49.3

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Adoria

Je quitte la salle d'échecs par le couloir dérobé qui conduit directement aux dortoirs. Autant éviter le parc et la foule d'adversaires potentiels que je risque d'y croiser ! À l'exception d'un léger brouhaha dans la salle-vidéo, le bâtiment semble désert. Je vire à droite dans l'entrée, en direction du solarium, désert lui aussi. D'ordinaire, on n'y croire en général que Shell, en train de bouquiner, ou Elias, enduit d'huile de bronzage sur une chaise longue, appliqué à parfaire son teint pour ressembler aux surfers des vieilles publicités – celles du siècle passé, bien avant la Grande Guerre. De nos jours, les vrais surfers préfèrent se badigeonner de protection solaire, plutôt que de traîner un cancer de la peau. Allez savoir pourquoi un type qui ne surfe même pas fout en l'air son capital soleil, tout ça pour ressembler à ses idoles, mortes bien avant sa naissance !

Je sors par la baie vitrée et descends la rampe bétonnée qui glisse en pente douce vers la piscine. Les baigneurs s'agglutinent, dans l'eau et autour du bassin. Au loin, je vois venir Teo, qui tire Elias par le bras. Un duel se prépare. Si je connais l'issue d'avance, j'ai bien envie de voir ce beau gosse prétentieux se prendre une dérouillée ! Pourtant, je renonce à profiter du spectacle, par crainte que Teodora me défie dans la foulée. Je me défile. Je plonge dans la foule et, à l'abri derrière une légion de boutonneux en maillots de bain, je rase l'enceinte jusqu'aux vestiaires.

Je suis à deux doigts de me réfugier dans le gymnase, quand un hameçon rouillé se glisse entre la porte et moi. Alerte, je contiens mon sursaut en faisant un quart de tour sur moi-même, et je tombe nez à nez avec Nelly, tout sourire, qui vient de surgir par le chemin de l'estuaire. Sa cousine la talonne, les dents serrées par l'amertume. Elle aussi porte une canne à pêche, et un chapeau flasque qui ternit sa beauté légendaire. Je laisse échapper un rire étonné.

— Vous êtes allées pêcher ?

— Une idée de Nelly, maugrée Candace.

— Un duel de pêche, précise ma coéquipière. En bonne et due forme, comme quand on était p'tites. Et tu sais quoi, Ad ? J'ai gagné !

Derrière sa jubilation, il y a comme un trouble qui pèse dans sa gorge, et jusque dans ses mots. Mais je ne dis rien devant Candace. Pendant que la belle brune fait mine de bouder, les bras croisés sur la poitrine que dissimule à peine son décolleté plongeant, je vois la canne à pêche de Nelly ployer sous son poids. Je m'en saisis et lui offre mon bras en compensation.

— Où t'as mis tes béquilles ?

— Au vestiaire.

Je l'y conduis de bon cœur. Candace nous rejoint à l'intérieur, en pianotant sur son bracelet connecté.

— Ça alors, Adoria ! T'as racketté la déléguée ?

— Bah, c'est le jeu...

— T'as deux secrets, et moi plus aucun. Tu sais ce que ça veut dire ?

Évidemment : elle n'a rien à perdre en m'affrontant. Même si ça me chiffonne un peu, de disputer un combat pour du beurre – juste pour satisfaire l'orgueil de Mam'selle Mijaurée ! – intérieurement, je me jure de lui faire regretter tout le tort qu'elle a causé : à Roxane, à Nelly et à moi aussi, par ricochet.

— Pierre. Papier. Ciseaux !

Faute de pouvoir cerner Candace, j'ai joué sans réfléchir, au petit bonheur la chance. Sa pierre vient cogner sans retenue mes ciseaux. Au passage, l'épaisse monture d'une bague vient heurter ma phalange. Je serre les dents, sans pouvoir empêcher le coin de mes lèvres de gigoter. Dissimuler mon agacement, je sais faire, mais il y a des limites. J'ai des limites.

— Bien bâtie comme tu es, me titille ma rivale, j'imagine que quelques agrès, pour toi, ce sera du gâteau !

— Pfff, et comment !

Je me la joue, mais au fond de moi, je n'en mène pas large. Mon dernier semblant de gymnastique remonte à la construction de notre cabane dans les arbres, avec mes sœurs. La seule fois où j'ai consenti à dompter mon vertige pour me suspendre aux branches, nouer des cordes et planter des clous. Maintenant que j'y repense, Faustine s'était coltiné presque tout le boulot.

Candace m'épargne un enchaînement pénible. Quand nous arrivons dans le box de gymnastique, elle suggère simplement que nous nous départagions sur les barres asymétriques.

— Tour complet de la barre inférieure. Passage libre sur la barre supérieure. Trois tours complets. Descente, retombée sur les pieds. C'est bon pour toi ?

