Le réveil des ældiens

14 minutes de lecture

Le lendemain matin, au mess, Kael retrouva toute la troupe en bon état. Visiblement, les deux filles étaient sorties de leur stupeur. Kael en fut content, et il vint s’asseoir entre les deux.

« Où est Omen ? demanda-t-il en portant sa tasse carcadann à ses lèvres.

— Elle médite, lui répondit Yamfa, comme tous les matins. »

Kael hocha la tête.

« Cool. Et nos nouveaux amis ?

— Ils dorment encore », grogna Keita.

Kael jeta un coup d’œil à son utilitaire. Il était presque dix heures.

Les joues fraîchement rasées et embaumant une forte odeur d’after shave, La Brute vint s’installer juste en face de Kael et posa sa tasse de nes sur la table. Kael le regarda en silence : La Brute faisait partie de cette partie de l’humanité qui avait gardé sa barbe. Ce n’était pas le cas des shin-jen, par exemple, la souche dominante sur Pangu.

« Est-ce que tous les ældiens ont du mal à se lever le matin ? demanda le vétéran. C’est normal ? D’ailleurs, combien de temps vous dormez, vous autres ?

— Quatre heures de rêverie quotidiennes suffisent, répondit Kael machinalement. Mais ça dépend des gens. Ma petite sœur rêve énormément… Quant au problème du lever, c’est dû au fait que certains ædhil ont plus d’affinités avec la lumière du jour, alors que pour d’autres, c’est la nuit. Je suis sûre que pour les humains, c’est pareil.

— Oui, enfin, les ældiens forment une espèce essentiellement nocturne, corrigea Keita. Ce sont des prédateurs qui chassent la nuit, à la base.

— Ramener sans cesse les ældiens à leur origine de chat-singe sylvestre, c’est comme prétendre expliquer le comportement humain par celui des Cro-Magnons, répliqua Kael avec humeur. En rajoutant quelques centaines de milliers d’années ! Ces affinités par clarté sont réelles. Ceux de vaisseaux-mondes comme le Mebd recherchent la lumière, alors que les sorśari la fuient. C’est une réalité ! »

Alors que La Brute hochait la tête, satisfait de la réponse, Indis posa un regard effaré sur Kael.

« Comment sais-tu tout ça ?

— Notre capitaine est semi-ældien, répondit La Brute avant même que Kael ne puisse dire quoi que ce soit. Tu ne le savais pas ? »

Indis secoua la tête lentement, choquée, tout en fixant Kael. Ce dernier baissa la tête.

« Désolé de vous l’avoir caché et de vous avoir laissé croire que j’étais nekomat, fit Kael en relevant le visage. Je voulais vous le dire, je vous l’assure. C’est juste que j’attendais le bon moment, et la bonne manière. »

La Brute leva un sourcil.

« Ah ça, j’admets qu’il n’y avait pas meilleure manière de nous le dire que d’attendre que des guerriers unseelie assoiffés de viols et de tueries nous tombent dessus, capitaine. D’ailleurs, on peut les remercier, puisque sans eux on ne l’aurait sans doute jamais su.

— J’ai dit que j’étais désolé, fit Kael en le poussant de l’épaule. Et puis j’ai jamais dit que je n’étais pas ældien ! Si vous m’aviez demandé franco, je vous aurais dit la vérité.

— Ah oui, cette vieille croyance stipulant que les ældiens ne savent pas mentir, sourit La Brute en portant sa tasse à ses lèvres. Mais quelqu’un a eu le malheur de demander si t’étais nekomat à la place, et comme c’était ton rêve secret, t’as sauté sur l’occasion, hein ? P’tit malin, va ! »

Toute la tablée éclata de rire, à l’exception notable d’Indis.

« Tu es à moitié ældien... répéta-t-elle.

— Il paraît qu’on dit perædhel, en ældarin, l’informa La Brute. Bon, je propose qu’on tire du lit les deux paresseux, histoire de leur montrer que la vie dans la marine marchande républicaine, c’est pas la croisière s’amuse. On va arriver en vue du sky-hook dans moins de trois heures. Y a du travail.

— C’est vrai, renchérit Keita. Qu’ils ne s’imaginent pas être ici en vacances, ou en stage d’études ou je ne sais quoi d’autre ! »

Kael dut reconnaître que c’était sûrement ainsi que les deux ældiens considéraient l’expérience.

