CHAPITRE 13 : JULIAN JUIN 2013

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"L'amour n'est pas seulement un sentiment, c'est une force, une lumière,

une mystérieuse énergie résultant d'une alchimie subtilement vibratoire,

produite par la rencontre de plusieurs sentiments en soi... et chez l'autre."

Jacques Salomé

 Je suis l'homme le plus heureux de la planète. Nous venons de passer une superbe après-midi au lit, mais il va falloir se lever et dîner avec les autres, comme on le fait toujours. Jessica s'est levée, j'entends la douche. Je sors du lit et la rejoins dans la salle de bain. Son corps se dessine au travers de la vitre de la cabine. De la buée à gauche, à droite, et même si ses courbes ne sont pas précises, je les connais par cœur, je viens de les explorer pendant plusieurs heures. Je frappe à la vitre et je lui demande si je peux la rejoindre. Sa réponse ne se fait pas attendre, elle ouvre la porte et m'accueille comme si je ne l'avais pas vue depuis des mois. La durée de la douche est un peu plus longue que prévue, mais nous arrivons à dix-neuf heures au living afin de nous installer à table comme tous les autres. Je m'assieds à ses côtés.   Je le fais depuis plus de vingt ans, depuis qu'elle est capable de s'asseoir.  Jackson me sourit, lève son verre et ajoute " À mon connard préféré", je lui souris aussi car il a tout à fait raison. Thomas est sceptique en nous voyant et fait la morale à Jackson :

— Jackson, ne parle pas comme cela à Julian, s'il te plaît !

— Il a tout à fait raison, Thomas, ne t'inquiète pas, c'est entre lui et moi.

 Le repas est succulent, comme tpujours. Nous passons une excellente soirée, même si au début, je suppose que nous sommes un peu "gauche", mais personne ne dit rien, je pense donc que cela ne se voit pas que je viens de passer la journée à faire l'amour avec la femme que j'aime. Comme d'habitude, nous terminons par un capuccino et du chocolat noir, ce sont là mes deux péchés mignons en ce qui concerne la nourriture.

 Stéphanie, l'autre fille de Thomas me demande de l'aider pour un travail en mathématiques, elle prend des cours complémentaires, pour elle l'année scolaire n'est pas encore terminée. J'étais plutôt bon élève et dans presque toutes les matières, alors je l'aide bien sûr, même si je dois m'y reprendre à plusieurs fois car je ne suis pas du tout concentré sur les problèmes de math, mais plutôt sur les courbes de Jessica. Stéphanie me fait la remarque, je lui réponds que je suis fatigué, j'ai mal à la tête, cela arrive à tout le monde...

 Le travail de math terminé, mon mal de crâne me permet de monter me coucher. Quelque part au fond de moi, je me sens mal, je n'ai jamais menti à Thomas, jamais, sur aucun sujet et ici c'est tout à fait anodin, j'ai mal à la tête, cela ne va pas changer la face du monde, mais je me sens mal, ce mensonge aussi idiot qu'il soit est le premier d'une longue, très longue liste. Je sais qu'il va me falloir du temps avant que je puisse dire à Thomas que je suis amoureux de Jessica.

