Chapitre 33 : SHOW MUST GO ON

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"The show must go on
The show must go on, yeah
Inside my heart is breaking
My makeup may be flaking
But my smile, still, stays on

Whatever happens, I'll leave it all to chance
Another heartache, another failed romance, on and on
Does anybody know what we are living for?"

Queen, Freddie Mercury, Album Innuendo, 1991

 Comme prévu, nous embraquons le quinze du mois vers l'autre bout de la planète, direction Brisbane. Les Bon Jovi ont fait quelques jours de break entre le début et la fin octobre, mais ils sont à nouveau sur les routes et nous avons la chance de les accompagner. C'est un véritable rêve qui se déroule sous nos pieds. Les villes de Brisbane, Sydney, Perth, Adelaïde nous laissent songueurs durant le mois d'octobre. Les mois de novembre et de décembre seront consacrés à l'Europe. Nous faisons des haltes dans les villes du sud de l'Europe comme Barcelone ou Madrid, mais nous rejoignons aussi le nord de l'Europe et nous arrêtant à Helsinki, Copenhague, Munich ou Zurich.

 Avant de rejoindre l'Europe, nous avons terminé notre album, il est en boîte et je dois dire que nous sommes fiers du boulot que l'on a fait. Une fois de plus, Jon nous a aidé à le terminer. Notre dernier concert a été à Auckland, le dix-huit novembre et nous avons repris au Portugal le vingt-neuf du mois. Jon et Richie sont entrés avec nous en studio et leurs conseils ont été précieux, en tant que musicien et aussi en tant qu'ami. Cela fait du bien d'avoir autour de soi des personnes sur lesquelles on peut compter.

 Le trente décembre, fête le dernier concert de l'année, nous sommes en Angleterre, à Birmingham. Nous posons nos valise quelques jours, afin de se reposer et de fêter le nouvel an. Cela fait du bien, à tous, nous en avons besoin. Si notre album a été fini fin novembre, il s'est retrouvé dans les bacs pour les fêtes de fin d'année et je dois dire qu'Oliver a eu une excellente idée, les ventes ont explosé, cela se vend à la pelle. De nombreux disquaires sont en rupture de stock et cela nous fait chaud au cœur.

 Le trente et un au soir, nous sommes tous réunis pour fêter le nouvel an. Nous sommes au Hilton, Jon a réservé l'hôtel afin que nous soyons tranquilles, nous avons besoin de calme. Je suis dans la même chambre que Thomas, bien sûr, et des smokings nous attendent à la porte de la garde-robes. Nous n'avons jamais enfilé cela, ni l'un ni l'autre.

 Thomas à l'air perdu dans ses pensées, je viens m'asseoir à côté de lui sur le lit et je le bouscule à l'épaule comme j'ai l'habitude de le faire :

— Hey mec, ça va ? Je lui demande.

— Non, ça va pas. Mes enfants me manquent et certainement aujourd'hui. Maman me manque et le téléphone est en dérangement. Je n'arrive pas à les joindre et cela me gonfle, dit-il sur un air grognon.

— Ouais, cela arrive à cette période de l'année. Tout le monde emploi les lignes téléphoniques, forcement, cela foire, c'est normal.

— Je sais bien, mais la famille me manque. Je suis désolé, je passe mes nerfs sur toi, comme toujours.

— T'inquiète mec, j'ai l'habitude !!! Mais bon va falloir changer de caractère, autrement je n'arriverai jamais à me débarrasser de toi ! Comment veux-tu que je te case avec un caractère de cochon !

— Et en plus tu veux te débarrasser de moi ? me dit Thomas en prenant un coussin et en me le jetant à la figure.

 Nous avons fait une bataille de coussins, à notre âge cela peut paraître puéril, mais on a rigolé comme des gosses, surtout lorsque Hector est rentré en demandant si on pouvait l'aider à fermer ses boutions de manchettes. Résultats, ses manches sont toujours ouvertes, et nous sommes tous occupés à jouer avec des coussins. L'insouciance de l'enfance nous manque et cela nous fait un bien fou de jouer sans se préoccuper du reste. Hugo et Oliver sont arrivés par la suite et se sont joins à nous.

 Un coup de fil nous fait nous arrêter, je me lève et je décroche.

— Bonsoir Julian, vous êtes bientôt prêts ? me demande Richie

— Bonsoir Richie, euh.... je ne dirai pas que nous sommes prêts. Nous avons eu un petit contre-temps.

— Rien d'ennuyeux ?

