Episode 31.1

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Cerise

L'eau ruisselle sur les vitres de la serre, déployant des cascades au-dessus de ma tête. Caché quelque part, à l'abri dans mon jardin, un oiseau chante encore. Ce chant, plus je l'entends, plus ma tristesse s'accroît. L'oiseau a préféré la quiétude et la tiédeur de la serre à la tempête qui depuis deux semaines sévit dehors. Cependant, il n'a trouvé refuge qu'au prix de l'isolement, loin des siens, ces pairs qu'ils semble appeler en vain à longueur de journée. J'imagine combien il regrette, à présent, de ne pas les avoir suivis sous la pluie battante, parce que les mêmes regrets me tiraillent. Chaque jour qui passe, je me demande à nouveau s'il vaut mieux partager l'adversité avec ceux que l'on aime ou se réfugier seul dans un havre paisible. Chaque jour, la réponse est la même, sans que je puisse pourtant échapper à ma lâcheté. Alors je reste ici et, comme l'oiseau qui me tient compagnie, j'attends désespérément que l'on réponde à mes appels.

Le battant de la porte grince. Les mains dans la terre grasse, je lève brusquement la tête des épaves de Rán que j'ai entrepris de replanter. J'ai déniché ces fleurs dans la jungle, au hasard d'une promenade, un spécimen que les paysagistes d'Elthior s'arrachent à des prix exorbitants. Tandis que mon regard parcourt timidement la serre, mon ventre se noue. Je ne m'attends pas à voir débarquer Eugénie ; elle qui n'est pas remontée à la surface depuis des jours, peut-être des semaines ; elle qui passe tout son temps plongée dans ses recherches. Il y a quinze jours, elle a essuyé une sacrée déception quand elle a constaté que la carte mère de RF5 avait été effacée ; envolées toutes les informations précieuses que son disque dur aurait pu contenir sur les travaux de Magnus. Depuis, elle n'a pas abandonné l'idée de percer elle-même tous les mystères que renferment nos génomes.

Intérieurement, je prie pour que la porte ne s'ouvre pas sur le maudit robot qui me suit comme mon ombre depuis qu'on l'a réactivé par accident. Envers et contre tout, et en particulier malgré mes protestations, la jeune fille de métal persiste à me désigner comme sa propriétaire. J'ai bien songé à éteindre la machine. Cependant, la simple idée de poser à nouveau la main sur cet artefact à deux jambes me transit d'effroi. Sa seule présence dans les parages fait naître en moi un profond malaise, comme si le vide d'humanité sous sa carcasse d'acier risquait d'aspirer mon esprit hors du corps dans lequel la Nature l'a soigneusement glissé. Son regard mécanique fige le sang dans mes veines dès que ses yeux lumineux viennent se braquer sur moi ; les pixels qui scintillent au fond de ses pupilles trahissent à eux seuls la facticité dont les courbes féminines et les mouvements fluides de l'androïde ne laisseraient rien paraître à un œil distrait. Le discret tintement des plis dans l'étoffe métallisée qui lui enveloppe le buste me donne froid dans le dos à chaque fois qu'elle surgit derrière moi. J'ignore si je dois mettre cela sur le compte de la rigidité inhérente à sa constitution ; le fait est que cette servante autoproclamée m'angoisse comme jamais rien auparavant ne m'a angoissée. Presque malgré moi, dès que je l'aperçois, je me figure la masse de rouages et de résistances qui s'activent sous sa carapace blindée, là où aucun cœur ne bat.

Cependant, après que le battant de la porte a grincé, aucun tintement ne retentit, aucun bruit de pas ne résonne sur les dalles de pierres qui pavent le sol de la serre. J'extirpe mes mains du parterre et, toujours accroupie, redresse légèrement le dos. Au même instant, mon mystérieux visiteur bondit d'un bosquet sur ses pattes de velours et vient à moi en balançant sa queue fournie. Mr. Sprinkles pousse l'une des plaintes aiguës dont lui seul a le secret et frotte sa joue velue contre mon genou. Son épaisse fourrure soulève le bord de ma jupe et caresse la peau de mes cuisses. Tandis que je réponds à ses plaintes en cajolant le matou, il me tourne autour en me couvrant d'affection. Mr. Sprinkles lève ses grands yeux sur moi, les pupilles dilatées, et pousse un miaulement déchirant. Je le prends dans mes bras.

— Je sais, Sprinky. Ta maîtresse me manque, à moi aussi.

