CHAPITRE 11 : L’ANNÉE OU TOUT A COMMENCÉ

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"A dream you dream alone is only a dream.

A dream you (We) dream together is reality."

John Lennon

 J'ai relu ces quelques mots des dizaines de fois. Je ne sais pas pourquoi, mais aujourd'hui est un jour important pour moi : Sarah et le mot aux valves. Il y a un bouleversement qui se fait au plus profond de mon être et je sais que le tout est intimement lié. Monsieur Robinson continue son cours et nous appelle tous les deux à la fin.

— Les garçons, je vous ai vus jouer samedi dernier, vous êtes doués, très doués et vous irez loin. Ton idée Thomas de mettre un batteur et un bassiste sur vos compositions est excellente. Je passerai vous voir tous les week-ends, j'aime ce que vous faites.

— Merci Monsieur, c'est gentil, merci. Et vous le pensez ! On vous connaît bien !

— Oui, je le pense Thomas. J'y crois, vous êtes doués et travailleurs. Bonne journée, les garçons, à demain.

— À demain, monsieur Robinson, répondons-nous en cœur.

— Alors, on va voir Hector et Hugo ? Ils attendent à la cantine de l'autre bâtiment.

— Oui, on y va. Je dis au revoir à Sarah.

— Et mec, elle revient demain, t'inquiète pas, me sermonne Julian en me bousculant.

 Après avoir dit au revoir à Sarah et eu son adresse et son numéro de téléphone, je suis Julian et nous nous précipitons dans la cantine . Deux gars, de type hyspanique,  sont assis dans un coin, un carnet sur les genoux. Ils écrivent des partitions de musique.

— Salut les gars, vous êtes Hector et Hugo? Nous c'est Julian et Thomas. On a vu votre mot aux valves, on vient voir ce que l'on peut faire ensemble.

— Cool mec, salut, moi c'est Hector, lui c'est Hugo. On vous a vus la semaine dernière au "Sunny Sunshine" et on a aimé, alors voilà on s'est dit que cela serait sympa de vous rencontrer. Des filles du bar nous ont dit que vous étiez dans le même lycée que le nôtre et vous voilà.

 Nous passons une après-midi constructive. Ils sont doués, très doués. Ils sont calmes, posés et connaissent la musique. Ils parlent espagnol entre eux, même si à chaque fois, ils se reprennent et parlent alors notre langue. Nous avions vu juste, ils viennent du Mexique. Julian et moi parlons régulièrement Italien entre nous. Je suis d'origine Italienne, Julian pas du tout, mais comme il passe tout son temps chez nous, il a appris la langue. Nous allons devoir faire un effort et communiquer dans une seule langue, quelle cacophonie lorsque nous sommes occupés à quatre, les gens du sud...

 C'est bizarre comme de parfaits inconnus peuvent tout d'un coup changer votre vie et c'est ce qui est en train de se passer avec Hector et Hugo. Je le sens, ils le sentent. On a passé l'après-midi à parler musique, on discute, on échange, on s'écoute. Je vais à la cabine téléphonique qui se trouve dans le réfectoire et je téléphone à Carole, ma maman :

— Salut mam, ça va ?

— Bonjour mon lapin, ça va bien et toi ?

— Mam, Julian et moi on a fait la connaissance d'Hector et Hugo, batteur et bassiste. Ils peuvent venir manger à la maison ce soir ? Cela fait tout l'après-midi que l'on discute, mais je veux vous les présenter.

— Bien sûr, ils sont les bienvenus. On dîne pour dix-neuf heures, mais si vous êtes là plus tôt c'est bien aussi.

— Merci mam, on se met en route. Bises

— Bises mon lapin, à tout à l'heure.

 Voilà, c'est ma maman tout craché, je téléphone, je pose une question, elle me dit oui. Je l'adore. Je sais que je suis son petit protégé, même si j'ai deux frères, Matthew et Luke. J'ai toujours été le plus câlin, pourtant je suis la plus grande gueule de la famille. Nous nous mettons en route, Hector se pose des questions.

— Tu es certain que l'on ne dérange pas ? Je n'ai pas le temps de répondre, c'est Julian qui le fait.

— Aucun souci mec, tu vas voir, vous allez adorer Carole, c'est une femme géniale.

— Pourquoi tu l'appelles Carole?

— Heu.... c'est son nom.

— Thomas l'appelle maman et on dit que vous êtes frères, cela me semble bizarre.

— Non, mec. On n'est pas frère de sang, mais je squatte chez Thomas depuis des années, je vis chez eux de façon permanente, Carole c'est comme ma maman, mais elle ne l'est pas biologiquement, malheureusement.

 Notre discussion continue autour de la famille, et c'est tout en parlant que nous arrivons une demi-heure plus tard chez moi. J'ouvre la porte et nous sommes accueillis par des odeurs de cuisine. Cela sent toujours bon chez nous, maman adore cuisiner et elle le fait régulièrement.

— Bonjour mam, on est arrivé !

