Chapitre 7 - Week-end japonais (8)

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Dimanche 9 août 1964, Ambassade du Japon, Berne

Koen se porta volontaire :

— Moi, je veux bien tirer sur Frédéric.

— Tu es fou ! dit l’intéressé, je tiens à la vie. Je comprendrais encore si j’avais une assurance-vie en ta faveur.

— Je pensais que c’était avec des flèches inoffensives.

— Non, ce sera avec des vraies, dit Kaito. Je ne vais pas laisser des débutants le faire, je tirerai donc le premier, il n’y aura pas de danger. Qui désire porter la pomme ?

Koen ne se porta pas volontaire, ni Frédéric, ni Laertes.

— Maître, fit Hiroshi, je veux bien.

— Je n’en attendais pas moins de toi. Terminons de boire le thé.

Ils restèrent silencieux en sirotant leur boisson, on sentait un peu d’inquiétude chez les Européens alors que les Japonais étaient zen. Kaito dit à la geisha de débarrasser les bols et d’en apporter de plus petits pour l’offrande à Jurōjin, ainsi que des boules et des anneaux. Il distribua une pomme à chacun.

Ils retournèrent dans la salle de sport, Hana les suivit avec les bols sur un plateau. Hiroshi se plaça devant les cibles et posa la pomme sur sa tête. Kaito banda son arc. Laertes retint son souffle, Frédéric ferma les yeux tandis que Koen regardait la scène avec intérêt, prêt à apporter les premiers secours et à enlever la flèche fichée dans le crâne d’Hiroshi.

Comme Guillaume Tell, Kaito ne rata pas la pomme et la transperça. La tension retomba d’un cran.

— À toi, dit Kaito à Hiroshi. Ton 陰茎 montrera le chemin à la flèche.

— Oui, Maître.

Kaito enleva rapidement le fundoshi de son élève et se mit devant les cibles, la pomme sur la tête. Hiroshi banda son arc et sa queue, il ne trembla pas et atteignit le but. Laertes le félicita.

— Bravo, tu es digne de ton maître.

— Non, fit Kaito, son mouvement n’était pas assez élégant. Déshabille-toi et mets-toi en place.

— Euh, moi ? fit l’Anglais, étonné.

— Ton ami doit s’entraîner pour progresser.

Laertes n’était pas rassuré, il obéit quand même, il devait avoir confiance. Il tremblait et la pomme tomba, il la ramassa, la replaça et retint son souffle. Hiroshi ne rata pas sa cible.

Frédéric se prêta au jeu, si le Japonais avait réussi deux fois, il ne raterait pas la troisième. Koen fut plus réticent, il prétexta une allergie aux pommes pour se défiler.

— Je n’en crois pas un mot, dit Frédéric en riant, tu a mangé la tarte de Stefan. Tu seras privé de dessert si tu n’obéis pas.

— Non, dit Kaito, il ne pourra pas faire l’offrande à Jurōjin. Je nouerai son fundoshi de telle sorte qu’il ne puisse plus l’enlever, plus bander et même pas sortir sa bite pour pisser. Il devra le mouiller pour se soulager.

Koen avait l’air consterné de cette perspective. La mort dans l’âme, il se dévêtit et attendit stoïquement la dernière flèche d’Hiroshi qui ne rata pas le fruit défendu. Le Néerlandais poussa un soupir de soulagement.

— Bravo, dit-il au Japonais, ce n’est pas évident de tirer en bandant.

— Nous allons faire un exercice destiné aux débutants afin d’améliorer vos érections, dit Kaito, mais n’oubliez cependant pas l’offrande à Jurōjin si vous voulez vivre longtemps, ne gaspillez pas votre semence alors que vous pouvez l’offrir à une divinité, récoltez-la.

Le maître fit un signe à la geisha. Elle déroula en arc de cercle quatre tapis de yoga qu’elle recouvrit d’un linge, puis un cinquième en face pour le maître. Elle déposa les petits bols pour l’offrande.

— Hana va vous mettre une boule de geisha dans l’anus, dit ensuite Kaito, il s’agit d’un modèle spécialement conçu pour l’anatomie masculine, développé par nos meilleurs ingénieurs afin de stimuler la prostate. Cela vous prouvera que nous pouvons aussi produire des gadgets utiles au pays du Soleil-Levant.

Hana introduisit les boules après les avoir lubrifiées. Elle leur passa encore un anneau souple dont on pouvait modifier le diamètre autour de la base de leur pénis. Ils s’assirent en tailleur sur les tapis.