« Va falloir négocier leurs parts sur la vente de l’ayesh, également, fit Yamfa. C’est moi la comptable, mais j’ai peur de me faire rouler. J’ai l’impression que ce sont d’âpres négociateurs.

— C’est le cas, lui confirma Keita. J’ai suivi les négo’ hier, et d’après ce que j’ai compris, c’était pas de la tarte ! Heureusement que t’as été plus malin qu’eux, Kael. Sans toi… (Il pausa). Enfin, j’ai l’impression qu’ils vont se méfier, maintenant.

— Détrompez-vous, fit Kael en posant ses deux mains sur la table avant de se lever. Les ældiens adorent marchander. Ils attendent avec impatience une nouvelle proposition de notre part, je pense. Un petit conseil d’ailleurs : je vous conseille d’y aller franco, avec eux, si vous voulez vous faire respecter. Tant que vous aurez l’air sûrs de vous, ça se passera bien. »

La Brute, le visage calé contre son poing, sourit d’un air rêveur.

« C’est comme les canidés sauvages dans les décharges de Terra, c’est ça ? Faut pas leur montrer que t’as peur ?

— Exactement. T’as super bien géré hier, en venant t’imposer dans la bagarre. J’ai vu que ça les surprenait.

— Ouais, bah je t’avouerai que j’ai eu un peu peur de me faire lacérer la tronche. Mais j’ai une assurance : j’aurais pu me faire faire un super beau visage en polymère régénératif, sur le modèle de cette star des arènes, là. Je sais plus son nom.

— Suyg Esiw, intervint Yamfa.

— Voilà. Un truc du genre. »

La Brute tapa légèrement la table de sa paume.

« Bon. On y va ? »

Il s’adressait bien sûr à Kael et Keita.

C’est ainsi que l’expédition « réveil des ældiens » fut montée. En cheminant vers leurs cabines, situées non loin de celles de La Brute et de la sienne (Kael avait jugé plus prudent de les mettre entre eux deux), le jeune perædhel se remémora ce film vieux-terrien que leur mère leur mettait, à ses sœurs et lui, pour les occuper pendant neuf heures solariennes. Il racontait l’histoire d’un haflelin qui partait affronter un wyrm surpuissant pour aider une troupe de ruegars à reconquérir leur royaume perdu. En général, leur père venait se joindre à eux car il adorait ce film, qui lui rappelait la vie qu’il avait eu, jeune ædhel, sur la planète Faërung où on l’avait envoyé accomplir quelque quête. Il le trouvait très réaliste et appréciait énormément de voir des adannath se grimer en ultari (d’après ce qu’il disait, même le dragon était un humain configuré, par le biais d’une technologie aujourd’hui oubliée). Oncle Lathé lui aussi adorait, pour la même raison. Il avait même copié le film pour le montrer à ses frères. Il y a eu une époque où les adannath s’intéressaient suffisamment à nous pour se déguiser et faire des films sur nous, soutenait leur père. Pour lui, c’était très bon signe quant à la réconciliation future.

Mais tout ce que Kael retenait de ce film aujourd’hui, c’était ce passage où le haflelin allait dans la tanière du wyrm endormi, pour le voler et le réveiller. Exactement ce qu’il s’apprêtait à faire présentement.

La Brute et Keita s’arrêtèrent devant la porte d’Aodhann. Les trois garçons avaient estimé qu’il valait mieux que ce ne soit pas Kael qui s’occupe de celui-là. Kael contempla la scène de loin, du coin de l’oeil, afin de savoir à peu près ce qui l’attendait et surtout pour pouvoir assister ses amis en cas de réaction agressive du « dragon ». Mais le terrible Aodhann dormait en boule dans son lit comme un perædhel, sa queue enroulée autour de lui. Une fois de plus, Kael se sentit jaloux : il y a peu encore, il dormait comme cela, lui aussi, bien au chaud dans sa fourrure.

Ce fut La Brute qui osa toucher l’ældien le premier. Il lui posa la main sur l’épaule et le secoua un peu.

« Allez, faut se lever, insista-t-il devant l’absence de réaction. On a du boulot, tout l’équipage est sur le pied de guerre depuis des heures ! »

Aodhann ouvrit son œil d’acier poli, avant de le refermer en maugréant. Il se retourna et déploya son panache – fouettant légèrement La Brute avec au passage – avant de se ré-emmitoufler dedans.