 Je l'entends qui sort de la cuisine, elle vient nous saluer et même si elle n'a jamais vu ni Hector, ni Hugo, elle les salue comme si elle les connaissait depuis toujours.

— Bonjour Carole, cela sent rudement bon ! ajoute Julian.

— Bonjour Julian, toujours aussi charmeur, toi.

— Non c'est vrai, cela sent un mélange d'origan et de basilic et tu as ajouté des baies roses, non ?

— Mignon, un sourire dévastateur et en plus doué en cuisine ! Tu vas faire des ravages mon fils ! lui dit-elle en passant ses mains dans les cheveux de Julian.

— Installez-vous les garçons, dit-elle à Hugo et Hector. Venez, l'apéro est servi à la cuisine.

 Nous entrons et nous nous installons. Un spritz est servi, des bruschettas, des tomates, mozzarella et encore bien d'autres choses. Julian aide maman en cuisine. Elle lui a donné le goût de cuisiner et je dois dire qu'il se débrouille très bien, c'est toujours excellent quand ils sont à deux aux fourneaux.

 En passant par le living, Hector et Hugo regardent certaines photos qui sont accrochées au mur, je dois dire que cela me fait sourire. En effet, maman travaille comme Playmate chez Playboy. Comme elle dit, il n'y a pas de sot métier, il n'y a que des sottes gens. Cela fait bouillir la marmite et de plus c'est une très belle femme. Elle a eu trois enfants et beaucoup de petites jeunes de dix-huit ans ne lui arrivent pas à la cheville. Elle fait encore régulièrement la couverture de Playboy et ni elle, ni moi, ni aucun membre de la famille n'en avons honte. Mon père tient une chaîne de salons de coiffure, mon frère Luke lui donne un coup de main et Matthew est propriétaire et gérant de trois grands clubs de nuit qui fonctionnent très bien. La soirée se déroule autour d'un bon repas. Nous avons agrandi la table de la cuisine et je pense à ce que disait Robinson, entre autre, "la famille est un point d'ancrage et il ne faut pas avoir le même sang dans les veines pour être une famille" et je le constate en voyant toutes ces personnes assises autour de la table.

 Nous terminons la soirée devant le feu ouvert : maman au piano, Julian avec une guitare en mains. Je suis assis avec mon carnet de notes et j'écris. J'entends ma famille chanter sur "Angie ou Satisfaction". Tout le monde passe une super soirée et c'est tout naturellement que maman propose aux garçons de dormir à la maison, ce qu'ils acceptent sans se faire prier. C'est comme cela chez nous, tu entres, tu t'installes et tu ne quittes plus cet endroit. Pendant que tout le monde chante, j'en ai profité pour me faufiler dans ma chambre et téléphoner à Sarah. Cette fille a quelque chose, je ne sais pas quoi, mais elle m'attire comme un ours est attiré par du miel.

— Résidence Thorman, en quoi puis-je vous aider ?

— Heu, bonsoir...

— Bonsoir Monsieur, qui voulez-vous contacter ?

— Heu, Sarah, Sarah s'il vous plaît.

— Mademoiselle Sarah et ses parents sont encore en train de dîner. Puis-je vous demander vos coordonnées, mademoiselle Sarah vous recontactera.

— Merci, dites-lui simplement que Thomas a téléphoné. Merci bonne soirée.

— À vous aussi monsieur, bonne soirée.

 Merde, elle fait partie d'un autre monde que le mien. Chez nous, nous n'avons pas de secrétaire qui décroche le téléphone. Sarah me sort de mes pensées en téléphonant quelques minutes plus tard.

— Bonsoir Thomas, c'est Sarah.

— Bonsoir Sarah, je ne voulais pas te déranger.

— Pas du tout, nous avons terminé. Maman nous parlait du bal de charité qu'elle organisait pour une récolte de fonds au mois de novembre. C'est ennuyeux à mourir. Et chez vous, tout va bien ?

— Oui, on a fini de dîner, je me suis mis à part pour pouvoir te téléphoner. Tu fais quelque chose vendredi soir ? Il y a "Piège de Cristal" qui passe au ciné, cela te dit d'aller voir?

— Volontiers, oui. Je ne connais pas, mais je te fais confiance.

— Tu ne connais pas ? Le film avec Bruce Willis? C'est la série des "Die Hard".

— Je t'accompagne bien volontiers, à quelle heure ?

— Je me disais que l'on pourrait rentrer manger ici chez moi, la séance est à vingt deux heures. On aura le temps de discuter, après le film, on peut passer chez mon frère si cela te dit. Il tient le "Ombres" sur la cinquième.

— Je ne connais pas non plus, mais oui volontiers.

— C'est parfait. J'ai l'impression que je vais te faire découvrir un tas de choses...

— Excellente idée, me confie-t-elle.

 Nous sommes restés au téléphone pendant plus d'une heure, à parler de tout, de rien, de nos goûts. Cette fille me fait vibrer comme un fou.

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