Episode 26

2 minutes de lecture

Shell

J'ai mal. J'ai tellement mal que je pourrais en mourir.

Il fait noir dans la chambre et je ne vois rien. Si je levais la tête, je verrais peut-être les rideaux se balancer sous le vent, la lueur de la lune. Mais je ne peux pas me redresser. Assise sur le lit, prisonnière de l'étreinte, je suis condamnée à fixer le sol. Kit est accroupie derrière moi, les coudes serrés sous mes aisselles pour m'empêcher de me débattre, les mains serrées sur ma bouche pour m'empêcher de cracher. La chaussette, dans ma bouche, c'est elle qui étouffe mes cris.

J'ai tellement mal que je pourrais en mourir. C'est ce que je me dis tous les soirs. Tous les soirs, je me sens mourir. Et chaque matin je revis. Trop de vie dans un corps qui se meurt. Tel est mon fléau.

Dans un monde dévasté, vivait une princesse du nom de Cypraea. Son corps était frêle et délicat. On craignait à sa naissance que le premier coup de vent la brisât. Mais elle vécut. Non seulement elle vécut, mais elle développa également une force jamais vue. Cette force lui venait d'un trésor : le joyau de la vie, une pierre dont elle était la gardienne.

Le joyau de la vie est à l'origine de toute existence, de toute forme de pensée, de toute réalité. Sans lui, rien ne peut être. Mais des créatures de l'ombre désiraient s'approprier ses pouvoirs et plonger le monde dans un chaos sans fin. Aussi fut-il confié à la princesse Cypraea, une âme pure, à qui il transmit des pouvoirs d'une puissance sans égal.

La princesse Cypraea vivait dans la plus haute tour du château de son royaume. C'est dans cette tour qu'elle conservait précieusement le joyau de la vie. Mais le château était de sable et, tous les soirs, la marée montante emportait avec elle les fondations, abaissant la tour où vivait la princesse. Chaque lendemain, le royaume tout entier se pressait autour du château pour le rebâtir. Et chaque soir à nouveau les vagues emportaient avec elles le sable des remparts. Ainsi, au fil du temps, la tour descendue devenait fondation, une nouvelle tour s'érigeait et la princesse gravissait sans relâche les marches du donjon qui le jour-même s'effondrait.

J'ouvre les yeux. Mes souvenirs sont confus. Je passe une main dans mon dos. La crise a fini par passer, et j'ai dû m'assoupir. J'entends Kit qui ronronne dans le lit voisin. Elle dort à poings fermés.
Je me lève sans faire de bruit et glisse jusqu'à la fenêtre. Je pourrais l'ouvrir.

Et si je partais ?

Finalement, je retrouve mon oreiller. Je passe le restant de la nuit à compter les plumes.

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