« On se lève ! répéta Keita de l’autre côté du lit. C’est l’heure ! »

Plusieurs répétitions de ce genre furent nécessaires avant qu’Aodhann n’ouvre les deux yeux, baille en montrant bien ses superbes canines, étire ses muscles et fasse jouer ses doigts griffus comme un loubard d’astroport qui fait claquer son couteau papillon, puis se sorte enfin du lit, nu, en grognant.

Kael nota les yeux agrandis de ses deux amis lorsque l’ældien passa devant eux. Il ne s’écoula que quelques secondes avant qu’Aodhann ne replie sa queue entre ses jambes, cachant ainsi son bas-ventre, mais les trois compagnons avaient eu le temps de voir. Keita surtout, se retrouvant pendant un cours instant presque nez à nez avec l’organe du grand mâle, monstrueusement altéré par les fièvres. Kael partit discrètement vers la chambre d’Aedhen, sachant que cette histoire allait lui chauffer les oreilles pendant longtemps.

Étrangement, ce dernier l’attendait. Allongé sur son confortable lit, le rideau de branches tombantes ployant sous le poids des fleurs, il grignotait quelques lamelles de viande séchée, tandis qu’une douce musique flottait dans l’air, issue d’un enregistrement holographique.

Le regard expert de Kael tomba sur le morceau d’armure en iridium d’où sortait la musique fantomatique. On pouvait voir une barde aux longs cheveux d’or liquide, extrêmement belle, qui grattait une harpe de ses longues mains pâles.

« C’est une arme nanomoléculaire, n’est-ce pas ? Une arme filidh.

L’ældien sourit.

— Connaisseur, je vois !

— Où l’as-tu obtenue ? Tu n’es pas un barde.

— Non. Mais j’en ai très bien connu un. »

Kael garda le silence, laissant une chance à Aedhen d’en dire plus.

— C’est lui qui m’a donné ce leagadhn. L’armement en est désactivé. Mais le commutateur holographique subsiste, et je m’en sers pour me repasser des petites scènes qui me plaisent, hors rêverie. »

Kael observa l’arme. Il en avait vu une similaire dans les possessions de son père : c’était avec ça, précisément, qu’il prenait leurs photos de famille. Leur père leur avait expliqué qu’elle avait appartenue à leur grand-père Śimrod, qui la tenait lui-même de ses parents troubadours. Un jour, Kael l’avait actionnée sans faire exprès, en jouant avec. Un fil invisible était sorti d’une fente sur le dessus, alors qu’il l’avait enfilée sur son bras. Ce fil avait haché menu l’arbre en face de lui – un énorme boutre de six mètres de haut et trois d’épaisseur – en moins de cinq secondes, sans que Kael ne puisse comprendre ce qui se passe. Son père était arrivé de nulle part, il lui avait retiré l’arme, puis il avait fait une configuration pour faire repousser l’arbre. Kael n’avait plus jamais revu l’arme après ça : son père avait dû s’en débarrasser.

« Qui est cette elleth ? demanda Kael pour changer de sujet.

Aedhen sourit.

— Elle est belle, non ? Elle chante très bien. »

Kael regarda encore la belle ældienne faire courir ses doigts sur la harpe. Puis l’image se flouta, et elle s’évanouit doucement.

« C’est une femelle à qui je me suis consacré, lui annonça Aedhen tout de go. Elle s’appelle Niniamh. Lorsque j’aurai amassé assez de prestige pour que les bardes chantent ma chanson, je me présenterai à elle. Je mettrai mon cœur sur la table devant elle et lui demanderai si elle veut de moi pour toujours.

— C’est un beau projet, répondit Kael.

— Mais quasi-irréalisable. Niniamh est la fille du prince Shaimesh, un sidhe de lumière. Je suis issu d’une maison renommée, mais doublement déchue. Alors je rêvasse en la regardant jouer de la harpe, me repassant un souvenir déjà vieux de quatre siècles. Et toi, Caël-aux-cheveux-d’argent ? Qui est l’heureuse élue de ton coeur ? »

Kael faillit hoqueter de surprise devant le nom prestigieux que le fier ældien venait de lui octroyer. Il avait également parlé d’ « heureuse élue de son coeur »… Revigoré, Kael prit une grande inspiration.