— Parfait.

Nelly fait le pied de grue dans le couloir. Elle se balance sur place, pour observer tour à tour Kit et Diggy qui ont repris leur lutte acharnée dans le box voisin, et nous. Candace et moi nous serrons la main respectueusement. Je lui laisse l'honneur de se lancer la première sur la structure. Parce que j'ai l'habitude d'être polie, mais surtout parce que j'ai les chocottes.

Sans surprise, la bêcheuse de service réalise à la perfection les figures qu'elle a choisies. En retombant au sol, droite comme un piquet, sculptée au chiffre d'or comme une colonne grecque, elle me gratifie d'un haussement de sourcil provocateur. Il en faudrait peu pour que mon visage se mette à cracher de la fumée par tous les orifices. Il suffirait que je sois un dragon. Celle-là, mon p'tit Papa, t'y avais pas pensé !

Mine de rien, j'ai ma fierté. Alors je digère ma colère, comme je peux, les intestins en vrac, et je cours à mon tour prendre d'assaut les barres. Dans mon élan, je roule autour de la première, sans m'encombrer de pensées inutiles, ou de ma peur du vide. En un rien de temps, je me hisse à bout de bras, j'attrape la barre du haut et me mets sur mes pieds. Ne regarde pas en bas !

Surtout, Adoria, ne regarde pas en bas !

Bien sûr, à force de me le répéter, mon regard glisse tout seul vers le vide qui s'étend entre le sol et moi. J'ai les jambes qui flanchent, du coton dans les genoux, flagada. J'ai toujours eu une meilleure maîtrise du haut de mon corps, davantage confiance en mes bras. Je le sais, les biceps et deltoïdes ne me trahiront jamais !

À vous de jouer, mes bibis !

Je secoue légèrement la tête, pour me convaincre que le vertige n'est qu'une illusion passagère. Puis, je laisse mes bras me porter sur la barre supérieure. Une pirouette. Le vide m'ébouriffe les cheveux ; je garde les yeux résolument fermés. Deux pirouettes. Mes muscles se crispent un peu. C'est comme si le rien, en-dessous, me mordait l'arrière-train. Malgré moi, mes yeux s'ouvrent en grand. Quel réflexe à la con !

La peur de tomber a entamé ma résolution mais, en fin de compte, cette même peur insuffle à mes poings le courage de tenir bon. J'ai les paumes moites. Le bois glisse sous mes doigts, mais je m'accroche. Je contracte les abdos à fond pour faire basculer mon buste par-dessus la barre et amorcer la dernière pirouette. Mes jambes pendent dans le vide ; elles ont pris leur indépendance vis à vis de ma volonté. Je lève les yeux au plafond, le temps de suspendre mon regard quelque part, de capter un point à l'écart de mes angoisses. Je me calme. Alors, je ramène dans le flegme le plus absolu mes genoux contre mon bassin et roule, la tête en avant, pour plonger dans le vide. Un grognement m'échappe.

Un drôle de frisson me parcourt la colonne vertébrale. Reprends-toi, Ad'. T'as une coquille blindée. Y'a un tapis en-dessous. Qu'est-ce qui pourrait arriver ?

Je tombe, voilà ce qu'il arrive. Ma fichue main poisseuse, toute trempée de sueur, a dégainé les écailles gluantes. Et j'ai glissé. Après un troisième tour de barre douloureux mais correct, je chute tête première sur le tapis moelleux. Nelly se précipite à mon secours, aussi vite que ses béquilles le lui permettent. Candace jubile.

— Par ici, le secret !

Je grince des dents. Là, c'est plus fort que moi : j'ai les nerfs à vifs et je lâche un cri de rage. Pas le choix. Je ne peux pas abandonner mon secret, pas aux mains de cette faux-cul de Candace. À contre-cœur, je lui cède celui de la déléguée. Elle pouffe comme une idiote en découvrant le pot aux roses. Je ne sais pas qui j'ai envie de frapper : elle, qui glousse comme une cruche devant le malheur d'autrui, ou moi, pour avoir agi comme une putain d'égoïste.

— Allez, Ad', debout !

Toute flageolante sur ses cannes d'inox, Nelly me tend une main maladroite pour m'aider à me relever. Main que je rejette d'un violent revers du droit, juste avant que ses doigts frôlent mes squames répugnants.

— Quoi ? Toi aussi tu veux me foutre une déculottée ?!

Sans que j'aie rien vu venir, Nelly me colle une gifle bien méritée. Déséquilibrée, elle se casse la figure dans le même temps et s'écroule à plat ventre sur moi.

— Putain, tu m'écrases !

— J'essayais juste d'être gentille, triple andouille !

J'arrive à peine à respirer, la gorge compressée sous le coude du capitaine, et pourtant je ris aux larmes.