 Jessica me rejoint quelques instants plus tard. La chambre de Thomas se trouve à l'opposé de la mienne et j'en suis bien content. Nous vivons ensemble depuis des années, même lorsque Thomas s'est marié, j'ai continué à vivre avec lui et ses enfants. Je ne me suis jamais marié, et je n'ai jamais eu de relations sérieuses.  Je n'ai jamais amené une femme ici dans cette maison. Lorsque nous sommes en tournée, on change d'hôtel tous les jours ou tous les deux jours, alors cela ne me pose aucun problème d'avoir une fille ou plus dans mon lit, mais pas ici. Cette maison c'est mon refuge, mon sanctuaire, notre bastion. Thomas est marié, mais il passe plus de temps avec moi qu'avec sa femme. Son mariage n'est pas, selon moi, un bon mariage. Dorothé n'a jamais accepté ni Jessica ni Jackson. Pour elle, ils auraient dû être en pension, pour Thomas, les enfants s'élèvent dans la joie et l'amour d'un foyer. C'est ce que l'on a essayé de faire au fil du temps. C'est aussi la raison pour laquelle je n'ai jamais voulu amener de femme dans cet endroit. Les enfants de Thomas, tous autant qu'ils sont, je les ai élevés comme les miens. Je peux dire sans mentir que j'ai donné autant de biberons que Thomas, que j'ai changé autant de couches et qu'un soir sur deux, je me levais pour aller les chercher à une soirée ou une autre. J'aime ses enfants, tous les six, même si je suis plus proche de Jessica et de Jackson. Je ne me suis jamais bien entendu avec Dorothé, mais elle est son épouse et je respecte ses choix, même si je pense qu'ils ne sont pas bons. Selon moi, son mariage avec Dorothé a été la plus mauvaise décision de sa vie, et lorsque je vois la soirée que l'on vient de passer, je sais que j'ai raison. Tout le monde était à table, sauf bien sûr Dorothé, enfin ce n'est pas plus mal. Maintenant, je ne me permets pas de faire de réflexions, je n'ai jamais eu le courage de me marier, alors je ne vais pas jeter la pierre à mon frère, alors que lui a au moins essayé.

— À quoi penses-tu ? me questionne Jessi en se collant à mon dos.

 Ses mains passent sur mon torse, elle dessine des ronds sur mon ventre et mon torse, et j'adore cela.

— Je pense au fait que j'ai bien choisi l'emplacement de ma chambre, loin de celle de ton père, mais à côté de la tienne.

— On a toujours été l'un avec l'autre, cela ne va pas changer.

— Non, ma belle, cela ne va pas changer, même si je t'avoue que je me sentais maladroit quand nous nous sommes installés à table.

— Moi aussi Julian, mais cela s'est très bien passé et on va continuer comme cela.

— Je t'ai toujours aimée, Jessi, aussi longtemps que je m'en souvienne. Pourtant je te jure que je n'ai jamais pensé à toi de cette façon, enfin jusqu'au jour de tes dix-huit ans. Quand tu m'as embrassé ce soir-là, j'ai su que c'était toi que je voulais, toi pas une autre, jamais.

 J'ai passé mes mains sur les siennes, afin de les resserrer autour de moi, je me sens bien auprès d'elle.

— Merde alors, il t'a fallu presque six ans pour succomber, me dit-elle en déposant des baisers dans mon dos.

— J'ai succombé le jour de ta naissance. Je te jure que tu m'as souri. Tout le monde dit que c'est impossible, moi je te confirme que tu l'as fait et à moi seulement. Tu as conquis mon cœur, ce jour-là. Tu es entrée dans ma vie et jamais je n'ai voulu une autre personne.

— Je vais finir par croire que tu as fait vœux de chasteté !

— Ne crois pas cela, loin de là, mais je n'ai jamais trouvé la personne qu'il me fallait, sauf aujourd'hui, tu es là, auprès de moi et c'est ce que je veux. Je t'aime Jessica.

— Ce n'est pas un secret ! me confirme-t-elle en passant devant moi et en m'embrassant.

— Je sais bien que je te le dis tout le temps, mais aujourd'hui, prends-le comme le "je t'aime" d'un homme qui a trouvé la femme qu'il lui faut. Je suis sincère quand je te dis que je t'aime, je le pense, réellement.

— Je t'aime aussi Julian, et oui je sais que c'est sincère, me murmure-t-elle en se blottissant dans mes bras.

— Tu sais, je me souviens du nouvel an de 1988/1989, ton père nous a annoncé que vous alliez arrivés. Il était le plus heureux des hommes.

— Raconte-moi cela, c'est un épisode que je ne connais pas.

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