CHAPITRE 1 : JUIN 2013 JESSICA

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"I'd live and I'd die for you, I'd steal the sun from the sky for you,

words can't say what love can do, I'll be there for you"

Bon Jovi "I'll be there for you", 4 avril 1989

 Les rayons du soleil inondent ma chambre, j'entends le chant des oiseaux, le ciel est bleu. Notre année scolaire s'achève, nous avons terminé nos études, nous sommes diplômés, notre vie estudiantine est finie, une page de notre vie se tourne. Quand je dis "nous", je pense à ma promotion, à mes amies de classe, de chambrée, à Charline, ma meilleure amie, mais surtout à mon frère, Jackson. Lui et moi sommes jumeaux, et aujourd'hui nous bouclons nos études d'ingénieur en environnement à l'université du Massachusetts à Boston. Nous avons travaillé dur pour y arriver, mais voilà nous y sommes ! D'un côté nous sommes heureux d'en avoir fini et d'entrer dans la vie active, mais d'un autre côté, nous avons peur.  Peur d'affronter le monde du travail, peur de quitter une vie faite d'insouciance, une vie rythmée par le monde étudiant, les confréries, les fêtes, les chambrées communes, la bibliothèque et les heures d'études.

 Aujourd'hui, nous sommes le 29 juin et la remise des prix aura lieu dans quelques heures. Je suis encore au lit, j'en profite, j'aime faire la grasse matinée, ma chambre est tranquille.  Ma co-locataire et meilleure amie Charline, a déjà pris ses affaires. Elle est rentrée chez elle il y a une semaine. J'apprécie ce calme, les rideaux sont entrouverts et je vois le ciel bleu. Le soleil est déjà assez haut dans le ciel, la journée sera belle, c'est certain. Le temps n'est pas le seul point positif de cette journée, la cérémonie de clôture de notre année d'études sera présidée par Thomas et Julian, mon papa et mon tonton préféré ! Thomas et Julian sont le leader et le guitariste d'un grand groupe de rock, ils terminent leur tournée et aujourd'hui ils seront présents pour la cérémonie de fin d'année, mais ils seront surtout présents pour nous. Nous avons toujours pu compter sur eux, même lorsqu'ils étaient à l'autre bout de la planète. Ils ont terminé leur tournée en début de semaine, ils étaient du côté de l'Australie.

 Leur groupe de rock, les Hard Night, égrène les stades et les salles de concert depuis plus de vingt ans, groupe composé de quatre musiciens. En effet, nous avons la chance d'avoir d'autres tontons, Hugo le bassiste et Hector  le batteur de métier. Le groupe tourne avec une armée derrière eux, je n'ai jamais compté, mais il doit y avoir quelques huit cents personnes qui travaillent dans l'ombre aujourd'hui. Ils font partie des légendes vivantes du rock au même titre que les Rolling Stones, U2 ou Bon Jovi.

 Je paresse dans mon lit, mon portable sonne, et la photo de Julian tout sourire apparait sur mon écran :

— Bonjour ma belle, comment vas-tu ? Prête ?

— Bonjour Julian, ça va et toi ? C'est toi qui dois être prêt, après tout c'est toi qui fais le discours ! je lui réponds.

— Bien, ma chérie, tout va bien. Nos discours sont prêts, on va déchirer comme d'habitude, ne t'inquiète pas ! Tu es habillée, que portes-tu ?

— Je suis encore dans mon lit, Julian, j'en profite, c'est la dernière fois que j'y suis.

— Nostalgique ?

— Un peu oui, il y a un chapitre de ma vie qui se tourne. J'ai l'impression que je vais rentrer dans le monde des adultes.  Finie la vie relaxe.  La semaine prochaine, je vais devoir mettre un réveil pour me lever, les responsabilités arrivent et je t'avoue que cela me fait un peu peur.

— Ma belle, c'est normal, tu vas vers l'inconne, mais dis-toi que tu as fait des études que tu apprécies, tu as signé un très beau contrat, tu vas faire un job que tu aimes, ce n'est pas si mal !

— Vu de ce côté-là, c'est plutôt positif !

— N'est-ce pas ? Tu es douée dans ce que tu fais. Crois-moi quand on fait ce que l'on aime, on fait du bon travail, de l'excellent travail. Je te mets sur haut-parleur, Thomas entre.

— Bonjour papa.

— Bonjour ma puce, comment va ? Pas trop nerveuse ?

— Si un peu, comme je disais à Julian, un chapitre de ma vie se tourne et cela me fait un pincement au cœur.

— Ma puce, tu grandis trop vite à mon goût, mais tu es aujourd'hui une femme forte, intelligente, tu as fait de bonnes études dans un domaine que tu apprécies, alors fonce, ne te retourne pas, vas-y et fais ce que tu aimes ! Et si par hasard, cela ne va pas comme tu veux, tu rentres à la maison, aujourd'hui, demain, dans six mois !