— Euh, non, rien de spécial. A quelle heure devons-nous être en bas ?

— On vous attend pour dix-neuf heures trente, si cela vous va.

 Je regarde le réveil de la table de nuit qui indique dix-neuf heures et sept minutes, et le foutoir qui se trouve dans notre chambre, mais malgré tout, je réponds à Richie que nous serons dans le hall à l'heure prévue. Il nous reste vingt-trois minutes pour nous habiller et nous coiffer. On devrait y arriver, enfin j'espère. Nous arrêtons notre bataille de coussins et nous nous fringuons. Je dois dire que tous les cinq en smoking, c'est autre chose que tous les cinq en jeans et baskets. On a de la gueule ! On ne doit pas se plaindre de notre physique, loin de là, aucun d'entre nous, même si Thomas et moi-même nous utilisons notre belle gueule de badboy comme produit marketing. Nous sommes à l'avant des pochettes, à l'avant des magazines, lors d'une interview nous sommes toujours les deux premiers. C'est un choix tout à fait conscient, Hugo et Hector veulent éviter de s'afficher de trop et puis ils estiment que notre physique est plus avantageux que le leur. Dans tous les cas, c'est certain que l'on ne se plaint pas.

 On n'a jamais eu la gueule d'ado boutonneux et depuis que nous sommes à nouveau en tournée avec le groupe, nous avons vraiment une hygiène de vie très stricte. Ceux qui pense que la combinaison "sex, drug and rock&roll" existe, se trompent et lourdement ! Cela n'a pas de place dans la tournée de Bon Jovi. Les plats sont équilibrés et réguliers et comme je l'avais dit, je me mets régulièrement aux fourneaux avec Cédric leur chef coq. On forme une bonne équipe. L'alcool n'est pas autorisé les jours de scène et un verre de vin d'une grande qualité est servi les autres jours en accompagnement des plats. Le sport est quotidien, dimanche compris ! Mais ce rythme de vie nous convient et nous a permis de nous développer physiquement. En plus de la belle gueule, on peut être fier de notre corps. Nous entrons dans l'ascenseur et nous faisons face au miroir de ce dernier. Thomas est au centre, je suis à sa droite. Il nous sourit dans le miroir, avance sa main devant lui, et chacun à notre tour, nous venons déposer la nôtre au-dessus de la sienne. Oliver clôture ce paquet de mains, Thomas ajoute :

— Unis comme les cinq doigts de la main, pour aujourd'hui, demain et les siècles qui suivent.

 Nous répétons tous les quatre cette phrase, elle nous va bien, elle reflète notre vie, notre choix de vie et nous en sommes heureux. Nous sortons de l'ascenseur et je ne sais pas dire pourquoi, mais j'ai le sentiment que Jessica est dans les parages, ce qui est tout à fait impossible car les kids sont à la maison avec nos parents. Pourtant, je suis certain d'avoir entendu un braillement et ce braillement provient de Jessica.

— Tu entends ? je demande à Thomas.

— J'entends quoi ? me dit-il en s'arrêtant.

— Nos enfants sont là, mec, j'entends Jessica.

— Arrête de déconner! Tu n'as même pas vingt ans et tu entends des voix, malgré tout sa voix diminue sur la fin de sa phrase, il entend aussi ses enfants.

 Nous marchons un peu plus vite et nous nous trouvons dans la salle de restaurant de l'hôtel avec nos parents et nos enfants.

— Quand je te dis que nos enfants sont là ! Je sais si Jessi est là ou non, tout de même.

— Ma fille te mène par le bout du nez et elle n'a que six mois....cela va être beau dans les années qui suivront.

— Ne te fou pas de ma gueule, tu sais bien que Jessi fait de moi ce qu'elle veut.

 C'est probablement un des meilleurs moments de ma vie. Si la tournée est géniale pour les musiciens que nous sommes, elle nous brise pour les hommes casaniers qui someillent en nous. Et en voyant nos familles réunies, nous en sommes convaincus. Nos parents et nos enfants ont fait le déplacement, mais aussi la famille de Hugo et celle d'Hector. C'est la première fois que nous rencontrons leurs parents. J'adore ces instants et serrer dans mes bras Jessica me procure un immense bonheur. Les enfants n'avaient que trois mois lorsque nous sommes partis et si nous avons eu des photos toutes les semaines, les voir en chairs et en os, nous fait le plus grand bien, à nous cinq, à moi en particulier, mais je ne dis rien.