Koen se réjouissait car Kaito allait aussi offrir son sperme et il verrait sa bite. Il dut déchanter quand Hana leur couvrit les yeux avec un bandeau noir. Le maître leur expliqua que c’était pour qu’ils se concentrassent sur leurs sensations sans se laisser distraire par les autres. Il aurait un petit tambour et ils ne pourraient toucher leur sexe que lors d’un battement. S’ils ne respectaient pas cette règle, la geisha leur attacherait les mains dans le dos. Elle nettoierait également le bout de leur pénis s’il était mouillé, ce ne serait pas une invitation à éjaculer.

Au début, le maître tambourina assez souvent, jusqu’à que ses quatre élèves eussent une belle érection, ensuite il espaça les battements, observant les bites dressées pour voir si elles fléchissaient, elles étaient cependant très vigoureuses. Kaito en conclut que les jeunes hommes s’entraînaient souvent. Hana appréciait aussi en connaisseuse. Même si cela ne faisait pas partie officiellement de son cahier des charges, il y avait souvent de jeunes diplomates qui venaient faire des stages seuls et elle s’occupait de leur bien-être. C’était pourtant rare qu’elle vît le vit d’Européens.

Frédéric essayait de se concentrer sur ses sensations, sur la boule dans son rectum. Il se dit qu’ils devaient avoir l’air ridicules mais il était satisfait car il bandait dur et pouvait se retenir lorsque la geisha lui passait une lingette sur le gland. Kaito finit par accélérer la cadence, signifiant ainsi que la libération était proche. Frédéric chercha où était le bol pour l’offrande et le prit dans la main gauche, tout en faisant des va-et-vient de plus en plus rapides avec la droite. Le tambourin s’arrêta, comme la veille à Zurich, Frédéric eut un instant d’hésitation puis sentit le point de non-retour, il éjacula et espéra que son sperme serait dans le petit bol et pas dispersé sur le tapis. Il entendit des bruits à ses côtés indiquant que ses amis avaient aussi joui.

La geisha prit les bols, les compléta avec les gouttes de sperme égarées, seuls Hiroshi et Kaito n’en avaient pas mis partout. Elle nettoya ensuite les glands et enleva les anneaux puis la boule dans l’anus et enfin les bandeaux. Koen fut déçu car le maître était habillé et avait caché son pénis alors qu’il y avait cinq offrandes sur le plateau.

Après s’être purifiés en se lavant les mains et en se rinçant la bouche, ils se rendirent dans une autre pièce où une figurine de la divinité Jurōjin avait été installée sur un autel, représentant un vieil homme avec un bâton. Hana posa les offrandes, les Japonais dirent des prières. Sans être membre d’une ligue marxiste révolutionnaire, Koen se dit que Marx avait raison lorsqu’il écrivait que la religion était l’opium des peuples.

Ils allèrent ensuite au sentō pour se laver et revêtir un kimono pour le dîner avec l’ambassadeur et sa femme. Le repas était composé de petites brochettes qu’on leur apporta les unes après les autres jusqu’à ce qu’ils fussent rassasiés.

Koen s’entretint avec Son Excellence de la situation des Pays-Bas et de ses relations avec le Japon. Frédéric fut étonné, puis se rappela que son ami avait reçu une note diplomatique quelques jours avant avec des conseils pour ne pas faire de gaffes.

Frédéric avait téléphoné à son père et évoqua quelques nouvelles opportunités de relations commerciales que l’ambassadeur pourrait favoriser.

Laertes n’avait pas eu de contact avec son père, mais il improvisa et demanda à l’ambassadeur si ce serait possible de vendre des préservatifs Enculis au Japon. Le diplomate répondit en riant :

— Pour être honnête, mes compatriotes ont d’autres habitudes, la taille est différente, les goûts et les couleurs aussi. Je ne pense pas que vous auriez beaucoup de succès, par contre, si vous désirez importer des préservatifs et des boules de geisha japonais en Europe, je pourrais vous donner des contacts. Demandez à Hana, elle vous fournira quelques échantillons.

Koen eut envie de dire qu’ils seraient trop petits pour lui, mais se retint car il ne voulait pas d’incident diplomatique. La geisha se chargerait de faire un rapport à l’ambassadeur. Koen était plutôt fier de penser que la description calligraphiée de sa bite serait conservée pendant des siècles dans les archives impériales.

Le chauffeur de l’ambassade les reconduisit à Grindelwald au milieu de l’après-midi. Comme ils avaient le temps, ils s’arrêtèrent à la fosse aux ours. Hiroshi demanda à un touriste japonais de les photographier avec l’appareil de Koen.

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