« Personne pour l’instant », dit-il avec un petit sourire timide.

Aedhen sourit en biais.

« Et cette jeune prophète ? Elle a de beaux yeux, pour une humaine. Une couleur rare. Elle est fine et délicate. Petite… Adorable, comme une petite baie qu’on prend plaisir à laisser fondre sous la dent. »

Une vague d’angoisse glaça les tripes de Kael. La façon dont Aedhen parlait d’Omen ne lui plaisait guère.

Ils veulent nous engloutir.

« Je l’aime beaucoup, oui, mais pas comme ça, mentit Kael. Mais c’est une très bonne psyonique. Et elle est aveugle. Je me sens une responsabilité, envers elle.

— Aveugle ? s’étonna Aedhen. Il m’a pourtant semblé que c’était la seule qui voyait clair dans cet équipage… Enfin. Souvent les humains dont les yeux sont fermés à leur monde voient le nôtre avec acuité. »

Kael regarda Aedhen. L’ældien le vit, et l’invita avec un sourire à venir sur le lit.

« Tu ne veux pas essayer ce khangg ? Je pourrais te le prêter, si tu le désires. Pour ta première nuit d’amour avec ta jeune prophète. Vous aurez besoin d’une couche confortable. »

Kael se sentir rougir violemment. Ses oreilles le chauffèrent, et il sentit qu’il se trahissait.

Aedhen se mit à rire, d’un rire clair et chaleureux.

« On dit qu’il n’y a rien de plus mignon et innocent qu’un hënnel qui soupire après sa belle, plaisanta-t-il en tapotant le lit. Viens, Kael aux-yeux-verts. Viens essayer ce lit. »

Kael s’exécuta. Il s’installa sur le lit, constatant immédiatement le confort de ce khangg qui lui rappela le sien, à la maison. Aedhen lui fit éprouver la douceur des étoffes, qui sentaient bon les pétales de fleurs, le foin frais et la forêt de printemps. Une nostalgie poignante lui étreignit le coeur et il s’allongea, les yeux fixés sur le ciel de lit, une voûte d’arceaux fleuris entrecroisés.

« Normalement, les khangg sont ouverts sur le ciel, tu le sais, fit la voix grave et caressante d’Aedhen près de son oreille. Mais ton vaisseau n’est pas ouvert sur l’océan des étoiles. J’aurais pu faire une configuration figurant une belle nuit d’été sur le domaine de Tará, mais je ne l’ai pas fait pour l’instant. »

Kael tourna son œil vers l’ældien.

« Tu vas le faire ? »

La prunelle ambrée d’Aedhen rencontra la sienne.

« Oui, pourquoi pas ? Lorsque l’occasion se présentera.

— L’occasion ?

— Une bonne occasion. »

Kael reporta son regard sur la voûte de branche. Il la trouvait très belle, mais un ciel étoilé derrière… Ce serait juste parfait.

« Comment va ton panache ? s’enquit doucement Aedhen. Est-ce que l’onguent que t’as donné mon père fait un peu effet ?

— Je ne sais pas, admit Kael, qui ne voulait pas avouer qu’il n’en faisait aucun. Je pense qu’il faut attendre encore un peu. »

Kael frissonna en sentant les longs doigts fermes de l’ældien saisir sa queue.

« Mhm. Tu ne seras pas prêt à te présenter devant les ellith avant un bout de temps. Mais cela finira par repousser, je pense. »

Le perædhel se sentit quelque peu rassuré par cet augure. Il laissa Aedhen éprouver sa queue, la faire glisser dans son poing.

« Elle est déjà épaisse, reconnut-il. C’est une bonne chose. La livrée devait être très belle, avant que tu ne la perdes. »

Kael baissa les yeux. C’était le cas. Et dire que pendant longtemps, il s’était senti honteux de cette queue de fourrure si fournie et encombrante ! Comme il la regrettait, à présent !

« Je n’aurais jamais dû l’étouffer sous ma combinaison, admit-il. C’était une erreur.

La main d’Aedhen remonta.

— La fourrure repoussera, ne t’en fait pas. Mais en attendant… Et bien tu dois attendre, jeune perædhel. »

Kael soupira. Oui. Pourvu qu’elle repousse !

