CHAPITRE 24 : LA VERITE

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 La fin de semaine arrive bien vite, vendredi pointe le bout de son nez et dès que Jessica et Jackson sont partis travailler, nous allons chercher les autres enfants de Thomas et leurs copains à l'aéroport. Aucun des deux ne sait que nous les avons invités pour leur souhaiter un joyeux anniversaire. En parlant d'amis, nous avons aussi invité NOS amis, des personnes qui nous sont très chères. Elles font partie de notre vie depuis de nombreuses années, des personnes sans lesquelles nous ne serions pas ce que nous sommes. C'est ainsi avec joie que nous accueillons les membres de Bon Jovi.

 Jon est toujours aussi charismatique et dès qu'il fait son entrée dans l'aéroport, une nuée de fans s'agglutine autour de lui. En fait, c'est assez calme jusqu'au moment où une fan crie "Les hard Night accueillent les Bon Jovi". J'ai l'impression que nous avons provoqué un raz-de-marée, un cyclone, une tornade, je ne sais pas l'expliquer, mais ce qui devait simplement être un accueil chaleureux entre potes se termine en une séance de photos, de selfies et de dédicaces en plein milieu de l'aéroport de Freiburg. La sécurité a du mal à remettre les fans à leur place et nous devons faire appel à notre propre service de gardes du corps afin que tout rentre dans l'ordre, enfin c'est le revers de la médaille et je suis honnête, parfois cela nous pèse. Nous ne pouvons pas aller prendre un pain, un paquet de cigarettes ou une bière sans être accosté et c'est vrai que certains jours, nous voudrions être comme tout le monde et pouvoir accueillir simplement les personnes que l'on aime, comme des dizaines de personnes le font tous les jours dans un aéroport. Mais nous ne sommes pas tout le monde, enfin je ne pense pas que nous le sommes quand je vois le service de sécurité qu'il faut pour remettre l'aéroport au calme... Jared Letto est lui aussi présent, mais aussi bizarre que cela puisse paraître, il est passé inaperçu. Je le comprends mieux quand je le trouve dans notre limousine. Il s'est dirigé vers Boris simplement avec un pantalon troué, une casquette sur les cheveux et des lunettes solaires et en entrant dans la voiture, je me suis demandé quel était le mec qui squattait notre limousine.

 Tout le monde est présent, tout le monde sauf Dorothé, bien sûr. Je sais que cela fait mal à Thomas, mais je sais aussi qu'elle ne les a jamais aimés, alors pourquoi fêter leur anniversaire ? Il faut au moins laisser une chose à Doro, elle est honnête.

 Nous avons réservé l'ensemble de l'hôtel dans lequel nous sommes descendus en début de semaine, c'est plus facile pour nous tous, y compris pour le service de sécurité.

 Je pars chercher Jessica et Jackson sur leur lieu de travail et je les emmène faire un tour en ville en prétextant que je veux passer du temps à leur faire découvrir ce qu'ils n'ont pas vu, en effet, ils ont travaillé toute la semaine, nous pas, nous avons pu nous promener, et j'avoue que j'adore ces moments privilégiés. Jackson sait que nous sommes ensemble et cela me permet de pouvoir prendre dans mes bras la femme que j'aime et ce sentiment est formidable, vraiment.

 Nous rentrons vers les vingt heures à l'hôtel et je prétexte à Jessica que je voudrais savoir ce qu'il y a au menu afin de les emmener au restaurant. Comme prévu, tout le monde est présent et c'est un "surprise" général qui les accueille. Ils sont heureux, cela se voit, ils sont tous sourires, tous les deux. Thomas est le premier à s'avancer du groupe afin de les accueillir :

—Bonjour mes enfants et joyeux anniversaire à vous deux, leur dit-il en les embrassant.

 Ils font plaisir à voir, tous les trois : ils sont heureux. Je sais que l'on a fait du bon travail, les vaches maigres sont derrière nous et même si nous ne sommes pas tout à fait heureux, je sais que nous avons presque tout ce que nous souhaitons. Je devrais juste être capable de dire à Thomas ce que je ressens pour sa fille afin que mon bonheur soit total, mais j'ai besoin de temps et je sais qu'elle l'a compris. Quant à lui, il lui manque une compagne qui pourrait l'aimer pour ce qu'il est lui : un homme doux, tendre, passionné, et non pas l'argent et la célébrité que Doro lui trouve. Nous y arriverons, c'est certain, j'y crois.