— C'est quoi cette insulte vieille de trois siècles ?

— Ta gueule, bécasse ! J'essaye d'être gentille ?

Bécasse ? Sérieusement ?

Mon fou-rire n'en finit pas. Enfin, on se reprend, on se démêle et on s'assied sans décrocher un mot. Si je parle, c'est la colère qui parlera pour moi. Je le regretterai dans la seconde. Nelly a dû le comprendre, elle qui s'enflamme plus vite que moi.

— Tu caches bien ton jeu, lâche-t-elle. Mais au fond, t'es aussi mauvaise perdante que n'importe qui.

Ce n'est pas tant la défaite qui me mine que l'enjeu. Impossible que je laisse mon secret tomber entre de mauvaises mains. Mais sacrifier les autres, ça ne me plaît pas pour autant. Pourquoi est-ce que j'ai lâché la barre ? Si seulement j'étais plus forte. Si seulement j'étais capable de protéger mes intérêts, et ceux de mes camarades. Faustine avait raison : on ne peut pas compter sur moi.

Nelly me prend au piège avec une accolade. Je laisse faire.

— À ton avis, demande-t-elle, pourquoi tout le monde a accepté de jouer le jeu ? Pourquoi on aurait tous vraiment écrit un de nos pires secrets ?

Je hausse les épaules. À vrai dire, je n'en sais rien. Peut-être que ce n'est pas le cas. Peut-être que je suis bête : ça ne m'a même pas traversé l'esprit, de mentir.

— T'as écrit la vérité, toi ?

— Ouais, la vérité vraie.

— Pourquoi ?

— Parce qu'on est tous dans le même bateau !

Au lieu d'essayer d'être gentille, il vaudrait mieux qu'elle apprenne à se méfier un peu.

Dans le box voisin, Kit célèbre sa victoire en poussant des cris de joie bestiaux. Nelly et moi partageons un regard apeuré. Elle non plus, a priori, ne tient pas à affronter cette géante au meilleur de sa forme. Quant à moi, je n'ai plus que mon secret à défendre.

Je me redresse d'une traite.

— C'est l'heure de notre duel, Nelly !

La surprise étouffe presque sa voix quand elle s'écrie :

— T'es sérieuse ? Tu m'en veux encore ?

— Au contraire.

On tire à pierre-papier-ciseaux, juste sous le nez de Kit qui remonte le couloir et passe son chemin. Avant même de regarder qui l'a emporté, nous lâchons le même soupir soulagé, puis le même rire gêné.

— À toi l'honneur, vice-capitaine ! me félicite Nelly.

— Et si... on faisait la course ?

— Adoria, dis-le que tu m'détestes ! Vraiment, j'suis désolée pour la baffe, c'est parti tout seul... Mais là, c'est pas du jeu...

— En rampant, j'ajoute. Rien qu'avec les bras. T'as qu'à nouer mes chaussures par les lacets. Je t'assure, je m'en sortirai pas mieux que toi.

— Alors quoi, tu me laisses gagner ?

— Dans tes rêves, ouais ! J'ai d'aussi bons bras que toi !

— Ah ouais ? Parce qu'on aurait pas dit, sur les barres...

— J'ai le vertige. T'es contente ? Maintenant, en position !

Nelly lie mes chaussures et nous nous aplatissons, sur le ventre, à un bout de la salle. Elle décompte à voix haute. Trois. Deux. Un. Partez !

C'est à qui plaquera la première sa paume sur le mur opposé. Une étendue de tapis antidérapants nous sépare de l'objectif. Pas évident, pour se traîner à même le sol. Nos bustes rappent contre la surface rugueuse, nos T-shirts se chiffonnent et empêtrent nos coudes. Nous luttons en toute complicité, dans une sorte de bonne humeur bordélique, en poussant des râles d'effort forcés à chaque avancée. Pourtant, j'aurais tort de prendre Nelly à la légère. Elle rigole de mes sottises, mais pas avec la compétition. Si ses lèvres rient volontiers et si elle me montre sa bouille la plus amicale, à côté de ça, elle gagne du terrain à chaque poussée. Et ce n'est pas sa jambe déglinguée qui la retient ! Alors que moi, je traîne péniblement le bas de mon corps entravé, on dirait qu'en-dessous de son bassin à elle, plus rien n'existe, plus rien n'a de poids.

J'inspire profondément. J'adore Nelly, mais il est hors de question que je perde. Pas deux fois d'affilée ! Quelque part aussi, ça m'intrigue de savoir quel secret elle lâcherait : le sien, ou celui de sa précieuse Candace ? Un petit relent de culpabilité me saisit encore. Est-ce que ce n'est pas malhonnête, d'espérer arracher les secrets de ses camarades, quand soi-même on n'est pas prête à leur montrer son vrai visage ?