 Je ne sais pas comment Jessica a fait, mais elle a braillé tant qu'elle s'est retrouvée dans mes bras. Je suis incapable de dire si les enfants de cet âge sont capables de se souvenir de quoi que ce soit, mais je sais qu'elle se souvient de moi et je sais que je lui ai manqué autant qu'elle a pu me manquer.  J'en suis conscient, ce n'est pas possible, mais cet enfant se souvient de moi. Et lorsqu'elle dépose sa main sur mon visage, je réalise que mon cœur est conquis pour le restant de mes jours. Aucune femme ne me fera tourner la tête comme Jessica peut le faire. En disant cela, je ne sais pas encore que ces paroles sont une véritable prophétie. S'il y a une femme qui m'a marqué tout au long de ma vie, c'est bien Jessica.

Vers vingt-trois heures trente, Oliver prend la parole :

— Avant de céder la place à l'année nouvelle, je voudrais vous parler de certaines choses. Tout d'abord Jon, je voulais te remercier de m'avoir mis sur le chemin des Hard Night, j'ai trouvé ma place, je me sens bien en leur compagnie, j'aime le job que je fais, avec des personnes que j'aime, alors merci à toi, dit-il en levant son verre en direction de Jon. Ce dernier lui répond :

— N'oublies pas mon pourcentage, je suis monsieur dix pour cent, dit-il tout sourire aux lèvres.

— Promis, je vais y penser ! Je voudrais aussi remercier Carole et Adam. Un beau jour du mois de juillet, j'ai débarqué dans votre cuisine et depuis lors, je ne suis plus jamais reparti. Vous m'avez accueilli comme si je faisais partie de la famille et je vous en remercie.

— Tu fais partie de la famille Oliver, ne l'oublies pas ! lui répond Adam.

 Je suis fier et heureux moi aussi de faire partie de cette famille.

— Je voulais aussi vous remercier les gars pour votre accueil, votre gentillesse. On a fait connaissance dans de drôles de circonstances. J'étais paumé et vous aussi, mais on a fait un sérieux bout de chemin ensemble et si vous voulez de moi, je reste bien volontiers.

— S'il y a une question que tu ne dois jamais te poser, je dis bien jamais, c'est de savoir si on veut de toi. Tu fais partie des nôtres et j'espère pour de très nombreuses années. Je sais que je parle au nom de tous. Merci Oliver d'être là et merci pour tout ce que tu fais quotidiennement pour nous. A toi, dit Thomas en levant son verre.

— Je reste, c'est promis et pour de nombreuses années. J'en profite aussi pour vous donner quelques chiffres, c'est ce que l'on avait prévu au mois d'octobre, que je fasse un topo en chiffres en fin d'année

— On avait aussi prévu d'autres choses, si tu te souviens bien, lui dit Thomas en levant son verre vers lui.

— On verra cela entre nous ! Maintenant je voudrais vous parler de vous, du groupe, de la musique. D'ailleurs il faudrait que vous preniez le temps de vérifier vos chiffres de vente. Vous faites un malheur!!!! C'est phénoménal les gars, vraiment !

— Bah normal, c'est nous !

— Il ne faut pas chercher à savoir qui a fait ce genre de remarques, nous dit Jon en souriant et en me donnant une tape à l'épaule.

— Sérieusement les gars, écoutez-moi ! Votre single est passé à douze millions d'exemplaires et votre album a franchit la barre des sept millions,  alors que cela ne fait que deux semaines qu'il est dans les bacs.

— On n'est pas dans la merde Richie ! On n'est pas dans la merde ! Je vous avais dit que vous aviez du talent, mais merde à ce point là !!! Je veux un pourcentage sur les ventes ! Ajoute Jon en souriant.

— Jon, Richie, Dave, Tico, Alec, on voudrait vous remercier, sans vous, on n'y serait pas arrivé, sans votre aide, sans votre soutien, sans votre gentillesse, on ne serai pas ici avec vous ce soir, sans vous, on ne serai nulle part. Vous nous avez aidé en tant que musicien, mais surtout en tant qu'ami. On a vraiment été dans une merde profonde, et vous nous avez sorti de là. Merci, merci de tout cœur pour tout ce que nous avons pu recevoir de vous, merci à vous tous. En terminant sa phrase, Thomas lève sa coupe de champagne vers eux, il a raison sur toute la ligne.

 Carole se lève et se met près de nous en nous disant : "Je suis très fière de vous, de vous tous mes garçons".

 Cela fait du bien d'avoir une maman auprès de soi. Je suis heureux d'avoir une maman comme Carole. Ma vie a changé lorsque je l'ai rencontrée et en bien. J'en suis ravi.