 Tout le monde est présent : les enfants d'Hector le sont aussi sans oublier Charline la meilleure amie de Jessica et Landon le meilleur ami de Jackson. Nos amis répondent à l'appel, et cela me fait sourire lorsque je vois Jon s'approcher d'eux et les prendre dans ses bras. Il a toujours autant de charisme ce mec, il a plus de cinquante ans et toujours autant d'énergie. J'adore ce mec et c'est avec joie que je m'avance pour le saluer :

—Bonsoir Jon, comment va ?

—Heyyy, bonsoir Julian, bien et toi ? me dit-il en me prenant dans ses bras.

 Certains pourraient penser que cela ne fait pas très viril, mais nous, cela ne nous a jamais dérangé, bien au contraire. Il faut dire que l'on s'entend très bien avec le groupe, et ce depuis des années.

—Tu mens toujours aussi mal, j'ajoute.

—Je sais, mais sans Richie, ce n'est plus la même chose et je ne parle pas de musique.

—Parfois une bonne explication peut aider.

—On n'arrive plus à communiquer et si tu savais ce qu'il peut me manquer, c'est affolant.

—Je comprends, si Thomas devait s'éloigner de moi, je pense que je n'y survivrais pas.

—Ouais, si il y a bien quelqu'un qui peut le comprendre, c'est bien vous !

—Si tu as besoin, tu sais où nous trouver.

—Je ne t'emmerde pas assez comme cela ? Je pense que je te téléphone au moins cinq fois par semaine. Si mon téléphone était sur écoute, on finirait par croire que l'on a une relation l'un avec l'autre, me dit-il en souriant.

 Son sourire est éclatant pour ceux qui ne le connaissent pas, mais moi je sais que son sourire est éteint et c'est comme cela depuis que Richie a quitté le groupe, pour des raisons personnelles. Malheureusement, je n'arrive pas à savoir pourquoi et comment l'aider si je ne connais pas le fond du problème ? En fait, je pense que personne ne le connait réellement et cela me fait mal de voir un homme d'une telle valeur aussi malheureux. Richie a coupé les ponts avec son groupe, mais avec nous aussi, personne n'arrive à le joindre.

—Non, tu ne m'emmerdes pas et si tu as envie de me téléphoner cinq fois par jour, tu le fais. Si moi je ne t'avais pas eu, il y a vingt-quatre ans, on ne serait pas ici en train de fêter leur anniversaire. Ne l’oublie jamais ! Je t'aime mec et si je peux t'aider, je le fais, je mentionne en le prenant dans mes bras.

—On va vraiment faire croire que l'on est ensemble ! Me dit-il en m'entourant de ses bras.

—Je m'en tape mec ! Je me fous de savoir ce que l'on pense !

—Même ce que pense Jessica ? Me murmure Jon en souriant.

 J'avoue que je suis perdu là, je ne sais pas quoi répondre, il me sourit et ajoute en mettant son verre devant ses lèvres :

—Tu as bon goût, c'est une très belle femme. Vous vous aimez, cela se voit et je vous souhaite tout le bonheur du monde, vous le méritez. Fais juste attention à Thomas. Tu ne lui as rien dit je suppose ? Il ne doit pas le découvrir par quelqu'un d'autre, tu dois le lui dire.

—De quoi tu parles ? Je dois dire quoi à Thomas ? j'essaye de faire l'idiot, mais s'il y a une personne qui me connait bien c'est Jon.

—Mais je ne parle de rien, mon ami, de rien, ajoute-t-il en souriant et en buvant son champagne.

—Cela se voit tant que cela ?

—Tu l'as toujours aimée, mais je pense que maintenant vous êtes passés à l'acte et vous avez raison, la vie est courte, il faut en profiter.

—Je ne veux pas te mentir, oui je l'ai toujours aimée.

—Soyez heureux, Julian, vous le méritez l'un comme l'autre.

—Je compte sur toi, tu as toujours été une tombe.

—Je ne change pas, je te le jure.

—Je sais, j'ai toujours eu confiance en toi, depuis le premier jour.

—Je m'en souviens. Je me rapelle de cette nuit durant laquelle tu m'as téléphoné pour la première fois. Sarah doit leur manquer, c'est certain, pourtant vous avez fait un job extraordinaire. Je sais ce que c'est d'avoir des gosses et d'être sur scène, ce n'est pas évident.

—C'est certain, mais tu as la chance d'avoir une épouse formidable. Vous êtes heureux, cela se voit.

—J'avoue que sans ma femme, je n'y serai pas arrivé, tu as raison.