Je me lève, les deux bras serrés sur le chat qui se blottit contre mon sein. Je sors de la serre, la porte grince à nouveau. Il serait grand temps de remplacer les châssis rouillés. Adoria avait aidé Papa à les monter, le jour où nous avons remis la serre en état. Désormais, ma sœur est loin d'ici et notre père n'est plus. Il n'est pas dit qu'à moi seule je parvienne à faire les réparations nécessaires. La porte n'est qu'un détail. Le toit fuit par endroits, les gouttières sont bouchées et, dernièrement, l'installation électrique a commencé à prendre l'eau. Au crépuscule, lorsqu'après avoir apporté son repas à Eugénie je reviens m'occuper de mon jardin, les lumières des réverbères tremblotent et elles finissent inévitablement par s'éteindre, plongeant les parterres dans l'obscurité. Depuis quelques jours, j'ai pris l'habitude de me munir d'une lanterne. Peu m'importe de travailler la terre dans le noir ; les bruissement des feuilles et les battements d'ailes des oiseaux noctambules ne m'effraient plus depuis longtemps. Au contraire, la nuit, tandis que le monde dort, il me semble que la Nature toute entière s'éveille et s'active autour de moi. La nuit aussi, je respire à nouveau. De plus en plus, sous le soleil, mon corps s'étant accoutumé à convertir les photons en énergie vitale, je ne ressens plus le besoin d'inspirer l'oxygène. Je m'adapte sans peine à ma condition végétale. Il m'arrive même de me dire que, dans le fond, je n'ai jamais été rien d'autre qu'une plante, passive et désintéressée.

Les grains de sable s'insinuent sur les semelles de mes sandales quand je traverse la cour. Le sable humide et les feuilles arrachées ont formé sur les pavés une sorte de boue pâteuse. Sous les épaisses flaques noires, on ne distingue plus rien des dessins que Nolwenn a tracés, voilà déjà deux semaines. Elle me manque, l'époque où elle se faufilait dans la cour entre deux averses pour transformer le sol vaseux en œuvre d'art abstraite. Elle me manque, Nolwenn, tout comme mes autres sœurs.

Je presse le pas pour éviter que Mr. Sprinkles n'ait le poil trempé par la pluie. Passée la porte de la villa, je relâche le chat à l'intérieur et retire mes chaussures sales. L'après-midi touche à sa fin. Le silence règne dans la maison. Comme chaque jour depuis le départ de mes sœurs, je fais le tour de la villa pour vérifier que rien ne traîne. Mais comme chaque jour, je constate avec dépit que nulle âme n'a semé derrière elle un quelconque désordre, et je regrette plus que jamais l'époque où je passais mon temps à ranger derrière les autres. Dans la grande maison vide, je fais face à mon inutilité, continuellement plus pesante. Après avoir chassé d'un coup de plumeau des poussières imaginaires et changé une énième fois la disposition des coussins dans les canapés, je m'attelle à la préparation du repas.

Dans la réserve, nous avons encore largement de quoi tenir à deux jusqu'à la prochaine livraison. Comme tous les jours, je choisis quelques ingrédients, un choix toujours minutieux puisque le plat devra être à la fois appétissant, consistant et équilibré. Quand on s'efforce de faire au mieux, la cuisine peut devenir l'un des pires casse-têtes au monde. J'ai ajouté à l'exercice un degré de difficulté en essayant autant que possible de proposer à Eugénie des recettes variées. Je désespère de la voir faire preuve de reconnaissance, ou au moins d'appétit, quand je lui amène son repas. Généralement, elle y donne une dizaine de coups de fourchette, sans vraiment regarder ce qu'elle met en bouche. Elle mastique et avale sans plaisir apparent puis replonge dans ses recherches en laissant une bonne moitié de son assiette intacte. De mon côté, je dîne dans la cuisine, la plupart du temps seule. Si la chance me sourit, Mr. Sprinkles ou Fuzzy grimpe sur la table dans l'espoir de me chaparder un morceau de viande ou deux. Par le passé, j'aurais demandé à Nolwenn de faire descendre ses chats de la table à manger. Désormais, je cède aux caprices des deux félins. Il m'arrive même de leur offrir ma part de volaille ou de poisson sans même y avoir touché. Quand les chats ne se montrent pas, je prie pour que nul ne trouble ma solitude, car la seule qui risquerait de se joindre à moi n'est autre que l'androïde qui nourrit mes cauchemars.

— Bon appétit, Eugénie.

Je pose son assiette sur une paillasse.

— Je te remercie, Risette.

Elle ne lève même pas les yeux sur moi. Elle ne jette même pas un œil au petit plat que je lui ai préparé.

— Dis, Eugénie, il y a quelque chose qui te ferait plaisir ? Je pourrais faire un dessert spécial demain. Tu as une envie particulière ?

— N'importe. Fais ce qui te plaît.

