comme elle est belle ! Cette herbe, ces fleurs, ces feuilles, ces champignons, cette mousse, ces oiseaux, ces cerfs, ces lapins, ces sangliers, ces lézards, et même ces ours ! J'en vois un au loin, qu'il est majestueux ! Et serait-ce un corbeau juste ici ? Incroyable, ils sont rares dans ce genre de paysages ! »

 Bien que peu cultivé, il s’était tout de même renseigné sur les différentes espèces végétales et animales qui occupaient les rares forêts où il s’aventurait. Chez lui, dans sa modeste maison intégralement en bois et en paille, sans aucun clou, il conservait des livres énumérant la faune et la flore locales, puisqu’il avait appris à lire durant sa jeunesse. Un privilégié donc, pourrait-on croire, si on ignorait que ce talent lui avait été transmis par un moine qui l’avait recueilli et éduqué, à ses quinze ans, suite à la mort de ses parents. Il était toutefois resté brut de décoffrage, simple et non-croyant. Car ses géniteurs étaient ainsi, et ils l'avaient élevé en ce sens.

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