 Nous nous installons pour un bon dîner, la soirée est formidable. Si Thomas leur a préparé un album photos souvenirs, je m'y suis mis aussi et je leur ai préparé un Power Point avec des photos et des anecdotes qui font rire tous les convives. Lorsque j'ai fini mon discours, je reprends ma place, à côté de Jessica, bien sûr, et lorsqu'elle se met dans mes bras pour me remercier j'ai envie de crier au monde entier que cette femme m'appartient. J'ai surtout envie de le dire à Thomas, mais j'en suis incapable et je la prends dans mes bras comme je l'ai toujours fait. A ce moment, Thomas qui est en face me sourit et murmure :

—Mes enfants ont de la chance, ils ont toujours eu deux papas, merci Julian pour tout ce que tu as fait pour eux, pour nous, pour moi. Je n'y serai pas arrivé sans toi.

—Normal, tu sais bien que je suis Monsieur Je sais tout, je lui dis en prenant la main qu'il me tend.

—Monsieur Je sais tout ? Cela veut dire quoi, interroge Jackson.

—Votre père m'a donné ce surnom un soir, le deux juillet il y a vingt-quatre ans. Je m'en souviens comme si c'était hier et je constate que Thomas aussi.

 Nos yeux brillent et nous clignons des paupières plusieurs fois chacun afin d'éviter de laisser couler nos larmes. Jon intervient en ajoutant :

—Vous avez la chance d'avoir des êtres formidables autour de vous, j'en fais partie, donc je sais de quoi je parle!!!! - le genre d'idioties qui fait rire l'assemblée - Vous êtes ce que vous êtes grâce à toutes ces personnes qui vous entourent. Et même si la vie ne vous a pas fait de cadeau à la naissance, vous êtes heureux aujourd'hui, vous êtes unis et il n'y a rien de plus important que la famille. Surtout ne regrettez rien de ce que vous avez fait, de ce que vous avez dit ou essayé car toutes ces petites choses mises les unes au bout des autres, font ce que vous êtes, ce que vous êtes aujourd'hui et je suis fier de pouvoir dire que je fais partie de vos amis proches.

 Bon c'est trop tard, j'ai beau cligner des yeux, les larmes coulent le long de mes joues, tout comme chez Thomas. Mais Jon a raison, nous sommes ce que nous sommes, nous sommes unis et heureux.

 La soirée touche à sa fin et nous rejoignons nos chambres. Bien sûr, je suis avec Jessica. J'avoue que je ne sais pas ce qu'elle raconte à Thomas, mais elle passe ses nuits avec moi, même si on l'a toujours fait, nous n'étions jamais dans le même lit et aujourd'hui je serai bien incapable d'être dans un autre lit que dans le sien.

 Jessica n'a rien dit, mais je vois qu'elle a des questions, je ne sais pas à quel sujet, mais elle s'interroge. Elle est sortie de la douche, ses cheveux dégoulinent le long de son dos, elle se promène nue dans notre chambre. Je ne sais pas ce que je savoure de plus, le fait d'être dans "notre" chambre, ou le fait de voir son corps. Elle me regarde et sourit :

—A quoi penses-tu ? me demande-t-elle.

—Jeune fille, je ne peux pas répondre à ce genre de question, c'est tout à fait indécent, ce à quoi je pense. Je lui dis en m'approchant d'elle et en la prenant dans mes bras.

—Indécent comment ?

—TRES indécent ! J'ajoute en lui mordant le lobe de l'oreille.

—Genre, toi et moi nus dans un lit ?

—Dans un lit ? C'est nouveau, cela serait bien une des premières fois. On se calme, tu crois ?

—Jamais je n'arriverai à me calmer de toi, Julian, jamais. Tu as toujours envahi mes pensées et j'avoue que parfois cela me fait peur !

—C'est réciproque ma belle, mais moi cela ne me fait pas peur. On est fait l'un pour l'autre, je n'ai aucun doute à ce sujet, je lui réponds en l'embrassant tendrement. Par contre, je vois que quelque chose t'interpelle, je peux t'aider ?

—J'ai une question Julian et papa n'a jamais voulu y répondre.

—Une question à laquelle ton père n'a jamais voulu répondre ? Pourquoi je suis mieux roulé que lui ? C'est inné ma belle, rien à faire à cela ! Je lui réponds en lui souriant. Elle attrape la serviette et me la lance au visage en ajoutant "idiot" !

—Julian, sérieusement, je voudrais savoir ce qui s'est passé la nuit de notre naissance, papa n'a jamais voulu en parler.

—Ouais, je comprends pourquoi, il ne veut pas en parler.

—Tu veux bien m'en parler ? J'ai l'impression que tu connaissais très bien maman ? Tu as été très proche d'elle, non ?

—J'ai adoré ta mère Jessi et ne te méprends pas, je ne l'ai jamais touchée. Je pense que si je l'avais fait, ton père m'aurait embroché, je ne serai plus de ce monde.