 Le décompte du passage à l'an neuf arrive lentement, les douze coups de minuit se font entendre et une année de plus tourne la page. Nous changeons d'année, nous changeons de décennie. Encore dix ans, nous serons à l'aube d'un nouveau siècle, d'un nouveau millénaire.

 Nous passons la nuit à fêter le nouvel an, le dîner a été somptueux, les vins magnifiquement adaptés au menu, nos amis, notre famille et nos enfants sont présents. Que demander de plus ? En rentrant au petit matin dans nos chambre, Thomas nous demande quelques instants, ce que nous lui accordons bien sûr,

— Je ne vous tiens pas longtemps, c'est promis. Oliver, il y a trois mois, nous étions d'accords pour que tu restes avec nous sur les routes, mais en te payant un salaire. J'ai regardé les chiffres en diagonale, et je constate que tu n'as toujours rien pris. Alors je voudrais, nous voudrions, que tu fasses partie de l'équipe réellement, et nous t'avons signé un contrat d'embauche, avec un salaire. Peut-être pas tout à fait adapté à ce que tu fais, peut-être pas tout à fait adapté à tes connaissances, mais nous pensons qu'il te faut quelque chose. Tu ne peux pas travailler sans être rémunéré. Alors nous l'avons signé, lis-le, fais des remarques si tu en as, et signe le contrat si tu penses que cela te convient.

 Oliver a pris le contrat et l'a signé, sans même le lire. Nous l'avons regardé tous les quatre et j'ai ajouté :

— Si mes souvenirs sont bons tu as été le premier à dire qu'il ne fallait rien signer sans avoir lu ce que l'on signait...

— Tout à fait, je l'ai dit et il y a peut-être une erreur dans ce contrat, peut-être pas, je n'en sais rien. Je viens peut-être de signer mon arrêt de mort ? Qui sait ? Ce que je sais, c'est que je suis content de travailler pour vous et j'ai entière confiance en vous, en vous tous ! Merci les gars !

— Bienvenu officiellement ! Le premier employé de la maison.

— Je suis le premier d'une longue liste, vous verrez ! Dans quelques années, on sera des centaines à travailler pour vous !

— C'est ce que j'aime, c'est que tu es aussi fou que nous ! Ajoute Thomas en lui tapant sur l'épaule.

— Je crois que je suis encore plus fou que vous, en fait !

— Pourquoi tu dis cela ?

— J'ai reçu une proposition pour une tournée, je pense que cela va vous ravir, je me trompe peut-être, mais je ne pense pas.

— Raconte, c'est quoi l'idée ?

— L'idée est de faire quelques salles, de belles salles, de très belles salles, mais pas en première partie les gars !

— Comment veux-tu que l'on fasse un concert avec un seul album ?

— L'idée serait de reprendre quelques grands standards aussi. Il faudrait que l'on en discute avec Jon et le groupe. On fait cela demain ? Suis crevé pour l'instant j'ai envie d'aller dormir.

— Ouais, bonne idée, on va aller dormir quelques heures, cela fera du bien à tout le monde.

 Nous entrons dans nos chambres. Thomas avec moi, Hugo, Hector et Oliver sont dans une même chambre. Nous rentrons dans la salle de bain, nous nous déshabillons, et mon regard rencontre celui de Thomas :

— On a bien entendu tu penses ? Une tournée, mais pas en première partie ?

— Ouais, je crois que l'on a bien entendu ! Me confirme Thomas.

— Je te l'ai dit, une tournée mondiale en stade pour juillet nonante et un.

— Cela nous laisse dix-huit mois, frangin. C'est peu, très peu !

— Non, on va y arriver ! On fera des stades dans dix-huit mois. Il faut que l'on sorte notre deuxième album mec, on va y arriver.

— Tu sais que l'on vient de sortir notre premier album, il y a deux semaines...

— Tout à fait ! Et tu as entendu les chiffres de vente, c'est pharaonique ! On va continuer sur notre lancée. Thomas c'est ce que je veux faire, je suis heureux comme cela et je veux partager cela avec vous, avec toi. Nous avons la chance d'avoir un groupe formidable. On est doué, créatif, on fait un taf du tonnerre ensemble ! On bosse, dur, même très dur, mais quand je pense à ce que Oliver nous dit, c'est génial, c'est ce que je veux, c'est ce que l'on veut, tous les quatre, alors on va continuer et on va arriver à notre objectif.

— J'y crois, frangin. Je sais que l'on va y arriver !

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