Prologue

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Cela fait plus d’une heure que j’attends là, à genoux sur le carrelage glacé, entièrement nu et les yeux bandés. J’ai les jambes qui s’engourdissent et des fourmis dans les pieds, mais je ne bouge pas. Je dois attendre qu’il arrive et qu’il décide de mon sort, je suis docile et je lui obéis sans détour.

Je l’entends alors approcher, ses chaussures à talonnettes résonnent légèrement à chacun de ses pas. Il m’ignore comme si je n’étais qu’une plante au milieu de la pièce, il retire sa veste et la pose sur une chaise qu’il fait crisser sur le sol. Son soupir las retentit dans la pièce et je l’entends s’éloigner de moi. Ma respiration a des ratés, je n’en peux plus, j’ai besoin de lui, de le sentir contre ma peau. Mais je ne bouge pas, à genoux, les yeux bandés et la tête basse. Il finit par revenir vers moi et j’entends le cliquetis de ce qui semble être une chaîne.

Ma respiration est de plus en plus haletante, mais j’essaie de me contenir. Je le sens s’arrêter à un mètre de moi. Il ne bouge plus, c’est une torture, je veux qu’il me touche et qu’il me fasse enfin des choses. Il s’accroupit et je sens enfin sa main sur mon menton. Il me relève la tête et me passe un énorme collier en cuir qui m’oblige à garder la tête droite. Il finit par tirer sur la chaîne sans délicatesse, ce qui m’entraîne en avant, et sa voix claque dans l’air. Cette voix rauque, à la fois douce, mais piquante, elle caresse mon corps comme les lanières d’un martinet.

— Lève-toi et suis-moi.

Je ne me fais pas prier, je me lève alors que mes jambes ankylosées ont tendance à vouloir se dérober sous moi. Il tire sur la chaîne et m’entraîne dans une autre pièce. Je l’entends attacher ma chaîne à quelque chose et, d’un coup, je me retrouve en avant, le torse plaqué sur une structure en bois recouverte de cuir. Je ne suis pas sûr, mais je pense que c’est un chevalet. Ma respiration est de plus en plus excitée, et je bande depuis que j’ai entendu ses talons sur le sol. J’ai les fesses en l’air et les bras de chaque côté du chevalet. Il attrape mes poignets et les attache en bas des pieds de la structure. Puis, je l’entends s’éloigner, de nouveau… Cette fois, je lâche un gémissement plaintif. Je n’en peux plus, il faut qu’il s’occupe de moi !

— Oh, tu n’en peux plus ? Dis-moi ce que tu veux que je te fasse.

Sa voix doucereuse me fait frémir, un frisson me recouvre le corps. Haletant, je lui réponds docilement comme un drogué en manque.

— Maltraite-moi, je veux te sentir en moi. Je n’en peux plus.

Je gémis, me tortille en me cambrant au maximum pour offrir ma croupe à mon bourreau. Je l’entends ricaner. Il prend quelque chose et s’approche de moi d’un pas sourd. Il a retiré ses chaussures, je l’imagine pieds nus sur le sol, vêtu simplement de son pantalon de smoking, ses muscles parfaitement dessinés… Mais mon imagination s’arrête lorsque je sens la morsure de la cravache sur mes fesses, ce qui me fait gémir de plaisir. Je sens le bout en cuir venir me caresser le long de ma colonne vertébrale avant de se rabattre dans les creux de mes reins, me faisant gémir de nouveau.

— Tu en veux encore ?

— Oui… oui, encore.

Je sens le cuir s’abattre contre ma peau, je suis tellement excité que je sens mon sexe palpiter contre mon ventre. Mais j’en veux plus encore, j’ai tellement attendu que mon corps frissonne à cause du manque d’adrénaline. Il rabat encore la cravache sur mes hanches, je gémis de plaisir et lâche tout de suite un gémissement de frustration. Je l’entends de nouveau ricaner. Il se penche à mon oreille.

— Encore ?

— Oui, encore !

— Encore comment ?

— Prends-moi, je t’en prie.

— Oh, mais il faut que je te prépare avant, sinon tu vas avoir mal.

— Non, je t’en prie, prends-moi tout de suite.

Je le sens s’écarter, je gémis, me dandine. Il aime me voir frustré, totalement excité comme je le suis. Sauf que je me mets à sangloter tellement c’était atroce d’attendre.

— Ne pleure pas, mon amour.

Je gémis encore une fois et je le sens se placer derrière moi, j’entends le sachet du préservatif se déchirer, le lubrifiant froid couler sur mon intimité et ensuite son membre qui me pénètre d’un coup sec. Je hurle mon plaisir en relevant la tête, me sentant enfin comblé par ce que j’attendais depuis ce matin. Toutes ses promesses qu’il m’avait faites de m’envoyer au septième ciel, je me cambre, il bouge en moi, trouvant ce point sensible à l’intérieur qui me fait décoller. Je me retiens de ne pas jouir, je n’ai pas le droit de le faire tant qu’il ne m’en donne pas l’autorisation. Je hurle à chaque va-et-vient, cette torture est un délice. Puis il se penche sur moi, je sens son souffle chaud parcourir mon échine et il me mord la nuque, ce qui me fait gémir plus fort. Il finit par me murmurer.

— Jouis, mon amour.

J’explose dans un orgasme puissant qui me fait trembler de toute part, je me resserre autour de lui, le faisant gémir et jouir lui aussi. Mon corps semble convulser avant que je ne m’appuie totalement sur le chevalet, à bout de souffle et de force.

Mais comment j’en suis arrivé là… à devenir un soumis docile et à jouir dans la contrainte, à réclamer ça comme un drogué dans la rue… Je ne sais plus à quel moment ça a déraillé.

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