—Raconte Julian, je voudrais savoir, me dit-elle en enfilant un de mes boxers et un t-shirt.

 J'adore qu'elle fasse cela, je me délecte d'avoir son odeur sur mes vêtements. Bon, il faut être réaliste, la dernière fois que j'ai enfilé un boxer qu'elle avait mis pour dormir, j'ai bandé comme un âne et elle travaillait, mais son odeur sur mon t-shirt, j'adore ! Je vais prendre une douche, puis je m'installe dans le lit en la prenant dans mes bras.

—On s'était disputé avec ton père, le jour de votre naissance et Hugo est intervenu en tapant du poing sur la table. Lui qui ne dit jamais rien. Je suis sorti, j'ai été marché, puis courir, quand je suis revenu, il y avait une ambulance devant l'hôtel, mais je suis rentré par une autre porte. Quand je suis arrivé dans la suite, j'ai compris que c'était ta maman qui était dans l'ambulance. Je suis descendu à la réception et on m'a conduit à l'hôpital. J'ai empoigné l'infirmière de service car elle ne voulait pas me laisser rentrer, ni ton père. On est rentré dans la salle d'accouchement, Sarah savait que cela n'allait pas, elle était à bout de forces, mais malgré tout, elle a donné naissance à deux magnifiques enfants. J'ai été cherché un prêtre et tes parents se sont mariés dans la salle d'accouchement. Sarah est décédée quelques temps après. Je me souviens du cri que ton père a poussé, je n'avais jamais entendu un homme pleuré comme cela et j'espère que plus jamais cela n'arrivera. Enfin, bref, vous étiez en bonne santé, nous sommes rentrés avec vous dans nos bras dans le courant de la nuit. L'infirmière que j'avais engueulée nous avait préparé des biberons, du lait, des couches, enfin tout ce dont nous avions besoin pour le premier mois. Elle a été géniale cette femme. Ton père était au bout du rouleau et je suis sorti en te tenant dans mes bras d'un côté et en soutenant ton père de l'autre. Jackson était dans les bras d'Hector et Hugo s'est occupé de récupérer tout le matériel de puériculture. On est rentré à l'hôtel et j'ai envoyé ton père dormir. On s'est engueulé une fois de plus à ce moment et une fois de plus, il m'a appelé "Monsieur Je sais tout". Il trouvait que j'étais trop optimiste. Il avait raison, on était dans la merde, ta maman décédée, on était à des milliers de kilomètres de chez nous, et notre agent de l'époque nous avait mis dans des dettes colossales.

—Vous avez eu un agent ? me demande-t-elle en me regardant.

—Oui, trois mois, durant la première tournée que l'on a fait avec Bon Jovi. Puis il a disparu, on avait signé pour trois mois et je suis content qu'il ait disparu, on était assez dans la merde comme cela. On est rentré, ton père a été dormir, Hector s'est occupé de Jackson, moi je me suis occupé de toi, déjà tu étais ma priorité.

—Le temps passe, mais tes priorités ne changent pas ! Me confirme-t-elle en m'embrassant tendrement.

—Tout à fait ma belle, tu fais toujours partie de mes priorités.

—Que s'est-il passé Julian après ? Cela me parait important, je voudrais le savoir s'il te plaît.

—C'est probablement la nuit la plus marquante de ma vie, tu sais. Je me suis installé dans ma chambre, avec toi dans mes bras. Tu étais déjà dans mon lit, tu avais moins de vingt-quatre heures. J'ai téléphoné à Jon et je t'avoue que sans lui, on ne serait pas devenu ce que l'on est aujourd'hui musicalement parlant, mais surtout, je pense que l'on ne s'en serait pas sorti. On avait des dettes incommensurables, et notre premier single sortait dans les bacs quinze jours plus tard. On était vraiment dans la merde, mais Jon a été là, comme toujours.

—Tu as une forte complicité avec lui, il te téléphone souvent, surtout ces derniers temps.

—On s'est toujours bien entendu, depuis le premier jour, c'est un homme exceptionnel et oui il téléphone souvent : depuis que Richie a quitté le groupe. Je le comprends tu sais, je ne peux pas envisager ma vie sans ton père. Cela ne m'a jamais effleuré l'esprit, je ne vois pas comment je pourrais vivre sans lui, alors oui je comprends Jon. Un guitariste, cela se remplace, mais ton âme sœur, ta moitié, non, cela ne se remplace pas, jamais.

Note : Richie Sambora, membre et guitariste du groupe Bon Jovi a quitté le groupe en 2013. A part une soirée au Hall of fame en 2018, Richie ne fait plus partie du groupe. Il a été remplacé par Phil X en tant que guitariste principal du groupe. www.Bonjovi.com

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