— Pas aujourd'hui s'il y a moyen, on doit faire le discours de clôture de ton année ! ajoute Julian.

— Idiot va ! Je sais que vous venez !

— Bah oui, si tu bouges dans un sens et nous dans l'autre, on ne va jamais se rencontrer ma belle.

— C'est intelligent ça mec, comme réflexion..... Ma puce, on est là, on vous soutient, tous les deux. On vous aime, ne l'oublie jamais.

— Je suis d'accord avec ton père, on vous aime tous les deux. Si vous avez besoin de quelque chose, vous savez où nous sommes, il ne faut pas hésiter ma belle.

— Tu es d'accord avec mon père ? C'est nouveau cela ?

— Parfois, il ne dit pas de bêtises, alors oui je suis d'accord avec lui. Je t'aime ne l'oublie pas, ma belle.

— Merci à vous deux. Je vous attends, à tout à l'heure ! Julian tu peux reprendre le portable ?

— À tout à l'heure ma puce, je te passe Julian et je t'embrasse.

— À tout à l'heure papa, merci. Je t'embrasse.

— Je suis là ma belle. Ça va ?

— J'ai juste besoin d'entendre le son de ta voix. Tu sais bien que tu es mon port d'attaches !

— Je suis présent ma belle, ne t'inquiète pas ! Je t'aime ne l'oublie pas ! Thomas a raison, nous sommes là. Téléphone, reviens à la maison, fais comme tu le sens, fais ce qui te fait plaisir à toi, pense à toi. Tu es une femme extraordinaire, tu es douce, belle, intelligente, et je t'aime telle que tu es.  Je suis là aujourd'hui, comme il y a vingt ans et comme je serai là dans vingt ans. Je t'aime !

— Je t'aime aussi Julian et merci. Vous venez un peu plus tôt que je puisse vous voir un petit moment avant la cérémonie ?

— On est là pour midi, on passe te prendre à côté de la bibliothèque et on va déjeuner. Préviens Jackson, on mange tous les six. Je t'aime ma belle, à tout à l'heure. Je t'embrasse.

— Merci Julian, on sera présent. Bisous.

 Cela me fait toujours du bien d'entendre Julian, mon tonton préféré. Enfin je dis "tonton", mais il n'est pas le frère biologique de mon papa. En effet, j'ai deux tontons officiels, Matthew et Luke, les frères de Thomas, et j'ai aussi la chance d'avoir trois tontons supplémentaires, les musiciens du groupe. Nos vies ont toujours été très imbriquées les unes dans les autres. Je pense que notre arrivée à Jackson et moi a bouleversé la vie des musiciens, mais ce groupe a bouleversé notre vie aussi. Quand on parle du loup, trois petits coups frappés à la porte, me font savoir que mon frère arrive. J'adore mon frère, je ne sais pas si c'est la raison pour laquelle nous avons un lien aussi fort ? Mais Jackson c'est mon roc, mon grand frère, la personne qui me connait sans doute aussi bien que moi-même, mais malgré tout sans doute moins bien que Julian.

— Entre, je t'attends !

— Bonjour Jess, encore au lit ?

— Oui, j'en profite, c'est le dernier matin. La semaine prochaine, au boulot avec des horaires fixes !

— J'arrive, me précise mon frère.

 Il enlève son pull, ses chaussures et se glisse avec moi dans le lit. Je m'installe dans les bras de mon grand frère et cela me fait du bien. Il ajoute :

— Pas la semaine prochaine sœurette, on a encore une semaine de battement. Mélancolique, petite sœur ? 

— Je dirai nostalgique, toi pas ?

— Oui et non, je suis content d'avoir terminé, même si cette vie va me manquer. Mais bon, on a trouvé un job, que l'on aime en plus, on ne va pas se plaindre. Tu as dit à Julian que l'on partait pour l'Europe ?

— Non, pas encore Jack, pas encore.

— Il faut le lui dire, Jess. Je lui ai dit que moi je partais pour l'Europe, mais il doit savoir pour toi aussi, tu dois le lui dire, il faut être honnête avec lui, Jess.

— Cela ne m'a pas toujours réussi, tu sais !

— Je sais, mais tu dois le lui dire, il t'aime énormément.

— Pas assez, je pense.

— Jess, essaye de te mettre à sa place, vous avez dix-huit ans d'écart, papa est son point d'encrage, enfin je peux comprendre ce qu'il te dit.

— Jack, j'en suis tombée amoureuse, et ce depuis toujours.

— Je sais Jess, je sais bien ! Mais essaie de le comprendre aussi.

— Je lui parlerai ce soir, après le dîner de la cérémonie.

— C'est une bonne chose, Jess. Il le faut !

 Nous paressons encore quelques instants dans mon lit, le portable de Jackson sonne, c'est Anna, une de ses nombreuses conquêtes. Je le laisse, je me lève, je prends une douche et m'apprête afin d'aller déjeuner.

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