« Comment se passent tes fièvres ? demanda Aedhen ensuite. Tu les supportes bien ?

— Non, pas trop, avoua Kael, confiant. Je trouve que c’est l’horreur. J’ai hâte que ça se termine.

— Et tu te demandes comment tu vas faire pour le supporter toutes les lunes rouges, jusqu’à la fin de ta très, très longue vie. »

Kael hocha la tête. Il n’avait pas vraiment pensé au problème en ces termes, mais oui. Aedhen avait très bien explicité la chose.

On dirait qu’il devine tout ce que je pense, songea Kael en regardant le grand mâle.

Ce dernier était allongé sur le dos, le visage tourné dans sa direction. Ses yeux félins étaient posés sur lui, la pupille noire très dilatée sur l’incarnat de ses prunelles, ce qui lui donnait un regard plus gentil. Pendant un moment, Kael se dit qu’Aedhen avait de petits airs de son beau-frère Círdan, le consort de sa demi-sœur. Ce dernier était clairement l’un des plus beaux mâles que Kael n’eut jamais vu, avec son visage angélique, ses yeux d’ambre pure et sa chevelure incandescente.

« Sais-tu qu’il existe une solution pour les mâles vierges comme toi ? Une solution pour ne pas souffrir inutilement pendant les fièvres ?

Kael hocha la tête.

— Oui, le silentium. J’en ai déjà pris. Mais je n’en ai plus, et mon père dit qu’il vaut mieux s’en abstenir, que ça rend accro.

— Il a raison. Le silentium n’est pas une solution. Cela amoindrit les capacités nerveuses et les réflexes de celui qui en prend : ton père est sage de te dire d’éviter. Il ne t’as pas parlé de l’autre solution ?

Kael baissa les yeux.

— Lui, non. Mais Oncle Lathé l’a fait.

— Alors ?

— Je ne peux pas me résoudre à faire une chose aussi amorale et abominable. C’est de la triche !

— Amoral ? Abominable ? … Triche ? Est-ce bien un ædhel qui parle ? »

Kael regarda franchement Aedhen. Là-dessus, il était sûr de lui.

« Se servir du luith et des dwol pour mettre une femelle humaine sous sa coupe et avoir des relations sexuelles avec elle avant de la dévorer est amoral et abominable, et oui, c’est de la triche, soutint Kael avec force. Chez les humains, on appelle cela un abus de pouvoir.

— Un abus de pouvoir ? sourit Aedhen. On peut se demander qui a le pouvoir, lorsqu’on voit l’effet que produit cette petite psyonique sur toi, Kael-le-preux… Mais je ne te parlais pas de cela.

— Quoi, alors ? demanda Kael, un peu échauffé.

L’autre solution.

— Qui est ? »

Kael regretta immédiatement d’avoir demandé. Les coins de la bouche d’Aedhen remontèrent, et, avant même qu’il n’ait pu comprendre ce qui lui arrivait, l’ældien vint lui coller un baiser vorace et impérieux. Kael eut le souffle coupé par la passion dévorante exprimée par le mâle, qui, collé à lui, poussa fermement ses hanches contre les siennes. Il hoqueta, tétanisé, lorsqu’Aedhen – qui pendant tout ce temps n’avait pas lâché sa queue – remonta la main sur ses fesses, juste sous la base du panache. De l’autre main, il lui saisit la pointe de l’oreille, la frottant fermement entre son pouce et son index.

Kael couina. Il tendit le cou, cherchant de l’air, offrant sans le savoir l’occasion à l’ældien de poser ses dents – et sa langue – dessus.

« Je peux t’aider à devenir un véritable ædhel, lui souffla l’autre. Tous les jeunes mâles connaissent cela. Même tes deux pères… Demande-le leur, tu verras. Laisse-toi faire. Je vais te soulager, Kael-le-beau. »

Mais toi… Il veut te dévorer.

Les doigts d’Aedhen lâchèrent son panache pour saisir doucement son organe sensible. La sensation fit bondir Kael, qui profita de l’impulsion pour s’enfuir hors du lit, honteux et en nage. Il déguerpit jusqu’à sa cabine sous le regard amusé de l’ældien. Puis il s’y enferma à double-tour.

Annotations

Vous aimez lire Maxence Sardane ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0