Son manque d'enthousiasme me sidère. J'ai beau me plier en quatre pour lui faire plaisir, rien n'a jamais l'air de la toucher. La seule fois où je l'ai vue exprimer de la joie, ces derniers temps, c'est quand elle a fini de décoder le génome d'Emmanuelle. Elle n'arrêtait pas de répéter : « Anax parthenope, Caerostris darwini, Blatta. » Il lui a fallu presque une semaine pour trouver l'espèce d'araignée dont les gènes ont été croisés avec ceux de notre sœur et deux jours de plus pour mettre en évidence les fragments d'ADN appartenant à un cafard. Apparemment, ces derniers représentent une composante mineure du patrimoine génétique d'Emmanuelle. J'ai convaincu Eugénie de ne pas lui en faire part pour le moment. Emmanuelle accepte difficilement de partager son corps avec la libellule et l'araignée. Elle n'apprécierait pas de savoir que ses gènes cachent aussi l'un des insectes les plus répugnants qui soit à ses yeux.

Je me hisse sur une paillasse propre, à côté de l'ordinateur d'Eugénie. Ma sœur est penchée sur un microscope, les lunettes relevées sur le dessus de son crâne. J'ai toujours eu du mal à régler ces appareils convenablement. Eugénie, malgré ses problèmes de vue, est vite devenue une experte en la matière. Je la regarde observer avec minutie la plaque qu'elle a glissée sous l'objectif. En même temps qu'elle ajuste la vis sur le côté de l'outil, elle griffonne quelques notes sur un morceau de papier. Je distingue un croquis réalisé à main levée, sur lequel elle ajoute au fur et à mesure une multitude d'annotations. Le sérieux et l'application de ma sœur Eugénie n'ont pas d'égal. J'ai pourtant peur, parfois, que sa passion pour la science fasse naître en elle des ambitions démesurées et des désillusions plus immenses encore. Je la regarde, debout au milieu de cette vaste cave, le laboratoire qu'elle ne quitte plus que pour gagner son lit, les nuits où elle ne tombe pas de sommeil sur sa chaise de travail. Ma sœur se tient droite, imperturbable dans la pénombre de la pièce. À l'exception des écrans des ordinateurs et d'un néon qui faiblit à l'entrée de l'escalier, seule une lampe sur pied éclaire les travaux d'Eugénie. Le tube encastré dans l'applique produit une lumière blanche très puissante, la seule qui selon ma sœur permette une observation optimale.

Mon regard glisse sur l'assiette, toujours inentamée.

— Tu devrais manger un peu, Eugénie. Ça va refroidir.

— Je suis occupée, répond ma sœur, l'œil fixé sur l'oculaire. Je ferai réchauffer mon assiette plus tard.

Le désespoir me gagne.

— Eugénie, je sais que c'est très important pour toi, je sais que tu te donnes beaucoup de mal pour nous, pour nous aider avec cette métamorphose. Mais je ne supporte pas de te voir te négliger comme tu le fais. Tu as besoin de manger et de dormir. Je ne vais pas te laisser mettre ta santé en danger pour des expériences qui peuvent attendre jusqu'à demain. Alors tu vas lâcher ce microscope deux secondes et venir manger ton assiette !

Eugénie lève enfin les yeux sur moi.

— Ne t'énerve pas, Cerise. Tu te mets dans tous tes états pour...

— Je ne m'énerve pas ! Je me fais du souci pour toi, tu comprends ?

Eugénie soupire, puis esquisse un sourire. Elle se redresse, prend son assiette et vient s'asseoir à côté de moi. Elle commence à manger.

— Je suis désolée, Risette. Je n'avais pas remarqué à quel point tu étais inquiète. Je vais essayer de faire plus attention à moi, c'est promis.

Bien sûr, je sais qu'il s'agit d'un mensonge ; c'est pourtant l'un de ces mensonges que l'on décide consciemment de croire pour s'apaiser l'esprit.

— Alors, je demande, sur quoi tu travailles, en ce moment ?

— Je suis en train d'essayer de décoder l'ADN d'Adoria. C'est vraiment différent de ce que j'imaginais. Tu vas trouver ça fou, mais il est terriblement plus complexe que celui d'Emma. C'est comme si des années de recherches séparaient leurs hybridations.

— C'est impossible. Nous avons toutes le même âge.

— Qui sait. Même si nous avons le même âge, nos génomes pourraient avoir des années d'écart.

Au regard de mes connaissances du système reproductif et des quelques expériences que j'ai eu l'occasion de réaliser en terme d'hybridation florale, ce que me raconte Eugénie est tout bonnement invraisemblable. Pour hybrider des fleurs, on récupère le pollen des étamines du « père » pour féconder au pinceau le pistil de la « mère », après avoir supprimé ses propres étamines pour éviter tout risque d'autofécondation. Je doute fort que le même procédé puisse permettre de croiser l'être humain avec des espèces à la morphologie aussi différente de la sienne que le chat, la libellule, le poisson ou la fougère. Je laisse Eugénie prendre quelques bouchées de mon ragoût de fruits de mer à la crème de safran avant de lui demander plus de précisions.

