Réponse à "Juste un petit meurtre..."

de Image de profil de Inna. BCInna. BC

Avec le soutien de  JJ. Joron 
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Le docteur a dit que je devais écrire tout ce qui s'est passé, mais commencer par "Mon cher journal", ça ne m'inspire pas du tout. D'ailleurs, j'écris sur une feuille volante. Je me lance.

Saperlipopette, c'est le nom de mon furet ou Spipette, quand elle est appelée par la petite voisine de cinq ans. C'est une sacrée petite bestiole qui se glisse de partout, y compris chez mes voisins. Elle a bien une cage, mais durant la journée, je n'aime pas la laisser enfermée.

Je pense que cela a débuté quand mon voisin Marc a eu une nouvelle petite copine. Une hurleuse comme mon père les appelait. Il a toujours eu une âme de poète et sa propre vision des femmes.

Malheureusement pour tous les habitants de notre immeuble, elle passait réellement son temps à hurler, pour tout et surtout pour rien. Les périodes de garde de la fille de Marc était un supplice, fait de pleurs et de cris.

Après trois mois de cette cohabitation difficile, je suis arrivée d'une longue journée de travail et j'ai découvert une boîte sur le pas de ma porte. Je l'ai ouvert une fois à l'intérieur et je me souviens encore du cri que j'ai poussé en voyant le cadavre ensanglanté de Saperlipopette. Un mot était épinglé sur sa fourrure, avec une grosse épingle à nourrice. Il disait à peu près ceci : "Elle fera plus chier personne ta bestiole et si tu l'ouvres, j'aurais besoin d'une plus grande boîte. G"

G pour Géraldine, pour Garce, pour toutes les insultes commençant par un G.

Dans cet instant de confusion, une des pensées préférées de mon père m'est revenue en mémoire "Les carottes sont cuites, ma chérie. Va lui faire tâter le poing d'une Derling". Il a toujours eu de la répartie, mon père.

Je suis allée sonner chez Marc, elle a ouvert avec un ignoble sourire et un petit air arrogant. J'ai à peine pu lancer deux injures qu'elle brandit un couteau devant mon nez. Je suis rentrée penaude chez moi, mais l'altercation n'avait pas été vaine. J'ai découvert qu'elle avait un chat, un affreux persan crème dont je n'avais jamais soupçonné l'existence.

L'objet de ma vengeance était tout trouvé, œil pour œil qu'ils disent. Animal pour animal était devenu mon leitmotiv.

Il a fallu que je fasse preuve d'ingéniosité pour attirer le félin sur le balcon. Tout, comme il a fallu que je fasse preuve de patience quand le hasard me faisait croiser Marc ou sa garce. Il était au courant et avait osé faire quelques plaisanteries sur ma situation de célibataire sans la moindre attache.

Quatre jours ont été le temps qu'il a fallu pour que ce grassouillet animal me laisse le récompenser de quelques friandises. Un de plus pour lui administrer celle qui allait causer sa perte.

Allant au plus simple, j'avais choisi une forte dose de paracétamol. Simple, efficace et mortel. Pour assurer la victoire de mon entreprise, j'ai attendu la fin de semaine. Ils avaient l'habitude d'être ivre la plupart du temps, de s'envoyer en l'air, s'engueuler, d'être, de nouveau, ivre. Il y avait peu de chance qu'il remarque que leur chat était malade. Vu la dose, il est mort en un peu plus de vingt-quatre heures.

Pour signer mon sinistre ouvrage, j'ai choisi de placer une grosse boîte vide devant leur porte.

La guerre était déclarée. G m'a agressé la première. Je m'y étais préparée, ou presque parce que je ne m'étais pas attendue à des insultes comme "Au moins, moi, je ne suis pas rousse". J'étais fière de mes origines irlandaises et quelques coups-de-poings ont dû rendre mon père fier où qu'il se trouvait.

La seconde agression a été plus pénible, car c'est à deux qu'ils me sont tombés dessus, un soir. Je suis restée cinq jours à l’hôpital et une semaine chez ma mère, au repos. Un enfer.

Mais ce n'était rien à côté du retour et de les entendre rire, s'amuser. Se moquaient-ils de moi ? J'en étais persuadée. J'en suis toujours persuadée. Alors, j'ai pris la batte que mon cher frère m'a offert et je suis allée frapper chez eux. G a ouvert en hurlant, comme d'habitude et je l'ai fait taire d'un coup. Elle s'est écroulée sur le sol alors, j'ai frappé, encore et encore. Le visage humide des éclaboussures de sang, les mains glissant sur le manche, j'ai regardé son crâne ouvert, les flots cramoisis s'écoulant sur le carrelage crème. Cela faisait de jolies arabesques.

Je l'ai entendu hurler, sans le voir arriver et avant que je puisse lever mon arme, il était sur moi.

En fait, non. C'est ce que j'aurais voulu vivre. Mais j'ai frappé chez eux et personne n'est venu ouvrir. Je suis rentrée et après une courte, très courte hésitation, je suis passée par le balcon. Je devais, sans doute, espérer les trouver endormis, ivres, copulant peut-être aussi. Malheureusement pour moi et mon désir d'en finir, ils n'étaient pas là.

Puis, j'ai entendu le faible grattement contre une porte. Un autre animal, me suis-je demandée ? Il a fallu que j'ouvre toutes les portes, rien. Le bruit était toujours là, par intermittence. J'ai ouvert tous les placards et je l'ai trouvé, recroquevillée dans un coin d'une armoire scellée. La fille de Marc.

Ils l'avaient enfermé là avec une tablette, des biscuits et une bouteille d'eau. Pauvre enfant. Elle s'était fait pipi dessus et a pleuré dès qu'elle m'a vu, mais c'est bien vite apaisée.

Je l'ai conduite dans la salle de bain pour qu'elle se nettoie puis, je lui ai fait un sandwich avec ce que j'ai trouvé dans la cuisine. Elle a dévoré le tout, buvant son lait à grandes gorgées. Je me souviens de la paix qui m'a envahi, emportée par une certitude si profonde que je n'ai jamais hésité, un seul instant. Le couteau, qui avait servi à lui préparer son repas, a traversé sa jeune gorge. J'ai laissé le sang se répandre, caressant ses longs cheveux noirs, jusqu'à son dernier soupir.

Je ne dirais à personne où elle se trouve à présent. Saperlipopette n'est plus seule désormais et c'est très bien ainsi.

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En réponse au défi

Juste un petit meurtre...

Lancé par MmeMaelle

Bonjour.

Je vous propose aujourd'hui un petit défi (2000 à 2500 mots maximum), dans le contexte actuel, dans le milieu sociétal de votre choix.

Ainsi, le thème sera, si vous l'acceptez, de rédiger une courte nouvelle sur les raisons qui ont poussé votre/vos personnage(s) à commettre un meurtre au cours d'une soirée. Vous reviendrez sur les évènements qui auront conduit ce tragique incident dans le genre et le registre que vous souhaiterez.

Seulement, voici les contraintes :

- Le mot "Saperlipopette" devra apparaître 3 fois

- L'expression "Les carottes sont cuites" devra être prononcer par l'un des personnages

- La phrase "Au moins, moi, je ne suis pas roux !" devra être dite.

Pour relever ce défi, vous devrez choisir une de ces contraines (ou les trois pour les plus audacieux). Mes chers, il ne me reste plus qu'à vous souhaitez bon courage.

:)

Commentaires & Discussions

Et si je vous racontais ?Chapitre6 messages | 4 ans

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