Mon instinct me rappelle à l'ordre. Tu penseras plus tard, Adoria ! Ne te laisse pas déconcentrer !

J'ai beau cogiter, Nelly et moi restons au coude à coude. Autant que possible, j'essaye de ne pas forcer. Je m'économise en vue de la dépasser dans la dernière ligne droite. En espérant qu'elle n'en fasse pas autant.

À peine quelques mètres nous séparent du mur de l'arrivée et je m'apprête à tout donner pour distancer ma redoutable adversaire, quand j'aperçois le reflet des dreadlocks blondes de Kit dans la façade vitrée. L'acharnée est revenue guetter l'issue du duel, sans doute avec l'intention de défier la gagnante. Mon sang ne fait qu'un tour. Si c'est moi, j'aurais en ma possession deux secrets, et je serais bien obligée de lui remettre celui de quelqu'un d'autre. Car, je ne me fait pas d'illusion : je n'ai aucune chance face à Kit, même si j'avais la chance de choisir le duel. En revanche, si c'est elle qui décide, ça ne fait aucun doute : elle me mettra à l'épreuve en tant que vice-capitaine, dans le grand bain. D'une façon ou d'une autre, quelqu'un saura de quoi je suis faite. De quoi je suis vraiment faite.

« Si j'avais confiance en quelqu'un comme j'ai confiance en toi, Adoria, je lui montrerais qui je suis réellement. »

Luna, toujours dans ma tête quand ça lui chante ! À surgir de nulle part pour me sommer de renoncer, d'accepter ma défaite pour mieux rebondir. Je me surprends moi-même, je me déçois un peu, mais je capitule en mon âme et conscience. Je renonce à ma remontée finale, que Nelly avait visiblement anticipée, vu la vitesse à laquelle elle se traîne vers le mur des vainqueurs pour y apposer une main éreintée.

Je prends sur moi pour ne pas me mordre la langue, de colère, en la félicitant. Sans attendre qu'elle réclame, je lui remets mon secret. Faute d'une meilleure option, je dois lui faire confiance. Nelly prend le temps de le lire. Elle hausse un sourcil, pendant que son œil va et vient entre le papier et moi. Contre toute attente, elle me renvoie un sourire qui déborde de cette compassion bienveillante ; celle dont j'ai toujours rêvé que ferait preuve les membres d'une même équipe. Puis sa main serre la mienne, comme pour louer nos efforts mutuels, et elle s'éloigne sur un honnête :

— Je comprends.

Sans que je sache, à vrai dire, ce qu'elle a cru comprendre.

Passées les politesses, Kit fait irruption dans le box et provoque notre capitaine d'un simple doigt pointé. Alors, je remarque les bleus sur son visage, les blessures sur ses bras et une brûlure à sa main, encore fraîche et rougie. Pas la moindre trace de souffrance sur son visage : elle est douée pour feindre, pour ravaler ses maux. Plus douée sans doute que je ne le serai jamais.

— Belle victoire, capitaine ! T'es donc pas aussi estropiée que t'en as l'air !

— J'encaisse, Kit. J'encaisse...

— Allons, sois pas modeste ! Tu pètes la forme ! Et ça vaut mieux, parce que moi, j'ai aucune intention de te ménager.

Je tente de m'interposer, mais Nelly me refoule.

— Te fais pas de bile, Ad'. T'occupe pas de nous, va choper des secrets.

Sur le coup, je lui suis reconnaissante. Pourtant, au fur et à mesure que je m'éloigne, une cogitation m'agite et, dans ma petite caboche, ça fuse dans tous les sens. Peut-être parce que je n'ai pas l'habitude de réfléchir, pas sur autre chose qu'une défense ou une offensive. Peut-être parce que le corbeau m'a retourné le cerveau. Je suis à deux doigts de virer parano. Qui ça peut être, à la fin ?

Touché-coulé, m'a défié Dayanara. Un coup d'épée dans l'eau. On est tous dans le même bateau, dit Nelly. Mais qu'est-ce quelle insinue ? Candace et ses regards narquois. Les deux cousines, ces bouffeuses de poissons : des cannibales, pour moi. Et Kit qui nous scrute comme une bête, à l'affût. Merde. En fait, plus je me creuse, plus je me dis que ça pourrait être n'importe qui. Et maintenant, il suffit d'une défaite de Nelly pour que mon secret circule de mains en mains.

J'inspire un grand coup. Je tente de me rassurer en traversant le parc.

— Allez, calme-toi, abrutie de tête blonde. Tu te prends la tête pour rien.

— Tu t'es fait avoir ? raille une voix familière. Ça m'étonne pas.

Faustine a surgi de nulle part, indétectable.

— Qu'est-ce que tu me veux, Faust ?

— Quelle question ! Un duel.

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