— Nos génomes pourraient avoir des années d'écart, c'est bien ce que tu as dit ? Comment ce serait possible ?

Eugénie s'essuie la bouche et boit une gorgée d'eau.

— J'ai trouvé un certain nombre de dossiers confidentiels, dans les tiroirs de Magnus. Pour la plupart, ils sont incomplets. De nous toutes, le seul protocole expérimental détaillé dont je dispose, c'est celui qui a permis l'hybridation de Nolwenn. Pour faire simple, la fécondation a eu lieu in vitro. Rien n'indique sur quels critères le spermatozoïde et l'ovule ont été choisis. La mère et le père sont désignés par les lettres D et J. En dehors de ça, leur identité reste inconnue. En parallèle, il y a eu fécondation, in vitro également, d'un embryon de chat. Des fragments d'ADN ont été récupérés sur ce dernier lors du premier stade embryonnaire et substitués à certains fragments de l'ADN de Nolwenn. Le fœtus s'est développé dans une cuve qui reproduisait les conditions utérines adéquates. Le développement a donc pu être modulé. La croissance du fœtus de Nolwenn aurait pu être ralentie et différée pendant que Magnus poursuivait ses recherches. À l'inverse, le développement du fœtus d'Adoria aurait pu être accéléré dans la matrice et nous aurions toutes vu le jour à peu près en même temps.

— Ce que tu essayes de me dire, c'est que la gestation de Nolwenn aurait duré plusieurs années, et celle d'Adoria quelques semaines ?

— Aucune donnée ne me permet de l'affirmer catégoriquement, mais c'est tout à fait plausible.

Penser que Nolwenn pourrait en réalité être notre grande sœur, c'est presque amusant. En même temps, cette révélation déracine comme une puissante bourrasque certaines de mes certitudes. Des certitudes insignifiantes : celle d'être la grande sœur, celle d'être le fruit de l'amour entre un père et une mère, celle d'être humaine en fin de compte. Quelle importance ? Il y en a beaucoup pour qui tout cela importe peu. Le problème, avec les certitudes, c'est qu'elles ont beau être aussi fragiles que des fleurs d'ornement, dès lors qu'elles ont profondément pris racine en nous, on refuse obstinément de les laisser se flétrir. On s'entête naïvement à les garder en vie et à les entretenir, plutôt que de se résoudre à les remplacer. J'ai toujours eu beaucoup de mal à laisser se faner les plantes de mon jardin.

Alors que je finis de pousser les restes de mon repas dans la poubelle de la cuisine, la porte d'entrée claque. Je passe la tête dans le salon. Le robot vient de rentrer.

La jeune fille de métal dégoulinante d'eau de pluie reste plantée sur le paillasson. Au bout de quelques secondes, son système de séchage automatique finit par s'activer. Sa peau blême se couvre de reflets cuivrés à mesure que les pores de ventilation chauffent sous l'enveloppe. Une fois sèche, elle vient à moi et me tend son panier.

— Comme vous l'avez demandé, Cerise.

Je tends le cou pour entrevoir le contenu de la corbeille.

Abutilon ignis, comme je l'ai demandé.

Pour le moment, il ne s'agit que d'un arbrisseau. Mais, d'ici l'année prochaine, il prendra près de deux mètres et ses branches se couvriront de fleurs aux pétales aussi éclatants que des flammes qui crépitent.

— Où l'as-tu déniché, RF5 ?

— Loin vers l'ouest, aux abords d'une cascade.

Je saisis l'anse du panier. Le robot lâche prise.

— Merci RF5. Tu peux disposer.

La machine recule d'un pas et s'immobilise, droite comme un tuteur.

— Que puis-je faire pour vous, maintenant, Cerise ? insiste l'androïde.

— Rien. Tais-toi et ne me suis pas. Il est tard, alors va te coucher.

— Les robots ne dorment pas, vous savez.

— Si tu veux vraiment me faire plaisir, alors fais semblant. Demain matin, je t'enverrai chercher une espèce bien plus difficile à dégoter.

Envoyer ma servante à la recherche des plantes les plus rares de l'archipel, celles sur lesquelles je n'ai jamais réussi à mettre la main moi-même, c'est tout ce que j'ai trouvé pour la tenir à l'écart. À moins qu'Eugénie ne me la réclame pour l'aider au laboratoire, je lui demande chaque matin un spécimen plus pénible à dénicher. Et pourtant, tous les soirs, RF5 me ramène fièrement son butin. Bientôt, je crains de ne plus savoir quel caprice inventer.

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